Archive pour le 27 avril, 2007

« Tu as les paroles de la vie éternelle »

27 avril, 2007

 du site EAQ:

Concile Vatican II
Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum), § 24-26

« Tu as les paroles de la vie éternelle »

Les Saintes Ecritures contiennent la Parole de Dieu et, parce qu’elles sont inspirées, elles sont réellement la parole de Dieu ; c’est pourquoi l’étude des Saintes Lettres doit être comme l’âme de la sainte théologie. C’est aussi de la même parole de l’Ecriture que le ministère de la parole, autrement dit la prédication pastorale, la catéchèse et toute l’instruction chrétienne…est nourri de façon salutaire et trouve sa vigueur…

Le saint Concile exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens…à acquérir par la lecture fréquente des divines Ecritures « une science éminente de Jésus Christ » (Ph 3,8), car « ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » (St Jérôme). Qu’ils approchent donc de tout leur coeur le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie, qui est remplie des paroles divines, soit par une lecture priante, soit par des cours faits pour cela ou par d’autres méthodes qui, avec l’approbation et le soin qu’en prennent les Pasteurs de l’Eglise, se répandent de manière louable partout de notre temps. Mais la prière — qu’on se le rappelle — doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car « c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions ; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les révélations divines » (St Ambroise)…

Ainsi donc, par la lecture et l’étude des Livres saints, « que la Parole de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée » (2Th 3,1), et que le trésor de la révélation, confié à l’Eglise, remplisse de plus en plus les coeurs des hommes. C’est de la fréquentation assidue du mystère eucharistique que la vie de l’Eglise reçoit son développement ; de même est-il permis d’espérer une nouvelle impulsion de la vie spirituelle à partir d’un respect accru pour la Parole de Dieu, qui « demeure à jamais » (Is 40,8;1P 1,23).

Vivre d’Amour – Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face

27 avril, 2007

du site:

http://viacrucis.free.fr/prieres/index2.html

Vivre d’Amour

Au soir d’Amour, parlant sans parabole

Jésus disait : « Si quelqu’un veut m’aimer

« Toute sa vie, qu’il garde ma Parole

« Mon Père et moi viendront le visiter.

« Et de son coeur faisant notre demeure

« Venant à lui, nous l’aimeront toujours !…

« Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure

« En notre Amour ! »

Vivre d’Amour, c’est te garder Toi-Même

Verbe incrée, Parole de mon Dieu,

Ah ! tu le sais, Divin Jésus , je t’aime

L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu

C’est en t’aimant que j’attire le Père

Mon faible coeur le garde sans retour.

O Trinité ! vous êtes Prisonnière

De mon Amour !…

Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,

Roi glorieux, délice des élus.

Tu vis pour moi, caché dans une hostie

Je veux pour toi me cacher, ô Jésus !

A des amants, il faut la solitude

Un coeur à coeur qui dure nuit et jour

Ton seul regard fait ma béatitude

Je vis d’Amour !…

Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre

Fixer sa tente au sommet du Thabor.

Avec Jésus , c’est gravir le Calvaire

C’est regarder la Croix comme un trésor !…

Au Ciel je dois vivre de jouissance

Alors l’épreuve aura fui pour toujours

Mais exilée, je veux dans la souffrance

Vivre d’amour.

Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure

Sans réclamer de salaire ici-bas

Ah ! sans compter je donne étant bien sûre

Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas !…

Au Coeur Divin, débordant de tendresse

J’ai tout donné…légèrement je cours

Je n’ai plus rien que ma seule richesse

Vivre d’Amour.

Vivre d’Amour c’est bannir toute crainte

Tout souvenir des fautes du passé.

De mes péchés, je ne vois nulle empreinte,

En un instant l’amour a tout brulé…

Flamme divine, ô tres douce Fournaise !

