Archive pour le 23 juin, 2007

bonne nuit

23 juin, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. Anthurium

Anthurium

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« Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30)

23 juin, 2007

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon pour la naissance de Jean Baptiste ; Mai 109 ; PLS II, 497 (trad. Quéré in L’Année en fêtes, Migne 2000, p. 507 rev.)

« Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30)

La naissance de Jean et celle de Jésus, puis leurs Passions, ont marqué leur différence. Car Jean naît lorsque le jour commence à diminuer ; le Christ, lorsque le jour se met à croître. La diminution du jour pour l’un est le symbole de sa mort violente. Son accroissement pour l’autre, l’exaltation de la croix.

Il y a aussi un sens secret que le Seigneur révèle…par rapport à ce mot de Jean sur Jésus Christ : « Il faut qu’il croisse et que moi je diminue ». Toute la justice humaine…avait été consommée en Jean ; de lui la Vérité disait : « Parmi les enfants des femmes, il n’en est point surgi de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11). Nul homme, donc, n’aurait pu le dépasser ; mais il n’était qu’un homme. Or, en notre grâce chrétienne, on nous demande de ne pas nous glorifier dans l’homme, mais « si quelqu’un se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur » (2Co 10,17) : homme, en son Dieu ; serviteur, en son maître. C’est pour cette raison que Jean s’écrie : « Il faut qu’il croisse et que moi je diminue. » Bien sûr Dieu n’est ni diminué ni augmenté en soi, mais chez les hommes, au fur et à mesure que progresse la vraie ferveur, la grâce divine croît et la puissance humaine diminue, jusqu’à ce que parvienne à son achèvement la demeure de Dieu, qui est en tous les membres du Christ, et où toute tyrannie, toute autorité, toute puissance sont mortes, et où Dieu est tout en tous (Col 3,11).

Jean l’évangéliste dit : « Il y avait la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde » (1,9) ; Jean-Baptiste, lui, dit : « Nous avons tous reçu de sa plénitude » (Jn 1,16). Lorsque la lumière, qui est en elle-même toujours totale, s’accroît néanmoins en celui qui en est illuminé, celui-là est diminué en lui-même lorsque s’abolit en lui ce qui était sans Dieu. Car l’homme, sans Dieu, ne peut rien que pécher, et sa puissance humaine diminue lorsque triomphe la grâce divine, destructrice du péché. La faiblesse de la créature cède à la puissance du Créateur et la vanité de nos affections égoïstes s’effondre devant l’universel amour, tandis que Jean Baptiste du fond de notre détresse, nous crie la miséricorde de Jésus Christ : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue ».

Petra, Jordan, 1998

23 juin, 2007

Petra, Jordan, 1998  dans images NGM1998_12Cover

Petra, Jordan, 1998

Photograph by Annie Griffiths Belt

« Reclining on a rooftop carved two millennia ago, a Bedouin surveys the realm of the Nabataeans, whose ancient capital beckons from the sands of southern Jordan. Forgotten for centuries, Petra still echoes with mysteries of the past; this immense building, Al Deir (the Monastery), was probably a Nabataean shrine. »

—From « Petra: Ancient City of Stone, » December 1998, National Geographic magazine

23 juin, 2007

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San Cipriano, detalle del mosaico del siglo VI que representa la procesión de los mártires, Basílica de San Apolinar Nuevo, Ravenna

http://www.30giorni.it/sp/articolo.asp?id=3569

Saint Colomban, abbé de Luxueil : Que ton amour nous possède tout entiers,

23 juin, 2007

 du site:
http://www.patristique.org/article.php3?id_article=161
.

Saint Colomban (543 ?-615)

Que ton amour nous possède tout entiers

il était un moine irlandais qui vint en France vers 585. Il fonda plusieurs monastères, dont celui de Luxueil dans les Vosges. Persécuté parce qu’il dénonçait les moeurs de la cour de Bourgogne, il se réfugia en Italie où il fonda le monastère de Bobbio en 614. Il y mourut l’année suivante.

Ô Dieu,

Éveille moi du sommeil de mon indolence.
Fais brûler en moi le feu de l’amour divin ;
Que la flamme de ton amour monte plus haut que les étoiles ;
Que brûle sans cesse au-dedans de moi le désir de répondre à ton infinie tendresse [...]

Seigneur,

Accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement,
Que je sache tenir toujours ma lampe allumée,
Sans jamais la laisser s’éteindre ;
Qu’en moi elle soit feu,
Et lumière pour mon prochain.

