Archive pour juin, 2007

du site Orthodoxe: moi, j’ai ma joie dans le Seigneur,

24 juin, 2007

du site orthodoxe:

http://www.pagesorthodoxes.net/pages-choisies/joie/joie1.htm  

par le Père Alphonse Goettmann

Page de la Joie

moi, j’ai ma joie dans le Seigneur,

Dieu emplit notre bouche de rire

et nos lèvres de chansons

(Psaume 126, 2)

Dès sa naissance, le christianisme a été la proclamation de la joie, de la seule joie possible sur terre… Sans la proclamation de cette joie, le christianisme est incompréhensible. C’est seulement comme joie que le christianisme a triomphé dans le monde, et il a perdu le monde quand il a perdu la joie, quand il a cessé d’en être le témoin… Le contexte fondamental de l’Église est la  » grande joie  » (Lc 2,10 et 24,52), d’où tout le reste, dans le christianisme, tire et acquiert sa signification… (Alexandre Schmemann, Pour la vie du monde, pp. 25-26.)

LA JOIE : VISAGE DE DIEU DANS L’HOMME

Lhomme nest vraiment homme que par la joie, tout comme le ruisseau nest ruisseau que par la source. Sans doute les méandres lointains du ruisseau nen ont-ils aucune conscience, ainsi lhomme, dans son errance, a-t-il oublié lEssentiel. Alors viennent les philosophes, étymologiquement ceux qui  » aiment la sagesse « , celle qui scrute la vie, et ils lui remettent en mémoire, dAristote lancien (IVe s. av. J.-C.) à Bergson lactuel (XXe s.), que l’homme ne peut pas vivre sans joie, que seul là où il y a la joie, la vie triomphe… Ils ont plongé leur savoir même très loin, jusqu’à la limite du mystère, puisquils nous enseignent que la joie se révèle comme étant la vérité de notre être, quelle est le pouls de l’être, le critère de la vérité, et finalement que joie et vérité sont tout un !

La joie fait aussi chanter les poètes ; cest même à cause delle que leur art est un chant. Paul Claudel pesait ses mots, comme toujours, quand il écrivait : Hors de la joie il n’y a que le néant, et croire au néant, c’est se détruire soi-même, s’installer dans l’inversion spirituelle et vouloir vivre contre le secret de la vie !

Ainsi lesprit humain a pu creuser profond et certains artistes ont su nous conduire au feu de lexpérience ; la musique na-t-elle pas la capacité de nous enflammer, de ravir notre être entier à tel point quil se met à danser de joie ? Mais ni les philosophes ni les artistes ne peuvent nous dire le  » pourquoi  » de tout cela : quel est le nom de la joie, a-t-elle un visage ? Il a fallu les prophètes, ces  » haut-parleurs  » de Dieu, pour nous révéler la source de toute joie, ce pour quoi lhomme est fait, doù il vient et où il va :

Moi, j’ai ma joie dans le Seigneur ! (Ps 104, 34)
Venez, crions de joie pour le Seigneur, rocher de notre salut !
(Ps 95, 1)
Joie au ciel ! exulte, la terre…
à la face du Seigneur, car il vient !
(Ps 96, 11)

En effet :

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi. Tu as multiplié la nation, tu as fait croître sa joie, ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de la paix… Ceux qu’a libéré le Seigneur viendront, ils arriveront à Sion hurlant de joie, portant avec eux une joie éternelle. La joie et l’allégresse les accompagneront, la douleur et les plaintes cesseront… Debout ! Resplendis ! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire du Seigneur. Tandis que les ténèbres s’étendent sur la terre et l’obscurité sur les peuples, sur toi se lève le Seigneur et sa gloire sur toi paraît…(Isaïe 9,1-5; 35,10 ; 60,1-2).

Rares sont ceux qui lisent et relisent ces textes dune jubilation inouïe, alors quil faudrait les savoir par coeur, par le coeur ; cest vital de boire constamment à ces sources deau vive, afin que cette eau devienne notre sang, notre substance vivifiante. Qui dit tradition dit transmission : encore une fois, comme la source se transmet tout entière au ruisseau, ainsi Dieu se transmet à lhomme quil ne cesse de susciter à la vie et de créer. Or cette transmission est dabord lexpérience dune joie indescriptible ! Car DIEU EST JOIE; cest pourquoi les mystiques de lOrient et de lOccident ont toujours pu dire : Apprends la joie et tu apprendras Dieu. Celui qui perd la joie est donc dans lerrance, il na plus ni Chemin ni but puisquil est sans source. Aussi nest-il pas étonnant quon soit arrivé universellement à cette conviction quune vie authentiquement spirituelle se mesure au degré de joie qui nous habite ! Du moment que Dieu est joie, cette conclusion nest alors quune simple et incontournable cohérence… Cela dailleurs, même les athées les plus endurcis, tel Nietzsche, lont considéré comme une évidence: Si Dieu existait, je ne pourrais le concevoir que comme un Dieu dansant, dit-il.

AIMER LA VIE EN RÉVÈLE
LA SURPRENANTE PROFONDEUR

Il est donc clair que nous avons dans la Joie la trame sous-jacente à toute la Bible : elle est une  » Bonne Nouvelle  » dès les origines et portera explicitement le titre d’Evangile (en français :  » bonne nouvelle « ), quand celle-ci éclatera dans sa plénitude par la venue du Messie, qui est le visage même de la joie.

Cest cette annonce ou cette Présence joyeuse quil faut comprendre et ne jamais oublier quand on lit dans lAncien Testament ces textes apparemment anodins qui racontent à quel point lhomme aime la vie. La vraie sagesse pour le Juif, cest dabord de goûter la vie telle quelle est : Aimer sa vie, c’est aimer son propre bonheur, dit le Siracide (4,12). Ainsi la vie toute simple au quotidien contient déjà tout, que ce soit la joie de la moisson si souvent relevée parce que tellement signifiante, celle de la vendange tout autant, le partage de la vie avec la femme que lon aime, la venue des enfants, jusquau plaisir de boire du vin qui réjouit le coeur de l’homme (Ps 104,15), il ny a pas une expérience humaine qui soit négligeable et rien qui ne puisse être vécu avec une intensité qui touche à cet étrange mystère en transparence derrière tout instant.Ainsi tout est

épiphanie, manifestation, dune Présence aimante pour le coeur éveillé. Mais il y a infiniment plus encore, car ce qui donne le vrai poids à cette vie, cest quelle est un don de Celui qui lhabite. En réalité Présence et Don se confondent : Dieu se donne lui-même à travers ce qui nous arrive. Le peuple dIsraël le sait bien : Quand on mange, boit et se donne du bon temps dans son labeur, c’est un don de Dieu, dit Qohelet (3, 13).