En ton foyer je fixe mon séjour

C’est en tes feux que je chante à mon aise :

« Je vis d’Amour !… »

Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse

Semant la paix, la joie dans tous les coeurs

Pilote Aimé, la Charité me presse

Car je te vois dans les âmes mes soeurs

La Charité voilà ma seule étoile

A sa clarté je vogue sans détour

J’ai ma devise écrite sur ma voile :

« Vivre d’Amour. »

Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille

C’est le repos sur les flots orageux

Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille

J’attends en paix le rivage des cieux…

La Foi bientôt déchirera son voile

Mon Espérance est de te voir un jour

La Charitée enfle et pousse ma voile

Je vis d’Amour !…

Vivre d’Amour, c’est, ô mon Divin Maître

Te supplier de répandre tes Feux

En l’âme sainte et sacrée de ton Prêtre

Qu’il soit plus pur qu’un séraphin des cieux !…

Ah ! glorifie ton Eglise Immortelle

A mes soupirs, Jésus ne sois pas sourd

Moi son enfant, je m’immole pour elle

Je vis d’Amour.

Vivre d’Amour, c’est essuyer ta Face

C’est obtenir, des pécheurs le pardon

O Dieu d’Amour ! qu’ils rentrent dans ta grâce

Et qu’à jamais, ils bénissent ton Nom…

Jusqu’à mon coeur retentit le blasphème

Pour l’effacer, je veux chanter toujours :

« Ton Nom Sacré, je l’adore et je l’Aime

Je vis d’Amour !… »

Vivre d’Amour, c’est imiter Marie,

Baignant de pleurs, de parfums précieux,

Tes pieds divins, qu’elle baise ravie

Les essuyant avec ses longs cheveux…

Puis se levant, elle brise le vase

Ton Doux Visage elle embaume à son tour.

Moi, le parfum dont j’embaume ta Face

C’est mon Amour !…

« Vivre d’Amour, quelle étrange folie ! »

Me dit le monde, « Ah cessez de chanter,

« Ne perdez pas vos parfums, votre vie,

« Utilement, sachez les employer !… »

T’aimer, Jésus , quelle perte féconde !…

Tous mes parfums sont à toi sans retour,

Je veux chanter en sortant de ce monde :

« Je meurs d’Amour ! »

Mourir d’Amour, c’est un bien doux martyre

Et c’est celui que je voudrais souffrir.

O Chérubins ! accordez votre lyre,

Car je le sens, mon exil va finir !…

Flamme d’Amour, consume-moi sans trève

Vie d’un instant, ton fardeau m’est bien lourd !

Divin Jésus , réalise mon rêve :

Mourir d’Amour !…

Mourir d’Amour, voilà mon espérance

Quand je verrai se briser mes liens

Mon Dieu sera ma Grande Récompense

Je ne veux point posséder d’autres biens.

De son Amour je veux être embrasée

Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours

Voilà mon Ciel…voilà ma destinée :

Vivre d’Amour !!!…

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face

Ephrem, écrits – Discours sur l’enfantement de la Vierge

27 avril, 2007

 du site:

http://catho.org/

Ephrem, écrits – Discours sur l’enfantement de la Vierge

SIX HYMNES SUR LA VIRGINITÉ

I. Sur la mélodie: la fiancée du roi


1. O corps, dépouille le vieil homme, qui n’est que laideur
afin qu’il n’ab
îme pas encore cette nouveaut
é
dont tu t’es revêtu lors du baptê
me.
Car ce serait faire montre d’ingratitude,
car ce serait inverser le remboursement de la dette
si le vieil homme, m
ême renouvelé, devait encore t’abî
mer.
Corps,
é
coute mon conseil!
D
épouille-le par ta conduite (Ep 4,22
)
afin que ce ne soit pas lui qui se rev
ê
te de toi par ses habitudes!

Répons: Par tous les saints sur la terre comme au ciel -
louange soit rendue au P
è
re, au Fils et au saint Esprit!

2. Voici que notre Seigneur a renouvelé ta vétusté par le baptême,
Lui, l’Artisan de la vie qui avec son Sang
S’est fa
çonné
et construit un temple pour y habiter;
il ne faut donc pas qu’
à
sa place
le vieil homme habite dans le nouveau temple.
Corps, si tu laisses Dieu habiter en ton temple,
tu deviendras toi-m
ê
me son palais royal.