Ô Christ,

Daigne allumer toi-même nos lampes,
Toi notre Sauveur plein de douceur,
Fais-les brûler sans fin dans ta demeure,
Et recevoir de toi, lumière éternelle,
Une lumière indéfectible.
Que ta lumière dissipe nos propres ténèbres,
Et que, par nous,elle fasse reculer les ténèbres du monde.

Jésus,

Je t’en prie,
Allume ma lampe à ta propre lumière [...]
Qu’à ta lumière, je ne cesse de te voir,
De tendre vers toi mon regard et mon désir.
Alors, dans mon coeur, je ne verrai que toi seul,
Et en ta présence, ma lampe sera toujours allumée et ardente.

Fais-nous la grâce, je t’en prie,
Puisque nous frappons à ta porte,
De te manifester à nous,
Sauveur plein d’amour.

Te comprenant mieux,
Puissions-nous n’avoir d’amour que pour toi,
Toi seul.

Sois, nuit et jour,
Notre seul désir,
Notre seule méditation,
Notre continuelle pensée.

Daigne répandre en nous assez de ton amour
Pour que nous t’aimions comme il convient.

Remplis-nous de ton amour,
Jusqu’au plus intime de nous-mêmes,
Qu’il nous possède tout entiers,
Que ta charité pénètre toutes nos facultés,
Pour que nous ne sachions plus rien aimer,
Sinon toi, qui es éternel [...]

Qu’en nous se réalise,
En partie tout au moins,
Ce progrès de l’amour par ta grâce,
Seigneur Jésus-Christ,
À qui est la gloire dans les siècles des siècles.
Amen.

Sources :
D’après les Instructions spirituelles 12, 2-3.

Catéchèse du Pape Benoît sur saint Athanase d’Alexandrie

23 juin, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-15674?l=french

Catéchèse sur saint Athanase d’Alexandrie

Texte intégral

ROME, Mercredi 20 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de l’audience générale de ce mercredi.

Chers frères et sœurs,

En poursuivant notre rappel des grands Maîtres de l’Eglise antique, nous voulons aujourd’hui fixer notre attention sur saint Athanase d’Alexandrie. Déjà quelques années avant sa mort, cet authentique protagoniste de la tradition chrétienne fut célébré comme « la colonne de l’Eglise » par le grand théologien et évêque de Constantinople Grégroire de Nazianze (Discours 21, 26), et il a toujours été considéré comme un modèle d’orthodoxie, aussi bien en Orient qu’en Occident. Ce n’est donc pas par hasard que Gian Lorenzo Bernini en plaça la statue parmi celles des quatre saints docteurs de l’Eglise orientale et occidentale — avec Ambroise, Jean Chrysostome et Augustin —, qui dans la merveilleuse abside la Basilique vaticane entourent la Chaire de saint Pierre.

Athanase a sans aucun doute été l’un des Pères de l’Eglise antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l’incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui — comme le dit le prologue du quatrième Evangile — « se fit chair et vint habiter parmi nous » (Jn 1, 14). C’est précisément pour cette raison qu’Athanase fut également l’adversaire le plus important et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, selon une tendance récurrente dans l’histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd’hui également. Probablement né à Alexandrie vers l’an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l’évêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son évêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l’empereur Constantin en mai 325 pour assurer l’unité de l’Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème apparu quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.

Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l’authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n’était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être « intermédiaire » entre Dieu et l’homme, et ainsi, le vrai Dieu restait toujours inaccessible pour nous. Les évêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le « Symbole de la foi » qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental — qui exprime la foi de l’Eglise indivise, et que nous répétons aujourd’hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique — figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis : celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est « de la même substance » que le Père, est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par les ariens.

A la mort de l’évêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme évêque d’Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l’égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s’étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l’hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l’issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau — dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité —, et ils furent soutenus pour des raisons politiques par l’empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l’unité de l’empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible — à son avis — à tous ses sujets dans l’empire.

La crise arienne, que l’on croyait résolue à Nicée, se poursuivit ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l’Eglise. Et à cinq reprises au moins — sur une période de trente ans, entre 336 et 366 — Athanase fut obligé d’abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d’Alexandrie, l’évêque eut l’occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d’abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l’évêque d’Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.

L’œuvre doctrinale la plus célèbre du saint évêque alexandrin est le traité Sur l’incarnation du Verbe, le Logos divin qui s’est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu « s’est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s’est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l’incorruptibilité » (54, 3). En effet, avec sa résurrection, le Seigneur a fait disparaître la mort comme « la paille dans le feu » (8, 4). L’idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n’est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement « Dieu avec nous ».

Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l’Eglise — qui demeurent en grande partie liées aux événements de la crise arienne — rappelons ensuite les autres lettres qu’il adressa à son ami Serapion, évêque de Thmuis, sur la divinité de l’Esprit Saint, qui est affirmée avec clarté, et une trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d’année aux Eglises et aux monastères d’Egypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et en les préparant à cette grande solennité.

Enfin, Athanase est également l’auteur de textes de méditation sur les Psaumes, ensuite largement diffusés, et d’une œuvre qui constitue le best seller de la littérature chrétienne antique: la Vie d’Antoine, c’est-à-dire la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint, précisément alors que l’évêque d’Alexandrie, exilé, vivait avec les moines dans le désert égyptien. Athanase fut l’ami du grand ermite, au point de recevoir l’une des deux peaux de moutons laissées par Antoine en héritage, avec le manteau que l’évêque d’Alexandrie lui avait lui-même donné. Devenue rapidement très populaire, traduite presque immédiatement en latin à deux reprises et ensuite en diverses langues orientales, la biographie exemplaire de cette figure chère à la tradition chrétienne contribua beaucoup à la diffusion du monachisme en Orient et en Occident. Ce n’est pas un hasard si la lecture de ce texte, à Trèves, se trouve au centre d’un récit émouvant de la conversion de deux fonctionnaires impériaux, qu’Augustin place dans les Confessions (VIII, 6, 15) comme prémisses de sa conversion elle-même.

Du reste, Athanase lui-même montre avoir clairement conscience de l’influence que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure exemplaire d’Antoine. Il écrit en effet dans la conclusion de cette œuvre : « Qu’il fut partout connu, admiré par tous et désiré, également par ceux qui ne l’avaient jamais vu, est un signe de sa vertu et de son âme amie de Dieu. En effet, ce n’est pas par ses écrits ni par une sagesse profane, ni en raison de quelque capacité qu’Antoine est connu, mais seulement pour sa piété envers Dieu. Et personne ne pourrait nier que cela soit un don de Dieu. Comment, en effet, aurait-on entendu parler en Espagne et en Gaule, à Rome et en Afrique de cet homme, qui vivait retiré parmi les montagnes, si ce n’était Dieu lui-même qui l’avait partout fait connaître, comme il le fait avec ceux qui lui appartiennent, et comme il l’avait annoncé à Antoine dès le début ? Et même si ceux-ci agissent dans le secret et veulent rester cachés, le Seigneur les montre à tous comme une lampe, pour que ceux qui entendent parler d’eux sachent qu’il est possible de suivre les commandements et prennent courage pour parcourir le chemin de la vertu » (Vie d’Antoine 93, 5-6).

Oui, frères et sœurs ! Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers Athanase. Sa vie, comme celle d’Antoine et d’innombrables autres saints, nous montre que « celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire proche d’eux » (Deus caritas est, n. 42).Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape

Chers Frères et Sœurs,

Poursuivant notre parcours parmi les grands maîtres de la foi dans l’Église ancienne, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Athanase d’Alexandrie, considéré déjà peu après sa mort, par saint Grégoire de Nazianze, comme « la colonne de l’Église ». En effet, sa théologie de l’Incarnation du Verbe a fait de lui l’adversaire le plus redoutable et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui niait la divinité de Jésus.
Né au tout début du quatrième siècle, il participa au Concile de Nicée comme secrétaire de son évêque, auquel il succédera sur le siège d’Alexandrie. Bien que condamné par le Concile qui avait défini le caractère « consubstantiel » du Père et du Fils, l’arianisme sera réhabilité par l’empereur; cela entraînera pour Athanase plusieurs longs exils qui n’infléchiront jamais la force et la rectitude de son témoignage. Au contraire, ses séjours à Trèves et à Rome lui permirent de soutenir et de propager la foi de Nicée en Occident.

Ces tribulations firent aussi de saint Athanase un instrument providentiel pour faire connaître la figure de saint Antoine du désert, dont il fut un ami proche et qu’il imita par ses choix de vie. À travers la publication de La vie d’Antoine, qui connut partout un immense succès, il contribua de manière décisive au développement du monachisme.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. À la lumière de l’enseignement et de la vie des saints, puissiez-vous découvrir que ceux qui vont vers Dieu ne s’éloignent pas des hommes, mais qu’ils se rendent au contraire vraiment proches d’eux.