Cependant, quand Dieu se donne, ce nest jamais passivement : cest une Présence créatrice, vitale, qui suscite lhomme et ne cesse de le libérer, de le mettre en chemin vers un accomplissement. Que ce soit dans la simplicité cachée au creux du quotidien ou lors des grandes libérations historiques du peuple, Israël ne se trompe pas, car cest le Seigneur qui ramène les captifs de Sion, cest toujours lui qui emplit notre bouche de rire et nos lèvres de chansons (Ps 126,2). Dans cette joie folle se trouve le coeur de la Bible, sa direction profonde, jusqu’à ce quelle éclate un jour dans la venue du Libérateur lui-même, le Messie qui, demblée, ouvrira sa mission en révélant quil est envoyé pour que les aveugles recouvrent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux soient purifiés, et les sourds entendent et les morts ressuscitent, et les pauvres apprennent la Bonne Nouvelle (Mt 11, 5). Si Jésus reprend ici les termes mêmes du prophète Isaïe (35,5), cest quil entend bien manifester la constante de toute lhistoire : celle dune libération incessante et qui, avec lui, arrive à terme. Les Psaumes, parce quils sont notre pain quotidien, nous permettent dassimiler cette Réalité de toute réalité et den inscrire à jamais la mémoire dans nos entrailles : Le Seigneur fait droit aux opprimés, il donne du pain aux affamés, il relâche les captifs, redresse ceux qui sont courbés, guérit ceux qui ont le coeur brisé et panse leurs blessures…(Ps 145, 146). À cause de cette joie et pour sy accorder, les Psaumes sont toujours chantés, alors même quon peut avoir  » le coeur brisé « … Seule lexclamation joyeuse et émerveillée peut donner du champ à ce qui nous arrive et permettre de voir les eaux profondes plutôt que la surface agitée seulement de la vie. Parfois lagitation est telle quil nous faut les mots mêmes de lEsprit Saint à travers la bouche du psalmiste et la joie du peuple rassemblé pour nous rappeler toujours à lessentiel au milieu de nos tempêtes…

TRANSFORMER LA VIE
EN UNE NOCE PERPETUELLE

En effet, si la joie peut être permanente, cest parce quelle émane dune Présence nuptiale, il sagit de la joie de lAlliance : lamour fou de Dieu est celle dun Époux. Il est présent en tout, et pas seulement dans la nature, mais aussi en tout espace, dans lair que nous respirons, dans le temps et à lintérieur de l’événement quil véhicule, en toute situation, dans la petite histoire banale et insignifiante, dans sa trame secrète jusquau filigrane…, à travers tout Dieu cherche lhomme comme le Fiancé en quête de sa bien-aimée, tout le Cantique des Cantiques en témoigne : Il veut faire de sa vie le lieu même de cette Alliance. De la vie de lhomme, la plus concrète et réaliste, peut-être  » profane  » à nos yeux de païens, Dieu veut faire une communion avec lui. Cest déjà le royaume des cieux, car, dira Jésus lui-même il est comparable à des noces ! (Mt 22,2) Saint Maxime le Confesseur (Vie s.) a montré admirablement comment lhomme qui se laisse séduire (Jr 20,7) et accepte dentrer dans une réciprocité amoureuse avec Dieu, devient réellement le prêtre dune  » Liturgie Cosmique « . De moment en moment, là où il se trouve, il reçoit le monde des mains de Dieu et loffre à nouveau à Dieu dans une infinie reconnaissance. Cette gratitude est le fond de lamour, cest une action de grâces continuelle qui transforme sa vie en une Vie en Dieu, en communion. Le Père Schmemann dit que la définition première, fondamentale de lhomme se trouve dans ce sacerdoce : comme prêtre il se tient debout au centre du monde, il lui donne son unité en bénissant Dieu pour tous ses dons et en rendant grâce d’être tout en tous. En perdant cette vie eucharistique, lhomme a perdu la vie de la Vie même et le pouvoir de la transformer en la Vie par la louange. Ayant cessé d’être le prêtre du monde, il en est devenu lesclave et ne cesse de communier à la mort à travers une vie morte, puisque vide de Dieu (Cf. Alexandre Schmemann, Pour la vie du monde, Desclée de Brouwer.) Mais au sein même de sa déchéance, Israël crie de sa profondeur vers Dieu (Ps 130,1) et continue à espérer, car un jour le Seigneur fera disparaître pour toujours la mort, il essuiera les larmes sur tous les visages et ôtera l’opprobre de son peuple (Is 25,8). Aussi, quelle que soit la conscience de sa trahison et de ses infidélités face à Dieu, l’âme juive soupire toujours, secrètement, après la Gloire de son Seigneur : Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre altérée, sans eau (Ps 63,2). En effet, comme dit le Siracide : Qui pourrait se lasser de contempler sa Gloire ? (42,25). Alors le culte au Temple était toujours là pour raviver la flamme et remettre lhomme dans sa vraie tonalité. Cest là, dans ces explosions de joie liturgique où éclatait lenthousiasme de tout le peuple pour son Dieu, que chacun pouvait être constamment régénéré et rafraîchir sa mémoire défaillante. La conscience dune plénitude de vie naissait dans cette dimension communautaire du bonheur. Seul on peut être victime de ses sentiments, mais cela est impossible lorsquon fait partie dune tradition porteuse dune libération par la joie. On ne peut se réjouir que tous ensemble, parce que cest le peuple tout entier qui est dépositaire dune Promesse extraordinaire.

Cest cette Promesse qui fait battre le coeur dIsraël, qui habite sa formidable nostalgie, qui fait du temps, de chaque instant même, le signe dune Venue en cours. La Gloire de Dieu, sa Présence, qui habite à lintérieur de toute chose et de tout événement, va, en effet, montrer son visage. Celui qui ne cesse de libérer lhomme, qui déjà le suit comme son ombrage et qui le garde de jour et de nuit pour que jamais son pied ne trébuche (Ps 121), il va bientôt se manifester à visage découvert au grand Jour, jour de lumière (Am 5,18) et ce sera la plénitude des temps (Ga 4,4 ; Ep 1,10). Cette espérance du bonheur messianique fonde en réalité lexpérience de toute joie du peuple juif. La joie simple au quotidien vaut, bien sûr, par elle-même, car elle est Présence réelle, pleine, mais en même temps, et cela la décuple, elle ouvre sur limmensité dune attente, elle est lannonce dune radicale nouveauté, toute éblouissante quelle soit elle nest que le Germe (Jr 23, 5) de prodiges et de merveilles inimaginables (Is 48,6). Le poème dallégresse du prophète Sophonie vibre dans le sang de tout juif bien-né : Réjouis-toi, fille de Jérusalem ! Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi… il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! (So 3, 14-20). Cest une joie sans limites, infinie, car en elle germe la libération de toute lhumanité dont Israël est le berceau. En lui naîtra le Messie mais pour apporter alors la délivrance à tout homme. On ne peut être heureux quensemble et cette joie ne sera parfaite et définitive que lorsque le Christ aura vaincu tout ce qui la menace constamment : la guerre, la violence, le mal sous toutes ses formes, la maladie, la souffrance, la mort (Is 25,8). Il remplira toute la terre de la grande paix messianique annoncée par le prophète Isaïe (11, 1-16) et du fond de sa joie chaque homme sentendra dire : le Seigneur est pour toi une lumière éternelle, ton Dieu est ta splendeur (Is 60,19). Ce sera une joie sans ombre qui présidera au grand rassemblement de tous les hommes auxquels est proposée lAlliance Nouvelle.

