Archive pour avril, 2007

poésie mienne du 5.4.07 h 1,45 jeudi saint,

5 avril, 2007

pour celui-ci est Tu l’amour,

poésie mienne du 5.4.07 h 1,45 jeudi saint, (traduction)

désir d’aimer,

larmes de passion,

où il y a halètement de toi,

mon Dieu et espoir,

désir brûlant,

lumière qu’il descend

d’un endroit limpide,

serviteur humble

qu’il se baisse au service délicat,

tu es tu celui qui aspect?

est-ce que tu es tu,

pauvre serviteur, le Seigneur?

je ne t’attandais pas ainsi pourtant,

pour celui-ci, tu es Tu: l’Amour

jeudi saint – 5.4.07

5 avril, 2007

Origène (vers 185-253), prêtre et théologien
Commentaire sur St Jean, § 32, 25-35.77-83 (trad. cf SC 385, p.199s)

« Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi »

      « Jésus, sachant que le Père avait tout remis entre ses mains, et qu’il était sorti de Dieu et retournait à Dieu, se lève de table. » Ce qui n’était pas entre les mains de Jésus auparavant est remis entre ses mains par le Père : non certaines choses et pas d’autres, mais toutes. David avait dit : « Le Seigneur dit à mon seigneur : Siège à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds » (Ps 109,1). Les ennemis de Jésus faisaient parti, en effet, de ce tout qu’il savait que son Père lui donnait… A cause de ceux qui s’étaient écartés de Dieu, il s’est écarté de Dieu, lui qui de nature ne veut pas sortir du Père. Il est sorti de Dieu afin que tout ce qui s’est écarté de Dieu revienne avec lui, entre ses mains, auprès de Dieu, selon son dessein éternel…

      Qu’est-ce que Jésus faisait donc en lavant les pieds des disciples ? En les lavant et en les essuyant à l’aide du linge dont il était ceint, Jésus ne rendait-il pas beaux leurs pieds au moment où ils allaient avoir à annoncer la bonne nouvelle ? C’est alors que s’est accompli, à mon avis, la parole prophétique : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent les bonnes nouvelles ! » (Is 52,7;Rm 10,15). Mais si, en lavant les pieds des disciples, Jésus les rend beaux, comment exprimer la beauté véritable en ceux qu’il plonge tout entiers « dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3,11) ? Les pieds des apôtres sont devenus beaux afin…qu’ils puissent poser le pied sur la route sainte et cheminer en celui qui a dit : « Moi, je suis le Chemin » (Jn 14,6). Car quiconque a eu les pieds lavés par Jésus, et lui seul, suit ce chemin vivant et qui mène au Père ; ce chemin n’a pas de place pour des pieds souillés… Pour suivre ce chemin vivant et spirituel (He 10,20)…, il faut avoir les pieds lavés par Jésus qui a déposé ses vêtements…afin de prendre en son propre corps l’impureté de leurs pieds avec ce linge qui était son seul vêtement, car « c’est lui qui porte nos infirmités » (Is 53,4).

Jeudi Saint, Cène (5/4) : Commentaire

4 avril, 2007

 du site:

http://www.portstnicolas.org/spip.php?article2092

Jeudi Saint, Cène (5/4) : Commentaire

Depuis que la réforme liturgique a redonné aux jours saints leur caractère éminemment pascal, le Jeudi saint a retrouvé su véritable « mystique », la célébration de ce quil y a de plus central, dunique dans notre foi : le passage (la Pâque) de la mort à la résurrection.

Laspect mort, mais dune mort libératrice est déjà indiqué dans la première lecture où la libération juive est scellée dans le sacrifice dun agneau, agneau qui préfigure le Christ, lAgneau de Dieu qui enlève le péché (laliénation) du monde et qui nous donne ainsi notre vraie liberté. Mais cest surtout Paul qui met en valeur le lien étroit entre leucharistie et la mort du Christ en croix, quand il cite les mots de Jésus : ceci est mon corps, mais son corps qui est (livré) pour vous ; cette coupe est la nouvelle Alliance, mais en mon sang versé sur la croix. Et Paul de conclure : Chaque fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez à cette coupe, vous proclamerez la mort du Seigneur. Enfin la méditation culmine dans cet étrange récit du lavement des pieds qui semble être un hors-doeuvre ici, mais dont le geste renvoie au don entier jusquau bout du Christ en croix.L

Eucharistie est donc en relation directe avec la mort du Christ. Mais elle lest tout autant avec la résurrection de Jésus. Sans doute, ce soir là, historiquement parlant, Jésus nétait pas encore glorifié. Mais nous qui célébrons aujourdhui la Cène, nous la célébrons avec le Christ de gloire. Cest le Ressuscité qui est parmi nous et cest dans lEsprit qui la glorifié que nous le recevons. Cest le repas de notre libération glorieuse que nous prenons.

De notre libération ! Oui, cest elle que nous célébrons dès ce soir, comme nous la célébrerons encore demain et dans la Nuit pascale. Le grand motif daction de grâce, la raison de célébrer, les voilà : Christ ta libéré de labsurde dune vie qui finit dans la mort. Christ ta introduit dans une réussite unique dont su résurrection est le point de départ.Cette libération, Christ te la donne. Encore te faut-il l

accepter. Te laisser libérer. Quil est difficile de quitter nos sécurités, de laisser tomber nos chaînes dorées, dabandonner nos petits projets pour nous exposer au grand vint, au souffle de lEsprit ! Ne crains pas de sortir de toi-même pour entrer dans lAmour. Laisse les « nourritures terrestres », prend le Pain de vie. Dégage-toi, engage-toi. Voilà la vraie liturgie de la grande Pâque.

Pour peu qui nous réalisions ce que nous célébrons en ce Jeudi saint (et à chaque messe) notre coeur frémit dune grande joie mêlée de crainte. Longtemps le Jeudi saint ne fut quun jour de préparation au triduum pascal et surtout à la Nuit de Pâques. On y pratiquait la réconciliation des pêcheurs publics pour leur permettre la communion pendant la Nuit sainte. On y consacrait les huiles nécessaires aux baptêmes de la Veillée pascale.Aujourd

hui la réconciliation se fait tout au long du Carême et la messe chrismale se célèbre, elle aussi, plus tôt, le Jeudi saint étant déjà surchargé pour lévêque et ses prêtres. Loffice se présente comme une polyphonie où se chevauchent plusieurs mélodies :

Il y a dabord le chant de lAgneau pascal : Jésus est maintenant cet agneau immolé, libérateur, donné en nourriture (première lecture). Il y a le thème du sacerdoce : cest le jour où Jésus dit à toute son Eglise : Faîtes ceci en mémoire de moi ; mais il choisit les Douze auxquels il confie la communauté et, particulièrement, son Eucharistie. Il y a enfin la mélodie de lAmour. Il est significatif que la liturgie nous donne – au lieu du récit de la Cène elle-même quon serait endroit dattendre ici – celui du lavement des pieds, geste situé dans lamour jusquau bout. Lorigine de la messe, cest le sacrifice du Christ jusquà lextrême. La fin, le but de la messe, cest encore le don, loubli de nous-mêmes dans le service et lamour de nos frères. Le lavement des pieds exprime éloquemment lun et lautre.

