Le pape nomme le cardinal Tauran (France) au dialogue interreligieux

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Le pape nomme le cardinal Tauran (France) au dialogue interreligieux

CITE DU VATICAN – Le pape Benoît XVI a nommé lundi le cardinal français Jean-Louis Tauran président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, où il sera notamment chargé des rapports du Vatican avec l’islam, selon un communiqué du Vatican.

Le cardinal Tauran, un Bordelais de 64 ans, succèdera le 1er septembre à ce poste à un autre Français, le cardinal Paul Poupard, qui cumulait depuis février 2006 cette fonction avec celle de président du Conseil pontifical pour la culture.

Jean-Louis Tauran, que Jean Paul II avait fait cardinal en octobre 2004, a derrière lui une longue carrière de diplomate au service de l’Eglise catholique et a notamment été « ministre des Affaires étrangères » du Vatican de 1990 à 2003.

Il était depuis lors en charge des archives et de la bibliothèque du Vatican, un des postes les plus prestigieux de la Curie.

Avec la nomination du cardinal Tauran, Benoît XVI restitue au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux toute son autorité et corrige ainsi la réorganisation de février 2006 qui s’est avérée lourde de conséquences dans les rapports de l’Eglise avec le monde musulman.

La fusion de ce service du Vatican avec celui en charge de la culture avait en effet coïncidé avec le départ de son président, l’archevêque britannique Michael Fitzgerald, nommé nonce apostolique en Egypte et délégué auprès de la Ligue arabe.

Le départ de Mgr Fitzgerald, bon connaisseur de l’islam et très apprécié de ses interlocuteurs, avait été interprété comme une mise à l’écart et le signe de la volonté du pape d’avoir une autre approche, plus exigeante et plus méfiante, du dialogue avec le monde musulman engagé par son prédécesseur Jean Paul II.

Mais en septembre 2006, le Vatican a dû gérer dans l’improvisation la crise née du discours de Benoît XVI à Ratisbonne (Allemagne) dans lequel quelques phrases sur les rapports de l’islam à la violence et à la raison avaient joué le rôle de déclencheur.

Devant les condamnations de ces propos par des dignitaires musulmans du monde entier et des manifestations de rue dans plusieurs pays, le pape avait dû présenter ses « regrets », affirmant qu’il avait été mal compris.

En mai dernier, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, avait déjà annoncé que le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux redeviendrait un service distinct de la curie romaine.

Le cardinal Tauran sera remplacé à la tête des archives et de la bibliothèque vaticane par Mgr Raffaele Farina.

(©AFP / 25 juin 2007 13h31)

2 Réponses à “Le pape nomme le cardinal Tauran (France) au dialogue interreligieux”

  1. Benoît dit :

    Je voudrais faire parvenir à Mgr Tauran des renseignements sur un ouvrage que je viens de publier chez bayard et susceptible de l’intéresser, il s’agit de : Tocqueville, notes sur le Coran et autres textes sur les religions, où il est possible de constater combien les propos de Tocqueville sur l’islam sont encore judicieux. Une recension a été faite sur le site de la communauté dominicaine Domuni de Lyon:
    Islamologie > Recensions d’Islamologie…