LA JOIE : PREMIER ET DERNIER MOT DE L’ÉVANGILE

Avec lavènement du Messie, lhistoire du monde bascule des ténèbres dans la lumière et la joie définitives. LIncarnation de Dieu en Jésus Christ, cest le temps lui-même qui saccomplit et entre dans sa plénitude, la création est à son achèvement, la terre-mère enceinte depuis des millénaires enfante Dieu en personne, l’Emmanuel, qui signifie :  » Dieu avec nous « . Cest cette Joie indescriptible qui est laboutissement de toutes les Écritures et la réalisation des prophéties ancestrales. Bien plus : cet événement est au coeur même de laventure cosmique. Lexpansion des galaxies, la naissance et la réussite de la vie sur notre planète, lapparition et lhistoire de lhomme, tout converge vers cet instant : cest en lui, le Verbe de Dieu, que tout a été créé. Lunivers a mis des milliards dannées à composer son Chef doeuvre. Depuis, le plus antireligieux des hommes compte les jours et les siècles à partir de cette date unique qui partage lhistoire en deux:  » Avant Jésus Christ  » et  » Après Jésus Christ « ! En lui, lAbsolu sest fait visage, lultime réalité a dévoilé son nom en Jésus Christ : DIEU EST JOIE ! On comprend alors pourquoi la joie est le premier et le dernier mot de son Évangile. Dès que lAnge proclame aux bergers la bonne nouvelle de la naissance du Christ, il dit : Je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple (Lc 2,10). Cest ainsi que tout commence, mais cest également ainsi que tout se termine dans la vie terrestre du Christ, lorsquil se rendra invisible le jour de son Ascension : Les disciples l’adorèrent et retournèrent à Jérusalem avec une grande joie (Lc 24,52).

Ils retournèrent à Jérusalem pour se préparer à leur mission, car, le jour de la Pentecôte, lEsprit Saint les enverra proclamer cette joie à toute créature jusqu’aux extrémités du monde (Ac 1,8). À lAscension, le Christ sest rendu invisible en Palestine, parce que désormais il est présent universellement, au coeur de chaque homme et de toute l’histoire jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).Comme dit Saint Grégoire de Naziance (IVe s.) : Celui qui est consubstantiel au Père se fait consubstantiel aux hommes, afin que nous devenions ce qu’il est. Donc la Joie quest Dieu est devenue par le Christ notre propre substance ! Saint Paul en a fait la trame de sa prédication : Nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous somme transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, car Dieu est celui qui resplendit dans nos coeurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ (2 Co 3,18 ; 4,6). Il faudrait, comme certains Pères du désert, ne vivre pendant des années quavec une seule Parole comme celle-là pour que le Feu du Ressuscité se mette à flamber en nous !  » Le disciple du Christ est un être littéralement consumé par la joie pascale qui est désormais le phare de son existence, le son juste de sa vie,  » dit Paul Evdokimov.  » LAgneau ressuscité irradie toutes choses, même les casseroles scintillent dune étrange lumière pour qui sait les regarder… « Sans cette joie le christianisme lui-m

ême, comme tel, est incompréhensible et l’Église inutile. Avec ou sans elle, je peux à chaque instant traduire lAmour ou le trahir ! Cest pourquoi Jésus demande à ses disciples d’être joyeux de cette grande joie… Peu de chrétiens savent que cest là même un commandement : Que la joie qui est en moi soit aussi en vous et que votre joie soit parfaite ! (Jn 15,11)

Plus que cela, il ny a pas de sainteté sans joie, elle est vraiment le test que nous sommes sur le Chemin : Soyez joyeux, devenez parfaits (2 Co 13,11), et saint Paul insiste constamment : Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le répète encore : réjouissez-vous ! Motif : Le Seigneur est proche ! (Ph 4,4)Notre joie r

éside dans le seul fait bouleversant que Dieu existe et quil soit venu chez nous, dans notre intimité. Dieu est, cela suffit. Se réjouir à plein de ce quil est, lui, et rendre grâce en tous temps et en tous lieux à cause de lui-même, cest poser lacte le plus élevé du détachement de soi, le plus opposé à l’égoïsme, cest entrer dans le dépouillement total de la crèche et ne plus voir que la splendeur de Jésus. Sa beauté nous métamorphose… Cet article a été publié dans la revue le Chemin
numéro 29, 1995. Reproduit avec lautorisation
du P
ère Alphonse Goettmann et Le Chemin
.

Ordinations sacerdotales 2007

24 juin, 2007

du site de Notre Dame de Paris texte et image: 

http://notredamedeparis.fr/spip.php?article176

Ordinations sacerdotales 2007

Le samedi 23 juin dernier, Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a ordonné douze nouveaux prêtres à la cathédrale.

Ont été ordonnés prêtres pour le diocèse de Paris : Jean-Baptiste Arnaud, Louis-Pierre Dupont, Antoine Germain, Etienne Grenet, Benoit Guedas, Olivier Horovitz, Christophe de Lussy, Guillaume Normand, Geoffroy de Talhouet, Xavier Terrien, Florent Urfels et pour le diocèse de Bui Chu au Vietnam : Vincent van Bao Maï.

Ces ordinations ont été célébrées au cours d’une messe solennelle à laquelle plus de 5000 fidèles ont participé. A cet effet, le parvis avait été aménagé avec 2000 places assises et un écran géant qui retransmettait toute la célébration. Le parvis et l’intérieur de la cathédrale ne formait plus qu’un seul et même espace liturgique, la cérémonie se déroulant en partie à l’extérieur et en partie à l’intérieur.Plus de 500 prêtres étaient assis dehors pendant les deux premières étapes de la célébration avant d’entrer en procession dans la cathédrale pour imposer les mains aux nouveaux prêtres.

Cette célébration fut une belle et grande image de l’Eglise, Peuple de Dieu, signe de sa présence au milieu du monde.

Cette année encore pour tous les jeunes du diocèse de Paris, la célébration des ordinations était précédée d’une nuit de prière pour les nouveaux prêtres à l’église Saint-Séverin.

L’ordination sacerdotale (ou presbytérale) intervient généralement au terme de sept années de préparation au séminaire, à Paris ou à Bruxelles, pendant lesquelles les séminaristes mûrissent la décision de consacrer leur vie à Dieu et au service des hommes, en recevant une formation humaine, spirituelle et pastorale. L’ordination sacerdotale est précédée de l’ordination diaconale, célébrée quelques mois plus tôt, au cours de laquelle le diacre s’engage au célibat. Le diocèse de Paris compte environ 100 séminaristes. Une centaine de prêtres diocésains sont ordonnés en France chaque année.

