Brésil: Voyage du pape – Benoît XVI face aux évêques d’Amérique latine
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Brésil: Voyage du pape – Benoît XVI face aux évêques d’Amérique latine
Etat des lieux de l’Eglise catholique sur le continent
Aparecida (Brésil), 14 mai 2007 (Apic) Lors de la 5e Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes, Benoît XVI a fait une sorte d’état des lieux pour l’Eglise latino-américaine, au sanctuaire marial d’Aparecida, le 13 mai 2007. Il a dénoncé » l’aspect destructeur du système marxiste comme du capitalisme ».
Pour la 5e Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes, 220 évêques et une vingtaine de cardinaux du continent sont réunis jusqu’au 31 mai autour du thème ‘Disciples et missionnaires de Jésus-Christ pour que nos peuples aient la vie en Lui’.
Dans sa longue intervention, au sanctuaire marial d’Aparecida, en fin d’après-midi du 13 mai, le pape a dénoncé « l’aspect destructeur du système marxiste comme du capitalisme », il a mis en garde contre une mondialisation mal maîtrisée et rappelé la nécessité d’une Eglise politiquement indépendante et au service des pauvres.
Après être revenu sur la première
évangélisation du continent, Benoît XVI a dressé le constat de la perte d’influence de l’Eglise face au prosélytisme de nombreuses sectes ou de nouvelles expressions pseudo-religieuses en énumérant une série de chantiers prioritaires : la famille, les prêtres, les laïcs ou les jeunes.
Le marxisme comme le capitalisme entraînent une « destruction des esprits »
S’interrogeant pour savoir si “la réalité“ consiste dans “les biens matériels, les problèmes sociaux, économiques et politiques“, Benoît XVI a noté que “c’est précisément là que se trouve l’erreur des tendances dominantes du siècle dernier, une erreur destructrice, comme le démontrent les résultats des systèmes marxistes autant que ceux des systèmes capitalistes“. Ceux-ci, selon le pape, “falsifient le concept de réalité avec l’amputation de la réalité fondatrice (…) décisive qui est Dieu“.
“Le capitalisme autant que le marxisme avaient promis de trouver la voie pour créer des structures justes, affirmant qu’une fois établies, celles-ci auraient fonctionné toutes seules“, a relevé le pape, ajoutant que “cette promesse idéologique s’est révélée fausse“. Selon lui, “le système marxiste, là où il a gouverné, n’a pas seulement laissé un triste héritage de destructions économiques et écologiques, mais aussi une destruction douloureuse des esprits“. “Nous voyons la même chose à l’ouest, a-t-il noté, où la distance entre les pauvres et les riches grandit constamment et où a lieu une inquiétante dégradation de la dignité personnelle avec la drogue, l’alcool et les mirages trompeurs de bonheur“.
Préoccupation devant des gouvernements « autoritaires » en Amérique latine
Constatant “des avancées vers la démocratie“ sur le continent latino-américain, Benoît XVI a dit sa préoccupation devant des formes de gouvernement autoritaires ou sujets à certaines idéologies que l’on croyait dépassées et qui ne correspondent pas avec la vision chrétienne de l’homme et de la société“. D’autre part, a-t-il prévenu, l’économie libérale de certains pays latino-américains doit prendre en considération l’équité. Si le phénomène de la mondialisation peut être “un gain“, il entraîne aussi le risque de monopoles et de la finalité du gain en valeur suprême.
Souhaitant que les Etats favorisent “le respect d’une laïcité saine“, le pape a désiré d’autre part que l’Eglise ne se transforme pas en sujet politique car elle perdrait son indépendance et son autorité morale, sans pour autant en faire plus pour les pauvres et la justice. A l’inverse, “l’Eglise est l’avocate de la justice et des pauvres précisément parce qu’elle ne s’identifie ni aux politiciens ni aux intérêts des partis“, a déclaré Benoît XVI dans le pays d’origine de la Théologie de la libération. Il a cependant réaffirmé la responsabilité“des laïcs dans la vie publique et dans la lutte pour la justice ainsi que l’option préférentielle pour les pauvres qui est “implicite“ dans la foi chrétienne.
Portant un regard historique sur le continent, Benoît XVI a jugé que les populations d’Amérique latine avaient accueilli le Christ, “le Dieu méconnu que leurs ancêtres, sans le savoir, cherchaient dans leurs riches traditions religieuses“. Ainsi, à ses yeux, l’annonce de l’Evangile, dès la colonisation du continent, n’a comporté en aucun cas une aliénation des cultures précolombiennes et ne fut pas non plus l’imposition d’une culture étrangère. Par ailleurs, a mis en garde le souverain pontife, “l’utopie de revenir aux religions précolombiennes, en les séparant du Christ et de l’Eglise universelle, ne serait pas un progrès mais au contraire un recul“.
Des choix nouveaux et difficiles pour l’Eglise
Sur un plan plus pastoral, Benoît XVI a constaté “la religiosité populaire“ du continent, la qualifiant de trésor précieux de l’Eglise, mais aussi un certain affaiblissement de la vie chrétienne dans l’ensemble de la société et de la participation à la vie de l’Eglise catholique. Celui-ci, d’après-lui, est dû “au sécularisme, à l’hédonisme, à l’indifférence et au prosélytisme de nombreuses sectes, de religions animistes et de nouvelles expressions pseudo religieuses“. Reconnaissant que l’Eglise devait faire des choix nouveaux et difficiles, le pape a souhaité un nouvel élan missionnaire pour le continent porté par des croyants enracinés dans le Christ.
Pour l’Eglise et le continent, Benoît XVI a alors proposé des domaines prioritaires : la famille “qui souffre de situations occasionnées par le sécularisme et par le relativisme éthique“, les prêtres qui ont besoin d’une “structure spirituelle solide“, les religieux et religieuses “qui doivent continuer à travailler avec héroïsme“, les laïcs invités “à porter au monde le témoignage de Jésus-Christ“ et les jeunes. Ceux-ci, a expliqué enfin Benoît XVI, ne doivent pas “se fourvoyer dans les modes ou les mentalités courantes“ mais adopter “une curiosité profonde sur le sens de la vie“. Ils doivent surtout s’opposer aux « mirages faciles du bonheur immédiat et aux paradis trompeurs de la drogue, du plaisir, de l’alcool, ainsi qu’à toute forme de violence“.
C’est dans la salle de conférences du sanctuaire d’Aparecida que le pape a pris la parole au cours de la prière des Vêpres. Devant les prélats, mais aussi en présence de plusieurs dizaines d’invités, d’observateurs et d’experts, le pape est intervenu en espagnol et en portugais, les langues majeures du continent.
Ouverts par Benoît XVI, les travaux de la 5e Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes vont se poursuivre jusqu’au 31 mai dans le sanctuaire national brésilien. Quant au pape, au terme de son intervention, il a quitté Aparecida en hélicoptère aux alentours de 18h45 (23h45 heure de Rome) pour se rendre à l’aéroport international Guarulhos de São Paolo, à 130 km de là.
Après une cérémonie de départ et un dernier discours sur le sol brésilien, Benoît XVI partait en avion à destination de l’aéroport de Rome-Ciampino. Son arrivée à Rome est prévue le 14 mai à 12h45 (heure locale). Antoine-Marie Izoard à Aparacida (Brésil) – I.MEDIA/APIC (apic/imedia/ami/vb)
14.05.2007 – Apic/Imedia – En direct d’Aparecida, Brésil
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