Archive pour le 22 mai, 2007

Pentecôte (27/5) : Commentaire

22 mai, 2007

du site:

http://www.portstnicolas.org/spip.php?article2898

 Pentecôte (27/5) : Commentaire 

Introduction à la fête 

Pentecôte c’est encore Pâques – et plus que jamais. C’est Pâques à son dernier sommet. Car au dernier jour de la grande fête éclate avec magnificence ce qui s’était accompli dans le divin silence du matin de
la Résurrection. 

Le « Je viendrai à vous », commencé presque discrètement par les apparitions pascales dans le secret de la chambre-haute, au crépuscule du soir à Emmaüs, sur le rivage solitaire du lac, ce « Je viendrai » se réalise maintenant dans le tourbillon et le feu. Votre coeur se réjouira. Cette joie amorcée à Pâques – encore timidement : ils n’osaient y croire, ils se retranchaient dans leurs maisons – voici que cette joie fuse en un enthousiasme tel qu’on croit les disciples pris de vin. 

Vous me verrez vivant et vous connaîtrez (expérimenterez) que je suis a mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous (Jn 14,20). Voilà que cette lente expérience va devenir une foi inébranlable. Les apôtres vont être littéralement « habités » ; la communauté elle-même et non plus le temple de Jérusalem sera le lieu de la présence divine. Cette foi, cette expérience, cette présence, ils vont les communiquer aux quatre coins du monde. Après la naissance pascale, voici la maturité spirituelle. Ce qui est né dans les eaux du baptême,
la Nuit de Pâques, va être, au grand jour, affermi, confirmé dans le feu. C’est toujours Pâques, c’est l’accomplissement pascal. Et le soleil du matin de la résurrection brille maintenant à son midi. 

Inversement Pâques était déjà une fête de l’Esprit. L’Esprit de Jésus était déjà venu et l’envoi missionnaire déjà ordonné le soir du premier jour (Jn 20,19-22). 

Mais comment s’exprimer : Jésus lui-même, le Jésus pascal est un Christ dans l’Esprit Saint. L’Esprit a transformé le corps mortel du Christ en un corps glorifié, ressuscité (Rm 8,11 ; 1 Co 15,45), Jésus est rempli de l’Esprit du Père. 

Pâques et Pentecôte ne sont donc pas, à proprement parler, deux fêtes différentes, elles célèbrent le Ressuscité transformé par l’Esprit et l’Esprit envoyé par le Ressuscité. Non deux étapes à la manière d’un train qui rejoint des endroits où il n’était pas encore ; il faudrait plutôt parler de mûrissement ; tout est déjà dans le bourgeon pascal, mais le bourgeon a gonflé, maintenant il éclate. 

Cinquante jours pour une seule grande fête pascale dominée par l’Esprit, fête étalée dont c’est aujourd’hui le dernier jour ! 

Mais un dernier jour qui est, lui aussi, un sommet : « Dieu, tu accomplis le mystère pascal dans l’événement de
la Pentecôte » (Oraison, messe de la veille au soir). Et l’Eglise, sortie du Christ en croix comme un enfant du sein de sa mère, la voici debout, dans sa mûre jeunesse, déjà le pied sur le seuil pour annoncer au monde les merveilles dont elle a été le témoin. 

Cette imbrication de Pâques et de Pentecôte nous aidera à ne pas dissocier le Christ et son Esprit. Comme si le Christ était le Dieu de Pâques et l’Esprit celui de Pentecôte ! Un seul Dieu se manifeste de manières diversifiées, éminemment personnalisées. Le Christ m’envoie son Esprit et l’Esprit me met en communion avec Jésus. 

Saint Jean condense le mystère pascal en un seul épisode. Il en a une vue globale encore plus serrée. Pour lui, tout est accompli déjà sur la croix (Jn 19,30). Jean voit
la Résurrection déjà réalisée avec la mort de Jésus ; avec un de ces jeux de mots dont il a le secret, il dit que le Fils de l’Homme doit être élevé ; ce mot, qui fait penser à l’élévation en Croix, signifie aussi l’élévation dans la gloire, puisqu’alors il attirera tout à lui (Jn 12,32). Autre mot génial au double sens : Jésus sur la croix remit l’esprit (Jn 19,30.34) : il remet son esprit au Père, Il donne l’Esprit au monde. 

