Le cardinal Martini est venu à Paris présenter le livre de Benoît XVI
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Le cardinal Martini est venu à Paris présenter le livre de Benoît XVI
May 24, 2007
Suite de la sortie mondiale du « Jésus de Nazareth » de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, jeudi dans les librairies françaises, avec une présentation prestigieuse à l’Unesco.
(La Croix, 24/05/2007) Il ne manquait que le pape. Mercredi 23 mai, dans la prestigieuse enceinte de l’Unesco à Paris, le cardinal Carlo Maria Martini, archevêque émérite de Milan, et Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, présentaient l’ouvrage de Benoît XVI intitulé Jésus de Nazareth, pour la sortie française de l’ouvrage, jeudi 24 mai dans les librairies (1).
Il ne manquait en effet que le pape, ou plutôt le théologien Joseph Ratzinger, puisque les deux éminents professeurs, invités en cette enceinte par la Librairie Éditrice vaticane et la librairie parisienne La Procure, se sont livrés à une analyse théologique serrée de ce livre « privé » de Benoît XVI, sous la conduite du P. Michel Kubler, rédacteur en chef religieux de La Croix (2).
Après l’accueil par Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, le cardinal Martini, exégète de renommée internationale, a ouvert le propos, passant en revue points forts et points faibles de l’entreprise éditoriale du théologien devenu pape. « Dans un esprit de liberté », a tenu à préciser le jésuite italien, ajoutant, non sans malice qu’« il ne sera pas facile pour un catholique de contredire ce qui est écrit dans ce livre ».
Le pape « ne discute pas la valeur des manuscrits »
Une seule critique vraiment fondamentale dans sa bouche : l’auteur de ce Jésus de Nazareth, qui « n’est pas exégète, mais théologien, bien qu’il se meuve avec aisance dans la littérature exégétique de son temps », n’a pas fait « des études de première main sur le texte critique du Nouveau Testament ».
Ainsi, le pape « ne discute pas la valeur des manuscrits » et « accepte les conclusions de ce que la plupart des exégètes retiennent comme valables », observe le cardinal. Il y a donc des « petites fautes », note le professeur Martini, mais sans gravité car « ce n’est pas un livre magistériel ».
L’exégète a plutôt apprécié trois points forts : le fait que le livre dépasse largement la période historique de Jésus, les nombreuses « allusions aux questions contemporaines » lui donnent une certaine « ampleur » par rapport à tant de livres « préoccupés par la discussion méticuleuse des seuls événements de sa vie ».
« Très soucieux d’ancrer la foi chrétienne dans ses racines juives »
Ensuite, le fait que Benoît XVI soit « très soucieux d’ancrer la foi chrétienne dans ses racines juives ». Enfin, ce qui est à ses yeux « la nouveauté de ce livre : le courage avec lequel l’auteur propose son option méthodologique contre la méthode historico-critique, refusant la contradiction entre la foi et l’histoire ».
Le jugement global du redouté intellectuel italien est donc très positif : « Le livre est très beau », « il nous fait mieux comprendre à la fois Jésus fils de Dieu et la grande foi de l’auteur ». Il ajoute : « C’est un grand et ardent témoignage sur Jésus de Nazareth et sur sa signification pour l’histoire de l’humanité et pour la perception de la vraie figure de Jésus. »
En conclusion, le cardinal, aujourd’hui retiré à Jérusalem, est allé jusqu’à la confidence : « Je pensais moi-même, vers la fin de ma vie, écrire un livre sur Jésus comme conclusion de mes travaux sur les textes du Nouveau Testament. Or, il me semble que ce livre de Joseph Ratzinger correspond à mes désirs et à mes attentes, et je suis très content qu’il ait été écrit. »
« La sensibilité d’un amoureux qui s’exprime »
Mgr Joseph Doré, pour sa part, s’est livré à une analyse plus linéaire de l’ouvrage, à partir de ce qu’il a délimité comme clé de voûte : « Jésus est le nouveau Moïse, venu révéler le vrai visage de Dieu. » « C’est le cœur du livre, insiste ce spécialiste reconnu en christologie. Si on manque cela, on passe à côté. »
S’ensuivent quatre lignes de force : « La centralité de Jésus, l’unicité de son rapport à Dieu, la radicalité demandée à ses disciples, et l’identité de Jésus fils de Dieu. » Mais l’ancien archevêque de Strasbourg s’est surtout attaché à creuser « la méthode » de ce livre, non sans surprise : « Le pape aurait eu une belle occasion de donner l’enseignement magistériel, or, il ne le fait pas, à aucun moment il ne se réfère au Magistère ! » De même, l’auteur du livre prend des distances avec la méthode historico-critique de l’exégèse : « Le dernier mot de la connaissance ne revient pas à l’histoire comme science, même si elle est indispensable. »
Même sort pour une analyse de la vie du Christ qui ne s’appuierait que sur les conditionnements sociaux et politiques : « Ce que Jésus apporte, ce n’est rien de moins que Dieu ; l’Évangile n’est pas un programme social et politique. » La méthode Ratzinger face à la Bible, en un mot, est « de faire confiance aux Évangiles ».
En conclusion, l’ancien doyen à la Catho de Paris a évoqué « l’autorité » de l’ouvrage. Si l’auteur, pape et théologien – le livre comporte la double signature –, « ne cherche pas à nous contraindre », constate Mgr Doré, sa production tient à la fois de la « méditation personnelle », de la « recherche du spécialiste », du « témoignage », mais aussi « de l’engagement polémique qui parle en termes cinglants de certaines tendances de l’exégèse ». En effet, justifie Mgr Doré, qui fut élève du professeur Ratzinger à Münster, c’est parfois « la sensibilité d’un amoureux qui s’exprime. Il aime Jésus ».
(1) Flammarion, 428 p., 22,50 €.
(2) La Croix publiera ces deux interventions dans le cahier « Forum & débat » du vendredi 1er juin.
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