3. Voici l’homme mis en accusation
par ce que l’
É
criture enseigne et la nature proclame;
son p
éché est placé
entre les deux.
Car si (le p
éché) sé
duit quelqu’un qui ignore la Loi,
c’est la nature qui l’accusera (
Rm 2,4
)
et s’il s
éduit quelqu’un qui connaî
t la Loi,
c’est l’
Écriture qui le ré
primandera.
Satan nous cause des blessures,
et nature et
Écriture nous gué
rissent;
faisant suite au p
éché
, les remords se font jour.

4. (Nature et Loi) ont méprisé celui qui s’est rebellé,
et elles ont pans
é celui qui a fait pé
nitence;
aujourd’hui encore elles accusent les r
évolté
s
et gu
érissent le pé
nitent.
Car elles s’
é
tendent aussi loin que ce malin unique
qui retrouve sa jeunesse
à chaque géné
ration,
qui s’attache
à tout homme et à
toute heure est nuisible.
Elles aussi s’attachent
à
tout homme,
restent jeunes
à chaque géné
ration
et
à toute heure sont pré
sentes.

5. Écoute la nature et la Loi parler de sa prostitution effrénée
car sous la Loi, ce peuple s’est d
ébauch
é
contre la Loi; mais les peuples païens ont changé
leur nature
et ils se sont r
énové
s contre la nature.
La nature et la Loi accusent (le peuple de la Loi)
d’
ê
tre le perturbateur qui corrompt leur ordre.

6. Le malin a sournoisement détourné les paresseux du mariage
sous le couvert de la doctrine chr
é
tienne.
Et quand ils
étaient arrivés ensuite à
mi-chemin,
il a plac
é derriè
re eux la honte de la chute
et devant eux il a plac
é la beauté
sensuelle
qui est le filet (o
ù se prend) le hideux dé
sir.
Comme ils rougissent de revenir au stade du mariage
ils tombent alors dans les rets du p
éché
.

7. O corps, ne chasse pas la virginité
qui est descendue dans notre pays
et qui s’est
établie parmi nous comme une étrangè
re.
Si quelqu’un l’expulse et d
é
truit son nid,
son aile aussit
ôt l’élèvera dans les hauteurs cé
lestes
parce qu’elle ne peut reconstruire le nid d
é
truit.
Elle est un oiseau des hauteurs c
é
lestes
qui ne peut vieillir que dans un seul nid.
Et s’il quitte brusquement le nid, c’est pour toujours.

8. Et quand l’amie des anges s’est envolée,
alors entre le compagnon des d
é
mons,
le d
ésir, ennemi de la virginité
,
que Joseph avait chass
é (Gn 39,12
) .
Car la virginit
é
est l’amie des anges
elle s’
élève à
la hauteur des anges
et qui ne pleurerait pas en voyant entrer
et s’installer
à la place de cette amie de la paix le fougueux dé
sir ?

9. Si un brigand t’enlève et découvre ta pudeur dans le désert
(
Dt 22,25
)
la violence de l’impur prouve que tu demeures chaste,
comme Sara resta chaste dans les bras de Pharaon (
Gn 12,15
) .
Comme elle n’avait pas forniqu
é de sa propre volonté
,
la volont
é s’est faite prê
tre qui purifie de son hysope
celles qui sont souill
é
es par violence.

10. Crains le vin qui dévêtit le vénérable Noé (Gn 9,21) ,
vainqueur de sa g
éné
ration.
Celui qui put vaincre l’inondation
fut vaincu par une gorg
é
e de vin
et celui qu’au dehors le d
éluge ne put ré
duire,
le vin l’a r
éduit inté
rieurement.
Le vin qui d
évêtit et jeta à terre Noé
,
t
ête de toutes les géné
rations,
comme il te vaincra facilement, toi qui es seule!

