Archive pour le 8 mai, 2007

commente à l’évangile de Jean 15.1-8 de demain, de Saint’Augustin

8 mai, 2007

commente à l’évangile de Jean 15.1-8 de demain, de Saint’Augustin, le teste, comme vous verrez, est divisé en deux part: 1-3 ; 4-7 ; du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/jean/tr81-90/tr81.htm

« QUATRE-VINGTIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES : « JE SUIS LA VRAIE VIGNE ET MON PERE EST LE VIGNERON », JUSQU’À CES AUTRES : « DÉJÀ VOUS ÊTES PURS A CAUSE DE LA PAROLE QUE JE VOUS AI DITE ». (Chap. XV, 1-3.)

JÉSUS-CHRIST, VIGNE ET VIGNERON.

Le Sauveur est, comme homme, la vigne, c’est-à-dire le cher de l’Eglise, tandis que nous en sommes les branches ou les membres : comme Dieu, il est, aussi bien que le Père, le vigneron qui retranche les bourgeons improductifs et émonde par la parole de la foi ceux qui rapportent du fruit.

1. Cet endroit de l’Evangile, mes frères, où Notre-Seigneur dit à ses disciples qu’il est la vigne et qu’ils en sont les branches, doit s’entendre en ce sens que Jésus-Christ homme, médiateur entre Dieu et les hommes (1), est le chef de l’Eglise et que nous sommes ses membres. La vigne et ses branches sont de même nature; c’est pourquoi, comme il était Dieu et que nous n’avons pas la nature divine, il s’est fait homme, afin que la nature humaine fût en lui comme une vigne, dont nous autres hommes nous pourrions être les branches. Mais que veut dire : « Je suis la vraie vigne? » En ajoutant le mot « vraie », a-t-il voulu dire qu’il se rapporte à cette vigne d’où la comparaison est tirée ? Il est en effet appelé vigne par comparaison, et non par appropriation, comme il est appelé brebis, agneau, lion, rocher, pierre angulaire et autres choses qui sont vraiment ce que leur nom signifie; mais qui, dans le cas présent, servent à établir une comparaison et non à indiquer l’existence de propriétés réelles. Aussi, quand Jésus dit : « Je suis la vraie vigne », c’est pour se distinguer de celle à qui il est dit : « Comment as-tu dégénéré jusqu’à devenir une fausse vigne (2) ? » Car peut-on dire qu’elle était une vraie vigne,

1. I Tim. II, 5. 2. Jérém. II, 21.celle dont on attendait du raisin et qui a produit des

épines (1) ?

2. « Je suis la vraie vigne », dit Jésus-Christ, « et mon Père est le vigneron. Il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il émondera toutes celles qui portent du fruit, afin qu’elles en portent davantage ». Le vigneron et la vigne sont-ils donc la même chose ? Jésus-Christ est la vigne selon la nature qui lui permet de dire : « Le Père est plus grand que moi (2) ». Mais selon la nature qui lui permet de dire : « Le Père et moi nous sommes un (3) », il est lui-même le vigneron ; non pas un vigneron comme ceux qui en travaillant ne peuvent donner que des soins extérieurs, mais un vigneron capable de donner l’accroissement intérieur. « Car ce n’est pas celui qui plante ni celui qui arrose qui « est quelque chose, mais c’est Dieu qui donne l’accroissement ». Or, Jésus-Christ est vraiment Dieu; car « le Verbe était Dieu », ce qui fait que le Père et lui ne sont qu’un; et si « le Verbe s’est fait chair (4) », ce qu’il n’était pas, il est cependant resté ce qu’il était. Enfin, après avoir dit du Père, en parlant de lui comme d’un vigneron, qu’il retranchera les branches stériles et qu’il émondera celles qui 1. Isa. V, 4.

