Archive pour le 11 juin, 2007

bonne nuit

11 juin, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. CallaLily

image du site:

http://www.discoverbanff.com/Photos/RoyAndersenPhotography//10-5396.html

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde »

11 juin, 2007

Concile Vatican II
Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise (Ad Gentes), 35-36

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde »

L’Eglise étant tout entière missionnaire, et l’oeuvre de l’évangélisation étant le devoir fondamental du Peuple de Dieu, le Saint Concile invite tous les chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de l’Evangile, ils assument leur part dans l’oeuvre missionnaire… Comme membres du Christ vivant, auquel ils ont été incorporés et configurés par le baptême ainsi que par la confirmation et l’eucharistie, tous les fidèles sont tenus de coopérer à l’expansion et au développement de son Corps, pour l’amener le plus vite possible à sa plénitude (Ep 4,13).

C’est pourquoi tous les membres de l’Eglise doivent avoir une vive conscience de leur responsabilité à l’égard du monde, nourrir en eux un esprit véritablement catholique et dépenser leurs forces pour l’oeuvre de l’évangélisation. Cependant, que tous le sachent, leur premier et leur plus important devoir pour la diffusion de la foi, c’est de vivre profondément leur vie chrétienne. Car leur ferveur au service de Dieu, leur charité à l’égard des autres apporteront un nouveau souffle spirituel à l’Eglise tout entière, qui apparaîtra comme un signal levé pour les nations (Is 11,12), « la lumière du monde », et « le sel de la terre ». Ce témoignage de la vie obtiendra plus facilement son effet s’il est donné conjointement avec d’autres groupements chrétiens, selon les prescriptions du décret sur l’oecuménisme.

image et histoire de Sainte Geneviève

11 juin, 2007

image et histoire de Sainte Geneviève dans images sacrée genevieve3

image du site:

http://notredamecroixparis.free.fr/Visite/ste_genevieve.htmlhistoire de Sainte Geneviève, du site:

http://perso.orange.fr/damien.jullemier/sts/ste-genevieve.htm

Sainte GenevièveLatin : Genovefa ;
Italien : Genoveffa ;
Espagnol : Genoveva ;
Allemand : Genovefa.
Vierge, morte en 512. Fête le 3 janvier.

Contemporaine de Clovis et de saint Remi, Geneviève naît en 422 à Nanterre. À l’âge de sept ans, elle rencontre Germain, évêque d’Auxerre, et Loup, évêque de Troyes, qui faisaient halte dans cette bourgade avant de s’embarquer pour l’Angleterre pour y combattre, sur l’ordre du pape, l’hérésie de Pélage. La fillette est en prière dans l’église de Nanterre et Germain prophétise devant les parents de Geneviève le destin exceptionnel de l’enfant. Lorsque sa mère est frappée de cécité pour avoir donné un soufflet à Geneviève, celle-ci la guérit avec de l’eau qu’elle a bénie.

Geneviève promet à Germain de se consacrer au Christ, et, à quinze ans, elle reçoit le voile des vierges. À l’époque, en effet, il n’existait pas de monastères de femmes et celles qui souhaitaient se consacrer au Seigneur continuaient à vivre dans le monde, simplement distinguées par le voile de leur consécration. À la mort de ses parents, Geneviève vient habiter à Paris chez sa marraine. Elle vit dans le silence, la prière et la mortification, ne se nourrissant que deux fois par semaine. Elle est aussi favorisée de grâces extraordinaires, en lisant dans les consciences et en guérissant les corps au nom du Christ par des onctions d’huile.

Saint Germain la défend contre les calomnies. Geneviève fait construire la première basilique de Saint-Denis. Elle visite de nuit le chantier avec ses compagnes, quand le vent éteint le cierge qui éclairait le chemin du petit groupe. Geneviève prend le cierge, qui se rallume assitôt, et sa flamme résiste à toutes les bourrasques.