Ici Croix, Résurrection et Pentecôte sont vues comme en un seul acte. Pour notre « éducation » saint Luc – et la liturgie avec lui – l’étalent dans le temps. 

Historique 

Pentecôte – du grec : pentecostè, cinquante – le cinquantième jour après Pâques, était, chez les Juifs, avec Pâques et la fête des Tentes, une des trois grandes fêtes de pèlerinage. Une fête de la récolte du blé, plus tard commémoration de l’Alliance du Sinaï. Certains éléments de la fête juive ont été retenus par la liturgie ; ainsi le thème de l’Alliance, à la messe du samedi soir (deuxième lecture) Mais, alors que Pâques et Pentecôte n’avalent pas de rapport direct dans le culte juif, la liturgie chrétienne les a unies. 

Pendant les premiers siècles, on n’a jamais considéré le jour de
la Pentecôte comme une fête à part, mais comme le dernier jour de la grande fête de Pâques. Peu-à-peu cependant, Pentecôte se détacha du cycle pascal pour constituer finalement, assez tard d’ailleurs, un cycle de particulier de huit jours, en imitation de l’octave de Pâques dont elle avait repris certains traits. 

La réforme conciliaire a fort heureusement rétabli l’ancien ordre. Le lien avec Pâques est particulièrement visible dans l’évangile du jour qui rapporte une apparition le soir de Pâques. 

Quelques-uns déplorent la suppression de l’octave, craignant que la dévotion à l’Esprit Saint y perde encore de son impact déjà faible. C’est oublier que tout le temps pascal est le temps fort de l’Esprit. 

C’est le dernier jour où brûle le cierge pascal pendant la messe. 

Messe du jour 

Comme les apôtres rassemblés dans la chambre haute. nous voici rassemblés, attendant l’Esprit de Jésus. Le moment est particulièrement solennel. Nous voici Église comme jamais, et l’Esprit veut nous le faire devenir encore davantage. L’Esprit veut nous « confirmer », nous affermir, nous unir avant de nous envoyer aux frontières. C’est le maximum de concentration avant le grandiose éclatement. 

Nous nous sentons aujourd’hui plus qu’à l’ordinaire, l’Eglise une et sainte : unie et sanctifiée par l’Esprit. Catholique : universelle, composée de ces hommes issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Apostolique : fondée sur le roc des apôtres et comme eux, envoyée aux quatre coins du monde (première lecture). 

Il vient maintenant, pendant cette eucharistie, l’Esprit que Jésus avait promis à la dernière cène, puis communiqué aux apôtres dès le jour de Pâques (évangile). C’est dans l’eucharistie que nous recevons, avec le plus de réalisme et d’intensité, le « Christ spirituel » : Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint (prière eucharistique III). 

L’ayant reçu, vivons-en et développons en nous les fruits de l’Esprit que nous détaille Paul dans la deuxième lecture. 

Viens, Esprit Saint. Remplis le coeur de tes fidèles (séquence). 

Une de ces liturgies riches et denses qu’il nous faut vraiment « célébrer », vivre intensément, et jusque dans le rouge-feu des couleurs liturgiques, la profusion des lumières, le langage des fleurs, les variations du chant tantôt grave, mystique, tantôt impétueusement joyeux, et surtout dans la chaleureuse participation de chacun. 

Première lecture : Ac 2,1-11 

Une méditation d’une portée extraordinaire, bien que fort éloignée d’un reportage sensationnel. Il importe de dépasser la description matérielle pour saisir sa signification spirituelle. 