Les lectures forment un ensemble cohérent sur lhistoire du salut dans ses célébrations. LAncien Testament nous rapporte comment se célébrait la Pâque juive : Paul nous raconte la célébration de la Pâque du Christ et lévangile nous indique comment nous devons célébrer notre Pâque.

Première lecture : Ex 12,1-8.11-14

Cette lecture contient les prescriptions rituelles pour le repas pascal juif, repas dont on raconte et les origines historiques et la signification.

La libération dEgypte sest faite grâce au sang dun agneau mis sur les portes des maisons juives qui furent ainsi épargnées lors de la Pâque, du passage de lange exterminateur. Le repas rituel en sera le mémorial. Ce repas a un caractère familial, cest la famille qui se réunit pour manger lagneau immolé dans toute lassemblée de la communauté dIsraël. Cest un repas à la hâte, la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main, prêt pour la route. Quand on sait enfin, par des textes liturgiques juifs, que la dominante était laction de grâce pour la libération, on est en possession de tous les éléments majeurs de ce repas rituel dont Jésus garde la structure, mais change la signification. Ce repas juif est ainsi devenu notre messe.

Un mémorial dune libération bien plus profonde, celle acquise par le sang de Jésus, le vrai Agneau pascal. La nouvelle famille, la nouvelle assemblée dIsraël, cest notre communauté, lEglise chrétienne. Elle se rassemble pour faire action de grâce et prendre le viatique, le pain pour la route, cheminant vers Dieu les reins ceints… attendant sa venue dans la gloire. On voit ici combien Ancien et Nouveau Testaments se tiennent, la célébration du premier introduisant la liturgie du second. Aussi gagne-t-on à lire cette page en regard de la deuxième lecture ou encore dun récit évangélique de la Cène, chez Matthieu 26,26 par exemple. On lève la coupe et on dit : Nous tenons à remercier, à louer, à glorifier, à vanter, à exalter, à célébrer, à bénir, à élever et à magnifier Celui qui a fait toutes ces merveilles pour nos pères et pour nous. Desclaves il a fait de nous des hommes libres, il nous a fait passer de laffliction à la joie, du deuil à la fête, des ténèbres à la lumière éclatante, de la servitude à la délivrance. Récitons-lui un cantique nouveau. Alléluia. (Haggadah de Pessach, Rituel de la Pâque juive).

Les évangiles prennent soin de montrer que laction de grâce de la Pâque juive a été relayée par celle de Jésus, lui qui nous a donné une bien autre libération dans « le sang de lAlliance nouvelle et éternelle ».

Psaume : Ps 115

Comment te rendrai-je grâce, Seigneur, sinon par cette coupe du salut qui nous communique la libération de ton Fils. Cette eucharistie nous rappelle que Jésus a dû mourir et quil est ressuscité : tu as brisé ses chaînes. Je toffrirai donc le sacrifice daction de grâce et, avec le Christ dans et par lequel je prie, jinvoquerai ton nom pour te louer.

Deuxième lecture : 1 Co 11,23-26

La première lettre aux Corinthiens ayant été écrite vers 56, soit environ 25 ans après les faits et bien avant les évangiles, nous sommes ici en présence du récit le plus ancien de la Cène de Jésus. On ne le lit pas sans émotion quand on sait, de plus, que Paul a le souci non dinventer, mais de transmettre ce qui est déjà tradition et qui vient directement du Seigneur.

On y trouve la merveilleuse trilogie : la mémoire du Christ livré, donnant son corps pour nous ; la présence (quand vous en mangez et en buvez vous me recevez, car ceci est mon corps et mon sang) et lannonce de lachèvement (dans lespérance de sa venue). Lacclamation après la consécration sinspire directement de ce passage qui nous aide à embrasser dun seul coup doeil toute lhistoire du Salut.Chaque fois que vous boirez de cette coupe, faites cela en mémoire de moi. Simple souvenir ? Sûrement pas. L

alliance nouvelle est à refaire à chaque eucharistie. Quel engagement ! De quoi hésiter, pour peu quon y réfléchisse. Le souci de Paul de mettre la Cène en relation avec la passion du Christ (corps donné pour vous, coupe de lalliance) doit nous aider à saisir le caractère dynamique de leucharistie : elle est plus que simple présence du Christ, elle est présence libératrice pour nous – et nous devons être, nous-mêmes, présence libératrice pour les autres.

Si vous ne mangez… Si vous ne buvez : Quand donc se décidera-t-on, pour les fêtes du moins, à laisser les fidèles communier sous les deux espèces ? Même un prêtre seul peut présenter coupe et calice ; les fidèles prennent la sainte hostie et la trempent dans le précieux sang. Est-ce compliqué ? Anti-hygiénique ?

Évangile : Jn 13,1-15

Jésus, avant de laisser les apôtres à eux-mêmes, et prévoyant leurs faiblesses, leurs disputes pour les honneurs ainsi que le danger dabuser de leur position de chefs, shumilie devant eux, se fait leur serviteur en leur lavant les pieds afin de leur donner, en cette heure suprême, lexemple du service, lui le Maître et le Seigneur. Si cette leçon vaut particulièrement pour les disciples appelés à être « maîtres » dans lEglise, elle vaut évidemment pour tout disciple du Christ. Qui ne se sentirait concerné ?

Mais il y a plus que cette leçon de service. Le cadre indique autre chose : le lavement des pieds a lieu avant la fête de la Pâque, où est immolé lagneau pascal ; cest lheure de Jésus, celle de sa passion, lheure de passer de ce monde à son Père : déjà Judas a lintention de le livrer. Alors il donne à ses disciples un signe de ce quil va faire dans quelques heures, un signe de cet amour jusquau bout, un signe de son abaissement extrême sur la croix. En versant de leau sur les pieds des disciples, il exprime ce quil va faire : verser son sang. Pierre ne comprend pas, ce nest quaprès les faits, plus tard, à la résurrection, quil saisira la portée de ce mime étrange : sabaisser, se donner jusquau bout. Comme Pierre, nous ne comprenons pas maintenant (avec notre raison).Alors nous protestons avec un : non, tu ne me laveras pas les pieds, non jamais ! Manque de simplicité ou refus inconscient de suivre Jésus dans son jusqu

au bout ? Jésus répond : Si je ne te lave pas les pieds, tu nauras pas de part avec moi. Oui, pour Jésus il sagit davoir part à son abaissement, à son amour jusquau bout. – si nous voulons avoir part avec lui, à sa gloire.

Cest un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez vous aussi comme jai fait pour vous. Voilà qui dépasse, et de loin, les petits services et la gentillesse des rapports. Allez, vous aussi, jusquau don entier de vous-mêmes, comme jai fait, sur la croix, pour vous. Pour celui qui nest pas familier du style de Jean, celle deuxième interprétation semble tirée par les cheveux. Mais, sans elle, tout le cadre de la passion, la réaction de Pierre et la réponse de Jésus perdent leur sens.