Les portraits des douze ordinands sont publiés dans les numéros des 14 et 21 juin de l’hebdomadaire Paris Notre-Dame, un reportage consacré aux ordinations est publié dans le numéro du 28 juin.

Ordinations sacerdotales 2007 dans FRANCE arton176-a6936

bisgodong_fr346078c_1 dans FRANCE

Les quarante ans de l’encyclique Populorum Progressio – Une apologie de la Tradition

24 juin, 2007

du site:

http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=14099

Les quarante ans de l’encyclique Populorum Progressio
Une apologie de la Tradition

L’encyclique Populorum Progressio nous ramène explicitement à l’enseignement traditionnel de l’Église sur la destination universelle des biens, qui trouve son fondement dans la première page de la Bible et qui en étend le principe – rappelé, entre autres, par saint Thomas d’Aquin et par saint Ambroise – aux communautés politiques. Ce sont des paragraphes dans lesquels l’analyse des problèmes semble se faire plus lucide. Interview du cardinal Aloísio Lorscheider

Interview du cardinal Aloísio Lorscheider par Stefania Falasca

Il nous semble que le moment est venu d’adresser au monde, humblement et cordialement, un message d’espérance non seulement religieuse, mais aussi terrestre, non seulement pour ceux qui croient au Christ, mais aussi pour tous et toujours dicté par la lumière qui nous vient de la foi. Nous publierons dans les prochains jours une lettre encyclique, qui a pour thème le progrès des peuples, leur développement et les obligations qui dérivent d’un programme auquel on ne peut renoncer aujourd’hui, de satisfaction économique, de dignité morale, de collaboration universelle pour tous les hommes». Par ces mots vibrants, prononcés il y a quarante ans, le jour de Pâques, Paul VI annonçait au monde l’encyclique Populorum progressio.
«Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence. L’Église tressaille devant ce cri d’angoisse»: tel était le témoignage du Pape. Il avait témoigné que la vraie division était celle qui divisait «les peuples de l’opulence» des «peuples de la faim». Une constatation aussi dramatique que simple, mais qui mettait en pièces, sans même le vouloir, le vieux cliché cher aux nombreux tuteurs de l’équilibre de pouvoirs qui régnait alors dans les eaux dormantes de la guerre froide, selon lequel le Pape était du côté du bloc occidental. C’est ainsi que Populorum progressio fut accusée de haute trahison de la civilisation chrétienne occidentale. Pour ces tuteurs de l’ordre qui auraient voulu que l’Église renie cette neutralité politique clairement et courageusement affirmée par Pie XII dans son message à la radio, le jour de Noël 1951, le simple fait de parler de capitalisme «source de trop de souffrances», comme l’avait fait Paul VI dans l’encyclique, équivalait à sauter le fossé, à être de mèche avec l’ennemi rouge.
Le cardinal brésilien Aloísio Lorscheider, aujourd’hui archevêque émérite d’Aparecida, était alors l’un des nombreux évêques de cette partie du monde qui n’appartenait ni à l’Est ni à l’Ouest. À l’époque où est sortie Populorum progressio, il était devenu président de la Conférence épiscopale brésilienne; peu de temps après, il allait accéder à la présidence du Conseil épiscopal latino-américain; et après avoir été créé cardinal par Paul VI en 1976, il a présidé à Puebla, en 1979, la troisième Conférence générale du Celam. Et aujourd’hui, Dom Aloísio reprend ses réflexions sur cette encyclique voulue par Paul VI…

Éminence, quel souvenir avez-vous de la sortie de l’encyclique Populorum progressio?
ALOÍSIO LORSCHEIDER: Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était le 26 mars 1967. Le jour de la fête de Pâques. Dans la solennité de la résurrection de Notre Seigneur, Paul VI lui-même avait voulu annoncer au monde la parution imminente de sa lettre encyclique dans son message pascal à la radio. Le concile Vatican II – au cours duquel avaient aussi été traités les problèmes de la vie économique, sociale et politique, y compris la course aux armements, la guerre, l’édification d’une communauté internationale – venait juste de se conclure, et Paul VI émergeait déjà avec une encyclique sur le développement solidaire des peuples, dont la constitution pastorale Gaudium et spes constituait le fondement.
L’encyclique de Paul VI n’a donc pas paru particulièrement inattendue?
LORSCHEIDER: Au contraire, cela a été une surprise. Dans le climat de guerre froide qu’on respirait à l’époque, le Pape entendait, par cette encyclique, témoigner que le vrai rideau de fer n’était pas celui qui séparait l’Est de l’Ouest, mais celui qui divisait le Nord et le Sud du monde, «les peuples de l’opulence» des «peuples de la faim».
À l’époque, vous étiez évêque de Santo Ângelo dans l’État de Rio Grande do Sul…
LORSCHEIDER: Oui. Je me souviens que j’ai écrit une lettre pastorale dans laquelle je reprenais quelques points saillants de l’encyclique. J’ai aussi eu l’occasion d’en parler à un groupe choisi de militaires. C’était l’époque difficile du régime militaire au Brésil.