2. Jean, XIV, 28. 3. Id. X, 30. 4. Id. I, 1, 14.

30

porteront du fruit, afin de leur en faire porter davantage, il montre qu’il émondera lui-même aussi les branches, et il ajoute aussitôt : « Déjà vous êtes purs, à cause de la « parole que je vous ai dite ». Voilà que lui-même il émonde les branches; c’est l’office du vigneron, et non celui de la vigne. Il fait même de quelques branches ses coopérateurs. Car bien qu’ils ne donnent pas l’accroissement, ils contribuent néanmoins en quelque chose à le produire, sans toutefois le faire par leur propre puissance. « Parce que sans moi », dit Jésus-Christ, « vous ne pouvez rien faire ». Écoute-les, ils en font eux-mêmes l’aveu. « Qu’est-ce qu’Apollo? Qu’est-ce que Paul? Des ministres par qui, siwn, vous avez cru et chacun selon le don du Seigneur. Moi, j’ai planté, Apollo a arrosé; c’est donc selon le don que le Seigneur a fait à chacun, et non de leur propre fonds ». Voyez ce qui suit : Mais « Dieu a donné l’accroissement (1) »; ce n’est donc point par eux, mais par lui-même, que Dieu l’a fait. Cela, en effet, surpasse la faiblesse humaine, la grandeur même des anges, et n’appartient qu’à la Trinité qui seule est le vigneron. « Déjà vous êtes purs». Emondés sans doute, mais ayant besoin de l’être encore. S’ils n’avaient pas été taillés, ils n’auraient pu porter de fruit, et cependant quiconque porte du fruit, le vigneron l’émonde pour lui en faire porter davantage. Il porte du fruit parce qu’il est taillé, et pour qu’il en porte davantage, on l’émonde encore. En effet, quel est celui qui en cette vie est assez émondé, pour n’avoir pas besoin de l’être de plus en plus en cette vie, en laquelle, « si nous disons que nous n’avons « pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous; mais si nous confessons nos péchés, il est quelqu’un de fidèle et de juste qui nous remettra nos péchés et nous purifiera de toute iniquité, (2) ? » Qu’il émonde donc ceux qui sont déjà émondés, c’est-à-dire qui portent des fruits, afin qu’ils portent d’autant plus de fruits qu’ils seront plus émondés.

3. « Déjà vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai dite ». Pourquoi ne dit-il pas: Vous êtes purs à cause du baptême dont vous avez été lavés, mais bien a à cause 1. I Cor. III, 5-7.

2. I Jean, I, 8, 9.

de la parole que je vous ai dite ? » Parce que dans l’eau c’est encore la parole qui purifie? Retranche la parole, et l’eau, que sera-t-elle? De l’eau. La parole se joint à l’élément, et aussitôt se fait le sacrement qui est comme une parole visible. C’est ce qu’il avait dit en lavant les pieds de ses disciples: « Celui qui est lavé n’a besoin que de se laver les pieds ; car il est pur tout entier (1) ». D’où vient à l’eau cette vertu si grande, qu’en touchant le corps elle purifie le coeur? Elle lui vient uniquement de la parole; non parce que l’on prononce cette parole, mais parce que l’on y croit. Car en ce qui concerne la parole elle-même, autre chose est le son qui passe, autre chose est la vertu qui reste. « C’est la parole de la foi que nous vous prêchons», dit l’Apôtre, « parce que si vous confessez de bouche que Jésus est le Seigneur, et si vous croyez de coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, vous serez sauvés. Il faut croire de coeur pour obtenir la justice, et confesser de bouche pour obtenir le salut (2)» . Aussi est-il dit dans les Actes des Apôtres : « Purifiant leurs coeurs par la foi (3) ». Pierre dit aussi dans son Epître : « Le baptême vous sauve, non par la purification des souillures de la chair, mais par le témoignage d’une bonne conscience (4). C’est la parole de la foi que nous vous prêchons », parole qui sanctifie le baptême et lui donne la vertu de purifier; car Jésus-Christ qui est avec nous la vigne, et avec le Père le vigneron, « a aimé l’Église et s’est livré pour elle». Lis l’Apôtre et vois ce qu’il ajoute : « Afin de la sanctifier en la purifiant dans le baptême de l’eau par la parole (5) La purification ne serait donc pas l’effet de cet élément fluide et coulant, si on n’y ajoutait « la parole ». Cette parole de foi a tant de force dans l’Église de Dieu, qu’elle purifie même un petit enfant par lintermédiaire de celui qui croit, qui l’offre, le bénit et le lave dans ces eaux salutaires ; et néanmoins cet enfant ne peut encore ni croire de coeur pour obtenir la justice, ni confesser de bouche pour obtenir le salut. Tout cela se fait par cette parole dont Notre-Seigneur a dit : « Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai dite ».

1. Jean, XIII, 10. 2. Rom. X, 8-10. 3. Act. XV, 9. 4. I Pierre, III, 21. 5. Ephés. V, 25, 26.

QUATRE-VINGT-UNIÈME TRAITÉ

DEPUIS CES PAROLES : « DEMEUREZ EN MOI, ET MOI EN VOUS », JUSQU’A CES AUTRES : « TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, VOUS LE DEMANDEREZ ET IL VOUS SERA ACCORDÉ ».(Ch. XV, 4-7.)