Doux récits étroitement imbriqués dans un seul geste à double signification : lun moral (lhumble service), lautre théologique (labaissement du Christ dans sa passion) ; lun nous presse de servir humblement nos frères, lautre nous dispose à comprendre – un peu – limpossible folie de lamour, pour que nous fassions de même. Que lon ne sétonne pas de voir Jean « oublier » linstitution de lEucharistie. Outre quil consacre un chapitre entier (le 6e) au Christ pain de vie, il exprime ici, dans le geste de sabaisser, de shumilier pour laver les pieds des disciples, un aspect majeur de lEucharistie : rappeler lhumiliation, labaissement du Christ dans sa mort. Jésus na pas fait de discours sur labolition de lesclavage, alors un pilier de la société. Mais Il a renversé les rôles, il sest fait serviteur et esclave. Il a ainsi miné le système de lintérieur. Rien de plus efficace.

Lavement des pieds

Après lhomélie, les rites prévoient, sans limposer, le lavement des pieds, geste familier et fréquent au temps de Jésus. Une certaine gêne, le sentiment dun geste artificiel ne permettent pas, dans beaucoup de cas, de donner au rite une expressivité pastorale… sauf pour celui qui fait ou laisse faire sur lui ce geste dhumilité.

Il faut, en tout cas, préserver le rite dun simple effet de curiosité ou du théâtral. La communauté doit être préparée.

Après tout, Jésus na pas demandé que les disciples lavent physiquement les pieds des autres, mais quils prennent exemple sur son abaissement pour trouver des gestes de respect, daccueil, dhumilité envers leurs frères, et de préférence envers ceux qui sont moins bien placés queux. Servir une personne âgée, laver son corps, son linge, lentourer de respect… sengager pour les classes pauvres, les marginaux… sont des manières – parmi dautres – de traduire en notre temps le geste de Jésus. Une procession doffrandes où lon verse son carême de partage, des dons en nature… la participation des enfants qui présentent la tirelire de leur privations volontaires… exprimeraient lamour fraternel qui, tel le parfum de Madeleine, devrait remplir cette eucharistie.

Communion et procession de la sainte réserve

La communion doit, ce soir, revêtir une chaude solennité : lumières, fleurs, nappes, un rassemblement plus compact des fidèles, si possible autour dune longue table ou en cercle autour de lautel, avec du pain et du vin suffisants pour une communion sous la deux espèces, un geste de paix, avant la communion, plus démonstratif quà laccoutumée ; surtout une ambiance dintimité, de joie contenue – des chants dignes, beaucoup de silence… bref le souci de faire saisir avec plus dintensité ce qui souvent est fait par habitude.

Après la communion le célébrant porte en procession, au lieu prévu, la sainte réserve qui servira à la communion du Vendredi saint. Il est incongru de faire de ce lieu un tombeau au Christ. Parce que la présence eucharistique est une présence glorieuse, et parce que, le jeudi soir, le Christ nest pas encore au tombeau. Il est souhaitable que les fidèles poursuivent ladoration pendant une partie de la nuit : celui qui a partagé la Cène avec Jésus est aussi appelé à veiller avec lui. Un silence priant, parfois entrecoupé dextraits du discours des adieux, de chants, dintercessions vaut mieux que les explications, bavardages. Demeurez avec moi et veillez.L

Eglise garde certains mots plus difficiles, parce quils ont une base scripturaire et sont irremplaçables. Ainsi les mots Mémoire et Mémorial. Quand Jésus dit : « Faites ceci en mémoire de moi », on ne peut traduire « en souvenir de moi » sans trahir un aspect important. Le mot biblique mémoire exprime le souvenir, mais plus que cela. Un peu comme lorsque des époux célèbrent leurs noces dor ou dargent, ils se souviennent du jour de leur mariage, mais cet engagement dalors nest pas du simple passé, il vit encore, il est là, présent, actualisé. Ainsi quand nous faisons leucharistie en mémoire de Jésus, nous faisons plus que nous souvenir de la Cène ou de la passion : le Christ ressuscité est présent parmi nous avec toutes ses actions dalors et il nous y fait communier. Cest dans ce sens plus profond que nous faisons mémoire et que la messe est un mémorial. Parfois on utilise léquivalent grec anamnèse. 

Réflexions matinales sur le lavement des pieds.

4 avril, 2007

du Blog:

http://giboulee.blogspot.com/2006/04/lavement-des-pieds-et-buisson-ardent.html  Lavement des pieds et buisson ardent. 

Catherine Lestang  jeudi 13 avril 2006 Jeudi Saint. 

Réflexions matinales sur le lavement des pieds.  Quand Jésus lave les pieds des disciples il fait un geste bien différent du lavage des mains des pharisiens avant de prendre le repas, tout repas. Il enseigne quelque chose et il révèle qui Il est. Ce geste m’a fait penser à ce qui se passe pour Moïse: « enlève tes sandales car le sol que tu foules est saint » quand il s’approche de ce buisson qui brûle sans se consumer. D’une certaine manière, c’est ce qui va se passer pour Jésus qui semble brûlé par la passion, mais qui redevient autrement vivant après la résurrection. Jésus temple de la présence de l’Esprit est le buisson ardent. 

Et ce qu’Il va créer au cours de ce repas, même si ce n’est pas rapporté par Jean, c’est bien aussi de donner quelque chose qui ne se consume (consomme) pas, qui d’une certaine manière ne se dégrade pas, qui demeure.  Le buisson ardent, c’était le signe de la « présence de YHWH », et ne pas se consumer est totalement en opposition avec les lois de notre univers. Pour Jésus il en va de même. Si on admet qu’Il se rend présent sous ces espèces du pain azyme et du vin, il est bien présence de Dieu parmi les hommes et le fait de la purification est une nécessité pour les humains que nous sommes. Mais là c’est Jésus qui initie le geste, ce qui change peut-être la donne. C’est Lui qui introduit dans un lieu où la vie est présente. 

Pour en revenir à ce geste, il me semble qu’il délimite un dedans et un dehors ou un avant et un après. Pour pénétrer dans le dedans qui va être comme révélation de la présence de dieu (du divin), un geste est nécessaire. A la limite ce lavement des pieds est presque une sorte de baptême (d’ailleurs c’est ce que demande Pierre); le contact de l’eau, mais surtout de Jésus rend pur (comme le lépreux est purifié par le contact avec Jésus).  Avant de rentrer dans le sanctuaire, le saint des saints, le grand prêtre doit procéder à toute une série de purifications pour lui. Or Jésus n’a pas besoin de cela. Mais ceux qui seront ses lieu- tenants en ont besoin, même s’ils ne comprennent pas. 