Paul VI annonce au monde l’encyclique Populorum progressio, le 26 mars 1967, dimanche de PâquesEt quelles répercussions a eu le document du Pape dans le contexte politique de votre pays?
LORSCHEIDER: Elle a été très bien accueillie et elle a eu un très large écho. Il est significatif que toute la presse brésilienne ait présenté Populorum progressio avec de grands titres en première page. Les commentateurs ont surtout souligné l’accent mis dans le texte sur les dommages du colonialisme et du capitalisme effréné dans le Tiers Monde. Le président du Brésil de l’époque, qui était un général, a aussi envoyé un télégramme spécial à Paul VI dans lequel il souhaitait que les enseignements du Saint Père soient utilisés pour le perfectionnement de l’humanité et où il affirmait que la politique étrangère du Brésil se serait orientée dans la direction indiquée par l’encyclique.
On n’a entendu aucune critique…
LORSCHEIDER: Bien sûr, les approbations n’ont pas empêché qu’il y ait aussi des critiques. Aux yeux de certaines personnes, l’encyclique de Paul VI était la démonstration du fait qu’encore une fois, l’Église tendait à faire de la politique plutôt qu’à s’occuper des problèmes spirituels qui la regardaient. D’autres ont jugé que l’encyclique était pleine d’ambigüités, car selon eux, l’Église ne peut avoir la capacité d’analyser et de diagnostiquer les phénomènes économiques. D’autres encore ont dit qu’il s’agissait de “marxisme réchauffé”, mais c’étaient des voix isolées.
On peut donc dire que dans l’ensemble, l’encyclique a été bien accueillie, tant par le gouvernement militaire que par l’épiscopat…
LORSCHEIDER: Je me souviens encore les paroles pleines de gratitude du télégramme que dom Helder Câmara a envoyé à Paul VI le lendemain de la publication de l’encyclique: «Merci, Saint Père, au nom du Tiers Monde». Les évêques du Brésil ont salué Populorum progressio comme un nouveau témoignage de la présence de l’Église dans le monde contemporain et ils en ont étudié le texte dans l’assemblée de la Conférence épiscopale qui s’est réunie du 6 au 8 mai à l’Aparecida. Ils ont souligné qu’on trouvait, dans Populorum progressio, l’écho et l’actualisation de la doctrine sociale présente dans les encycliques Rerum novarum, Mater et magistra, Pacem in terris, comme dans la constitution pastorale Gaudium et spes et dans le discours que Paul VI lui-même avait tenu au siège des Nations-Unies. De même, la réunion du Celam qui s’est déroulée du 11 au 16 octobre 1967 à Mar de la Plata en Argentine avait mis à l’ordre du jour l’encyclique de Paul VI.
Dans l’introduction de cette encyclique, Paul VI se réfère aux grandes encycliques sociales de ses prédécesseurs. Mais quel a été l’apport original de ce document à la doctrine sociale de l’Église?
LORSCHEIDER: Paul VI définissait clairement la problématique abordée par son encyclique: «Aujourd’hui, le fait majeur dont chacun doit prendre conscience est que la question sociale est devenue mondiale. Jean XXIII l’a affirmé sans ambages, et le Concile lui a fait écho par sa Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps. Cet enseignement est grave et son application urgente. Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence. L’Eglise tressaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à l’appel de son frère [...] Aussi est-ce à tous que Nous adressons aujourd’hui cet appel solennel à une action concertée pour le développement intégral de l’homme et le développement solidaire de l’humanité».
La nécessité d’une action concertée pour le développement intégral de l’homme et le développement solidaire de l’humanité est la pensée fondamentale, l’appel le plus vibrant de toute l’encyclique. La pensée dominante est qu’on ne peut réduire le développement à une simple croissance économique. Certes, on aurait pu critiquer le mot développement qui appartient au vocabulaire capitaliste. Mais Paul VI l’a précisé: pour être authentique, le développement doit être intégral, c’est-à-dire qu’il doit viser la promotion de tout homme et de tout l’homme.
C’est donc là l’apport original de l’encyclique à la doctrine sociale de l’Église…
LORSCHEIDER: Pour la première fois, Paul VI plaçait l’enseignement social de l’Église à l’échelle mondiale et il proposait, comme un devoir grave et urgent, d’établir une justice sociale. De même que Léon XIII, en 1891, avait pris en main la cause des faibles et des pauvres, de la condition ouvrière face aux injustices du capitalisme libéral, de même Paul VI, en 1967, se rangeait aux côtés des perdants de l’humanité, de toutes les populations faibles et marginalisées. Il demandait un effort concordé afin que chacun ait sa propre place, ses propres droits et ses propres devoirs, sa propre et entière responsabilité pour accroître une collaboration universelle entre les nations, une justice sociale internationale (Iustitia est fundamentum regnorum) comme base fondamentale pour un développement authentique.

Aujourd’hui, il est facile de reconnaître les accents prophétiques contenus dans l’encyclique de 1967. Il suffit de lire les chiffres de la faim, les chroniques des guerres, le tribut de souffrances qu’à l’époque de la globalisation, les pays en voie de développement ont payé ou paient au triomphe planétaire du libre marché, libre surtout en matière de trafic d’armes et de drogue

Aujourd’hui, à quarante ans de distance, il n’est certes pas difficile de reconnaître les déséquilibres entre le Nord et le Sud du monde et les effets qu’ils ont entraînés…
LORSCHEIDER: Aujourd’hui, il est facile de reconnaître les accents prophétiques contenus dans l’encyclique de 1967. Il suffit de lire les chiffres de la faim, les chroniques des guerres, le tribut de souffrances qu’à l’époque de la globalisation, les pays en voie de développement ont payé ou paient au triomphe planétaire du libre marché, libre surtout en matière de trafic d’armes et de drogue. Il n’est pas difficile non plus de reconnaître que les enseignements de l’encyclique conservent encore toute leur force d’avertissement. Aujourd’hui, on ne peut citer Populorum progressio sans penser à l’encyclique Sollicitudo rei socialis par laquelle Jean Paul II, en 1987, rappelait sous une forme assez solennelle les vingt ans de Populorum progressio. Jean Paul II soulignait encore la nouveauté de l’encyclique de Paul VI, en nous offrant un panorama du monde contemporain et du développement authentique pour faire ensuite une lecture théologique des problèmes d’où il tirait la conclusion que l’œuvre de solidarité, c’est la paix: Opus solidarietatis pax. La paix est le nouveau nom du développement.
Vous souligniez aussi une autre considération à propos de Sollicitudo rei socialis, à savoir que l’enseignement social de l’Église n’est pas statique, mais dynamique…
LORSCHEIDER: L’enseignement social de l’Église n’est pas statique, mais dynamique dans la mesure où il puise aux solides racines de la Tradition. Paul VI avait prodigué toute sa sensibilité culturelle moderne pour préparer le texte de son encyclique. On trouve dans son analyse l’empreinte culturelle française et celle des économistes dits “humanistes”, à laquelle il unit les contenus et les enseignements de la Tradition de l’Église, en les appliquant à la nouvelle situation. Populorum progressio nous rappelle explicitement l’enseignement traditionnel de l’Église sur la destination universelle des biens, qui trouve son fondement dans la première page de la Bible et qui en étend le principe, rappelé entre autre par saint Thomas et saint Ambroise, aux communautés politiques. Et il s’agit de paragraphes dans lesquels l’analyse des problèmes semble se faire plus lucide.
Par exemple?
LORSCHEIDER: Lorsqu’il indique les facteurs structurels de la misère du Tiers Monde, Paul VI cite le De Nabuthae de saint Ambroise: «On sait avec quelle fermeté les Pères de l’Église ont précisé quelle doit être l’attitude de ceux qui possèdent, en face de ceux qui sont dans le besoin: “Ce n’est pas de ton bien, affirme ainsi saint Ambroise, que tu fais largesse au pauvre, tu lui rends ce qui lui appartient. Car ce qui est donné en commun pour l’usage de tous, voilà ce que tu t’arroges. La terre est donnée à tout le monde, et pas seulement aux riches.” C’est dire que la propriété privée ne constitue pour personne un droit inconditionnel et absolu». Avec saint Ambroise, il subvertit le concept de propriété privée inviolable et il en déduit la légitimité de certains choix opérationnels. Et, puisant toujours au trésor de la Tradition, Paul VI reprend aussi la formule plus directe de l’encyclique Quadragesimo anno pour condamner «le libéralisme effréné» qui conduit à «la dictature à bon droit dénoncée par Pie XI comme génératrice de l’impérialisme international de l’argent». Et c’est toujours et encore avec le langage de la Tradition que Paul VI affronte avec réalisme la possibilité historique que l’injustice et l’exploitation puissent provoquer l’insurrection violente des peuples opprimés: «Il est certes des situations dont l’injustice crie vers le ciel. Quand les populations entières, dépourvues du nécessaire, vivent dans une dépendance telle qu’elle leur interdit toute initiative et responsabilité, toute possibilité aussi de promotion culturelle et de participation à la vie sociale et politique, grande est la tentation de repousser par la violence de telles injures à la dignité humaine». Il n’y a là rien de nouveau. Cette même éventualité avait déjà été reconnue par saint Thomas dans la Summa theologica. Populorum progressio doit donc être lue aussi comme apologie de la Tradition.
Mais la défense de la Tradition ne coïncide-t-elle pas avec une vision culturelle et politique déterminée?
LORSCHEIDER: Ces schématismes appartiennent aux catégories d’une pensée culturelle répandue des temps modernes, qui était étrangère à Paul VI et à Populorum progressio.