11. Que la jeunesse craigne le désir du vin
qui s’empara du vieux Lot!
Le vin produisit cette chose difficile,
que par son effet les femmes lui d
érobè
rent une descendance.
(
Gn 19,32
) .
Combien il pourra produire cette chose facile
que des hommes par lui d
érobent le sceau de la virginité
.
Des jeunes femmes d
érobèrent ce tré
sor au vieillard,
prot
ège des jeunes gens ton trésor, virginité
!

12. Un homme ivre de vin est moins dangereux
que celui qu’enivre un d
é
testable amour.
Les cha
î
nes solides sont pour lui fragiles,
m
éprisable le bâ
ton et faible le gourdin.
Reproche et r
é
primande traversent son oreille comme des fables.
M
ê
me l’humiliation est comme une joie pour lui,
et les crachats qu’on lui envoie au visage, une ros
é
e.

13. Car ce n’est pas à son coeur que mène le chemin des voix
qui frappent son oreille.
Car les conduits de ses oreilles restent ouverts tous les deux;
la parole entr
é
e par une oreille
sort de l’autre c
ôté
par l’autre oreille.
Et quand celui qui l’enseigne croit avoir
été
entendu,
il ne remarque pas que sa r
éprimande s’est ré
pandue au-dehors,
car dans le coeur (du p
é
cheur)
il n’y a plus de place pour l’accueillir.

14. Car le vaste sein de son esprit est plein à déborder
d’une unique goutte d’amour qui y est tomb
é
e
et y est devenue une vaste mer.
Et voici que ses pens
é
es y montent et y descendent
comme un matelot dont le bateau s’est disjoint,
et ses pens
ées errent sur les vagues des dé
sirs
comme un bateau abandonn
é
par son timonier.

Jean-Marie Lustiger – La charité du Christ à l’œuvre

27 avril, 2007

du site: 

http://catholique-paris.cef.fr/diocese/pretres/cardinal/J-M-Lustiger/articles/charite-Christ.php

Cardinal Jean-Marie Lustiger

La charité du Christ à l’œuvre


Samedi 7 f
évrier 2004 à Saint Mé
dard

Deux événements peuvent nous aider à situer notre réflexion.Premier

événement : la béatification de Sœur Rosalie. Depuis la béatification de Frédéric Ozanam en 1997, nous avons redécouvert ce qui sest passé à Paris dans la première moitié du 19è siècle ; la ville était en pleine croissance. L’afflux de la population paysanne attirée par l’industrialisation entraînait des situations sociales dramatiques et des détresses extrêmes. De plus, ces révolutions et violences se sont succédé.
S
œur Rosalie avec ses compagnes, Filles de la Charité, dans ce quartier ouvrier du Faubourg Saint Marcel, a, pendant plus d’un demi-siècle, travaillé à secourir, aider, éduquer tout un peuple. Elle a inventé
, chaque fois qu’un besoin se faisait sentir, de nouvelles institutions.
Mais plus important encore, elle a provoqu
é une extraordinaire mobilisation de volontaires au service des pauvres. La rencontre entre le petit groupe d’étudiants, parmi lesquels Frédéric Ozanam, et Sœur Rosalie est un des événements les plus significatifs de ce qui s’est passé à ce moment-là dans l’é
tat d’esprit d’un certain nombre de gens.
S
œur Rosalie a de la sorte fait bouger la société. Le bilan va bien au-delà des réalisations qu’évoque la plaque qui va être apposée devant le dispensaire de la rue de l’Epée de Bois, créé par Sœ
ur Rosalie.
Cette contagion de la charit
é en acte, voilà ce qui, dans cette page d’histoire, est la leçon la plus pré
cieuse.