Ce geste accompli par Jésus renvoie au symbolisme de toute purification. Laver les pieds, enlever la poussière ramassée sur la route, les cailloux, nettoyer peut-être les blessures occasionnées par la marche. Cela peut aussi s’entendre comme « entrer en laissant dehors les scories de la vie », lâcher les préoccupations qui nous prennent la tête, à défaut des pieds. Il s’agit d’évacuer toutes ces préoccupations qui nous encombrent, tout ce faire, tout cet agir, qui nous remplissent en permanence, qui font comme une carapace rigide qui nous empêche de bouger, d’être vivants.  Mais il y a aussi les mots de Jésus pour commenter ce geste : « vous m’appelez maître et Seigneur et vous avez raison… vous devez vous laver les pieds les uns les autres ». Jésus qui a été le roi d’un jour en entrant à Jérusalem, affirme qu’il est à la fois maître (rabbi, savant, enseignant, initiateur, éveilleur) et Seigneur, c’est-à-dire Chef, lui qui est d’origine populaire, qui n’est pas oint par les autorités. 

Et pour entrer dans cet autre lieu il faut être purifié par Lui, mais aussi renoncer aux prérogatives du pouvoir, du « être servi ».  Si l’on repense à la demande des fils de Zébédée juste après la transfiguration, c’est bien cela le désir caché des apôtres et le nôtre si nous sommes un peu objectifs! C’est peut-être aussi parce que Judas a compris que cela ne sera pas, qu’il se décide à partir, à trahir. 

Alors une fois ce geste fait, la reprise du repas peut se faire, mais même si Jean ne le dit pas, la tonalité est autre, comme si c’était une autre table, un autre repas. Un repas c’est un partage. Ce repas là est par définition un mémorial. On va passer d’un mémorial de libération de l’esclavage en Egypte à un autre mémorial, une autre libération.  Il y a le partage du pain, le pain azyme; (pain du pauvre, du fuyard, rappel de la manne) et le partage de la coupe (sang répandu sur les linteaux qui permet à Israël d’échapper à la perte de sa descendance). Ce soir là, c’est comme séparé. Mais bientôt cela va être réuni dans un corps qui se donne et qui se vide, qui perd son esprit. 

Le faire mémoire remplace le mémorial de Moïse. Mais cela ne devient réellement plénitude que dans l’après coup de la résurrection, où ce qui est séparé, mortel et signe de mort redevient vie.  Là l’important c’est que comme dans une sorte de testament Jésus donne une tâche, un « faire » à ceux qui sont ses frères. Et cela est facteur d’union, alors que la désunion est sur le point de se produire. Peut-être faut-il aussi pour rester un peu dans la problématique du buisson ardent, présence de Dieu parmi les hommes, prendre ce mémorial comme la réalisation de l’amour qui unit, qui donne vie, comme le pain et le vin (sang) qui vont devenir la nourriture permettant d’accéder au divin.  

Jean-Paul II dans la « maison du Père » : certitude de Benoît XVI

4 avril, 2007

du site Zenith: 

2007-04-03 

Jean-Paul II dans la « maison du Père » : certitude de Benoît XVI 

Homélie, messe de suffrage 

ROME, Mardi 3 avril 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI affirme qu’il est « certain » de la présence de Jean-Paul II « dans la Maison du Père », et qu’il « s’est véritablement endormi dans le Seigneur ».

Le pape Benoît XVI a présidé une messe en mémoire du serviteur de Dieu Jean-Paul II, le lundi 2 avril à 17 h 30, place Saint-Pierre à l’occasion du deuxième anniversaire de la mort du pape Wojtyla, décédé à 21 h 37 le 2 avril 2005 au palais apostolique du Vatican tandis que la foule l’accompagnait en priant le chapelet place Saint-Pierre.

Au début de la célébration, des jeunes ont scandé en italien « Saint tout de suite », « Santo subito ».

« Nous en sommes certains »
Dans son homélie, en commentant le psaume, le pape a affirmé sa certitude en disant : « Dans la communion des saints, il nous semble les écouter de la voix même du bien-aimé Jean-Paul II, qui de la maison du Père — nous en sommes certain — ne cesse d’accompagner le chemin de l’Eglise: «Espère le Seigneur, sois fort et prends courage; espère le Seigneur» (Ps26, 13-14). Oui, que notre cœur prenne courage, chers frères et sœurs, et qu’il brûle d’espérance! »

La route du don de nous-mêmes au Christ
« Cette invitation dans le cœur, ajoutait le pape, nous poursuivons la célébration eucharistique, en regardant déjà la lumière de la résurrection du Christ, qui brillera lors de la veillée pascale après l’obscurité dramatique du Vendredi Saint. Que le « Totus tuus » du bien-aimé pontife nous incite à le suivre sur la route du don de nous-mêmes au Christ par l’intercession de Marie, et que ce soit précisément Elle, la Vierge Sainte, qui nous l’obtienne, alors que nous confions à ses mains maternelles notre père, notre frère et notre ami afin qu’il repose en Dieu et qu’il se réjouisse dans la paix »
.

Notre action de grâce
D’emblée, Benoît XVI avait rendu grâces à Dieu pour le don de Jean-Paul II à l’Eglise et au monde en disant : « A travers cette célébration, nous voulons avant tout renouveler à Dieu notre action de grâce pour nous l’avoir donné pendant près de 27 ans, en tant que père et guide sûr dans la foi, pasteur zélé et prophète courageux d’espérance, témoin inlassable et serviteur passionné de l’amour de Dieu »
.

Témoignage éloquent
A partir du geste de l’onction de Marie de Béthanie, le pape affirmait : « Il évoque le témoignage lumineux que Jean-Paul II a offert d’un amour pour le Christ sans réserve et sans s’épargner. Le «parfum» de son amour «a empli la maison» (Jn 12, 3), c’est-à-dire toute l’Eglise. Certes, nous en avons profité, nous qui avons été proches de lui et nous en rendons grâces à Dieu, mais tous ceux qui l’ont connu de loin ont également pu en profiter, parce que l’amour du Pape Wojtyla pour le Christ s’est déversé, pourrait-on dire, dans toutes les régions du monde, tant il était fort et intense. L’estime, le respect et l’affection que les croyants lui ont exprimé à sa mort n’en sont-ils pas le témoignage éloquent? »

Intense et fructueux ministère
« C’est bien vrai: l’intense et fructueux ministère pastoral, et plus encore le calvaire de l’agonie et la mort sereine de notre bien-aimé Pape, ont fait connaître aux hommes de notre temps que Jésus Christ était véritablement son «tout». »
, insistait le pape.

Le parfum répandu dans le monde
Reprenant l’image du parfum, le pape Benoît XVI soulignait l’universalité du message de Jean-Paul II : « Le parfum de la foi, de l’espérance et de la charité du Pape emplit sa maison, emplit la Place Saint-Pierre, emplit l’Eglise et se répandit dans le monde entier. Ce qui est arrivé après sa mort a été, pour ceux qui croient, l’effet de ce «parfum» qui est parvenu à chacun, qu’il soit proche ou lointain, et qui l’a attiré vers un homme que Dieu avait progressivement configuré à son Christ. C’est pourquoi nous pouvons lui appliquer les paroles du premier Poème du Serviteur du Seigneur, que nous avons écouté dans la première Lecture: «Voici mon serviteur que je soutiens, / mon élu en qui mon âme se complaît. J’ai mis sur lui mon esprit, / il présentera aux nations le droit…» (Is 42, 1) »
.