A l’issue de la catéchèse, Benoît XVI a lancé un appel en faveur des réfugiés :

On célèbre aujourd’hui la Journée mondiale du Réfugié, promue par les Nations unies pour que l’attention de l’opinion publique ne manque pas envers ceux qui ont été obligés de fuir leurs pays à la suite de réels dangers pour leur vie. Accueillir les réfugiés et leur accorder l’hospitalité représente pour tous un juste geste de solidarité humaine, afin que ces derniers ne se sentent pas isolés à cause de l’intolérance et du manque d’intérêt. En outre, il s’agit pour les chrétiens d’une manière concrète de manifester l’amour évangélique. Je souhaite de tout cœur que soient garantis l’asile et la reconnaissance de leurs droits à nos frères et sœurs durement éprouvés par la souffrance, et j’invite les responsables des nations à offrir leur protection à ceux qui se trouvent dans une situation de besoin aussi délicate.

P. Cantalamessa : Y a-t-il un salut pour les enfants morts sans baptême ?

23 juin, 2007

du site:

http://www.zenit.org/article-15695?l=french

P. Cantalamessa : Y a-t-il un salut pour les enfants morts sans baptême ?

ROME, vendredi 22 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 24 juin, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 1, 57-66.80

Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père.
Mais sa mère déclara : « Non, il s’appellera Jean. »
On lui répondit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler.
Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Et tout le monde en fut étonné.
A l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.
La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements.
Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël.

© http://www.aelf.org

On célèbre cette année la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste à la place du XIIe dimanche du temps ordinaire. Il s’agit d’une fête très ancienne qui remonte au IVème siècle. Pourquoi la date du 24 juin ? Lorsque l’ange annonça la naissance du Christ à Marie, il lui dit qu’Elizabeth, sa parente, était au sixième mois. Jean-Baptiste devait donc naître six mois avant Jésus et la chronologie était ainsi respectée (la date du 24 au lieu du 25 juin est due à la manière dont calculaient les anciens, non en jour mais en calende, ide, et none). Ces dates ont naturellement une valeur liturgique et symbolique et non historique. Nous ne connaissons ni le jour ni l’année exacte de la naissance de Jésus et par conséquent, pas plus de Jean-Baptiste. Mais que cela change-t-il ? L’important pour la foi est le fait qu’il soit né et non quand il est né.

Le culte de Jean-Baptiste se diffusa rapidement et celui-ci devint l’un des saints auquel sont consacrées le plus d’églises dans le monde. Vingt-trois papes prirent son nom. Au dernier d’entre eux, le pape Jean XXIII, on a appliqué la phrase du quatrième Evangile qui dit du Baptiste : « Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean ». Peu de personnes savent que les noms des sept notes de musique (do, ré, mi, fa, sol, la, si, do) ont un lien avec Jean- Baptiste. Elles sont tirées de la première syllabe des sept vers de la première strophe de l’hymne liturgique composé en honneur de Jean-Baptiste.

L’Evangile parle du choix du nom de Jean. Mais ce que disent la première lecture et l’antienne du psaume de la fête est également important. La première lecture, du livre d’Isaïe, dit : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi sa flèche préférée, il m’a serré dans son carquois ». L’antienne du psaume revient sur le fait que Dieu nous connaît depuis le sein maternel : « C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère… J’étais encore inachevé, tu me voyais ».

Nous avons une idée très réductive et juridique de la personne, qui engendre une grande confusion dans le débat sur l’avortement. Il semble qu’un enfant acquière la dignité de personne au moment où les autorités humaines la lui reconnaissent. Pour la Bible, une personne est celle qui est connue de Dieu et que Dieu appelle par son nom ; et Dieu, nous est-il dit, nous connaît depuis le sein maternel, il nous voyait alors que nous étions « encore inachevés », dans le sein maternel. La science nous dit que l’embryon renferme tout l’homme en devenir, projeté dans les plus infimes détails ; la foi ajoute qu’il ne s’agit pas uniquement d’un projet inconscient de la nature mais d’un projet d’amour du Créateur. La mission de Jean-Baptiste est entièrement tracée avant sa naissance : « Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies ».

L’Eglise a estimé que Jean-Baptiste a déjà été sanctifié dans le sein maternel, par la présence du Christ ; c’est pour cette raison qu’elle célèbre la fête de sa naissance. Ceci nous donne l’occasion d’évoquer une question délicate, qui a pris aujourd’hui une importance particulière à cause des millions d’enfants qui, surtout en raison de la diffusion effrayante de l’avortement, meurent sans avoir reçu le baptême. Que dire de ces enfants ? Sont-ils eux aussi d’une certaine manière sanctifiés dans le sein maternel ? Il y a-t-il un salut pour eux ?
Sans hésiter je réponds : bien sûr que le salut existe pour eux. Jésus ressuscité dit également d’eux : « Laissez venir à moi les petits enfants ». L’idée selon laquelle les enfants non baptisés étaient destinés aux Limbes, un lieu intermédiaire dans lequel on ne souffre pas mais dans lequel on ne jouit pas non plus de la vision de Dieu, s’est répandue à partir du Moyen-âge. Mais il s’agit d’une idée qui n’a jamais été définie comme vérité de foi de l’Eglise. Il s’agissait d’une hypothèse des théologiens qu’à la lumière du développement de la conscience chrétienne et de la compréhension des Ecritures, nous ne pouvons plus maintenir.