LA VIGNE ET LES BRANCHES.

De même que les branches de la vigne ne peuvent avoir de sève et porter de fruit qu’autant qu’elles adhèrent au cep, de même nous ne pouvons rien faire dans l’ordre du salut sans l’union avec Jésus-Christ ; mais, dès lors que nous sommes unis à lui par la grâce et la fidélité à ses commandements, nous pouvons demander tout ce qui est vraiment utile à notre âme, et nous l’obtiendrons.

1. Jésus dit qu’il est la vigne, ses disciples les branches, et son Père le vigneron ; nous l’avons déjà expliqué de notre mieux. Dans la leçon d’aujourd’hui, il continue à dire qu’il est la vigne, et que ses disciples sont les branches ; voici ses paroles: « Demeurez en moi, et moi en vous ». Ils ne sont pas en lui de la même manière qu’il est lui-même en eux. Mais ces deux sortes de demeure sont utiles, non pas à lui, mais à eux. Les branches, en effet, sont dans la vigne de telle manière qu’elles ne lui donnent pas, mais qu’elles en reçoivent la sève qui les fait vivre ; et la vigne est dans les branches, de telle sorte qu’elle leur fournit l’aliment dont elles vivent, sans le recevoir d’elles. De la même manière, Jésus-Christ demeure en ses disciples, et eux demeurent en lui : c’est pour eux un avantage, et non pour lui. Qu’une branche, en effet, soit séparée d’une racine vivante, il peut en pousser une autre ; mais la branche coupée ne peut vivre sans la racine.2. Enfin il ajoute ces paroles : « De même a que la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la a vigne ; ainsi en sera-t-il de vous, si vous ne restez pas en moi ». Grande recommandation de la grâce, mes frères,.qui instruit le coeur des humbles et ferme la bouche des superbes. Voilà ce à quoi doivent répondre, s’ils l’osent, ceux qui, ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à celle de Dieu (1).Voilà ce à quoi doivent répondre ceux qui se plaisent à eux-mêmes et qui pensent pouvoir faire le bien sans le secours de Dieu. Ne résistent-ils

1. Rom, X, 3.

pas à une pareille vérité, ces hommes à l’esprit corrompu, réprouvés dans leur foi (1), qui parlent et réprouvent d’après leur iniquité, et qui disent : C’est Dieu qui a fait de nous des hommes; mais c’est à nous-mêmes que nous devons d’être justes? Que dites-vous, vous qui vous trompez vous-mêmes ? vous n’affirmez pas le libre arbitre, mais vous le précipitez du faîte où veut l’élever votre vaine présomption, jusqu’au fond de l’abîme. Votre parole est que l’homme fait le bien par lui-même : voilà la montagne au sommet de laquelle vous porte votre orgueil. Mais la vérité vous contredit en ces termes : « La branche a ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne ». Allez maintenant par vos sentiers raboteux, et, sans vous laisser arrêter par rien, laissez-vous emporter par votre vain bavardage. Voilà le vide de votre présomption. Mais voyez ce qui vous attend, et s’il vous reste encore un peu de sens, vous en serez saisis d’horreur. Celui qui pense porter du fruit de lui-même, n’est pas uni à la vigne. Celui qui n’est pas uni à la vigne, n’est pas uni à Jésus-Christ ; celui qui n’est pas uni à Jésus-Christ n’est pas chrétien. Voilà la profondeur de l’abîme où vous tombez.3. Mais consid

érez encore ce que la vérité ajoute ensuite : « Je suis la vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, parce que sans moi vous ne pouvez rien faire ». Il veut nous empêcher de croire que, d’elle-même, la branche peut au moins porter quelque petit fruit ; aussi, après avoir dit