Béatification
Le pape se réjouissait de l’avancée du procès de béatification, sous les applaudissements de la foule : «Serviteur de Dieu»: voilà ce qu’il fut et, à présent, nous l’appelons ainsi dans l’Eglise, alors qu’avance rapidement son procès de béatification, dont ce matin l’enquête sur la vie, les vertus et la réputation de sainteté a précisément été close »
.

Une participation jamais vue dans l’histoire
Mais le pape rappelait aussi la façon inouïe dont les foules ont témoigné leur attachement à Jean-Paul II après sa mort : « «Serviteur de Dieu»: un titre particulièrement approprié pour lui. Le Seigneur l’a appelé à son service sur la route du sacerdoce et il lui a ouvert peu à peu des horizons toujours plus vastes: de son diocèse jusqu’à l’Eglise universelle. Cette dimension d’universalité a atteint son sommet au moment de sa mort, un événement que le monde entier a vécu avec une participation jamais vue dans l’histoire »
.

Peu à peu dépouillé de tout
Benoît XVI indiquait la source d’une telle fécondité en disant : « La fécondité de ce témoignage, nous le savons, dépend de la Croix. Dans la vie de Karol Wojtyla la parole «croix» n’a pas été qu’un mot. Dès son enfance et sa jeunesse, il connut la douleur et la mort. En tant que prêtre et en tant qu’Evêque, et surtout Souverain Pontife, il prit très au sérieux ce dernier appel du Christ ressuscité à Simon Pierre, sur la rive du lac de Galilée: «Suis-moi… Mais toi, suis-moi» (Jn 21, 19.22). En particulier avec la progression lente, mais implacable, de la maladie, qui l’a peu à peu dépouillé de tout, son existence est entièrement devenue une offrande au Christ, annonce vivante de sa passion, dans l’espérance remplie de foi de la résurrection »
.

Pour le conduire à la maison du Père
« Son pontificat s’est déroulé sous le signe de la «prodigalité», du don généreux sans réserve, continuait Benoît XVI. Qu’est-ce qui le soutenait, si ce n’est l’amour mystique pour le Christ, pour Celui qui, le 16 octobre 1978, l’avait fait appeler, selon les paroles du cérémonial: «Magister adest et vocat te — Le Maître est ici et il t’appelle»? Le 2 avril 2005, le Maître revint l’appeler, cette fois sans intermédiaire, pour le conduire à la maison, à la maison du Père. Et Lui, encore une fois, répondit promptement avec un cœur courageux, et murmura: «Laissez-moi aller au Seigneur» (cf. S. Dziwisz, « Une vie avec Karol », p. 223) »
.

Véritablement endormi dans le Seigneur
Benoît XVI citait le testament de Jean-Paul II en indiquant comment le « départ » a été préparé au fil des ans : « Il se préparait depuis longtemps à cette dernière rencontre avec Jésus, comme le montrent les diverses rédactions de son Testament. Au cours des longues stations dans sa Chapelle privée il parlait avec Lui, s’abandonnant totalement à sa volonté, et il se confiait à Marie, en répétant : « Totus tuus ». Comme son divin Maître, il a vécu son agonie en prière. Au cours du dernier jour de sa vie, veille du Dimanche de la Divine Miséricorde, il demanda qu’on lui lise précisément l’Evangile de Jean. Avec l’aide des personnes qui l’assistaient, il voulut prendre part à toutes les prières quotidiennes et à la Liturgie des Heures, suivre l’adoration et la méditation. Il est mort en priant. Il s’est véritablement endormi dans le Seigneur  

le mercredi saint – 4.4.07

3 avril, 2007

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque, docteur de l’Église
Sermon 45, 23-24 ; PG 36, 654 C – 655 D (trad. Orval)

« Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »

Nous allons participer à la fête de Pâques. Nous le ferons maintenant encore de manière symbolique, mais plus clairement déjà que sous l’ancienne Loi, car cette Pâque-là était, si j’ose dire, une image obscure du symbole lui-même…
Prenons part à cette fête rituelle de manière évangélique et non littérale, de façon parfaite et non inachevée, pour l’éternité et non pour un instant. Prenons comme capitale, non pas la Jérusalem terrestre, mais la cité céleste, non celle qui est maintenant foulée aux pieds par les armées, mais celle qui est magnifiée par les anges. Sacrifions, non pas de jeunes taureaux ni des béliers portant cornes et sabots (Ps 68,32), plus morts que vivants et dépourvus d’intelligence, mais offrons à Dieu un sacrifice de louange (Ps 49,14) sur l’autel céleste en union avec les choeurs du ciel. Écartons le premier voile, avançons-nous jusqu’au second et portons nos regards vers le Saint des saints. Je dirai davantage : immolons-nous nous-mêmes à Dieu ; mieux, offrons-lui chaque jour chacun de nos mouvements. Acceptons tout à cause du Verbe. Montons avec empressement sur la croix : ses clous sont doux, même s’ils sont extrêmement douloureux. Mieux vaut souffrir avec le Christ et pour le Christ que de vivre dans les délices avec d’autres.

Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis le Christ. Si tu es crucifié avec lui comme un larron, fais comme le bon larron : reconnais Dieu… Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le corps à celui qui l’a fait crucifier ; fais tienne la purification du monde. Et si tu es Nicodème, ce serviteur nocturne de Dieu, viens ensevelir ce corps et le parfumer avec de la myrrhe. Si tu es l’une ou l’autre Marie ou Salomé ou Jeanne, pleure dès le point du jour. Sois le premier à voir la pierre du tombeau enlevée, peut-être même les anges ou Jésus en personne.

PAQUE JUIVE ET PAQUE CHRETIENNE

3 avril, 2007

texte du 2005 mais vraiment interessant, du site:

http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/dialogue/paque.html

texte du 2005

PAQUE JUIVE ET PAQUE CHRETIENNE

Frédéric Manns

Le calendrier de 2005 a distancé la Pâque chrétienne de la Pâque juive, ce qui rendra difficile pour certains chrétiens de saisir les racines juives de la Pâque de Jésus. LEglise qui oriente sa réflexion sur leucharistie durant cette année a tout intérêt à relire le récit du dernier repas de Jésus dans le contexte biblique du repas dalliance au Sinaï.

Des communautés chrétiennes de plus en plus nombreuses veulent célébrer la Pâque de Jésus en la resituant dans le texte liturgique de la haggadah juive. Or le récit actuel utilisé par les communautés juives pour célébrer la sortie dEgypte est tardif et, en partie, polémique. Le véritable milieu du dernier repas de Jésus est probablement celui des repas dadieu des Patriarches, ce qui lui donne une dimension universaliste bien plus garnde. Bien plus les paroles de Jésus prononcées sur la coupe de vin renvoient à l’événement fondateur du Sinaï : « Ceci est la coupe de mon sang, le sang de lalliance nouvelle et éternelle ».J

ésus renvoie au texte dExode 24,3-8 quand il célèbre le mémorial nouveau quil transmet aux siens. Sous forme de signe il se rattache au sacrifice et au repas qui après la sortie dEgypte ont scellé lalliance de Dieu avec son peuple. Au cours de ce sacrifice qui était un sacrifice de communion les associés du pacte partageaient rituellement le sang versé pour sceller les liens entre eux et Dieu. Moïse avait pris la moitié du sang pour en asperger lautel. Avec lautre moitié il avait aspergé le peuple.

