Lustiger, une certaine idée de l’Église
je mets ce témoignage sur Lustiger, je trouve différents écrits sur le Cardinal, mais pas combien de j’en voudrais, et quand j’en trouve un je le poste; je suis en train de lire le livre: « Le choix de Dieu », mais je ne l’ai pas fini, il est un incroyable, sincère, fort et commevente témoignage chrétien, du site:
http://www.temoignagechretien.fr/journal/article.php?categ=Edito&num=3144
Lustiger, une certaine idée de l’Église
par Michel Cool.
Un évêque s’en va, un autre lui succède et l’Église continue. Le retrait du diocèse de Paris de celui qui fut son archevêque pendant près d’un quart de siècle (1981-2005) n’échappe pas à cette règle. Sauf que Jean-Marie Lustiger n’a pas seulement compté dans l’Église catholique, mais aussi dans la société française pour laquelle il s’est imposé avec talent et constance comme une autorité, une référence parfois controversée, mais toujours écoutée avec respect. Excepté par une extrême droite païenne et antisémite qui lui a sans relâche reproché d’être né juif, il y a soixante-dix-huit ans, à Paris. Car Lustiger c’est d’abord l’homme d’un destin exceptionnel. Celui d’un Titi parisien, dont la famille est d’origine polonaise, qui se fait traiter de « sale youpin » par ses camarades d’école pendant la guerre. Celui d’un orphelin dont la mère déportée à Auschwitz disparaît à jamais, sans laisser la moindre trace. Celui d’un adolescent converti au catholicisme dont le premier acte de résistance est de diffuser clandestinement les Cahiers du Témoignage chrétien. Celui d’un jeune aumônier des étudiants de la Sorbonne, ébranlé par les remises en cause de Mai 68. Celui du successeur de « l’évêque prophète » Guy Riobé à Orléans, puis du pasteur cordial, François Marty à Paris. Fort de son destin hors du commun et doué d’une assurance énergique, Jean-Marie Lustiger sait imprimer sa marque, transmettre son message spirituel dans notre monde sécularisé. Il s’en acquitte d’une main de fer, un doigté politique rappelant celui du cardinal de Richelieu et un pouvoir de séduction intellectuelle qui en blufferont plus d’un, mais en heurteront d’autres aussi.
Mais Lustiger c’est surtout l’homme d’une certaine idée de l’Église. Avec Jean Paul II, son modèle et son ami, il partage la conviction que dans ce monde criblé de doutes, d’incertitudes et de peurs, la pertinence du catholicisme dépend de sa capacité à résister aux vents mauvais de la modernité : le relativisme, l’indifférentisme, l’individualisme et les idolâtries de l’argent et du sexe. Pour ces deux témoins des tragédies qui ont ravagé le xxe siècle, ces phénomènes favorisent le retour des barbaries, les grandes et les petites. Lustiger voit dans l’Église catholique le dernier rempart contre les folies modernes. C’est pourquoi celle-ci a besoin de prêtres solidement formés, de nouveaux lieux de culte, de liturgies attractives et de moyens de communication puissants, capables de rivaliser avec les médias professionnels. Lustiger « a mis le paquet », pour faire de Paris un diocèse pilote de la Nouvelle évangélisation.
C’est pourquoi il récuse sans concession, les prenant même pour lui, les critiques dont fait régulièrement l’objet le fonctionnement monarchique et dogmatique de l’institution. Quiconque par ses jugements, estime l’auteur du Choix de Dieu (1), affaiblit ou banalise l’Église, le trouve en travers de sa route. Ce fut le cas de Témoignage chrétien : pour nous qui sommes nés d’un acte de désobéissance civile et religieuse, le magistère du pape et des évêques ne peut plus être un signe de commandement unique, mais plutôt une instance de relation au service de la diversité et de la fraternité des chrétiens et de tous les hommes de bonne volonté. La conception ecclésiale du cardinal Lustiger, verticale et conquérante comme l’a encore montré l’opération d’évangélisation spectaculaire de Paris-Toussaint 2004, fait dire à l’un de ses pairs, héritier de l’esprit d’ouverture du Concile Vatican II : « Lustiger vient d’une autre planète ». Cette planète, c’est son histoire singulière. Loin des idéologies et des engagements de son époque, il s’est forgé son identité, son caractère, sa spiritualité. Exaspérant pour les uns, fascinant pour les autres, inclassable pour beaucoup, Jean-Marie Lustiger aura marqué son Église, son pays et son temps. Sa page se tourne. Sa trace restera.
1. Le choix de Dieu, entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton, (Fallois), 1987, 473 p., 18 €.
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