Paul VI avec les campesinos colombiens à Bogotá, le 23 août 1968

parler d’“option préférentielle pour les pauvres”, on pense tout de suite à une certaine tendance de type marxiste dans l’Église.
LORSCHEIDER: Le choix préférentiel pour les pauvres ne concerne pas les catégories sociopolitiques, il n’est pas le fruit de sociologismes. La préférence pour les pauvres est un choix de Dieu, inscrit dans le mystère de Sa prédilection. Il concerne le cœur même de la Tradition de l’Église qui considère depuis toujours comme ses trésors la foi transmise par les apôtres et les pauvres, qui sont appelés les premiers à en jouir. C’est la raison d’être la plus profonde de Populorum progressio, dont la publication a été précédée de deux événements significatifs qui éclairent cette raison d’être.
Lesquels?
LORSCHEIDER: Un mois avant de faire connaître l’encyclique au monde, le 22 février, fête de la Chaire de saint Pierre, Paul VI manifeste, avec l’exhortation apostolique Petrum et Paulum apostolos, l’intention de proclamer l’Année de la foi, qui se conclura le 30 juin 1968 par la proclamation du Credo du Peuple de Dieu. Les discours de tous ces mois ne cessent de rappeler le «merveilleux héritage des apôtres», le «don qu’ils nous ont fait avec la parole et le sang, le témoignage de Jésus Christ, qui engendre en nous la foi». Le voyage à Istanbul et en Turquie lui-même, à la fin de juillet, a lieu pour «honorer en cette aube de l’Année de la foi, parmi les différentes cités illustres de l’histoire de ces régions orientales, les mémoires des importants Conciles œcuméniques qui y ont été célébrés et aussi (à Éphèse) le pieux souvenir de la Très Sainte Vierge qui y est vénérée». Dans le monde en ébullition de l’époque, Paul VI avait voulu poser son regard sur les trésors de l’Église. C’est pour cela que l’encyclique Populorum progressio et le Credo du Peuple de Dieu doivent être lus ensemble. Paul VI me frappait toujours par son attention et son extrême réalisme. Un réalisme dans son jugement sur le monde et sur l’Église, souffert jusqu’au bout, qui a marqué son pontificat dès les années qui ont immédiatement suivi le Concile Vatican II.
Avez-vous souvenir d’une rencontre personnelle avec Paul VI après la publication de l’encyclique?
LORSCHEIDER: Je garde en mémoire la dernière fois que je l’ai vu. C’était vers la fin de son pontificat, au cours d’une visite au Vatican des présidents de quelques Conférences épiscopales. Je me souviens qu’à cette occasion, Paul VI s’est approché de moi et m’a embrassé, en me disant: «Vous, les évêques brésiliens, vous êtes ceux qui lavent les pieds des pauvres!». Il a dit ces mots avec ce ton de voix particulier qu’il avait, une voix rauque, vibrante. Et puis il a ajouté doucement: «Comme je voudrais laver les pieds des pauvres…». Je n’oublierai jamais la voix de Paul VI lorsqu’il a prononcé ces mots, je n’oublierai jamais ce moment et ce regard, ce geste des bras qui prolongeait le mouvement de son corps tendu en avant. C’est l’image que je conserve du Pape de Populorum progressio

Une vie pour l’Amérique Latine

Le cardinal Aloísio Lorscheider
Le cardinal Aloísio Lorscheider, franciscain, archevêque émérite d’Aparecida, est l’une des figures historiques de l’épiscopat latino-américain. Né de parents d’origine allemande à Estrela, archidiocèse de Porto Alegre, le 8 octobre 1924, il a été ordonné prêtre en 1948. Il a obtenu une maîtrise de Théologie dogmatique auprès de l’Université Pontificale Antonianum de Rome en 1952 et il a enseigné cette matière au séminaire de Divinopolis, dans l’état de Minas Gerais, jusqu’en 1958. Son importante production scientifique a amené ses supérieurs de l’Ordre à le rappeler à Rome en tant que professeur de l’Université Pontificale Antonianum. Le 3 février 1962, il a été nommé évêque de Santo Ângelo et il est resté dans le diocèse brésilien pendant plus de onze ans, en faisant preuve de capacités pastorales et d’organisation: Il a donné une forte impulsion au séminaire et à la mission, instauré une relation dynamique avec les prêtres et les fidèles, visité régulièrement les paroisses dans lesquelles il administrait personnellement les sacrements, y compris la confession. Il a été nommé archevêque de Fortaleza en 1973 pour presque neuf ans et ensuite, de 1995 à 2004, il a été archevêque d’Aparecida. Il a été membre de la Commission théologique de la Conférence épiscopale brésilienne, dont il a été ensuite élu président, charge dans laquelle il a été plusieurs fois confirmé (1971-1978). Ancien vice-président du Conseil épiscopal latino-américain, il en est devenu président dans la période 1976-1979 en prenant la succession de l’archevêque Pironio. Il a été président de la troisième Conférence générale du Celam qui s’est tenue en 1979 à Puebla, au Mexique.

Prière dans la nuit: Alor que nous somme plus petit (24.6.07)

24 juin, 2007

Alor que nous somme plus petit (24.6.07) 

(taduction simple)

Mère du Bon Conseil

Que tu es entrée en ma vie

Enseigne-nous ta simplicité,

Tu doux comme ton fils,

Il, le Tout-Puissant,

Le Seigneur que nous aime,

Alors que nous sommes plus petits,

Plus fragiles, plus simples,

Et plus sincères,

Que celle-ci c’est le vrai savoir,

Le savoir de ton Fils

Que de Dieu homme s’est fait

Il a souffert nos souffrances,

Supporté les mêmes humiliations,

Comme nous regardons à nous,

Au monde, aux choses qui a créé,

Nous apercevons, souvent, en le plus petites,

Son visage, sa présence, son amour;

Gabriella

bonne nuit

23 juin, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. Anthurium

Anthurium

http://www.mauritiusonline.it/Argomenti/immagini.html

« Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30)

23 juin, 2007

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon pour la naissance de Jean Baptiste ; Mai 109 ; PLS II, 497 (trad. Quéré in L’Année en fêtes, Migne 2000, p. 507 rev.)

« Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30)

La naissance de Jean et celle de Jésus, puis leurs Passions, ont marqué leur différence. Car Jean naît lorsque le jour commence à diminuer ; le Christ, lorsque le jour se met à croître. La diminution du jour pour l’un est le symbole de sa mort violente. Son accroissement pour l’autre, l’exaltation de la croix.

Il y a aussi un sens secret que le Seigneur révèle…par rapport à ce mot de Jean sur Jésus Christ : « Il faut qu’il croisse et que moi je diminue ». Toute la justice humaine…avait été consommée en Jean ; de lui la Vérité disait : « Parmi les enfants des femmes, il n’en est point surgi de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11). Nul homme, donc, n’aurait pu le dépasser ; mais il n’était qu’un homme. Or, en notre grâce chrétienne, on nous demande de ne pas nous glorifier dans l’homme, mais « si quelqu’un se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur » (2Co 10,17) : homme, en son Dieu ; serviteur, en son maître. C’est pour cette raison que Jean s’écrie : « Il faut qu’il croisse et que moi je diminue. » Bien sûr Dieu n’est ni diminué ni augmenté en soi, mais chez les hommes, au fur et à mesure que progresse la vraie ferveur, la grâce divine croît et la puissance humaine diminue, jusqu’à ce que parvienne à son achèvement la demeure de Dieu, qui est en tous les membres du Christ, et où toute tyrannie, toute autorité, toute puissance sont mortes, et où Dieu est tout en tous (Col 3,11).

Jean l’évangéliste dit : « Il y avait la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde » (1,9) ; Jean-Baptiste, lui, dit : « Nous avons tous reçu de sa plénitude » (Jn 1,16). Lorsque la lumière, qui est en elle-même toujours totale, s’accroît néanmoins en celui qui en est illuminé, celui-là est diminué en lui-même lorsque s’abolit en lui ce qui était sans Dieu. Car l’homme, sans Dieu, ne peut rien que pécher, et sa puissance humaine diminue lorsque triomphe la grâce divine, destructrice du péché. La faiblesse de la créature cède à la puissance du Créateur et la vanité de nos affections égoïstes s’effondre devant l’universel amour, tandis que Jean Baptiste du fond de notre détresse, nous crie la miséricorde de Jésus Christ : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue ».

Petra, Jordan, 1998

23 juin, 2007

Petra, Jordan, 1998  dans images NGM1998_12Cover

Petra, Jordan, 1998

Photograph by Annie Griffiths Belt

« Reclining on a rooftop carved two millennia ago, a Bedouin surveys the realm of the Nabataeans, whose ancient capital beckons from the sands of southern Jordan. Forgotten for centuries, Petra still echoes with mysteries of the past; this immense building, Al Deir (the Monastery), was probably a Nabataean shrine. »

—From « Petra: Ancient City of Stone, » December 1998, National Geographic magazine

23 juin, 2007

 dans images sacrée 1083318023547

San Cipriano, detalle del mosaico del siglo VI que representa la procesión de los mártires, Basílica de San Apolinar Nuevo, Ravenna

http://www.30giorni.it/sp/articolo.asp?id=3569

Saint Colomban, abbé de Luxueil : Que ton amour nous possède tout entiers,

23 juin, 2007

 du site:
http://www.patristique.org/article.php3?id_article=161
.

Saint Colomban (543 ?-615)

Que ton amour nous possède tout entiers

il était un moine irlandais qui vint en France vers 585. Il fonda plusieurs monastères, dont celui de Luxueil dans les Vosges. Persécuté parce qu’il dénonçait les moeurs de la cour de Bourgogne, il se réfugia en Italie où il fonda le monastère de Bobbio en 614. Il y mourut l’année suivante.

Ô Dieu,

Éveille moi du sommeil de mon indolence.
Fais brûler en moi le feu de l’amour divin ;
Que la flamme de ton amour monte plus haut que les étoiles ;
Que brûle sans cesse au-dedans de moi le désir de répondre à ton infinie tendresse [...]

Seigneur,

Accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement,
Que je sache tenir toujours ma lampe allumée,
Sans jamais la laisser s’éteindre ;
Qu’en moi elle soit feu,
Et lumière pour mon prochain.

Ô Christ,

Daigne allumer toi-même nos lampes,
Toi notre Sauveur plein de douceur,
Fais-les brûler sans fin dans ta demeure,
Et recevoir de toi, lumière éternelle,
Une lumière indéfectible.
Que ta lumière dissipe nos propres ténèbres,
Et que, par nous,elle fasse reculer les ténèbres du monde.

Jésus,

Je t’en prie,
Allume ma lampe à ta propre lumière [...]
Qu’à ta lumière, je ne cesse de te voir,
De tendre vers toi mon regard et mon désir.
Alors, dans mon coeur, je ne verrai que toi seul,
Et en ta présence, ma lampe sera toujours allumée et ardente.

Fais-nous la grâce, je t’en prie,
Puisque nous frappons à ta porte,
De te manifester à nous,
Sauveur plein d’amour.

Te comprenant mieux,
Puissions-nous n’avoir d’amour que pour toi,
Toi seul.

Sois, nuit et jour,
Notre seul désir,
Notre seule méditation,
Notre continuelle pensée.

Daigne répandre en nous assez de ton amour
Pour que nous t’aimions comme il convient.

Remplis-nous de ton amour,
Jusqu’au plus intime de nous-mêmes,
Qu’il nous possède tout entiers,
Que ta charité pénètre toutes nos facultés,
Pour que nous ne sachions plus rien aimer,
Sinon toi, qui es éternel [...]

Qu’en nous se réalise,
En partie tout au moins,
Ce progrès de l’amour par ta grâce,
Seigneur Jésus-Christ,
À qui est la gloire dans les siècles des siècles.
Amen.

Sources :
D’après les Instructions spirituelles 12, 2-3.

Catéchèse du Pape Benoît sur saint Athanase d’Alexandrie

23 juin, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-15674?l=french

Catéchèse sur saint Athanase d’Alexandrie

Texte intégral

ROME, Mercredi 20 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de l’audience générale de ce mercredi.

Chers frères et sœurs,

En poursuivant notre rappel des grands Maîtres de l’Eglise antique, nous voulons aujourd’hui fixer notre attention sur saint Athanase d’Alexandrie. Déjà quelques années avant sa mort, cet authentique protagoniste de la tradition chrétienne fut célébré comme « la colonne de l’Eglise » par le grand théologien et évêque de Constantinople Grégroire de Nazianze (Discours 21, 26), et il a toujours été considéré comme un modèle d’orthodoxie, aussi bien en Orient qu’en Occident. Ce n’est donc pas par hasard que Gian Lorenzo Bernini en plaça la statue parmi celles des quatre saints docteurs de l’Eglise orientale et occidentale — avec Ambroise, Jean Chrysostome et Augustin —, qui dans la merveilleuse abside la Basilique vaticane entourent la Chaire de saint Pierre.