Voici donc les frères, non seulement les apôtres mais toute la communauté, réunis tous ensemble. Le texte insiste : la communauté, l’Eglise, tous furent remplis de l’Esprit-Saint. Cette Pentecôte, réalité spirituelle impossible à photographier, est traduite en des signes visibles :
Le violent coup de vent qui renverse les routines, les barrières légalistes, qui nous entraîne et nous emporte dans le dynamisme de la foi.
Le feu de l’amour qui purifie les motivations et embrase le coeur. Le feu semble actuellement le moins bien partagé, en regard d’un essoufflement, d’une espèce de fatigue généralisée. L’Esprit est bouillonnement, effervescence, parole brûlante. Les langues : le feu se partagea en langues et se posa sur chacun d’eux… alors ils se mirent à parler en langues. Ne t’arrête pas au côté spectaculaire de l’événement. Ce dont il s’agit pour toi, c’est de recevoir de l’Esprit le don du « langage » qui puisse atteindre le coeur et le remuer. Sans ce don pas d’évangélisation. Les différentes langues expriment encore l’universalité de l’Eglise faisant craquer les cadres racistes et nationaux. 

L’effet de cette plénitude de l’Esprit Saint est visible : les frères, jusque-là timides, se mirent à parler, à proclamer les merveilles de Dieu, chacun selon le don particulier de l’Esprit. Ils n’ont pas reçu ce don uniquement pour eux-mêmes, mais pour proclamer les merveilles. Inversement on ne donne que ce que l’on a, on ne peut rayonner Dieu que si on en est rempli. 

Il se réalise aux débuts de l’Eglise ce qui s’était déjà accompli aux débuts de la mission de Jésus. Alors l’Esprit Saint était venu sur lui pendant son baptême (Lc 3,22), alors Jésus disait, dans son premier grand sermon : « L’Esprit de Dieu repose sur moi, il m’a envoyé proclamer la bonne nouvelle » (Lc 4,18). Maintenant les apôtres sont baptisés dans le feu de l’Esprit, ils sont envoyés. Le rapprochement montre à l’évidence que les apôtres doivent continuer l’oeuvre du Christ, et l’Esprit agit en eux de la même manière qu’en Jésus. 

C’est bien d’un baptême qu’il s’agit dans cette Pentecôte, d’un baptême d’envoi. J’ai reçu ce baptême de l’Esprit par les sacrements du baptême et de la confirmation. Simples rites ou baptême de feu ? Ce feu couve sous la cendre. Viens, Esprit Saint, ranime à nouveau le feu de ton amour ! 

Psaume : Ps 103 

Hymne au Dieu créateur. 

Bénis le Seigneur, ô mon âme ! Fais action de grâce. Quelle profusion dans tes oeuvres dont la plus merveilleuse est la résurrection de Jésus et l’envoi de ton Esprit ! La terre qu’est ton Église s’emplit de tes biens, des dons de ton Esprit. Toi qui as créé le monde par ton souffle, envoie ce souffle pour recréer, renouveler la terre qu’est ta communauté. Elle est usée. Rends-la fraîche, jeune. Fais du neuf en elle. 

Deuxième lecture : Rm 8,8-17 

Paul oppose chair et esprit. Ici les mots n’ont pas le même sens que dans nos dictionnaires. Chair évoque, chez Paul, la nature humaine marquée par le péché ; esprit désigne la vie avec Dieu, parfois, comme ici, l’Esprit Saint lui-même. 

Vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit. Paul qui vient de montrer quelques fruits de chacune de ces deux manières de vivre, insiste maintenant sur le fruit final : Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort, vous ne mourrez pas, car l’Esprit est votre vie. Et si l’Esprit de celui (du Père) qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, ce Père donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit. Je désire vivre. Non seulement quelques courtes années. Il y a en moi un profond besoin de survie. Dieu me l’a donné. Il veut aussi le réaliser. Mais il ne le réalisera que si je le laisse faire, que si je me laisse conduire par son Esprit. Et Paul d’insister : Si vous vivez sous l’emprise de la chair, vous devez mourir (définitivement) ; mais si, par l’Esprit, vous tuez le désordre de la chair, de l’homme pécheur, vous vivrez. 

Se laisser conduire par l’Esprit mène à une momie de liberté. L’Esprit ne fait pas de vous des esclaves qui obéissent parce que c’est commandé, des gens qui agissent sous le coup de la peur, de la sanction, qui affichent le prix juste quand ils flairent un contrôle et le font monter dès qu’est passé le danger, qui rejettent l’avortement parce qu’il est interdit par la loi, puis le pratiquent sans scrupule parce que la loi ne le punit plus. Spiritualité de gendarmerie. 