    Recension de Emmanuel PISANI, op
    Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet montre comment l’Etat occidental des Lumières, en tant que transformateur sacral, est le vecteur de la révolution sociologique de l’égalité qui s’accompagne de la sécularisation des sociétés modernes[1]. Dans cette optique, la promesse démocratique sur laquelle s’est fondée les révolutions du dix-huitième siècle s’effectuent à l’encontre des systèmes religieux constitués en corps de doctrines. L’individualisme exacerbé, le matérialisme démesuré, le principe de laïcité ont fini par refouler les réalités religieuses hors de l’espace public, au point où certains voient dans l’existence même de croyances individuelles le simple résidu des institutions religieuses d’antan. Démocratie et religion y sont décrites comme incompatibles.
    Tout l’intérêt et la pertinence de la pensée d’Alexis de Tocqueville (1805-1859) est de précisément soutenir la thèse opposée. D’abord, Tocqueville considère la démocratie dans sa dimension ontologique et montre qu’elle trouve sa genèse dans l’idée d’égalité contenue au sein du message évangélique : « le christianisme qui a rendu tous les hommes égaux devant Dieu, ne répugnera pas à voir tous les citoyens égaux devant la loi[2] ». Lorsqu’il commence la rédaction de son maître ouvrage La Démocratie en Amérique, Tocqueville souligne l’originalité de la civilisation anglo-américaine en ce qu’elle parvient à combiner l’esprit de religion et l’esprit de liberté : « La liberté voit dans la religion la compagne de ses luttes et de ses triomphes, le berceau de son enfance, la source divine de ses droits. Elle considère la religion comme la sauvegarde des mœurs ; les mœurs comme la garantie des lois et le gage de sa propre durée[3] ». Tocqueville admire cette alliance de l’esprit de religion et de l’esprit de liberté, mais il estime nécessaire la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la mesure où elle garantie l’absence de domination d’un pouvoir sur l’autre. Les combats idéologiques auxquels se livrent l’Europe le désespèrent. Son grand projet vise à réconcilier en France les valeurs de la révolution française et la religion : « l’un de mes rêves, a-t-il écrit, le principal en entrant dans le vie politique, était de travailler à concilier l’esprit libéral et l’esprit de religion, la société nouvelle et l’Eglise[4] ». Tocqueville apparaît donc comme l’héritier de la philosophie politique de Benjamin Constant ou de Necker pour qui, lumières et religion, allaient de pair.
    A contrario, le lien intime qui uni l’islam au politique est l’objet d’une critique virulente, féroce parfois. « Le mahométisme est la religion qui a le plus complètement confondu et entremêlé les deux puissances, de telle sorte que le grand prêtre est nécessairement le prince, et le prince le grand prêtre, et que tous les actes de la vie civile et politique se règlent plus ou moins sur la loi religieuse » (p. 49). Cette concentration et cette confusion entre le politique et le religieux est « la cause première du despotisme et surtout de l’immobilité sociale qui a, presque toujours, fait le caractère des nations musulmanes et qui les fait enfin succomber toutes devant les nations qui ont embrassé le système contraire » (p. 50). En 1844, estimant que l’islam est incompatible avec la démocratie, Tocqueville écrit : « Quand Mahomet n’aurait commis que la faute de joindre intimement un corps d’institutions civiles et politiques à une croyance religieuse, de façon à imposer au premier l’immobilité, qui est dans la nature des Saoudis, c’en eût été assez pour vouer dans un temps donné ses sectateurs à une infériorité d’abord et ensuite à une ruine inévitable. La grandeur, et la sainteté du christianisme, est de n’avoir au contraire entrepris de régner que dans la sphère naturelle des religions, abandonnant tout le reste aux mouvements libres de l’esprit humain[5] » (p. 69). Tocqueville, hélas, ne s’interroge pas sur les raisons qui ont permis à l’islam de devenir une des civilisations les plus prestigieuses du monde. On pourrait en effet se demander si ce lien intime entre le politique et le religieux n’a pas eu aussi en son temps une incidence bénéfique sur l’essor de la civilisation arabo-musulmane. En fait, Tocqueville est un moderne, et ce qu’il vise, c’est le mouvement inéluctable de démocratisation issu du progrès des Lumières.
