Ephrem, écrits – Discours sur l’enfantement de la Vierge

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Ephrem, écrits – Discours sur l’enfantement de la Vierge

SIX HYMNES SUR LA VIRGINITÉ

I. Sur la mélodie: la fiancée du roi


1. O corps, dépouille le vieil homme, qui n’est que laideur
afin qu’il n’ab
îme pas encore cette nouveaut
é
dont tu t’es revêtu lors du baptê
me.
Car ce serait faire montre d’ingratitude,
car ce serait inverser le remboursement de la dette
si le vieil homme, m
ême renouvelé, devait encore t’abî
mer.
Corps,
é
coute mon conseil!
D
épouille-le par ta conduite (Ep 4,22
)
afin que ce ne soit pas lui qui se rev
ê
te de toi par ses habitudes!

Répons: Par tous les saints sur la terre comme au ciel -
louange soit rendue au P
è
re, au Fils et au saint Esprit!

2. Voici que notre Seigneur a renouvelé ta vétusté par le baptême,
Lui, l’Artisan de la vie qui avec son Sang
S’est fa
çonné
et construit un temple pour y habiter;
il ne faut donc pas qu’
à
sa place
le vieil homme habite dans le nouveau temple.
Corps, si tu laisses Dieu habiter en ton temple,
tu deviendras toi-m
ê
me son palais royal.

3. Voici l’homme mis en accusation
par ce que l’
É
criture enseigne et la nature proclame;
son p
éché est placé
entre les deux.
Car si (le p
éché) sé
duit quelqu’un qui ignore la Loi,
c’est la nature qui l’accusera (
Rm 2,4
)
et s’il s
éduit quelqu’un qui connaî
t la Loi,
c’est l’
Écriture qui le ré
primandera.
Satan nous cause des blessures,
et nature et
Écriture nous gué
rissent;
faisant suite au p
éché
, les remords se font jour.

4. (Nature et Loi) ont méprisé celui qui s’est rebellé,
et elles ont pans
é celui qui a fait pé
nitence;
aujourd’hui encore elles accusent les r
évolté
s
et gu
érissent le pé
nitent.
Car elles s’
é
tendent aussi loin que ce malin unique
qui retrouve sa jeunesse
à chaque géné
ration,
qui s’attache
à tout homme et à
toute heure est nuisible.
Elles aussi s’attachent
à
tout homme,
restent jeunes
à chaque géné
ration
et
à toute heure sont pré
sentes.

5. Écoute la nature et la Loi parler de sa prostitution effrénée
car sous la Loi, ce peuple s’est d
ébauch
é
contre la Loi; mais les peuples païens ont changé
leur nature
et ils se sont r
énové
s contre la nature.
La nature et la Loi accusent (le peuple de la Loi)
d’
ê
tre le perturbateur qui corrompt leur ordre.

6. Le malin a sournoisement détourné les paresseux du mariage
sous le couvert de la doctrine chr
é
tienne.
Et quand ils
étaient arrivés ensuite à
mi-chemin,
il a plac
é derriè
re eux la honte de la chute
et devant eux il a plac
é la beauté
sensuelle
qui est le filet (o
ù se prend) le hideux dé
sir.
Comme ils rougissent de revenir au stade du mariage
ils tombent alors dans les rets du p
éché
.

7. O corps, ne chasse pas la virginité
qui est descendue dans notre pays
et qui s’est
établie parmi nous comme une étrangè
re.
Si quelqu’un l’expulse et d
é
truit son nid,
son aile aussit
ôt l’élèvera dans les hauteurs cé
lestes
parce qu’elle ne peut reconstruire le nid d
é
truit.
Elle est un oiseau des hauteurs c
é
lestes
qui ne peut vieillir que dans un seul nid.
Et s’il quitte brusquement le nid, c’est pour toujours.

8. Et quand l’amie des anges s’est envolée,
alors entre le compagnon des d
é
mons,
le d
ésir, ennemi de la virginité
,
que Joseph avait chass
é (Gn 39,12
) .
Car la virginit
é
est l’amie des anges
elle s’
élève à
la hauteur des anges
et qui ne pleurerait pas en voyant entrer
et s’installer
à la place de cette amie de la paix le fougueux dé
sir ?

9. Si un brigand t’enlève et découvre ta pudeur dans le désert
(
Dt 22,25
)
la violence de l’impur prouve que tu demeures chaste,
comme Sara resta chaste dans les bras de Pharaon (
Gn 12,15
) .
Comme elle n’avait pas forniqu
é de sa propre volonté
,
la volont
é s’est faite prê
tre qui purifie de son hysope
celles qui sont souill
é
es par violence.

10. Crains le vin qui dévêtit le vénérable Noé (Gn 9,21) ,
vainqueur de sa g
éné
ration.
Celui qui put vaincre l’inondation
fut vaincu par une gorg
é
e de vin
et celui qu’au dehors le d
éluge ne put ré
duire,
le vin l’a r
éduit inté
rieurement.
Le vin qui d
évêtit et jeta à terre Noé
,
t
ête de toutes les géné
rations,
comme il te vaincra facilement, toi qui es seule!

11. Que la jeunesse craigne le désir du vin
qui s’empara du vieux Lot!
Le vin produisit cette chose difficile,
que par son effet les femmes lui d
érobè
rent une descendance.
(
Gn 19,32
) .
Combien il pourra produire cette chose facile
que des hommes par lui d
érobent le sceau de la virginité
.
Des jeunes femmes d
érobèrent ce tré
sor au vieillard,
prot
ège des jeunes gens ton trésor, virginité
!

12. Un homme ivre de vin est moins dangereux
que celui qu’enivre un d
é
testable amour.
Les cha
î
nes solides sont pour lui fragiles,
m
éprisable le bâ
ton et faible le gourdin.
Reproche et r
é
primande traversent son oreille comme des fables.
M
ê
me l’humiliation est comme une joie pour lui,
et les crachats qu’on lui envoie au visage, une ros
é
e.

13. Car ce n’est pas à son coeur que mène le chemin des voix
qui frappent son oreille.
Car les conduits de ses oreilles restent ouverts tous les deux;
la parole entr
é
e par une oreille
sort de l’autre c
ôté
par l’autre oreille.
Et quand celui qui l’enseigne croit avoir
été
entendu,
il ne remarque pas que sa r
éprimande s’est ré
pandue au-dehors,
car dans le coeur (du p
é
cheur)
il n’y a plus de place pour l’accueillir.

14. Car le vaste sein de son esprit est plein à déborder
d’une unique goutte d’amour qui y est tomb
é
e
et y est devenue une vaste mer.
Et voici que ses pens
é
es y montent et y descendent
comme un matelot dont le bateau s’est disjoint,
et ses pens
ées errent sur les vagues des dé
sirs
comme un bateau abandonn
é
par son timonier.

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