Athanase a sans aucun doute été l’un des Pères de l’Eglise antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l’incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui — comme le dit le prologue du quatrième Evangile — « se fit chair et vint habiter parmi nous » (Jn 1, 14). C’est précisément pour cette raison qu’Athanase fut également l’adversaire le plus important et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, selon une tendance récurrente dans l’histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd’hui également. Probablement né à Alexandrie vers l’an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l’évêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son évêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l’empereur Constantin en mai 325 pour assurer l’unité de l’Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème apparu quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.

Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l’authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n’était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, et ainsi, le vrai Dieu restait toujours inaccessible pour nous. Les évêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le « Symbole de la foi » qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental — qui exprime la foi de l’Eglise indivise, et que nous répétons aujourd’hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique — figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis : celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est « de la même substance » que le Père, est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par les ariens.

A la mort de l’évêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme évêque d’Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l’égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s’étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l’hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l’issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau — dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité —, et ils furent soutenus pour des raisons politiques par l’empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l’unité de l’empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible — à son avis — à tous ses sujets dans l’empire.

La crise arienne, que l’on croyait résolue à Nicée, se poursuivit ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l’Eglise. Et à cinq reprises au moins — sur une période de trente ans, entre 336 et 366 — Athanase fut obligé d’abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d’Alexandrie, l’évêque eut l’occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d’abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l’évêque d’Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.

L’œuvre doctrinale la plus célèbre du saint évêque alexandrin est le traité Sur l’incarnation du Verbe, le Logos divin qui s’est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu « s’est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s’est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l’incorruptibilité » (54, 3). En effet, avec sa résurrection, le Seigneur a fait disparaître la mort comme « la paille dans le feu » (8, 4). L’idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n’est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement « Dieu avec nous ».

Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l’Eglise — qui demeurent en grande partie liées aux événements de la crise arienne — rappelons ensuite les autres lettres qu’il adressa à son ami Serapion, évêque de Thmuis, sur la divinité de l’Esprit Saint, qui est affirmée avec clarté, et une trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d’année aux Eglises et aux monastères d’Egypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et en les préparant à cette grande solennité.

Enfin, Athanase est également l’auteur de textes de méditation sur les Psaumes, ensuite largement diffusés, et d’une œuvre qui constitue le best seller de la littérature chrétienne antique: la Vie d’Antoine, c’est-à-dire la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint, précisément alors que l’évêque d’Alexandrie, exilé, vivait avec les moines dans le désert égyptien. Athanase fut l’ami du grand ermite, au point de recevoir l’une des deux peaux de moutons laissées par Antoine en héritage, avec le manteau que l’évêque d’Alexandrie lui avait lui-même donné. Devenue rapidement très populaire, traduite presque immédiatement en latin à deux reprises et ensuite en diverses langues orientales, la biographie exemplaire de cette figure chère à la tradition chrétienne contribua beaucoup à la diffusion du monachisme en Orient et en Occident. Ce n’est pas un hasard si la lecture de ce texte, à Trèves, se trouve au centre d’un récit émouvant de la conversion de deux fonctionnaires impériaux, qu’Augustin place dans les Confessions (VIII, 6, 15) comme prémisses de sa conversion elle-même.

Du reste, Athanase lui-même montre avoir clairement conscience de l’influence que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure exemplaire d’Antoine. Il écrit en effet dans la conclusion de cette œuvre : « Qu’il fut partout connu, admiré par tous et désiré, également par ceux qui ne l’avaient jamais vu, est un signe de sa vertu et de son âme amie de Dieu. En effet, ce n’est pas par ses écrits ni par une sagesse profane, ni en raison de quelque capacité qu’Antoine est connu, mais seulement pour sa piété envers Dieu. Et personne ne pourrait nier que cela soit un don de Dieu. Comment, en effet, aurait-on entendu parler en Espagne et en Gaule, à Rome et en Afrique de cet homme, qui vivait retiré parmi les montagnes, si ce n’était Dieu lui-même qui l’avait partout fait connaître, comme il le fait avec ceux qui lui appartiennent, et comme il l’avait annoncé à Antoine dès le début ? Et même si ceux-ci agissent dans le secret et veulent rester cachés, le Seigneur les montre à tous comme une lampe, pour que ceux qui entendent parler d’eux sachent qu’il est possible de suivre les commandements et prennent courage pour parcourir le chemin de la vertu » (Vie d’Antoine 93, 5-6).

Oui, frères et sœurs ! Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers Athanase. Sa vie, comme celle d’Antoine et d’innombrables autres saints, nous montre que « celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire proche d’eux » (Deus caritas est, n. 42).Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape

Chers Frères et Sœurs,

Poursuivant notre parcours parmi les grands maîtres de la foi dans l’Église ancienne, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Athanase d’Alexandrie, considéré déjà peu après sa mort, par saint Grégoire de Nazianze, comme « la colonne de l’Église ». En effet, sa théologie de l’Incarnation du Verbe a fait de lui l’adversaire le plus redoutable et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui niait la divinité de Jésus.
Né au tout début du quatrième siècle, il participa au Concile de Nicée comme secrétaire de son évêque, auquel il succédera sur le siège d’Alexandrie. Bien que condamné par le Concile qui avait défini le caractère « consubstantiel » du Père et du Fils, l’arianisme sera réhabilité par l’empereur; cela entraînera pour Athanase plusieurs longs exils qui n’infléchiront jamais la force et la rectitude de son témoignage. Au contraire, ses séjours à Trèves et à Rome lui permirent de soutenir et de propager la foi de Nicée en Occident.

Ces tribulations firent aussi de saint Athanase un instrument providentiel pour faire connaître la figure de saint Antoine du désert, dont il fut un ami proche et qu’il imita par ses choix de vie. À travers la publication de La vie d’Antoine, qui connut partout un immense succès, il contribua de manière décisive au développement du monachisme.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. À la lumière de l’enseignement et de la vie des saints, puissiez-vous découvrir que ceux qui vont vers Dieu ne s’éloignent pas des hommes, mais qu’ils se rendent au contraire vraiment proches d’eux.

A l’issue de la catéchèse, Benoît XVI a lancé un appel en faveur des réfugiés :

On célèbre aujourd’hui la Journée mondiale du Réfugié, promue par les Nations unies pour que l’attention de l’opinion publique ne manque pas envers ceux qui ont été obligés de fuir leurs pays à la suite de réels dangers pour leur vie. Accueillir les réfugiés et leur accorder l’hospitalité représente pour tous un juste geste de solidarité humaine, afin que ces derniers ne se sentent pas isolés à cause de l’intolérance et du manque d’intérêt. En outre, il s’agit pour les chrétiens d’une manière concrète de manifester l’amour évangélique. Je souhaite de tout cœur que soient garantis l’asile et la reconnaissance de leurs droits à nos frères et sœurs durement éprouvés par la souffrance, et j’invite les responsables des nations à offrir leur protection à ceux qui se trouvent dans une situation de besoin aussi délicate.

1...34567...18