    Tocqueville n’est pas pour autant chrétien. Comme le rappelle son biographe, Jean-Louis Benoît dans cet ouvrage, Tocqueville est un agnostique, le mystère de l’incarnation semble lui demeurer étranger, « en ce sens, il n’a pas la foi, le Credo lui échappe » (p. 12).
    En resituant les grands textes d’Alexis de Tocqueville sur les religions que sont le christianisme bien sûr, mais aussi l’hindouisme et l’islam, Jean-Louis Benoît apporte les « pièces élémentaires » qui révèlent combien la pensée de Tocqueville a pu faire l’objet d’analyses partielles, fallacieuses ou erronées, notamment sur la colonisation[6]. Les notes sur le Coran ne présente pas d’intérêt islamologique particulier : il s’agit d’ailleurs plus d’annotations que de notes. On retiendra cependant la rigueur de la méthode et l’étude des textes sources. Sa vision de l’islam reste marquée par des jugements sévères et des a priori qui rappellent l’époque médiévale : « Les tendances (violentes et sensuelles) du Coran frappent tellement les yeux que je ne conçois pas qu’elles échappent à un homme de bon sens » (p. 36). Le propos n’est pas sans rappeler la sévérité en son temps de saint Thomas d’Aquin, mais il faut relever la modernité de l’auteur dans le recours au concept de tendance que l’on pourrait définir comme un diagnostic théorique à partir des sources musulmanes en vue de dégager non pas une loi, mais un sens, une orientation générale des textes coraniques. Il reste que l’analyse n’est pas sans sévérité : « les populations sont abandonnées aux marabouts (…), personnages sans caractère que celui que leur prête la multitude » (p. 51). De même, son jugement sur Abd el-Kader est sans appel : c’est « un esprit de l’espèce la plus rare et la plus dangereuse, mélange d’un enthousiasme sincère et d’un enthousiasme feint, espèce de Cromwell musulman (…) Dans tous ses actes extérieurs, le prince se montre bien moins que le saint : il se cache sans cesse derrière l’intérêt de la religion pour laquelle, dit-il, il agit ; c’est comme interprète du Coran et le Coran à la main qu’il enjoint et qu’il condamne, c’est la réforme qu’il prêche autant que l’obéissance ; son humilité croît avec sa puissance. La haine religieuse que nous inspirons l’a créé, elle l’a grandi, elle le maintient ; l’éteindre, c’est renoncer à son pouvoir. Il ne l’éteindra donc pas, mais la ravivera sans cesse, et il nous fera toujours soit sourdement soit ostensiblement la guerre, parce que la paix, rendant les tribus à leurs instincts naturels, dissoudrait bientôt le faisceau sur lequel il s’appuie » (p. 57).
    A l’égard de l’œuvre de colonisation de la France, Tocqueville fut amené à intervenir à plusieurs reprises sur la question de l’Algérie. Il en a appelé le gouvernement français à une attitude juste et droite à l’égard des musulmans. Le 9 juillet 1847, lors de la discussion du budget général de l’Algérie pour 1848, il dénonce avec véhémence la spoliation des fondations islamiques par l’administration coloniale de la moitié de ses ressources, ce qui est responsable d’un état de misère qu’il juge « impossible à décrire » (p. 61). De même, à l’égard du culte, il dénonce la barbarie de la colonisation qui bien loin de faire œuvre de civilisation, s’entête à détruire les richesses du peuple algérien : « Lorsque les musulmans voyaient que nous, qui nous prétendons la nation civilisée par excellence, qui prétendons porter la civilisation chez eux, nous faisions disparaître tous les monuments qui pouvaient entretenir les lumières qu’ils possédaient déjà, lorsqu’ils nous voyaient ruiner les temples, laisser tomber les écoles, quel mépris profond ne voulez-vous pas qu’ils professent pour notre gouvernement ? Le résultat les indigne, les moyens de l’atteindre leur paraissent honteux. Qu’on s’empare de vive force de leurs mosquées et de leurs écoles, ils pourraient encore le comprendre ; mais que peuvent-ils