Cette opinion, que j’exprimai, il y a quelque temps, dans l’un de ces commentaires de l’Evangile, fut l’objet de réactions diverses. Certains exprimèrent de la reconnaissance pour cette prise de position qui leur ôtait un poids sur le cœur, d’autres me reprochèrent de donner trop de poids à la doctrine traditionnelle et de diminuer ainsi l’importance du baptême. La discussion est aujourd’hui close car récemment, la Commission théologique internationale, qui travaille pour la congrégation pour la Doctrine de la foi a publié un document affirmant précisément cela.

Il me semble utile de revenir sur ce thème à la lumière de cet important document pour expliquer certaines des raisons qui ont conduit l’Eglise à tirer cette conclusion. Jésus a institué les sacrements comme moyens ordinaires pour le salut. Ceux-ci sont donc nécessaires et celui qui, alors qu’il peut les recevoir, les refuse contre sa conscience ou les néglige, compromet sérieusement son salut éternel. Mais Dieu ne s’est pas lié à ces moyens. Il peut sauver également à travers des chemins extraordinaires, lorsque la personne, sans aucune faute de sa part, est privée du baptême. Il l’a fait par exemple avec les Saints Innocents, morts eux aussi sans baptême. L’Eglise a toujours admis la possibilité d’un baptême de désir et d’un baptême de sang, et tant de ces enfants ont vraiment connu un baptême de sang, même s’il est de nature différente

Je ne crois pas que la clarification de l’Eglise encourage l’avortement ; si c’était le cas, ce serait véritablement tragique et il faudrait se préoccuper sérieusement, non pas du salut des enfants non baptisés mais de celui des parents baptisés. Ce serait se moquer de Dieu. Cette déclaration donnera en revanche un peu de soulagement aux croyants qui, comme chacun, s’interrogent, effarés, sur le sort atroce de tant d’enfants dans le monde aujourd’hui.

Revenons maintenant à Jean-Baptiste et à la fête de dimanche. Lorsqu’il annonça à Zacharie la naissance de son fils, l’ange lui dit : « Ta femme Elizabeth t’enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jean. Tu auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance » (Lc 1, 13-14). Beaucoup en effet se sont réjouis de sa naissance, et vingt siècles plus tard, nous continuons à parler de cet enfant.

Je voudrais faire de ces paroles également un souhait pour tous les pères et les mères qui, comme Elizabeth et Zacharie, vivent le moment de l’attente ou de la naissance d’un enfant : puissiez-vous également éprouver de la joie et de l’allégresse pour l’enfant que Dieu vous a confié et vous réjouir de sa naissance toute votre vie et pour l’éternité !

© Innovative Media, Inc.

L’accord préalable écrit de l’éditeur est nécessaire pour toute reproduction des informations de ZENIT.

Avis: j’ai mis sous « Page »…

23 juin, 2007

le commentaire a l’Oraison Dominicale de Saint Cyprien

 

Raphaël Picon – Plaidoyer pour une théologie ouverte à tous

23 juin, 2007

un post dans la nuit:

http://www.vandieren.com/Picon_TousTheolExtr.html

Raphaël Picon

Tous théologiens
Plaidoyer pour une théologie ouverte à tous

introduction
TOUS THÉOLOGIENS

« Je ne suis pas un théologien ! Je ne suis pas un intellectuel ! » Que de fois entendons-nous cela ! Pour celles et ceux qui s’expriment ainsi la théologie apparaît comme une discipline complexe, savante et réservée à quelques spécialistes. Elle contient des idées souvent abstraites et nous renvoie à des problèmes dont nous ne percevons pas vraiment les enjeux. Les théologiens utilisent des mots difficiles à comprendre et à traduire dans la langue de tous les jours. Faire de la théologie semble donc imposer des éléments que tout le monde ne peut pas acquérir : une culture importante, de l’aisance à manier les concepts, une méthode de travail rigoureuse… bref, des qualités d’intellectuels qui sont loin d’être partagées par tous.