1 II Tim. III, 8.

32

« Celui-là porte beaucoup de fruit », il n’ajoute pas: sans moi vous ne pouvez faire que peu de chose, mais il dit : « Vous ne pouvez rien faire». Donc on ne peut faire ni peu ni beaucoup sans celui sans lequel on ne peut rien faire. Bien que la branche n’ait porté que peu de fruit, le vigneron l’émonde afin qu’elle en porte davantage ; mais si elle ne demeure pas unie à la vigne, et si elle ne tire pas sa vie de la racine, elle ne pourra jamais porter de fruit, si petit qu’il soit. Jésus-Christ n’eût pu être la vigne, s’il n’eût été homme; et, cependant, il ne pourrait communiquer la grâce aux branches, s’il n’était aussi Dieu ; sans cette grâce on ne peut donc vivre, mais la mort reste néanmoins au pouvoir du libre arbitre. Aussi le Christ dit-il : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme une branche coupée ; et il séchera, et on le ramassera, et on le jettera au feu, et il sera brûlé ». Les branches de la vigne sont d’autant plus méprisables, si elles ne restent pas unies à la vigne, qu’elles sont plus glorieuses si elles y restent. Enfin, ainsi que le Seigneur le dit en parlant d’elles par le prophète Ezéchiel, lorsqu’elles sont coupées, elles ne sont d’aucune utilité pour l’usage du vigneron; elles ne peuvent être employées par le charpentier (1). Il n’y a que deux choses qui conviennent à ces branches : ou la vigne ou le feu; si elles sont unies à la vigne, elles ne seront pas jetées au feu; afin de n’être pas jetées au feu, qu’elles restent donc unies à la vigne.

4. « Si vous restez en moi », dit Notre-Seigneur, « et que mes paroles restent en vous, tout ce que vous voudrez vous le demanderez, et il vous sera accordé ». En demeurant en Jésus-Christ, que peuvent-ils vouloir que ce qui convient à Jésus-Christ ? Que peuvent-ils vouloir, en restant dans le Sauveur, que ce qui n’est pas étranger au salut? En effet, autre chose est ce que nous voulons en tant que nous sommes en Jésus-Christ, autre chose est ce que nous voulons en tant que nous sommes encore dans ce monde. Par suite de 1. Ez

éch. XV, 5.

notre demeure en ce monde, il nous arrive parfois de demander ce qui, à notre insu, ne nous est pas avantageux. Mais ne croyons pas que nous serons exaucés à cet égard, si nous restons en Jésus-Christ ; car, lorsque nous le prions, il ne nous accorde que ce qui nous est utile. Mais si nous demeurons en lui, et sises paroles demeurent en nous, nous pouvons lui demander tout ce que nous voudrons, et il nous l’accordera. Car si nous demandons quelque chose et qu’il ne nous l’accorde pas, c’est que nous ne demandons point ce que comporte sa demeure en nous, ni ce que comportent ses paroles qui demeurent en nous ; mais nous demandons ce que nous inspirent la faiblesse et la cupidité de la chair, qui ne demeurent point en lui et en qui ne demeurent point ses paroles. Assurément à ses paroles appartient cette prière qu’il nous a enseignée, et dans laquelle nous disons : « Notre Père qui êtes dans les cieux (1) ». Dans nos demandes ne nous écartons point des paroles et du sens de cette prière, et tout ce que nous demanderons nous sera accordé. Quand nous faisons ce qu’il commande, et que nous aimons ce qu’il promet, on peut dire alors que ses paroles demeurent en nous. Mais quand ses paroles demeurent dans notre mémoire, sans se refléter dans notre conduite, alors la branche n’est plus unie à la vigne, parce qu’elle ne tire pas sa sève de la racine. C’est pour marquer cette différence, qu’il est écrit: « Ils retenaient dans leur mémoire ses commandements, afin de les pratiquer (2) ». Plusieurs, en effet, les gardent dans leur mémoire, mais pour les mépriser, ou bien même pour s’en moquer et les combattre. En ceux-là ne demeurent point les paroles de Jésus-Christ ; ils les touchent, mais ils n’y sont pas attachés; c’est pourquoi, au lieu de tourner à leur avantage, elles rendront témoignage contre eux, et comme elles sont en eux sans y faire leur demeure, ils ne les possèdent que pour être jugés par elles.

1. Matth. VI, 9. 2. Ps. CII, 18.

La rencontre inter-religieuse selon François d’Assise

8 mai, 2007

du site:

http://www.inxl6.org/article3110.php

Repères > Réflexions

La rencontre inter-religieuse selon François d’Assise

« Spirituellement, les frères qui vont chez les infidèles écrivait Saint François en 1221, de retour de son voyage missionnaire en Égypte et Palestine peuvent se comporter parmi eux de deux façons. La première est qu’ils ne provoquent pas de disputes et de litiges mais soient assujettis à toute créature humaine par amour de Dieu et qu’ils confessent d’être chrétiens. La deuxième est qu’ils annoncent la parole de Dieu, au moment où il plaira au Seigneur, afin qu’ils croient en Dieu tout puissant Père Fils et Saint Esprit ».