En 451, Attila franchit le Rhin et envahit la Gaule. Les Parisiens prennent peur et veulent fuir. Geneviève les convainc de demeurer dans la ville. Elle rassemble les femmes de Paris dans l’église-baptistère près de Notre-Dame et leur demande de supplier le Ciel d’épargner leur ville. C’est ce qui se produit. Abandonnant la route de Paris, les Huns se dirigent vers Orléans qu’ils assiègent. Contraints par les armées du général romain Aetius, ils se replient vers le nord et sont définitivement vaincus aux Champs Catalauniques. Plus tard, lorsque les Francs assiègent Paris, Geneviève sauve cette fois la ville de la famine. Elle organise une expédition ingénieuse au moyen de bateaux qui, par la Seine, vont chercher le ravitaillement jusqu’en Champagne. Sa réputation s’étend jusqu’en Orient. Clovis et Clotilde lui voueront une grande vénération. Elle sera enterrée auprès du roi dans l’église des Saints-Apôtres que sainte Clotilde avait fait construire et qui prendra dès le VIIe siècle le nom de Sainte-Geneviève.

Geneviève meurt en 512 à près de 90 ans. Son corps est transporté en 845 à Marizy par crainte des Normands et rapporté à Paris en 890. À partir du XIIe siècle, la châsse contenant ses reliques est portée en procession à travers Paris. Des miracles ont lieu sur son passage en particulier lors du mal des ardents. Ses reliques sont brûlées par les révolutionnaires en 1793, mais son tombeau vide, transporté dans l’église Saint-Étienne-du-Mont continue d’être vénéré.

Sainte Geneviève est la patronne de Paris, et des gendarmes.

Jean-Marie Lustiger: Sainte Geneviève et la mémoire des Parisiens – À Paris, patrimoine et foi

11 juin, 2007

du site:

http://catholique-paris.cef.fr/diocese/lustiger/articles/sainte-genevieve.php

Sainte Geneviève et la mémoire des Parisiens – À Paris, patrimoine et foi

Voilà deux ans déjà nous fêtions en l’église Saint Etienne du Mont, le quinzième centenaire de la mort de Sainte Geneviève.
Est-ce une maladie de notre siècle que de chercher des chiffres ronds pour les anniversaires afin de déterrer de la mémoire – sans doute paralysée et s’effaçant d’une culture ou d’une nation – des événements passés ? Et pourquoi donc ? Peut-être pour mettre en valeur le travail de ceux dont le métier est d’écrire l’histoire. Peut-être aussi pour faire mesurer la distance parcourue. Bref, cela peut sembler bien léger à côté du poids du présent !

Sainte Geneviève n’est-elle pas l’exemple même de cette autodestruction des traces humaines, qui caractérise toutes les cultures ? Puisque, du fait des hommes, il ne reste rien d’elle : à la Terreur, ses ossements ont été brûlés et dispersés ; et la châsse que nous vénérons ici ne contient que la mémoire de la présence de sa tombe en ce lieu – une pierre – et du culte qui n’a cessé de lui être rendu.
Si nous lisions les récits de la vie de Sainte Geneviève, nous pourrions faire l’inventaire de nombreux éléments que la mémoire des parisiens a reconnus comme constitutifs de « leur » histoire. Ils sont assez étonnants, presque programmatiques par rapport à ce que cette ville – petite, moyenne, grande, immense – a vécu et est en train de vivre. Au point que notre langue, nos manières d’être sont marquées par ce qui, peu à peu, a été enfanté au fil des générations passées et qui est demeuré présent grâce à la mémoire vivante de l’histoire, y compris dans ses contradictions.