Avec lalliance un ordre nouveau est instauré : les représentants du peuple montent sur la montagne qui est lhabitation de Dieu sans perdre la vie. Depuis quil avait péché lhomme ne pouvait plus voir Dieu et rester en vie. Au Sinaï Moïse et les anciens entrent dans la familiarité divine. Il sont invités à la table de Dieu. Cette convivialité est la forme la plus achevée de lintimité entre Dieu et lhomme (Is 25,6).C

est à cette page biblique que Jésus se réfère pour instaurer par sa passion un ordre nouveau dont leucharistie est le signe.

Comme les Patriarches de la première alliance, Jésus avant de mourir a rassemblé ses disciples autour dun repas dadieu. Il va leur léguer leucharistie qui est lalliance dans son sang et leur demande de la célébrer jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit instauré (Lc 22,18). Jésus introduit ses disciples dans la familiarité de Dieu et fait des douze le reste dIsraël et, à travers eux, la multitude des croyants, le nouveau peuple de lalliance. Jésus les invite à le reconnaître dans le pain partagé. Il met ainsi en place la communauté des croyants qui en partageant ce pain constitue la famille des invités quil appelle son Eglise.Mieux que le repas du seder pascal, le repas d

alliance inaugure un nouveau mode de présence aux disciples. Alors quil retourne vers le Père Jésus reste présent dans le pain partagé en son nom. La fraction du pain signifie la communion dans le partage et lunité.

Nourris au corps du Ressuscité qui donne lEsprit, les chrétiens vivent de lattente de la venue de Jésus. La marche de lEglise est ainsi nourrie de la manne nouvelle qui soutient le peuple durant sa route jusquau retour du Maître. Alors Dieu convoquera les nations au festin messianique lors de la manifestation plénière du Règne.Un monde ancien sachève avec la mort du Christ. Un monde nouveau qui naît dans la douleur commence avec sa Résurrection. Une nouvelle histoire commence. Elle est transfigurée par la présence réelle de Jésus. Les chrétiens de terre sainte, ce petit reste négligeable, en sont les témoins.

Dimanche des Rameaux : Homélie de Benoît XVI

3 avril, 2007

du site Zenith:

Dimanche des Rameaux : Homélie de Benoît XVI

Le pape encourage les jeunes à ne pas se contenter de ce que dit le monde, mais à chercher Dieu

ROME, Lundi 2 avril 2007 (ZENIT.org) Nous publions ci-dessous le texte intégral de lhomélie que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de la messe du Dimanche des Rameaux qui coïncidait avec la XXIIe Journée mondiale de la Jeunesse célébrée au niveau des diocèses sur le thème : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ».

Chers frères et soeurs,

Dans la procession du Dimanche des Rameaux nous nous associons à la foule des disciples qui, dans une joyeuse fête, accompagnent le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour tous les prodiges que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et nous voyons encore les prodiges du Christ : comment Il conduit des hommes et des femmes à renoncer aux commodités de leur vie et à se mettre totalement au service des personnes souffrantes ; comment Il donne le courage à des hommes et des femmes de sopposer à la violence et au mensonge, pour laisser la place à la vérité dans le monde ; comment, dans le secret, Il conduit des hommes et des femmes à faire du bien aux autres, à susciter la réconciliation là où régnait la haine, à bâtir la paix là où régnait linimitié.

La procession est avant tout un joyeux témoignage que nous rendons à Jésus Christ, à travers lequel le Visage de Dieu nous a été rendu visible et grâce auquel le cœur de Dieu est ouvert pour chacun de nous. Dans lEvangile de Luc, le récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie exactement sur le modèle du rite du couronnement par lequel, selon le Premier Livre des Rois, Salomon fut institué comme héritier de la royauté de David (cf. 1R 1, 33-35). Ainsi, la procession des Rameaux est également une procession du Christ Roi : nous professions la royauté de Jésus Christ, nous reconnaissons Jésus comme le Fils de David, le vrai Salomon le Roi de la paix et de la justice. Le reconnaître comme Roi signifie : laccepter comme Celui qui nous indique le chemin, à qui nous faisons confiance et que nous suivons. Cela signifie accepter jour après jour sa parole comme critère valable pour notre vie. Cela signifie voir en Lui lautorité à laquelle nous nous soumettons. Nous nous soumettons à lui parce que son autorité est lautorité de la vérité.

La procession des Rameaux est comme ce jour-là pour les disciples avant tout une expression de joie parce que nous pouvons connaître Jésus, parce quIl nous accorde d’être ses amis et parce quil nous a donné la clé de la vie. Cette joie, qui existe au début, est cependant aussi lexpression de notre « oui » à Jésus et de notre disponibilité à aller avec Lui où il nous conduit. Lexhortation qui était aujourdhui au début de notre liturgie interprète par conséquent à juste titre la procession également comme représentation symbolique de ce que nous appelons « la suite du Christ » : « nous demandons la grâce de le suivre », avons-nous dit. Lexpression « suite du Christ » est une description de la vie chrétienne tout entière en général. En quoi consiste-t-elle ? Que signifie concrètement « suivre le Christ » ?

Au départ, avec les premiers disciples, le sens était beaucoup plus simple et immédiat : cela signifiait que ces personnes avaient décidé de laisser leur profession, leurs affaires, leur vie tout entière pour partir avec Jésus. Cela signifiait entreprendre une nouvelle profession : celle de disciple. Le contenu fondamental de cette profession était daller avec le maître, se placer totalement sous sa conduite. Ainsi, la suite du Christ était une chose extérieure et dans le même temps, très intérieure. Laspect extérieur était le fait de marcher derrière Jésus lors de ses pèlerinages à travers la Palestine ; laspect intérieur était la nouvelle orientation de la vie, qui navait plus comme points de référence les affaires, le métier qui procurait de quoi vivre, la volonté personnelle, mais qui sabandonnait totalement à la volonté dun Autre. Etre à sa disposition était désormais devenu une raison de vivre. Quelques scènes de lEvangile nous donnent une idée très claire du renoncement au bien propre et du détachement par rapport à soi-même, que cela comportait.

Mais cela révèle aussi ce que signifie la suite du Christ pour nous et quelle est sa véritable essence pour nous : il sagit dun changement intérieur de lexistence. Cela exige que je ne sois plus enfermé dans mon moi, considérant mon propre épanouissement comme ma principale raison de vivre. Cela exige que je me donne librement à un Autre pour la vérité, pour lamour, pour Dieu qui, en Jésus Christ me précède et mindique le chemin. Il sagit de la décision fondamentale de ne plus considérer lutilité et le gain, la carrière et le succès comme but ultime de ma vie, mais de reconnaître en revanche la vérité et lamour comme critères authentiques. Il sagit du choix entre vivre uniquement pour moi-même ou me donner pour la chose la plus grande. Et il faut bien considérer que la vérité et lamour ne sont pas des valeurs abstraites ; en Jésus Christ elles sont devenues personne. En Le suivant, jentre au service de la vérité et de lamour. En me perdant je me retrouve.