P. Cesare Baldi
09/10/2006

Quelle formidable leçon de méthodologie missionnaire nous donne notre patron Saint François dAssise dans ce passage extrait du chapitre 16 de la Première Règle (approuvée oralement par le Pape Innocent III, ne portant aucun cachet ni sceau). Le champion de la pauvreté nous propose deux façons d’être missionnaires et la première nest pas celle à laquelle tout le monde sattend, à savoir lannonce de la Parole de Dieu, la prédication des vérités de la foi, la proposition doctrinale explicite, mais au contraire un témoignage de vie : éviter des disputes.

Cette invitation est loin d’être banale et aujourdhui encore elle nest pas souvent mise en oeuvre : il ne sagit pas dune simple exhortation à « bien se tenir », mais davantage à construire le témoignage missionnaire sur la valeur de la communion vécue et visible, cest-à-dire créer des équipes missionnaires de frères et de sœurs capables de vivre et de travailler ensemble.

En quelques phrases François saisit le lien profond et intrinsèque entre la mission et la communion, entre ses frères, avec Dieu et avec le monde.

« Qu’ils ne provoquent pas de disputes ou de litiges » : nous avons tellement besoin aujourdhui encore de personnes qui savent montrer quelles sentendent bien avec les autres en évitant toute situation de conflit ! Il suffit daller dans une rue de nimporte quelle ville, nimporte quand, et regarder autour de soi pour comprendre à quel point la nécessité dune telle règle est grande : nous sommes tous avec les nerfs à fleur de peau… Et même si nous restons enfermés chez nous, les choses ne changent pas tellement : combien de couples sont en crise, combien de familles sont en proie à des discussions, des litiges… Même parmi les personnes les plus influentes et responsables, lhabitude incivile et indécente de crier ses propres vérités est de plus en plus diffuse, en les brandissant comme une épée contre les interlocuteurs, qui deviennent ainsi systématiquement des adversaires, des ennemis, des hérétiques à mettre au bûcher, quoiquils disent ou quils fassent.

« Qu’ils soient assujettis à toute créature humaine par amour de Dieu » : dans ces mots il ne sagit pas de bonté gratuite, de pusillanimité ou de masochisme, mais de lamour de Dieu ! Considérons-nous vraiment notre Dieu comme un Père ? Et alors ne soyons pas hypocrites : lautre doit être important pour nous, plus important. Nous devons apprendre à éprouver un sens de responsabilité pour lautre, quelle que soit son identité, précisément pour que lInfini fasse son apparition dans notre rapport.

« Qu’ils confessent d’être chrétiens », quils ne se cachent pas et ne cachent pas leur foi et, « au moment où il plaira au Seigneur », quils soient prêts à annoncer sa parole. François insiste avec une grande délicatesse sur le fait que nous ne décidons pas du moment de lannonce mais cest le Seigneur qui nous lindique : lorsque cela lui plaira, le moment opportun arrivera, loccasion favorable à saisir, mais sans forcer la main du Père Éternel. Une annonce déplacée, insistante ou envahissante, au mauvais moment, annule des mois, des années dun lent travail de préparation car elle entacherait la confiance et lestime que le missionnaire est parvenu à construire autour de lui et sèmerait le soupçon du prosélytisme.

Raymond Lulle, philosophe, théologien et missionnaire, presque contemporain du Pauvre dAssise, est considéré le maître laïc du dialogue interreligieux ; il sest profondément converti alors quil était déjà marié avec des enfants. À Palma de Majorque, où il est naquit, il entra en contact avec limportante communauté des Sarrasins. Sa pensée brille dune lumière toute particulière en ce Moyen-Âge souvent qualifié avec une grande facilité d’ère de lobscurantisme ; ses études approfondies ne concernent pas seulement la spiritualité franciscaine et la tradition augustinienne, mais aussi le mysticisme islamique (le soufisme) et celui hébraïque de la Kabbale. Son ouvrage, le « Livre du Gentil et des trois Sages » raconte lhistoire dun païen qui, grâce à sa rencontre avec trois sages un juif, un chrétien et un musulman retrouve une dimension spirituelle heureuse, précédemment égarée.