Cette réaction est légitime si nous avons seulement à l’esprit la théologie dite « académique ». Celle-ci est produite par des universitaires et obéit en effet à des exigences de rigueur très stricte. Elle cherche à répondre à des questions dont nous ne saisissons pas toujours l’importance mais qui traversent pourtant l’histoire de la pensée théologique. Cette discipline développe son propre vocabulaire et se doit parfois d’inventer des mots car ceux que nous employons tous les jours ne permettent pas forcément d’alimenter une pensée qui se veut conceptuelle. Cette théologie académique est importante pour la foi chrétienne, pour les Églises, et pour la culture en général, car elle nous invite sans cesse à réfléchir. Elle cherche à rendre notre foi plus réfléchie, elle permet aux institutions ecclésiales de sans cesse se renouveler dans leur pratique et leur doctrine, elle propose des réponses aux grandes questions de la foi et de l’existence humaine.

Aussi précieuse soit-elle, cette théologie académique n’est pas la seule qui existe. La théologie n’est pas uniquement celle des universitaires. Il est possible d’en faire autrement, en employant des méthodes plus simples, en partant de données culturelles plus proches de nous et en utilisant un vocabulaire plus familier. C’est cette théologie par tous, ouverte à la participation de chacune et de chacun, que nous voulons présenter ici. Comme nous aurons l’occasion de le démontrer, cette théologie populaire n’est pas une théologie au rabais ou simplement vulgarisée ! Elle est tout aussi nécessaire, riche et théologique que celle dite « académique ».

Trois raisons nous invitent à la valoriser. La première d’entre elles est directement impliquée par une définition que nous défendons de la théologie, qui contribue à faire de chacun de nous un théologien. Est théologique, selon nous, tout ce qui produit une image de Dieu, tout ce qui émet une proposition sur lui. Or qui d’entre-nous n’a pas un jour pensé à Dieu ? Qui d’entre-nous ne s’est pas au moins une fois dans sa vie projeté une image de Dieu ? La deuxième raison est liée à notre compréhension de la notion de « sacerdoce universel ». Ce principe, important dans le protestantisme, mais aussi dans le catholicisme à travers la notion de « sacerdoce de tous les baptisés », souligne entre autre le fait que la Bible et son interprétation ne sont propriétés de personne mais l’affaire de tous. Enfin, nous défendons une théologie ouverte à la participation de chacune et de chacun, car elle peut largement renouveler l’ensemble de la réflexion théologique. La théologie populaire apporte une contribution créative à la théologie en général, approche académique comprise. Une définition ouverte de la théologie.
Comme son étymologie nous l’enseigne, la théologie est un discours sur Dieu, une parole qui cherche à donner du sens à la notion ou à l’idée de Dieu. Il est donc possible de qualifier de « théologique » tout ce qui parle de lui, tout ce qui dit quelque chose à son sujet. Par exemple, lorsque le personnage de Meursault dans L’Étranger d’Albert Camus refuse la visite de l’aumônier de prison, au nom de son athéisme, il développe un propos théologique. Camus fait ici œuvre de théologien.

Nous défendons cette définition très large pour deux raisons.
1. Elle nous permet de briser le clivage qui existe trop souvent entre le croyant et l’athée. Nous pouvons être théologien sans croire en Dieu, sans croire qu’il existe et agit dans nos vies. La foi n’est pas un pré-requis pour étudier la théologie ! Si celle-ci était comprise comme le témoignage d’une expérience religieuse préalable ou comme l’explicitation de la présence de Dieu dans le monde, la foi en Dieu serait alors nécessaire au théologien. Elle ne l’est pas dans le cadre théologique que nous proposons. Notre définition se veut ouverte pour souligner que chacun fait de la théologie comme « Monsieur Jourdain » fait de la prose, c’est-à-dire sans le savoir. Dès lors que nous projetons une image de Dieu, fût-ce pour contester son existence, nous sommes théologiens.

2. Cette définition nous permet de valoriser l’ensemble de la culture et de l’existence humaine comme étant potentiellement porteur de théologies. Un roman, un film, une peinture, une rencontre, un événement particulier, tous ces éléments, et bien d’autres encore, peuvent nous dire quelque chose sur Dieu et participer ainsi d’une réflexion théologique. Comprise comme ce lieu de production d’images de Dieu, la théologie devient une composante de l’existence et de nos cultures. En faire et l’étudier implique alors de se laisser instruire, questionner et enrichir par ces éléments de toutes sortes qui, de manière parfois inattendue, peuvent comporter des propos théologiques.