Geneviève, contemplative, femme de prière, fuyant dans la solitude : quand vinrent les moments tragiques de ce Vè siècle, quand arriva l’envahissement par un ennemi destructeur, quand la panique saisit la ville que ses habitants voulaient quitter, elle sortit de sa solitude et réussit à convaincre les habitants de Paris (la ville s’appelait déjà ainsi), de ne pas bouger et de faire confiance à l’avenir. Elle sut dans la menace de la famine organiser des transports pour aller chercher des victuailles. Combien d’autres faits nous montrent une figure féminine étonnante, il y a quinze siècles ! Elle fut vraiment celle par qui cette cité a subsisté, existé, en faisant face à la détresse due à l’invasion barbare ou à la famine, et surtout en y faisant preuve d’attitudes remarquables : respect des pauvres et générosité, don de sa vie pour autrui et sens d’un destin commun.
Au point que tout cela ne relève plus seulement du récit, de la légende, de l’histoire, mais devient le patrimoine génétique d’une culture qui ne se rend même plus compte qu’elle véhicule cette richesse, ne serait-ce que dans ses mots et sa langue, dans sa manière d’être et son art de vivre.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un déterminisme ; car tout cela risque aussi de mourir ou de s’étioler. Mais par les événements qui la constituent, l’histoire peut aider à se souvenir du génie propre de ce qui est ainsi hérité, transmis en héritage sans que les héritiers en aient conscience. Elle leur fait découvrir par la mémoire la richesse qu’ils possèdent sans même savoir quelle elle était ou qu’elle était tout simplement. L’histoire est là qui nous permet de comprendre qui nous sommes ; au moins jusqu’à un certain point.

La Montagne Sainte Geneviève est un condensé de l’histoire de la France ; jusques et y compris la grande basilique voisine promise à Sainte Geneviève et devenue Panthéon, où tant d’hommes et de femmes trouvent leur dernier repos et sont offerts à la mémoire et à la vénération de toute une nation, quelles que soient les différences et les divergences de convictions.

Avec ou sans la foi de sainte Geneviève, Parisiens, voire Français partagent cette même mémoire, cette même passion qui font une culture propre, la nôtre ; elle ne peut se nier sans se renier, sans se détruire.

Peut-être penserez-vous : voilà de belles considérations, mais elles ne nous apportent pas grande lumière ! Détrompez-vous ; à tout le moins, elles nous invitent à comprendre comment se constitue une culture, une civilisation, comment elle peut avoir la force de vivre et de se tourner vers son avenir.
Nous savons aussi que le processus que je tente de décrire peut conduire aux pires crimes. Car c’est bien ainsi que naissent dans les peuples, dans les ethnies, dans les nations les fanatismes les plus absolus qui peuvent aller jusqu’à l’hostilité à la tribu opposée ou conçue comme adversaire. En Europe, nous avons fait la dure expérience de ces cruautés insensées commises au nom des valeurs propres de chacune des cultures particulières qui la composent.

En vérité, l’histoire ne suffit pas à faire vivre les valeurs qu’elle préserve et permet d’identifier. Que manque-t-il ?
Peut-on revendiquer l’histoire et la fidélité à l’histoire, identifier les valeurs propres d’une culture et d’une civilisation et, en même temps, garantir que de l’intérieur, spontanément et non par contrainte ou négation d’elle-même, elle soit
- capable de faire preuve d’amour et de générosité, de vérité et de reconnaissance de l’universalité,
- capable de démasquer en soi le mensonge avant de le faire dans les autres,
- capable d’être auto-critique avant de critiquer autrui (cf. la parabole de la paille et de la poutre en Mt 7, 3),
- capable de donner plutôt que de recevoir, de pardonner plutôt que d’écraser, de guérir plutôt que de blesser, d’aimer plutôt que de haïr ou rester dans l’indifférence ?

Où est le secret ? S’il ne reste rien de Sainte Geneviève que les historiens puissent contrôler hormis quelques attestations et quelques traces archéologiques du Paris de cette époque, s’il ne reste rien d’autre, il reste beaucoup plus !

La foi de Sainte Geneviève est aussi, encore aujourd’hui, la foi de nombreux parisiens et parisiennes. Cette foi au Christ nous fait vivre de la même façon que Sainte Geneviève ; elle engendre en nous ce même amour et cette même force ; elle nous fait demander et recevoir le même pardon de nos péchés. Elle nous appelle, nous aussi, au même combat spirituel et nous en donne la ressource et les « armes » : la prière et l’accueil de la Parole de Dieu.

Une culture, si elle n’a pas de mémoire et d’histoire, est fragile. Si elle est consciente de son histoire, elle y trouve une force et un sens, cependant elle peut tourner court et faire volte-face. Mais si, gardant vivante la mémoire de son histoire, elle vit du meilleur qui l’a constituée, elle continuera à produire des fruits nouveaux, au-delà même des faiblesses et des contradictions de ceux qui en sont héritiers. Héritiers souvent inconscients ou ingrats, mais héritiers quand même et appelés, eux aussi, à leur tour, à produire du fruit.