Deuxième événement : les conséquences de la canicule, cet été, et la découverte, brutale en raison du nombre des décès, de la solitude de la foule dans Paris. Après l’Assemblée diocésaine du 25 mai 2002, ce constat de la solitude de tant de gens avait déjà été exprimé. Y faire face était l’objectif majeur que nous devions nous proposer. Ce phénomène a été décrit, il y a plusieurs dizaines d’années, sous le titre de « la foule solitaire » par le sociologue américain Riesman.
Aujourd’hui, dans la ville de Paris, il y a les d
étresses connues : exclusions de toutes sortes pour lesquelles il faut trouver des remèdes, des secours, un accueil, etc… Vous y travaillez déjà avec les paroisses parisiennes. Travail considérable qui se joint à
l’action d’autres associations et aussi des pouvoirs publics.
Mais il y a ce qu’on ne voit pas et que les
événements de l’été dernier nous ont fait voir : cette détresse fondamentale des habitants de la ville, « la foule solitaire », cette solitude radicale, source de malheur. Chez les gens « normaux », « ordinaires », les gens supposés « heureux », ceux « dont on ne parle pas », combien se cachent de détresses qui ne relèvent pas d’un service social ! Car la solitude, même choisie par beaucoup, fait le lit du malheur. Il peut frapper sans prévenir, dans la logique de l’adversité : foyers qui se séparent et enfants lâchés dans la nature, disputes et violences familiales, échecs et déprimes, et tant d’autres épreuves qui peuvent tomber sur n’importe qui, é
preuves que la solitude rend insupportables.
Dans Paris, il n’y a personne
à qui parler, personne ne parle à personne ! J’exagè
re ? A peine.En regard de cela, l’Evangile que nous entendrons tout

à lheure à la messe, pour la fête de la Bienheureuse Sœur Rosalie, est celui des Béatitudes dans Saint Matthieu. C’est l’annonce du bonheur, d’un bonheur paradoxal. Ce n’est pas un conte de fée. Ce bonheur assume l’épreuve. Ce bonheur contient une exigence dans le don même que Dieu nous fait. Ce bonheur implique de donner, de se donner et de recevoir aussi infiniment plus. C’est le bonheur que Jésus nous annonce.
Ce n’est pas l
à le bonheur que chacun recherche aujourd’hui, celui de sauver sa peau. « Etre bien dans sa peau », dit-on, être satisfait de soi-même ou se retrouver à peu près heureux, c’est souvent un bonheur qui ne s’inscrit plus que dans la solitude, même à deux. Les caractéristiques de notre culture et de notre civilisation ne font qu’accentuer cet individualisme fondamental de celles et de ceux qui constituent les foules urbaines. Ainsi la plus grande partie du temps libre de nos contemporains est-elle occupée par la télévision ; on n’aime pas un écran, on ne pleure pas dans le sein d’un téléviseur, ce n’est pas lui qui va vous prodiguer quelque réconfort même si une voix amie ou un visage connu semble s’adresser parfois à
vous !

Rappelez-vous ce que nous demande le Seigneur Jésus dans la parabole du Bon Samaritain : « Qui s’est fait le prochain de l’homme blessé, abandonné en pleine solitude ? » Il n’y a pas de solitude plus radicale que celle de cet homme, demi-mort, dans le désert. Cet homme me semble correspondre au parisien quelconque immergé dans la foule solitaire. Car, je le répète, à côté des blessures les plus visibles, il y a toutes les blessures cachées : vies ratées, déceptions, détresses, amour-propre brisé sous les coups du mépris, etc.Dans la question de J

ésus la réponse nous est donnée. Le Samaritain est tout autant solitaire dans ce désert, que lhomme demi-mort. Mais le Samaritain, lui, est vivant et se fait le prochain du blessé.