Certains pourront contester cette définition, la trouvant trop générale, trop floue et finalement trop imprécise. Peut-on parler de théologie de manière globale, sans prendre en compte ce qu’elle est pour, par exemple, les chrétiens, les juifs, les musulmans ? À force de prétendre que tout peut, à priori, susciter une réflexion théologique, ne risque-t-on pas de rendre théologique tout et n’importe quoi ? Suffit-il de prononcer le mot « Dieu » pour rendre son propos théologique ? Ces questions méritent d’être entendues et nous incitent à apporter les précisions suivantes. La définition que nous défendons ici n’est en rien exclusive. Elle n’empêche pas d’autres approches qui seraient, elles, moins globalisantes et plus précises. Si, dans un premier temps et d’une manière très générale, nous pouvons définir la théologie comme tout discours qui produit une réflexion sur Dieu, nous pouvons aussi, dans un deuxième temps et d’une manière plus rigoureuse, préciser, au sein même de notre définition, les contours doctrinaux de ce discours sur Dieu. Ces deux approches ne sont pas contradictoires mais, comme nous le verrons plus loin, peuvent très bien se compléter. Nous valorisons ici la première approche, car seule une définition large de la théologie permet à chacun de se sentir concerné par elle. Il s’agit-là d’un parti pris que nous voulons assumer pleinement. Pour être réellement ouverte à la participation de tous, la réflexion théologique ne peut commencer par imposer des pré-requis culturels, intellectuels et spirituels qui limiteraient son accès.

Nous sommes tous théologiens ! Voilà la thèse principale de ce livre. Nous le sommes par la définition que nous proposons de la théologie, et nous sommes appelés à le devenir par cette conviction forte que partageaient les réformateurs protestants : le sacerdoce est universel ! La prêtrise, l’annonce de l’Évangile, sont l’affaire de tous ! Une Parole partagée.
Ce principe contient un enseignement très simple : le sacerdoce est partagé. Nous sommes tous prêtres, nous sommes tous à égalité devant Dieu et responsables devant sa Parole. Ces deux notions d’égalité et de responsabilité sont contenues dans le principe du « sacerdoce universel ». Si nous sommes tous égaux devant Dieu, nous sommes tous aussi motivés et engagés par sa Parole. Nous sommes tous conviés à la servir et exhortés à en devenir les ministres, c’est-à-dire les serviteurs.

La conséquence immédiate de ce principe est de briser la frontière qui existe parfois entre le clerc et le laïc. Dans le texte qu’il adresse à la noblesse allemande, Luther écrit : « On a inventé que le Pape, les évêques, les prêtres, les gens des monastères seraient appelés l’état ecclésiastique, les princes, les seigneurs, les artisans et les paysans l’état laïque, ce qui est certes une fine subtilité et une belle hypocrisie. Mais personne ne doit se laisser intimider par cette distinction, pour cette bonne raison que tous les chrétiens appartiennent vraiment à l’état ecclésiastique ; il n’existe entre eux aucune différence, si ce n’est celle de la fonction (…) car ce sont le baptême, l’Évangile et la foi qui seuls forment l’état ecclésiastique et le peuple chrétien. Ce que fait le Pape ou l’évêque, l’onction, la tonsure, la consécration, le costume différent de la tenue laïque, peuvent transformer un homme en cagot, ou en idole barbouillée d’huile, mais ils ne font pas le moins du monde un membre du sacerdoce ou un chrétien. En conséquence, nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême. »

Ce refus de dissocier les clercs des laïcs abroge le privilège que s’était accordé le clergé d’être seul à avoir autorité pour enseigner à tous les autres ce qu’ils doivent croire et penser. C’est à chacun de se déterminer dans sa foi et dans ses pratiques religieuses. Dès lors que nous sommes invités à lire la Bible, à la méditer et à l’interpréter, nous sommes nous-mêmes valorisés comme des théologiens. La Réforme, en instituant ce principe du sacerdoce universel, n’accomplit pas seulement un geste anticlérical. Elle n’empêche pas seulement au clergé de s’imposer comme le canal indispensable à Dieu pour nous parler et nous rejoindre. Par ce principe, la Réforme sort la théologie des Églises et du domaine privé. Elle devient une affaire publique. La Réforme met la théologie à l’air libre.

Ce principe du sacerdoce universel ne consiste pas seulement à faire de chacun de nous des théologiens. Il transforme la théologie pour l’ouvrir à la participation de tous. C’est aussi dans ce sens que la notion de sacerdoce universel justifie notre souci de valoriser une théologie populaire et non exclusivement académique.

C’est une vérité et une sagesse théologiques de penser que nos paroles sur Dieu ne peuvent jamais être totalement identifiées à lui. Nos prédications, nos convictions théologiques, les images que nous projetons de Dieu, ne peuvent en épuiser la totalité. Dieu demeure toujours un autre. Il ne se laisse jamais réduire à ce que nous en disons. Il n’est pas prisonnier d’une seule manière de le croire et de le penser. C’est précisément pour cela que le sacerdoce qui témoigne de Dieu ne peut être qu’universel. Un Dieu que rien ne peut limiter est un Dieu que nous sommes invités à penser à travers l’universalité de nos pratiques, de nos expressions théologiques, de nos fois, de nos spiritualités.