Le quinzième centenaire de la mort de Sainte Geneviève n’aurait servi à peu près à rien s’il s’était limité à ajouter un panégyrique aux œuvres des historiens ! Mais il est fécond s’il nous amène à réfléchir, à faire ce travail de la mémoire et surtout de la conscience, sur le présent et sur l’avenir.
Il ne s’agit pas seulement d’un exemple à suivre ; nous en avons bien d’autres ! Mais c’est un appel à entendre et auquel, s’il plaît à Dieu et par l’intercession de Sainte Geneviève, nous saurons répondre au début de ce troisième millénaire, à Paris.

Jean Marie Cardinal Lustiger
Article paru en 2 parties dans Paris Notre Dame 8 et 15 janvier 2004

Un rabbin débat avec le pape. Et ce qui les divise, c’est toujours Jésus

11 juin, 2007

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=147421&fr=y

Un rabbin débat avec le pape. Et ce qui les divise, c’est toujours Jésus


Le rabbin, c’est Jacob Neusner, celui-là même à qui Benoît XVI consacre de nombreuses pages de son dernier livre. De leur avis à tous les deux, les débats entre judaïsme et christianisme doivent non pas occulter mais porter à la lumière les prétentions de vérité respectives

par Sandro Magister

ROMA, 11 juin 2007 – Dans le livre « Jésus de Nazareth » écrit par Joseph Ratzinger avant et après son élection en tant que pape, un auteur vivant est cité et discuté beaucoup plus que les autres. Dans le chapitre quatre, consacré au Discours sur la Montagne, Joseph Ratzinger s’arrête sur lui pendant au moins quinze pages.

Cet auteur est un juif pratiquant, le rabbin Jacob Neusner. Il vit aux Etats-Unis, et enseigne l’histoire et la théologie du judaïsme au Bard College, Annandale-on-Hudson, New-York. En 1993, il a publié un livre qui a beaucoup frappé celui qui était alors le cardinal Ratzinger: « A Rabbi Talks with Jesus ».

Dans « Jésus de Nazareth », le pape explique pourquoi ce livre l’a impressionné de manière si positive: « l’auteur y prend place au milieu du groupe des disciples sur la ‘montagne’ de la Galilée. Il écoute Jésus [...] et parle avec Jésus lui-même. Il est touché par la grandeur et par la pureté de ses paroles et cependant inquiété par l’inconciliabilité définitive qu’il perçoit dans le cœur du Discours sur la Montagne. Il accompagne ensuite Jésus dans son chemin vers Jérusalem [...] et se remet à chaque fois à lui parler. Mais à la fin, il décide de na pas suivre Jésus. Il reste fidèle à ce qu’il appelle l’Israël éternel ».

Le nœud crucial qui empêche le rabbin de croire en Jésus est le fait qu’Il se révèle en tant que Dieu: c’est d’ailleurs ce scandale qui a mené Jésus à la mort. Selon Joseph Ratzinger, c’est justement là que se trouve la valeur du livre de Neusner. La conversation imaginaire entre le rabbin juif et Jésus « laisse transparaître toute la dureté des différences, mais elle a lieu dans un climat de grand amour: le rabbin accepte la différence du message de Jésus et prend congé avec un détachement dépourvu de toute haine. Tout en restant dans la rigueur de la vérité, il n’abandonne pas la force conciliatrice de l’amour ».

Pour Benoît XVI, c’est là la voie du vrai dialogue entre juifs et chrétiens. Ne pas occulter les prétentions de vérité respectives, mais les porter à la lumière dans la compréhension et dans le respect réciproque.

Et c’est aussi l’opinion de Jacob Neusner:

« Au cours des deux derniers siècles, le dialogue entre juifs et chrétiens a été un outil des politiques de conciliation sociale et non plus une recherche religieuse sur les convictions de l’autre. […] Avec le livre « Jésus de Nazareth » les débats entre juifs et chrétiens entrent dans une nouvelle ère. Nous sommes désormais en mesure de nous rencontrer dans un exercice de raison et de critique prometteur ».