Vous, marchez droit, poussés de l’intérieur. Parce que vous êtes des fils et des filles de Dieu. Agissez parce que vous aimez, grâce à l’Esprit qui fait de vous des fils. 

Poussés intérieurement par cet Esprit, nous nous adressons à Dieu comme à notre Père. Nous avons avec lui une relation de tendresse, jusqu’à employer le mot délicieux du patois de Jésus, Abba, papa. 

Alors il n’y a plus de place pour cette frousse paralysante et ces angoisses qui empoisonnent la vie spirituelle de tant d’âmes dites pieuses. Puisque nous sommes les enfants de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers : Nous avons droit au ciel ! A condition, évidemment, de vivre les exigences de l’amour, et de souffrir avec le Christ pour être avec lui dans la gloire. 

Résumons. Tu es sous l’emprise de l’Esprit Saint. C’est lui qui est ta vie. C’est lui qui te fait enfant du Père. C’est lui qui te délivre de la morale d’esclave et te fait passer de la peur à la tendresse avec ton papa. C’est lui qui te ressuscite pour être avec Jésus dans la gloire. 

Et tu le connais si mal ! Comme s’il était inexistant pour toi ! Allons ! Laisse-toi conduire par l’Esprit ! 

Séquence 

Une séquence est une suite chantée (le Moyen Age en faisait un abondant usage). Elle est à l’origine de nos cantiques populaires. La liturgie conciliaire en a gardé quelques-unes : Le Victimae pascali de Pâques, le Lauda Sion de
la Fête-Dieu, le Dies irae… 

La séquence de Pentecôte Veni Sancte Spiritus est une extension du cri initial : Viens Esprit Saint ! Sa manière simple mais chaleureuse, sa fraîcheur et son feu, sa force et sa douceur ont fait d’elle la prière préférée et parfois journalière de beaucoup. 

Evangile : Jn 14,15-16,23b-26 

A l’heure de passer de ce monde à son Père, de réaliser sa Pâque (Pâque égal passage), Jésus promet l’Esprit Saint : Je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur. Moi je vous ai défendu des scribes et des pharisiens. Maintenant que je passe au Père, c’est l’Esprit qui vous défendra. Je ne suis resté avec vous que trois petites années, ce Défenseur sera pour toujours avec vous. 

C’est un Défenseur autre, différent de Jésus, mais si intimement uni à lui et à son Père qu’il en est inséparable. Jésus ne dit-il pas, dans le même souffle : Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui, nous irons demeurer auprès de lui ! C’est ce que veut réaliser l’Esprit : nous unir au Christ et au Père, les faire demeurer en nous. Il vous enseignera tout, vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Ce sera un enseignement par le dedans, le coeur, la conviction profonde, la joie. Ce qui vous paraissait obscur deviendra lumière. Vous me connaîtrez, m’expérimenterez en profondeur. 

Si vous m’aimez ! Si vous restez fidèles à ma parole ! Voilà la condition. Aimons, soyons fidèles. Ouvrons-nous. Pas de résistance aux appels intérieurs. Alors l’Esprit, à son tour, sera notre force d’aimer. Viens, Esprit Saint, fais-nous aimer, brûle nos coeurs au feu de ton amour ! 

La prière et l’Esprit 

Il est expressément noté qu’au baptême de Jésus, l’Esprit Saint descendit sur lui « pendant qu’il priait » (Lc 3,21) – et sur les apôtres après que, neuf jours durant, ils avaient été « assidus à la prière » (Ac 1,14). Paul dit que l’Esprit prie en nous « avec des gémissements inexprimables » (Rm 8,26). 

Il y a donc, selon l’Ecriture, une relation bien nette entre la prière et l’Esprit. C’est moins à l’Esprit que l’on s’adresse que dans l’Esprit que nous prions ; mieux : c’est lui que nous laissons prier en nous, car « nous ne savons que demander pour prier comme il faut, l’Esprit lui-même intercède pour nous » (Rm 8,26). Mais qu’est-ce à dire : laisser prier l’Esprit, sinon être disponible à Dieu, abandonné sans vouloir lui imposer nos plans ? Jésus nous l’apprend dans le Notre Père qui est moins une formule à rabâcher qu’une indication d’attitudes fondamentales. L’Esprit nous les suggère et elles « correspondent aux vues de Dieu » (Rm 8,27). 