penser d’une grande nation comme la France, qui descend jusqu’à faire ces choses d’une manière subreptice et cachée, qui s’approprie n sans oser le dire, une partie des sommes qui étaient destinées aux pauvres, qui dépouille le clergé, les écoles, pour enrichir de quelques milliers de francs son trésor ? Je vous le laisse juger vous-mêmes » (pp. 62-63). Pour Tocqueville, il ne fait aucun doute que la société musulmane en Afrique est une civilisation « arriérée et imparfaite » (p. 64). Mais elle est une civilisation. Or, le procès qu’il dresse à la France est d’avoir éteint les lumières de cette société, et de l’avoir rendue « beaucoup plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître » (p. 64). Pour Tocqueville, l’europanéisation de l’islam est une erreur. Puisque l’islam a donné lieu à une civilisation propre, c’est elle qu’il faut encourager et raviver sur l’empire français.
    Pour conclure notre recension, les textes relatifs à l’islam d’Alexis de Tocqueville permettent une fois encore de mettre en lumière combien la pensée du sociologue et de l’homme politique n’est pas sans nuances. Aux jugements sévères contre l’esprit anti-démocratique de l’islam, Alexis de Tocqueville n’hésite pas à prendre la plume pour dénoncer la spoliation du gouvernement français en Algérie et rappeler que l’islam est à la source d’une grande civilisation. En ce sens, la lecture de ces textes, présentés par Jean-Louis de Benoît dans leur mouvement diachronique, permettra au lecteur d’affiner son jugement sur une pensée présentée parfois d’une manière tronquée.
    fr. Emmanuel Pisani o.p.
    [1] Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.
    [2] Tocqueville, De la démocratie en Amérique, in Œuvres complètes, Pléiade, T2, p. 13.
    [3] Tocqueville, De la démocratie en Amérique, in Œuvres complètes, Pléiade, T2, p. 48.
    [4] Notice, p. 910, in Tocqueville, De la démocratie en Amérique, in Œuvres complètes, Pléiade, T2.
    [5] Tocqueville, Œuvres complètes, Gallimard, VI, 3, p. 87.
    [6] Voir à ce propos la controverse entre Jean-Louis de Benoît et Tzvetan Todorov, Olivier Le Cour Grandmaison, Nourredine Saadi. On pourra consulter l’article « Tocqueville » sur le site
    Présentation par l’Editeur
    C’est lors de son voyage aux États-Unis que Tocqueville découvre l’importance de la religion dans une société démocratique. En France, la Révolution, qui tente au même moment de remplacer les formes religieuses par des formes séculières et idéologiques, lui semble un remède pire que le mal.
    Tocqueville n’aura alors de cesse de s’intéresser aux liens qui unissent dans le destin d’un peuple, le social et le politique d’un côté, le fait religieux de l’autre. Il n’aura de cesse d’étudier et de comparer les religions dans leur relation aux sociétés où elles se développent. Cette approche résolument sociologique des religions demeure radicalement moderne.
    On ne peut que s’étonner que ces textes, sur l’islam, le bouddhisme, le christianisme, n’aient pas été réunis plus tôt et soient restés, pour certains, très peu accessibles. Il est vrai qu’ils sont parfois dérangeants, et souvent en désaccord avec quelques idées reçues sur le philosophe et son œuvre. Qu’on prenne le temps de les lire, et on découvrira un pan entier de la réflexion de Tocqueville, d’une troublante actualité.
    Textes réunis, introduits et commentés par Jean-Louis Benoît.
    Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Jean-Louis Benoît est l’auteur de nombreux ouvrages sur Tocqueville, dont une biographie Tocqueville. Un destin paradoxal aux éditions Bayard.
    maj 26.04.2007

  2. gabriellaroma dit :

    chèr ami,

    volontiers je lu ce que tu m’écris et je crois qu’il est bien que tu l’envoies au cardinal, cependant je ne peux pas faire plus de que toi peu faire, aussi: ou aller sur le site Vatican, chercher le Congregation pour le Dialogue interreligieux et envoyer ou un mail ou, aussi et peut-être mieux, une lettre adressée au Cardinal:
    titre nom nom de famille
    Congrégation du Dialogue interreligieux
    00120 CITTA’ DEL VATICANO

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