Jacob Neusner a commenté le livre du pape dans un article publié le 29 mai par le quotidien israélien « The Jerusalem Post ».

Il s’agit du premier commentaire d’envergure de « Jésus de Nazareth » par une autorité religieuse reconnue, un homme qui non seulement n’est pas chrétien mais appartient à la religion juive. En voici la traduction:

Ma discussion avec le pape

par Jacob Neusner

Au Moyen âge, les rabbins étaient contraints de s’engager, devant les rois et les cardinaux, dans des discussions avec des prêtres, pour décider quelle était la vraie religion, le judaïsme ou le christianisme. Le résultat était couru d’avance: les chrétiens gagnaient car ils détenaient l’épée.

Puis, dans les années qui ont suivi le Seconde Guerre mondiale, les débats ont laissé place à la conviction que les deux religions disent la même chose et les différences entre elles n’ont plus été considérées que comme des questions secondaires.

Aujourd’hui, en revanche, un nouveau type de controverse a débuté, où la vérité des deux religions constitue le centre du débat.

Cela marque un retour aux anciens débats, avec leur sérieux intense au sujet des vérités religieuses et leur volonté de poser les questions de fond et de s’engager dans les réponses.

Mon livre, « A Rabbi Talks with Jesus », a constitué l’un de ces récents exercices de débat. Et aujourd’hui, en 2007, le pape a relevé le défi point par point dans son nouveau livre « Jésus de Nazareth ». On peut imaginer ma stupeur quand on m’a dit que le chapitre quatre du livre de Benoît XVI « Jésus de Nazareth » contenait une réponse chrétienne à mon livre « A Rabbi Talks with Jesus ».

Nous avons donc des papes engagés dans le dialogue théologique judéo-chrétien? Dans l’Antiquité et au Moyen âge, les débats concernant des propositions de vérité religieuse définissaient la finalité du dialogue entre les religions, en particulier entre le judaïsme et le christianisme. Le judaïsme a affronté la question avec force, en accumulant des raisonnements rigoureux construits sur les faits de l’Ecriture commune aux deux parties impliquées dans la confrontation. Des récits imaginaires, comme « Kuzari » de Juda Halevi, ont mis en scène un dialogue entre judaïsme, christianisme et islam, un dialogue présidé par un roi qui cherchait la vraie religion pour son royaume. Le judaïsme était sorti vainqueur du débat qui avait eu lieu devant le roi des Khazars, tout au moins dans la version de Juda Halevi. Mais le christianisme a recherché aussi résolument des soutiens dans le débat, sûr de remporter la confrontation. Des controverses semblables attestaient la confiance commune des toutes les parties dans l’intégrité de la raison et dans les événements des Ecritures partagées.

Ces disputes ont été abandonnées quand les religions ont perdu leur confiance en la capacité de la raison à établir la vérité théologique. A partir de ce moment, par exemple dans « Nathan le sage » de Lessing, les religions ont été conçues pour affirmer une vérité commune à tous et les différences entre les religions ont été mises de côté, comme étant marginales et sans importance. On a dit qu’un président américain avait affirmé: « Peu importe en quoi tu crois, l’important c’est que tu sois un bon citoyen ». Ainsi, les controverses entre les religions ont perdu de leur urgence. L’héritage de l’Illuminisme, avec son indifférence à la prétention de vérité des religions, a promu la tolérance religieuse et le respect réciproque à la place de la confrontation entre les religions et à la revendication de connaître Dieu. Les religions ont été perçues comme des obstacles au bon ordre de la société.

Au cours des deux derniers siècles, le dialogue entre juifs et chrétiens a été utilisé pour des politiques de conciliation sociale. Il n’a plus été une recherche religieuse sur les convictions de l’autre. La négociation a pris la place du débat et on a pensé que la prétention de vérité de sa propre religion violait les règles de bonne conduite.