Les sept dons de l’Esprit 

Le point de départ en est un texte d’Isaïe (11,1) annonçant un messie sur lequel reposera l’esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte. Cette dernière étant dédoublée (piété et crainte) dans la traduction des Septante et de
la Vulgate, on obtient le chiffre sept. 

Comme quelqu’un a le don de la musique ou des mathématiques, le chrétien, s’il est ouvert au souffle de l’Esprit de Jésus, reçoit le goût des choses de Dieu et la facilité à s’y mouvoir. Les sept dons sus-indiqués ne sont pas une liste exhaustive, le chiffre sept est un chiffre de plénitude. 

Il est difficile de détailler avec précision l’action de chacun des sept dons. D’une façon plus générale on peut dire qu’ils nous permettent d’expérimenter Dieu dans une foi vive, ardente, joyeuse. et de nous conduire dans la vie selon les inspirations de l’Esprit. Ils courent dans les deux dimensions que nous retrouvons dans les Béatitudes : l’union à Dieu, le service du frère. 

Qu’il soit simplement précisé que le don de crainte n’a rien à vair avec une frousse quelconque. C’est la crainte de l’amour, de l’amour qui craint de faire de la peine à Dieu. C’est la crainte biblique devant sa Majesté. 

La liturgie fait explicitement mention des sept dons de l’Esprit dans le sacrement de confirmation, dans la prière consécratoire du diacre et, implicitement, dans les prières consécratoires du prêtre et de l’évêque. Cette prière se fait toujours avec une imposition des mains. 

« Viens, Esprit saint, remplis de tes dons le coeur de tes fidèles. Allume en eux celui qui les résume tous : le feu de ton amour ! » 

 

Esprit de mon Dieu…

22 mai, 2007

 du site:

http://www.croire.com/article/index.jsp?docId=5202&rubId=214

Esprit de mon Dieu… 

Esprit de conseil, il y a tant de choses que je ne comprends pas, en moi et autour de moi, tant d’événements qui m’accablent, et aujourd’hui même j’ai tracé si mal ma route que je ne vois plus très bien où demain sera mon devoir.

Esprit de force, entendez gronder en moi ces tentations avilissantes, voyez ces flots tumultueux qui bientôt vont déborder de toutes parts et submerger ma fragile volonté. Je ne suis pas loin de la désespérance.

Esprit d’amour, moi qui avais tant rêvé d’aimer le Christ et mes frères à plein cœur, pourquoi suis-je aussi ingrat et égoïste ? Pourquoi les voix de la chair et du sang sont-elles si séduisantes que j’ai peur de ne plus savoir entendre votre voix ?

Esprit de science, faites que mes yeux découvrent avec lucidité le vrai visage du monde créé et sachent lire le nom des idoles.

Esprit d’intelligence, ouvrez en même temps mes yeux sur les insondables mystères du Père et du Fils, et apprenez-moi l’adoration.

Esprit de mon Dieu, permettez que je tienne, ce soir, conseil avec vous… 

Père M. Carré dans  Le Saint-Esprit, auteur de
la Vie spirituelle, Paris, Le Cerf, Cahiers de
la Vie spirituelle.
 

 

Les « embryons chimères » sont une offense à la dignité humaine

22 mai, 2007

2007-05-21 

Les « embryons chimères » sont une offense à la dignité humaine 

Déclaration de Mgr Elio Sgreccia, président de l’Académie pontificale pour la vie 

ROME, Lundi 21 mai 2007 (ZENIT.org) – Jeudi 17 mai, le gouvernement britannique a approuvé une proposition de loi autorisant la création d’embryons hybrides, humains et animaux, en vue de la recherche.

Selon le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Elio Sgreccia, cette décision est une « offense » à la dignité humaine.