Revenons à la liturgie et à la procession des Rameaux dans laquelle la liturgie prévoit comme chant le Psaume 23 (24) qui était également en Israël un chant de procession utilisé lors de la montée sur le mont du temple. Le Psaume interprète la montée intérieure dont la montée extérieure est limage et nous explique ainsi une fois encore ce que signifie monter avec le Christ : « Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? » demande le Psaume qui indique deux conditions essentielles. Ceux qui montent et veulent véritablement atteindre les hauteurs, arriver jusqu’à la vraie hauteur, doivent être des personnes qui sinterrogent sur Dieu ; des personnes qui scrutent autour delles pour chercher Dieu, pour chercher son Visage. Chers jeunes amis combien cela est important précisément aujourdhui : ne pas se laisser entraîner ici et là dans la vie ; ne pas se contenter de ce que tout le monde pense, dit et fait. Scruter Dieu et chercher Dieu. Ne pas laisser la question sur Dieu se dissoudre dans nos âmes. Le désir de ce qui est plus grand. Le désir de Le connaître son Visage

Lautre condition très concrète pour la montée est la suivante : celui qui a « les mains innocentes et le cœur pur » peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes, ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne sont pas salies par la corruption, par des pots de vins. Un cœur pur – quand le coeur est-il pur ? Un cœur est pur lorsquil ne fait pas semblant, ne se tache pas de mensonge ou dhypocrisie. Cest un cœur qui demeure transparent comme leau vive, parce quil ne connaît pas la duplicité. Un cœur est pur lorsquil ne s’égare pas dans livresse du plaisir ; cest un cœur dont lamour est vrai et pas seulement la passion dun moment. Des mains innocentes et un cœur pur : si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle lhomme est destiné : lamitié avec Dieu lui-même.

Le psaume 23 (24) qui parle de la montée, se termine par une liturgie dentrée devant la porte dentrée du temple : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! ». Dans lancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, lorsque le prêtre était arrivé devant l’église, il frappait vigoureusement avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée qui souvrait alors. C’était une belle image du mystère de Jésus Christ lui-même qui, avec le bois de sa croix, par la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu ; du côté dun monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Par sa croix Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de lautre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix : il frappe aux portes du monde, aux portes de nos coeurs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi : si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à touvrir à Lui ; si la parole de lEcriture et le message de lEglise te laissent indiffèrent alors regarde-moi, regarde le Dieu qui a souffert pour toi, qui souffre personnellement avec toi vois que je souffre par amour pour toi, ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

Tel est lappel quen cette heure nous laissons pénétrer dans notre cœur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre cœur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie. Amen.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

Selon le P. Heyndrickx, « l’Eglise de Chine a besoin d’une nouvelle Pentecôte

3 avril, 2007

du site Zenith: 

2007-04-02

Selon le P. Heyndrickx, « l’Eglise de Chine a besoin d’une nouvelle Pentecôte »

ROME, Lundi 2 avril 2007 (ZENIT.org) Selon le P. Jeroom Heyndrickx, « lEglise de Chine a besoin dune nouvelle Pentecôte », indique « Eglises dAsie », lagence de missions étrangères de Paris (EDA 460, eglasie.mepasie.org).

A quelques semaines de la publication de la lettre que le pape Benoît XVI a rédigée à lintention des catholiques de Chine, le P. Jeroom Heyndrickx sest rendu en Chine populaire où il a, notamment, rencontré Mgr Francis An Shuxin, l’évêque auxiliaire du diocèse de Baoding, dans la province du Hebei, qui a accepté, après onze années de détention, dexercer son ministère au grand jour (1). Selon le P. Heyndrickx, directeur du Centre Ferdinand Verbiest à luniversité de Louvain, en Belgique, et observateur attentif des réalités de lEglise de Chine, les catholiques chinois attendent avec impatience de prendre connaissance de la lettre du pape. Cet événement devrait ouvrir une nouvelle page de lhistoire de leur Eglise et seule « une nouvelle Pentecôte » permettra aux « officiels » comme aux « clandestins » de dépasser les blessures nées du passé et de parvenir à lunité. Cest par une lettre du 22 mars dernier, diffusée en chinois et en anglais, que le P. Heyndrickx a fait connaître son point de vue.

A lissue de la rencontre à haut niveau qui a eu lieu au Saint-Siège en janvier dernier, le pape a annoncé quil rédigeait une lettre à ladresse de lEglise de Chine. Ce texte, qui sera rendu public en chinois, en anglais et en italien, devrait paraître quelque temps après Pâques. Le P. Heyndrickx rappelle lenjeu de cette lettre. Il nest pas tant diplomatique quecclésial. Lenjeu diplomatique est connu : labsence de relations diplomatiques rend problématique la nomination des évêques, à lheure où près de la moitié des sièges épiscopaux en Chine sont vacants. Lenjeu ecclésial, souligne le P. Heyndrickx, est sans doute aussi, sinon plus important : il consiste à apporter des réponses à des questions que les catholiques chinois se posent et, par les réponses que le pape apportera dans sa lettre pastorale, cest « une nouvelle phase de lEglise de Chine » qui souvrira.

Sil est question dunité dans lEglise de Chine, le P. Heyndrickx met en avant le fait que la question la plus urgente à résoudre est celle de la participation des catholiques « officiels » et des catholiques « clandestins » à la même table eucharistique. Le débat est ancien, rappelle le prêtre belge, et, depuis les années 1980, des avis divergents existent sur le fait de savoir si des catholiques chinois peuvent ou non prendre part à une célébration eucharistique présidée par un membre « officiel » du clergé. Des anathèmes ont été échangés au sein des communautés catholiques de Chine et, aujourdhui encore, des prêtres « clandestins » interdisent à leurs fidèles de recevoir les sacrements des mains du clergé « officiel ». Ils justifient leur position en citant la « Directive en huit points » publiée en 1988 par le cardinal Josef Tomko, texte où il est écrit que « la communion sacramentelle » (communicatio in sacris) avec les évêques (ou le clergé) membres de lAssociation patriotique des catholiques chinois doit être évitée (2). Ce texte nayant jamais été contredit par les autorités de lEglise, « relativement peu de catholiques clandestins ont répondu positivement aux appels répétés du pape Jean-Paul II à la réconciliation ». Le P. Heyndrickx fait part du désarroi de Mgr Francis An, qui lui a expliqué avoir accepté de « faire surface » par fidélité aux appels à la réconciliation de Jean-Paul II mais qui se trouve aujourdhui vigoureusement critiqué par une partie de ses prêtres. « Après des décennies de dispute à lintérieur de lEglise de Chine au sujet des célébrations eucharistiques communes, seul le pape a lautorité nécessaire pour apporter une réponse libératoire » aux questions posées par ces divisions, écrit le P. Heyndrickx.