En revanche, dans « A Rabbi Talks with Jesus », j’ai pris au sérieux l’affirmation de Jésus selon lequel la Torah trouvait en lui son accomplissement et j’ai confronté cette affirmation avec les enseignements d’autres rabbins, dans une sorte de débat entre maîtres de la Torah. J’explique, de manière lucide et en aucun cas apologétique, pourquoi, si j’avais vécu en Israël au premier siècle et si j’avais été présent lors du Discours sur la Montagne, je ne me serais pas uni au groupe des disciples de Jésus. J’aurais dit non – mais avec courtoisie –, certain d’avoir de mon côté des raisons et des faits solides.

Si j’avais écouté ce qu’il a dit dans le Discours sur la Montagne, je ne serais pas devenu l’un des ses disciples, pour des raisons solides et substantielles. C’est difficile à imaginer, parce qu’on aurait du mal à trouver des mots plus profondément enracinés dans notre civilisation et dans ses plus profondes expressions que les enseignements du Discours sur la Montagne et d’autres paroles de Jésus. Mais il est aussi difficile d’imaginer que l’on entend ces paroles pour la première fois, comme quelque chose de surprenant et d’exigeant, et non comme de simple lieux communs. C’est précisément ce que je propose de faire dans mes conversations avec Jésus: écouter et argumenter. Ecouter les enseignements religieux comme si c’était la première fois et y répondre avec surprise et émerveillement – c’est cela le fruit du débat religieux de nos jours.

J’ai écrit mon livre pour essayer d’expliquer un peu pourquoi, alors que les chrétiens croient en Jésus-Christ et en la bonne nouvelle de son pouvoir dans le royaume des Cieux, les juifs croient en la Torah de Moïse et forment sur la terre et dans leur chair un royaume de Dieu formé de prêtres et d’un peuple saint. Cette foi demande aux fidèles juifs de ne pas adopter les enseignements de Jésus, en s’appuyant sur le fait que ces enseignements contredisent la Torah sur des points importants.

Quand Jésus s’éloigne de la révélation faite par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï, c’est-à-dire la Torah, il se trompe, alors que Moïse est dans le vrai. En établissant la base de cette opposition qui n’est en rien apologétique, j’entends encourager le dialogue entre croyants, chrétiens et juifs.

Pendant longtemps, les juifs ont loué Jésus comme un rabbin, comme un juif vraiment semblable à nous; mais pour la foi chrétienne en Jésus Christ, cette affirmation n’apporte absolument rien. De leur côté, les chrétiens ont loué le judaïsme en tant que religion d’où est venu Jésus, mais nous pouvons difficilement considérer cela comme un véritable compliment.

Souvent, nous avons évité de mettre en évidence les principales différences entre nous, non seulement en réponse à la personne et aux affirmations de Jésus, mais spécialement à propos de ses enseignements.

Il a prétendu réformer et accomplir: « Il vous a été dit… mais moi je vous dis… ». Nous, au contraire, nous sommes convaincus, et je l’ai soutenu dans mon livre, que la Torah a été et est parfaite, qu’elle n’a pas besoin d’accomplissements supplémentaires et que le judaïsme construit sur la Torah et les prophètes et les Ecrits, les parties originellement orales de la Torah mises sous forme écrite dans la Mishna, le Talmud, le Midrash – ce judaïsme a été et reste le dessein de Dieu pour l’humanité

Sur la base de ce critère, j’ai proposé de définir les divergences d’opinion judaïques par rapport à plusieurs enseignements importants de Jésus. C’est un acte de respect envers les chrétiens et d’honneur envers leur foi, parce que nous ne pouvons discuter que si nous nous prenons réciproquement au sérieux. Nous ne pouvons dialoguer que si nous honorons à la fois nous-mêmes et les autres. Dans ma discussion imaginaire, je traite Jésus avec respect, mais je veux aussi débattre avec lui de ce qu’il dit.

Qu’est-ce qui est en jeu ici? Si je réussis à créer une représentation vivante de la discussion, les chrétiens verront les choix faits par Jésus et sauront raviver leur foi en Jésus-Christ, mais aussi en rapport avec le judaïsme.

Je veux mettre en évidence les choix différents que le judaïsme et le christianisme voient s’affronter dans les Ecritures qu’ils ont en commun. Les chrétiens comprendront mieux le christianisme s’ils sont conscients des choix qu’il place devant eux; il en va de même pour les juifs vis-à-vis du judaïsme.