« La création d’un hybride homme-animal est une frontière que tout le monde – et pas seulement les associations religieuses – avait jusqu’ici bannie du domaine des biotechnologies. Et cela, justement parce que la dignité humaine est compromise, offensée, et qu’on peut ensuite créer des monstruosités des monstres à travers ces fécondations », a dit Mgr Sgreccia.

« Il est vrai que ces embryons sont ensuite supprimés, que les cellules sont prélevées, mais dans tous les cas, la création d’un être homme-animal, représente une grave violation, la plus grave, des lois de la nature », a-t-il expliqué au micro de « Radio Vatican ».

« La condamnation morale doit donc être totale, au nom de la raison et au nom même de la justice et de la science qui doivent rester au service de l’homme et respecter la nature humaine », a-t-il ajouté.

Mgr Sgreccia souhaite que
la Communauté scientifique internationale confirme sa ligne de défense en faveur de « la conservation » et du « respect des espèces ».

« Jusqu’à présent, l’individu humain n’a pas été respecté, dans la mesure où les embryons sont immolés et sacrifiés de plusieurs manières et dans ces mêmes fécondations artificielles – a-t-il relevé –. Mais la frontière entre une espèce et l’autre était respectée. Or aujourd’hui, même cette barrière-là est abattue et les conséquences n’ont pas été calculées ».

Pour Mgr Sgreccia il n’y avait, par ailleurs, aucun besoin de prendre cette décision. « Si l’on cherche des cellules souches capables de soigner des maladies comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, il est absolument inutile de créer un hybride homme-animal, car il existe des cellules souches adultes, celles du cordon ombilical, celles de l’homme adulte, pour pouvoir faire face – en toute confiance – à ces frontières », a-t-il précisé.

Le président de l’Académie pontificale pour la vie regrette que « les scientifiques ne considèrent que l’avancée de leurs recherches » au détriment « d’éléments anthropologiques et philosophiques tels que le respect de la nature et le respect de l’ordre naturel ».

« La soif du savoir a ses limites – a poursuivi Mgr Sgreccia – , s’il n’est pas contrôlé par un sens de l’équilibre et par la raison humaine, toute cette soif d’expériences risque de bouleverser le sens moral du chercheur ». 

 

« J’ai fait connaître ton nom aux hommes »

22 mai, 2007

Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Der Gott Jesu Christi (trad. Le Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977 p. 17)

« J’ai fait connaître ton nom aux hommes »

Qu’est-ce que cela veut dire, le nom de Dieu ?… Dans le livre de l’Apocalypse, l’adversaire de Dieu, la Bête, ne porte pas un nom mais un nombre : 666 (Ap 13,18). La Bête est numéro et elle transforme en numéros. Ce que cela signifie, nous le savons, nous qui avons fait l’expérience du monde des camps de concentration ; leur horreur vient justement de ce qu’ils effacent les visages… Dieu, lui, a des noms et appelle par un nom. Il est personne et cherche la personne. Il a un visage et cherche notre visage. Il a un coeur et cherche notre coeur. Pour lui, nous ne sommes pas des fonctions dans la grande machine du monde, mais ce sont justement ceux qui n’ont aucune fonction qui sont les siens. Le nom, c’est la possibilité d’être appelé, c’est la communion.

C’est pour cette raison que le Christ est le vrai Moïse, l’achèvement de la révélation du nom. Il ne vient pas apporter, comme nom, un mot nouveau ; il fait plus : il est lui-même la face de Dieu. Il est lui-même le nom de Dieu ; il est la possibilité même qu’a Dieu d’être appelé « tu », d’être appelé comme personne, comme coeur. Son nom propre « Jésus » mène a son terme le nom mystérieux du buisson ardent (Ex 3,14) ; maintenant il apparaît clairement que Dieu n’avait pas fini de parler, qu’il n’avait que provisoirement interrompu son discours. Car le nom de Jésus contient le mot « Yahvé » dans sa forme hébraïque et lui ajoute autre chose : « Dieu sauve ». Yahvé, c’est à dire « Je suis celui qui suis » veut dire maintenant, compris à partir de Jésus : « Je suis celui qui vous sauve ». Son être est salut.