Ce principe a donc pour effet de briser une autre frontière : celle qui existe parfois entre le sacré et le profane. Le sacerdoce est universel car il peut déborder le cadre géographique et institutionnel de nos Églises. Puisque Dieu est sans frontière, le sacerdoce qu’il fonde et qu’il anime est lui-même sans frontière. Cela implique que toutes les composantes du monde qui nous entoure peuvent participer de ce sacerdoce de Dieu et être porteuses d’une vérité théologique. Calvin écrit à ce propos dans son Épître au Roi : « Vous vous arrêtez trop aux murailles, cherchant l’Église de Dieu en la beauté des édifices, pensant que l’union des fidèles soit là contenue. Doutons-nous qu’Antéchrist doive là avoir son siège ? Les montagnes, les bois, les lacs, les prisons, les déserts et les cavernes me sont plus sûrs et de meilleure fiance. Car les prophètes y étant cachés, y ont prophétisé. »

Nous valorisons cette théologie ouverte à la participation de tous en la fondant sur ce principe du sacerdoce universel, mais aussi en mesurant sa contribution positive pour l’ensemble de la réflexion théologique. C’est la troisième raison pour laquelle nous souhaitons valoriser cette « théologie à l’air libre ». Une source de renouvellement.
La participation de tous à la réflexion théologique rompt avec une théologie exclusivement pensée et formulée par une élite considérée comme spécialiste. Cela représente une chance pour la théologie. Lorsqu’elle s’élabore à plusieurs, lorsqu’elle prend en compte des sensibilités, des attentes, des préoccupations différentes, lorsqu’elle se laisse instruire par des situations existentielles multiples, la réflexion théologique se trouve enrichie, stimulée et renouvelée. C’est en s’écrivant à plusieurs qu’elle sort des sillons déjà tracés et qu’elle peut se risquer à traverser des domaines de la pensée et de l’existence non encore explorés.

Il ne s’agit pas de diviser la théologie entre d’un côté les universitaires qui conduiraient une théologie sérieuse, mais totalement hors du temps et, de l’autre, des hommes et des femmes qui se contenteraient d’une théologie instruite par la vie, mais sans aucune méthode et aucune rigueur. Une telle distinction serait caricaturale et fausse. Jamais une théologie académique ne peut s’isoler du reste du monde. Une pensée, même très abstraite, est toujours l’expression d’une préoccupation marquée dans le temps et enracinée dans une histoire. La réflexion ne peut jamais s’affranchir des liens qui l’unit avec le contexte culturel, scientifique et spirituel dans lequel elle prend sens. Il nous semble cependant que si la théologie s’enferme dans son académisme elle risque fort de devenir incompréhensible, d’atténuer sa force d’interpellation et de ne plus irriguer la foi des croyants et la culture en général. C’est en exposant le plus grand nombre de personnes à la théologie que celle-ci se trouve enrichie par des idées originales. Les universitaires, pour peu qu’ils acceptent de se laisser aérer par cette théologie ouverte à tous, peuvent éprouver les nouvelles questions qu’elle pose et être stimulés par les situations et les références différentes qu’elle prend en compte.

Nous voulons maintenant décrire cette théologie « populaire », cette théologie à l’air libre. Dans une première partie nous en dégagerons les grandes spécificités. Nous la présenterons comme une occasion d’explicitation, de mise en critique et de création de nos images de Dieu. Dans une deuxième partie nous décrirons les sources à partir desquelles s’élabore une telle théologie. Parce qu’elle se veut ouverte à la participation de tous, nous montrerons comment elle entend « partir de là où nous sommes » et nous inviter à poser des yeux de théologien sur notre monde quotidien. Faire de la théologie, c’est aussi s’enraciner et se trouver dépaysé dans deux autres mondes : celui de la Bible et celui de la pensée théologique. L’association de ces différents domaines révélera toute l’importance du débat dans l’élaboration de cette théologie. Au cours d’une troisième partie, nous mesurerons les incidences de cette théologie populaire pour celles et ceux qui y participent comme pour l’ensemble de la théologie. Nous verrons comment cette théologie se présente comme une occasion de culture, d’authenticité spirituelle et de libération, et comment elle contribue au renouvellement de la recherche théologique en général. (Raphaël Picon, extrait de l’introduction. © Van Dieren Éditeur)