Je veux expliquer aux chrétiens pourquoi je crois au judaïsme et cela devrait aider les chrétiens à définir quelles sont les convictions profondes qu’ils apportent à l’église chaque dimanche.

Les juifs renforceront leur confiance en la Torah de Moïse mais aussi leur respect pour le christianisme. Je veux que les juifs comprennent pourquoi le judaïsme demande un assentiment: « le Miséricordieux cherche les cœurs », « la Torah n’a été donnée que pour purifier le cœur de l’Homme ». Les juifs comme les chrétiens devraient trouver dans « A Rabbi talks with Jesus » les raisons qu’ils doivent soutenir, puisque les uns comme les autres découvriront les points essentiels sur lesquels se fonde la différence entre le judaïsme et le christianisme.

Qu’est-ce qui me rend si sûr de ce résultat? Je crois que, quand chaque partie comprend ce qui la sépare d’une autre de la même manière que celle-ci et que toutes les deux affirment leur vérité respective en s’appuyant sur de solides raisons, alors tous peuvent aimer et louer le Seigneur en paix – en sachant qu’ils servent vraiment un seul et même Dieu – selon leurs différences respectives. Mon livre est un livre religieux sur la différence religieuse: un raisonnement sur Dieu.

Quand mon éditeur m’a demandé de lui indiquer à quels collègues il devait proposer de présenter mon livre, je lui ai conseillé le grand rabbin Jonathan Sacks et le cardinal Joseph Ratzinger. Le rabbin Sacks m’impressionnait depuis longtemps par ses écrits théologiques pénétrants et solidement argumentés, qui en font un des bons apologistes actuels du judaïsme. Quant au cardinal Ratzinger, j’avais admiré ses essais sur le Jésus de l’histoire et je lui avais écrit pour le lui dire. Il m’avait répondu et nous avions échangé des textes et des livres. J’avais été frappé par sa volonté, que j’avais trouvée courageuse et constructive, de discuter sur la question de la vérité et pas seulement sur les politiques de la doctrine.

Mais maintenant Sa Sainteté a fait un pas de plus et a répondu à ma critique avec un texte créatif d’exégèse et de théologie. Avec son « Jésus de Nazareth » les discussions judéo-chrétiennes entrent dans une nouvelle ère. Nous sommes désormais en mesure de nous rencontrer les uns les autres en un exercice de raison et de critique très prometteur. Les paroles du Sinaï nous conduisent ensemble vers le renouvellement d’une tradition bimillénaire de débats religieux au service de la vérité de Dieu.

Un jour quelqu’un m’a défini comme la personne aimant le plus discuter qu’il ait jamais rencontrée. Maintenant j’ai trouvé quelqu’un qui me tient tête. Benoît XVI est aussi un chercheur de vérité.

Nous vivons une époque intéressante.

Angélus du 10 juin : la « Fête-Dieu », une invitation à contempler l’Eucharistie

11 juin, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-15591?l=french

Angélus du 10 juin : la « Fête-Dieu », une invitation à contempler l’Eucharistie

Texte intégral

ROME, Dimanche 10 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de la méditation que le pape a prononcée à l’occasion de la prière de l’Angélus, ce dimanche, du palais apostolique du Vatican.

