Devenir une vigne qui porte du fruit
Jean Tauler (vers 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 7 (trad. Cerf 1979, p.31)
Devenir une vigne qui porte du fruit
Les pieds de vigne, on les lie, on les échalasse, on courbe les sarments de haut en bas, on les attache à des pieux solides pour les soutenir. Par là on peut entendre la douce et sainte vie et la passion de Notre Seigneur Jésus Christ qui doit être en tout le soutien de l’homme de bien. L’homme doit être courbé, ce qu’il y a en lui de plus haut doit être abaissé, et il doit s’abîmer dans une véritable et humble soumission, du fond de son âme. Toutes nos facultés, intérieures et extérieures, celles de la sensibilité et de l’avidité aussi bien que nos facultés rationnelles, doivent être liées, chacune à leur place, dans une véritable soumission à la volonté de Dieu.
Ensuite on retourne la terre autour des pieds de vigne et on sarcle les mauvaises herbes. L’homme doit ainsi se sarcler, profondément attentif à ce qu’il pourrait y avoir encore à arracher du fond de son être, pour que le divin Soleil puisse s’en approcher plus immédiatement et y briller. Si tu laisses alors la force d’en haut faire là son oeuvre, le soleil aspire l’humidité du sol dans la force vitale cachée dans le bois, et les grappes poussent magnifiques. Puis le soleil, par sa chaleur, agit sur les grappes et les fait s’épanouir en fleurs. Et ces fleurs ont un parfum noble et bienfaisant… Alors, le fruit devient indiciblement doux. Que cela nous soit donné à tous.
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