Le texte ne révèle pas le choix religieux du protagoniste et nattribue la suprématie à aucun des sages, mais introduit une dame mystérieuse symboliquement dénommée Intelligence, qui apparaît la dépositaire et la garante de la vérité unique contenue par les trois fois. Lulle semble suggérer que la pluralité des fois doit être comprise comme la participation de toutes les traditions religieuses au culte du seul, du vrai Dieu. Lauteur ne peut pas être taxé de syncrétisme ou de relativisme car à ses yeux le Christianisme est investi dune vocation et dune responsabilité des plus hautes : montrer lharmonie des trois fois monothéistes.

Relire aujourdhui cette œuvre du « docteur illuminé » tel est le surnom donné à Lulle est plus que jamais opportun, à une époque où « laffrontement des civilisations » est soigneusement mis au point par daucuns, tandis que des accusations réciproques sont continuellement lancées à la télé dun bout à lautre du globe. Nous avons besoin dopérateurs dharmonie. Nous ne savons plus que faire des contrebandiers de haine, camouflés derrière une dignité religieuse inébranlable ; nous avons besoin de frères et de sœurs décidés à la lutte la plus dure, celle de savoir soigneusement éviter les litiges et les disputes.Traduction : Agence MISNA

Benoît XVI : Pour les religieuses, priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux

8 mai, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/french/

2007-05-07

Benoît XVI : Pour les religieuses, priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux

Message à l’Union internationale des supérieures générales

ROME, Lundi 7 mai 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI recommande aux religieuses de conserver la priorité de l’intimité avec le Christ-Epoux. Le pape a également encouragé la qualité de la formation et la fidélité au charisme des instituts.

Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican, dans la salle des bénédictions, les 794 Supérieures générales venant de différents continents et 80 nations, réunies à Rome pour l’assemblée Plénière de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), du 6 au 10 mai, sur le thème : « Appelées à tisser une spiritualité nouvelle d’où jaillissent espérance et vie pour l’humanité ».

« Ne cédez jamais à la tentation de vous éloigner de l’intimité avec votre Epoux céleste, en vous laissant prendre excessivement par les intérêts et par les problèmes de la vie quotidienne », recommandait le pape.

« Certes, ils sont nombreux les défis, économiques, sociaux, et religieux que la vie consacrée doit affronter actuellement : il s’agit souvent de parcourir des chemins missionnaires et spirituels inexplorés, en maintenant toujours bien solide la relation intérieure avec le Christ ».

« Grâce à cette union avec Dieu jaillit en effet et est alimenté le rôle ‘prophétique’ de la mission d’une personne consacrée », précisait le pape.

Il invitait à promouvoir pour notre époque une « spiritualité renouvelée de la vie consacrée » et une approche apostolique qui réponde « aux aspirations des gens ».

Benoît XVI a encouragé les religieuses à continuer d’incarner l’Evangile « dans la réalité contemporaine, spécialement là où la pauvreté humaine et spirituelle est plus grande ».

Le pape invite chaque supérieure générale à promouvoir une vie consacrée « mystique et prophétique » engagée pour la réalisation du Royaume de Dieu.

« Ne vous lassez pas, disait-il, de mettre tous vos soins à la formation humaine, culturelle et spirituelle des personnes qui vous sont confiées, afin qu’elles soient en mesure de répondre aux défis culturels et sociaux d’aujourd’hui. Soyez les premières à donner l’exemple de renoncer aux commodités, aux aises, aux facilités pour porter votre mission à son accomplissement. Partagez les richesses de vos charismes avec ceux qui sont engagés dans l’unique mission de l’Eglise qui est la construction du Royaume ».

Se référant au thème de l’assemblée, le pape recommandait en outre de « communiquer l’amour de Dieu par des paroles et par des gestes concrets, à travers le don total de vous-mêmes, en tenant toujours le regard et le cœur fixés sur Lui ».

Le site Vidimus Dominum rappelle que l’UISG est une organisation mondiale, canoniquement approuvée, des supérieures générales des instituts des religieuses catholiques. Fondée en 1965, l’union a son siège à Rome et elle est approuvée canoniquement.

Le but de l’UISG est de « promouvoir la compréhension de la vie religieuse des religieuses catholiques dans le monde entier et de favoriser son développement dans l’Eglise et la société ».

Actuellement, l’UISG est particulièrement engagée dans la lutte contre le trafic des êtres humains et pour la formation des religieuses dans le monde.

Selon Sr Maria Victoria de Castejó, religieuse du Sacré Cœur de Jésus (RSCJ), secrétaire générale de l’UISG, les supérieures générales représentent plus de 700.000 religieuses engagées dans les différents ministères de l’Eglise en Asie, Afrique, Europe, Amérique et Océanie.