AVANT L’ANGELUS

La solennité d’aujourd’hui, la Fête-Dieu, célébrée jeudi dernier au Vatican et dans d’autres Nations, nous invite à contempler le plus grand mystère de notre foi : la très sainte Eucharistie, présence réelle du Seigneur Jésus Christ dans le Sacrement de l’autel. Chaque fois que le prêtre renouvelle le sacrifice eucharistique, il répète dans la prière de consécration : « Ceci est mon corps… ceci est mon sang ». Il le dit en prêtant sa voix, ses mains et son cœur au Christ, qui a voulu demeurer avec nous et être le cœur de l’Eglise qui bat. Mais le Seigneur Jésus reste vivant dans le tabernacle même après la célébration des mystères divins ; c’est pour cette raison qu’on Le loue, spécialement dans l’adoration eucharistique, comme j’ai voulu le rappeler dans ma récente exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis (cf. nn. 66-69). Il existe même un lien intrinsèque entre la célébration et l’adoration. La messe est en effet en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Eglise : « Personne ne mange cette chair – écrit saint Augustin – s’il ne l’a pas d’abord adorée » (Enarr. in Ps. 98,9: CCL XXXIX, 1385). L’adoration en dehors de la messe prolonge et intensifie ce qui s’est produit lors de la célébration liturgique et permet un accueil véritable et profond du Christ.Aujourd’hui, dans toutes les communautés chrétiennes se déroule par ailleurs la procession eucharistique, forme particulière d’adoration publique de l’Eucharistie, enrichie de belles et traditionnelles manifestations de dévotion populaire. Je voudrais saisir l’occasion qui m’est offerte par la solennité d’aujourd’hui pour recommander vivement la pratique de l’adoration eucharistique aux pasteurs et à tous les fidèles. J’encourage les Instituts de Vie consacrée ainsi que les associations et les confraternités qui s’y consacrent de manière spéciale : ils rappellent à tous le caractère central du Christ dans notre vie personnelle et ecclésiale. Je me réjouis par ailleurs de constater que de nombreux jeunes découvrent la beauté de l’adoration aussi bien personnelle que communautaire. J’invite les prêtres à encourager les groupes de jeunes dans ce sens, mais également à les suivre afin que les formes d’adoration communautaire soient toujours appropriées et dignes, avec des temps adaptés de silence et d’écoute de la Parole de Dieu. Dans la vie d’aujourd’hui, souvent bruyante et chaotique, il est plus important que jamais de retrouver la capacité de silence intérieur et de recueillement : l’adoration eucharistique permet de le faire non seulement autour du « moi » mais en compagnie de ce « Tu » plein d’amour qui est Jésus Christ, « le Dieu qui nous est proche ».

Que la Vierge Marie, Femme eucharistique, nous introduise dans le secret de la véritable adoration. Son cœur, humble et simple, était toujours recueilli autour du mystère de Jésus, dans lequel elle adorait la présence de Dieu et de son Amour rédempteur. Que par son intercession grandissent dans toute l’Eglise la foi dans le Mystère eucharistique, la joie de participer à la messe, spécialement le dimanche, et l’élan pour témoigner de l’immense charité du Christ.

APRES L’ANGELUSOn me demande malheureusement souvent d’intervenir en faveur de personnes, parmi elles également des prêtres, enlevées pour diverses raisons et dans diverses parties du monde. Je les porte toutes dans mon cœur et dans ma prière, en pensant, entre autres, au cas douloureux de la Colombie. J’adresse un appel pressant aux auteurs de ces actes exécrables afin qu’ils prennent conscience du mal qu’ils font et rendent au plus vite à l’affection des leurs ceux qu’ils détiennent prisonniers. Je confie les victimes à la protection maternelle de la très sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes.

Benoît XVI a ensuite salué les pèlerins en français, anglais, allemand, espagnol, polonais, et italien.Voici ce qu’il a dit en français :

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin pour la prière de l’Angelus, en particulier les responsables de la Communauté de Sant’Egidio, provenant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, réunis pour un temps de formation sur le thème : « »Acclamez Dieu, toute la terre » (Ps 66,1). Chant et Parole de Dieu dans la prière de la Communauté». Puissiez-vous tous, dans le Sacrement de l’Eucharistie, acquérir des forces nouvelles, pour être toujours davantage des témoins vivants de la paix et de la miséricorde du Seigneur. Avec ma Bénédiction apostolique.
Et en polonais :

Je salue cordialement tous les Polonais. Le mois de juin est particulièrement dédié au Cœur de Jésus. En adorant le Christ présent dans l’Eucharistie nous rappelons que son Cœur est rempli d’amour, de bonté et de miséricorde. En honorant le sacré Cœur, nous comprenons mieux le mystère de la rédemption qui y est présent. Que Jésus, dont le Cœur est généreux avec tous ceux qui L’invoquent, vous accordent d’abondantes grâces et sa bénédiction.