Alors, j’ai commencé à rêver : dans cette foule solitaire, nous, disciples de Jésus, nous sommes plusieurs centaines de milliers. Si nous tous les plus actifs et les moins actifs, les plus vieux et les plus jeunes, les petits et les grands, les gros et les maigres, etc , si tous, nous nous disions, chacun : « Aujourd’hui, je dois franchir cette barrière de solitude ; aujourd’hui je dois me faire le prochain de celui que je ne connais pas », la vie changerait.
Oui mais, me direz-vous, ce n’est pas aussi simple que ce l’
était sur la route de Jérusalem à Jéricho, pour le Bon Samaritain ! Si dans le métro je veux me faire le prochain de mon voisin dont le coude me rentre dans les côtes, pour qui me prendra-t-il ? Certes, ce n’est pas simple ! Sinon, tout le monde s’y serait déjà mis. Certes, nous luttons contre nos comportements égoïstes et nos manières de vivre qui ne se soucient pas d’autrui. Cela ne suffit pas. Dans la solitude de la ville il faut nous faire le prochain de l’homme abandonné par les brigands, et surtout, inviter tous les chrétiens à
se faire prochains des autres.Tout ce que vous accomplissez d

éjà fait partie des actions concertées, des services caritatifs ; nous en avons entendu quelques exemples qui témoignent dune authentique intelligence du cœur, de la volonté d’aimer, du dévouement désintéressé et souvent anonyme. Mais ce n’est pas pour recevoir des médailles ou nous donner des satisfecit que nous sommes réunis ce matin ! C’est, je le répète, pour faire plus : je voudrais vous mobiliser pour que tous les chrétiens imitent le Samaritain et manifestent ainsi dans la ville la charité du Christ.
Utopie, me direz-vous. Oui, utopie, mais utopie n
écessaire. Utopie de lEvangile. Ce nest pas le bonheur que Jésus propose qui est une utopie. Cest notre manque de foi, notre timidité, notre respect humain, notre découragement peut-être qui nous font considérer comme une utopie que tant de baptisés que nous côtoyons, même dans nos églises, puissent répondre à l
appel du Christ.

Annoncer à nos contemporains le bonheur que le Christ propose, tel est lobjectif de la Toussaint 2004. Vous le savez, les Béatitudes sont précisément lEvangile de la fête de tous les saints.
Nous sommes porteurs du bonheur ; non pas l
un de ces bonheurs que tant dimages de notre société marchande nous invitent à acheter ; mais le bonheur plus grand que l’étroitesse de notre cœur ou laveuglement de notre désir. Il ne nous appartient pas. Il est donné gratuitement à tous sils l
accueillent. Nous sommes porteurs de ce bonheur pour la foule solitaire.
Ce bonheur franchit la barri
ère de la solitude. Celui qui se fait le prochain dun autre permet que cet autre se fasse à son tour le prochain dun troisième. Ce bonheur celui de la charité est contagieux, je vous le disais. Il est fécond. Il ouvre la porte à l
annonce de la Bonne Nouvelle.Sous couvert du d

ébat actuel sur les religions, souvent nous nous sentons agressés, injustement agressés par des représentations caricaturales parfois insupportables de la foi chrétienne. Il faut nous rappeler que nous n’avons pas à réagir comme un animal blessé, mais en raison de ce que nous sommes et de ce qui nous est donné. Et ce qui nous est donné est précisément ce secret du pardon et de l’amour. Nous le savons bien, la meilleure justification, la meilleure explication ne relève pas du discours, des arguments, mais des faits. C’est de trouver parmi les chrétiens ce réflexe élémentaire, fondamental de la charité.
Cur
é de paroisse, je me souviens de mon admiration pour un certain nombre de gens disons ordinaires de par leur histoire, leur métier, leur vie, etc. : ils avaient un talent dont le secret intriguait. Quand j’allais chez eux, je trouvais tantôt un gosse dont personne ne s’occupait pour le faire lire, tantôt une femme qui venait d’être abandonnée par son mari ou un homme au chômage à qui il fallait donner un coup de main. Je me suis souvent demandé : comment font-ils ? Pourquoi eux ? Ils n’avaient pas d’autre secret que ce réflexe chrétien de lamour du prochain, puisque Dieu nous aime. Il n’était pas nécessaire de les inviter à ouvrir leur porte, à partager leur pain et la chaleur de leur famille. Pour eux, c’était normal, é
vident.