La lettre du pape portera un appel à lunité, mais dans quelle mesure lEglise de Chine est-elle capable dentendre cet appel et dy apporter une réponse positive, sinterroge le P. Heyndrickx. Aujourdhui, chacun attend du pape une confirmation de lattitude quil a choisie. Les « officiels » pour s’être engagés sur la voie de la collaboration avec les autorités et les « clandestins » pour être demeurés fidèles envers et contre tout. Au sein de chacun de ces groupes, « nombreux sont ceux qui sont prêts pour la réconciliation, mais dautres ne le sont pas », écrit le P. Heyndrickx.

Au sein de nombreuses familles et communautés, les blessures du passé sont encore à vif. Les souffrances et les humiliations des années de persécution remontent aujourdhui à la surface et les sites Internet de catholiques de Chine sont pleins de documents et de témoignages à ce sujet. Le P. Heyndrickx cite des « clandestins » qui entendent les appels à la réconciliation, mais qui se sentent proches des ouvriers de la première heure qui ont souffert le feu des persécutions alors que, désormais, lEglise préférerait les ouvriers de la onzième heure (Matthieu 20). La réconciliation est lattitude à laquelle les appelle lEvangile, mais ils ressentent comme une injustice terrible le fait que leurs souffrances pourraient passer aux « poubelles de lhistoire ».

Dans les communautés « officielles », poursuit le P. Heyndrickx, les catholiques peuvent être enclins à percevoir les appels à la réconciliation comme un appel adressé aux « clandestins » pour les rejoindre « au grand jour ». Ils perçoivent les « clandestins » comme le fils prodigue qui retourne vers la maison du père, sans voir que ces mêmes « clandestins » considèrent que ce sont les « officiels » qui sont comme le fil prodigue qui doit faire le pas de revenir vers le père. Pourtant, estime le P. Heyndrickx, ce nest pas la parabole du fils prodigue qui est adaptée à la situation présente. LEglise de Chine est plutôt comparable à la communauté des apôtres après la Résurrection. « Chaque apôtre a réagi à sa manière lorsque Jésus a été arrêté, condamné, puis crucifié. Certains ont sans doute continué à croire dans le secret de leur cœur. Dautres ont douté et n’étaient pas fiers davoir fui. Beaucoup ne disaient rien, réunis au Cénacle, et je suppose que Pierre ne disait rien du tout », écrit le missionnaire belge.

Sachant le Christ ressuscité, les apôtres prient avec Marie au Cénacle, dans lattente de lEsprit-Saint, le souffle qui leur permettra d’être unis et de dépasser leurs faiblesses passées. Les communautés chrétiennes en Chine sont aujourdhui dans le même état desprit ; la lettre pastorale que le pape finit de mettre au point leur rappellera la présence du Christ ressuscité dans leur Eglise, conclut le P. Heyndrickx. « Une nouvelle Pentecôte unira ceux qui sont divisés et guérira ceux qui sont blessés. » Quant aux autorités chinoises, leur responsabilité est grande. Elles ont autant sinon plus dintérêts que les catholiques à voir les divisions perdurer, écrit en substance le P. Heyndrickx, mais il est possible de les prendre au mot, elles qui promeuvent sans cesse « une société harmonieuse ».

Il semble que ces mêmes autorités chinoises attendent avec une certaine nervosité la publication de la lettre du pape. Si Rome insiste sur la dimension pastorale de cette lettre, le gouvernement chinois ne lenvisage pas du même angle. Des informations concordantes indiquent que des ordinations épiscopales qui devaient avoir lieu au début de cette année ont été reportées à une date ultérieure, le gouvernement chinois attendant la publication de cette lettre pour décider de sa réaction.

(1) Voir EDA 447, 453
(2) Voir EDA 56. Le 3 octobre 1988, à l’issue d’un travail de deux années, le cardinal Tomko, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a rédigé un document confidentiel destiné à tous les évêques et supérieurs du monde entier. Comportant huit points, ce texte, tout en conseillant d’entretenir avec l’Eglise de Chine des relations de charité fraternelle, précisait que le Saint-Siège ne reconnaissait pas l’Association patriotique. Les directives demandaient clarté et charité dans les relations avec l’Eglise de Chine. Clarté : il ne peut y avoir d’Eglise catholique sans le pape, successeur de saint Pierre. Charité : les personnes adoptant des positions erronées sont souvent victimes de pressions insurmontables et demandent à être comprises. Tout en étant fermes doctrinalement, ces directives tenaient compte pour la première fois d’un groupe intermédiaire de chrétiens fidèles qui acceptent une certaine collaboration avec l’Association patriotique. Elles précisaient ainsi qu’il était autorisé d’envoyer des candidats dans les séminaires « officiels » en l’absence d’autre moyen satisfaisant de les préparer au sacerdoce. Les responsables de l’Association patriotique réagirent à ce texte en signifiant à leurs visiteurs que Rome devait l’annuler. Les « clandestins » y trouvèrent un réconfort moral (voir le Dossier publié en avril 1990 en supplément d’EDA 85).

commentaire à l’évangile du jour – 3.4.07

2 avril, 2007

du site EAQ:

Saint Léon le Grand (? – vers 461), pape et docteur de l’Église
Sermon 3 sur la Passion, 4-5 ; PL 54, 320-321 (trad. cf Orval et SC 74 bis p. 59)

C’étaient nos souffrances qu’il portait » (Is 53,4)

Le Seigneur s’est revêtu de notre faiblesse pour recouvrir notre inconstance de la fermeté de sa force. Il était venu du ciel en ce monde comme un marchand riche et bienfaisant, et, par un admirable échange avait conclu un marché : prenant ce qui était à nous, il nous accordait ce qui était à lui ; pour ce qui faisait notre honte il donnait l’honneur, pour les douleurs la guérison, pour la mort la vie…

Le saint apôtre Pierre a fait le premier l’expérience de combien cette humilité a été profitable à tous les croyants. Ébranlé par la tempête violente de son trouble, il est revenu à lui par ce brusque changement, et a retrouvé sa force. Il avait trouvé le remède dans l’exemple du Seigneur… Le serviteur en effet « ne pouvait pas être plus grand que son seigneur ni le disciple que son maître » (Mt 10,24), et il n’aurait pas pu vaincre le tremblement de la fragilité humaine si le vainqueur de la mort n’avait d’abord tremblé. Le Seigneur donc a regardé Pierre (Lc 22,61) ; au milieu des calomnies des prêtres, des mensonges des témoins, des injures de ceux qui le frappaient et le bafouaient, il a rencontré son disciple ébranlé avec ces yeux qui avaient vu son trouble d’avance. La Vérité l’a pénétré de son regard là où son coeur avait besoin de guérison. C’était comme si la voix du Seigneur s’y était fait entendre pour lui dire : « Où vas-tu, Pierre ? Pourquoi te retirer en toi-même ? Reviens à moi, fais-moi confiance et suis-moi. Ce temps-ci est celui de ma Passion, l’heure de ton supplice n’est pas encore venue. Pourquoi craindre maintenant ? Toi aussi tu surmonteras. Ne te laisse pas déconcerté par la faiblesse que j’ai prise. C’est à cause de ce que j’ai pris de toi que j’ai tremblé, mais toi, sois sans crainte à cause de ce que tu tiens de moi. »

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