Départ du pape Benoît XVI pour Rome après une visite au Brésil – lundi 14 mai 2007 à 05:10
du site:
http://www.rfi.fr/actufr/afp/001/une/070514051001.bgj1m2sj.asp
Départ du pape Benoît XVI pour Rome après une visite au Brésil – lundi 14 mai 2007 à 05:10
Le pape Benoît XVI traverse la foule, le 13 mai 2007 à Aparecida (Photo: Orlando Kissner / AFP)
SAO PAULO (AFP) – Le pape Benoît XVI a quitté dimanche soir Sao Paulo au terme d’une visite de quatre jours et demi au Brésil, sa première en Amérique latine depuis le début de son pontificat.
L’avion transportant le pape a décollé de l’aéroport international de Sao Paulo peu avant 21H00 locales (00H00 GMT).
Peu avant son départ, lors de sa toute dernière allocution en présence du vice-président brésilien José Alencar, Benoît XVI a évoqué les « heures intenses et inoubliables » vécues au Brésil.
« Les manifestations d’enthousiasme et la profonde piété de ce peuple généreux resteront à jamais gravées dans ma mémoire », a-t-il dit, saluant « la vibrante démonstration de foi » du peuple brésilien.
Durant sa visite au Brésil, Benoît a réaffirmé les valeurs morales du catholicisme et tenté de donner un nouveau souffle évangélisateur à l’Eglise latino-américaine, face au « prosélytisme agressif des sectes » évangélistes. Il a critiqué les régimes « autoritaires » d’Amérique latine et invité le clergé à l’ouverture de la Ve conférence épiscopale latino-américain à ne pas confondre défense de la foi et engagement politique.
Le pape a été accueilli avec ferveur au Brésil: plus d’un million de fidèles ont assisté à la messe de canonisation de Frère Galvao, premier saint brésilien.
Dimanche, le pape Benoît XVI avait invité à Aparecida (sud-est) l’Eglise latino-américaine à ne pas confondre le catholicisme avec une « idéologie politique », fustigeant par ailleurs les régimes « autoritaires » d’Amérique latine.
Le pape a critiqué sans les citer les « gouvernements autoritaires » en Amérique latine, à l’ouverture de la Ve conférence des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM), qui président aux destinées de près de la moitié des catholiques de la planète.
Le pape Jean Paul II au sanctuaire d’Aparecida le 12 mai 2007 (Photo: Orlando Kissner / AFP)
Parlant tantôt en espagnol tantôt en portugais, il s’est élevé contre le retour de « certaines idéologies que l’on croyait dépassées » sur le sous-continent, en référence au marxisme, tout en déplorant l’approfondissement des inégalités parmi la population.
Une nouvelle génération de dirigeants est récemment arrivée en Amérique latine tels Evo Morales en Bolivie, premier chef d’Etat d’origine indigène qui tente d’imposer des réformes radicales, ou en Equateur Rafael Correa, tous deux alliés au Vénézuélien Hugo Chavez, chef de file du camp antilibéral.
Dans une homélie prononcée quelques heures plus tôt lors d’une messe au sanctuaire d’Aparecida, le pape avait déclaré que la foi en Dieu « n’est pas une idéologie politique ni un mouvement social, ni un système économique ».
La religion chrétienne « c’est la foi en un Dieu amour », et « l’Eglise doit se sentir disciple et missionnaire de cet amour », avait-il souligné.
La messe célébrée en plein air devant le sanctuaire marial d’Aparecida n’a pas attiré les foules attendues. Selon la police et le Vatican, 150.000 fidèles ont assisté à la célébration au lieu du demi-million escompté par l’Eglise.
Dans son discours aux 220 évêques et cardinaux délégués de la CELAM, il a ensuite condamné les « erreurs destructrices » des « systèmes marxistes et capitalistes », tous deux coupables d’avoir « exclu Dieu de leur horizon ».
« Les structures justes ne peuvent pas fonctionner sans un consensus moral de la société fondé sur des valeurs fondamentales », a-t-il estimé.
La défense des « valeurs morales », ainsi que la mise en garde contre une intervention directe de l’Eglise sur le terrain politique, ont constitué les deux fils rouges des discours du pape depuis son arrivée au Brésil mercredi.
« Si l’Eglise commençait à se transformer directement en acteur politique, elle ne ferait pas plus, mais moins, pour les pauvres parce qu’elle perdrait son indépendance » et s’identifierait à « des positions partisanes », a-t-il estimé.
Ces déclarations ont sonné comme des critiques de la Théologie de la Libération condamnée par le Vatican mais toujours influente en Amérique latine.
Benoît XVI a cependant précisé que l’Eglise devait maintenir son « option préférentielle pour les pauvres » et l’a appelée à partager « les joies et les espérances, les douleurs et les angoisses » des hommes d’aujourd’hui.
Le pape a par ailleurs pris le contrepied des accusations de destruction des civilisations d’avant la conquête de l’Amérique portées contre l’Eglise.
« L’annonce de Jésus et de son Evangile n’a à aucun moment comporté une aliénation des cultures précolombiennes », a-t-il assuré, et « l’utopie de redonner vie aux religions précolombiennes (…) ne serait pas un progrès mais une régression », a-t-il dit.
L’assemblée de la CELAM, qui se tient jusqu’au 31 mai à Aparecida, doit fixer la feuille de route de l’Eglise sur le continent qui connaît une forte progression de l’influence du pentecôtisme protestant et de l’indifférence religieuse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.