Notre société, celle de la foule solitaire, nous enferme, nous aussi chrétiens, dans son mode de fonctionnement. Dans votre action caritative, vous avez le sentiment d’être trop peu nombreux et seuls souvent.Gr

âce à vous, jappelle tous les chrétiens à répondre par lannonce du bonheur à la solitude de la foule. Il nous faut imaginer les mots et les gestes simples, à la portée de chacun, qui enclenchent cette contagion de la charité que Sœur Rosalie avait su provoquer.
Il ne s’agit pas d’un effet m
écanique. Cette attitude de fond repose toujours sur l’amour qui est don et oubli de soi, sur la conviction et l’expérience que cet amour est la source du bonheur – le nôtre et celui de l’autre. Tout geste, même caché, qui nous fait le prochain de lautre est déjà annonce de la Bonne Nouvelle ; il ouvre la porte, il trace un chemin, il lè
ve les obstacles.
Nous ne r
êvons pas en suivant ainsi le Christ. Nous le savons, il y aura toujours des jeunes qui se bagarreront et même des vieux ; il y aura toujours des éclats de violence. Telle est la condition de l’humanité jusqu’à ce que le Règne de Dieu arrive en sa plénitude. Cest précisément pour cette situation que nous sommes appelés à manifester lamour qui fait vivre, appelés à recevoir et à partager la charité
du Christ.

Réunissez-vous donc pour vous nourrir de la Parole de Dieu, pour prier, vous qui travaillez dans différents services ou mouvements caritatifs, vous « simples paroissiens » comme certains se désignent. Car seul lamour que Dieu nous donne peut nous faire franchir ce pas auquel le Christ nous invite. Sinon, comment pourrions-nous annoncer lEvangile à celui dont nous ne nous serions pas faits le prochain ?Est-ce une utopie qu’au seuil de ce troisi

ème millénaire la foule des catholiques familiers chaque semaine des églises parisiennes en deviennent conscients et que, chacun à sa place, là où il est, fasse à sa façon ce que Sœur Rosalie avait instauré : une véritable contagion de l’amour et du service dans ce Paris du 21è siècle ?+Jean-Marie cardinal Lustiger
Archev
ê
que de Paris

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »

27 avril, 2007

Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine à Ninive, près de Mossoul dans l’actuel Irak
Discours ascétiques, 1ère série, n° 72 (trad. DDB 1981, p.366)

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »

L’Arbre de la vie est l’amour de Dieu. Adam l’a perdu dans sa chute et n’a plus jamais retrouvé la joie, mais il travaillait et peinait sur la terre pleine d’épines (Gn 3,18). Ceux qui se sont privés de l’amour de Dieu mangent dans leurs oeuvres le pain de leur sueur (Gn 3,19), quand bien même ils marcheraient sur une voie droite ; c’est là le pain qu’il a été donné à la première créature de manger après la chute. Jusqu’à ce que nous trouvions l’amour, notre travail est là, sur la terre des épines…; quelle que soit notre justice personnelle, c’est à la sueur de notre visage que nous vivons.

Mais quand nous avons trouvé l’amour, nous nous nourrissons du pain céleste, et nous sommes réconfortés en dehors de toute oeuvre et de toute peine. Le pain céleste est le Christ, qui est descendu du ciel et a donné la vie au monde. Et telle est la nourriture des anges (Ps 77,25). Celui qui a trouvé l’amour se nourrit du Christ chaque jour et à toute heure, et il en devient immortel. Car il a dit : « Celui qui mange du pain que je lui donnerai ne verra jamais la mort. » Bienheureux est celui qui mange du pain de l’amour, qui est Jésus. Car celui qui se nourrit de l’amour se nourrit du Christ, le Dieu qui domine l’univers, ce dont Jean témoigne quand il dit : « Dieu est amour » (1Jn 4,8).

Donc celui qui vit dans l’amour reçoit de Dieu le fruit de la vie. Il respire dans ce monde l’air même de la résurrection, cet air dont les justes ressuscités font leurs délices. L’amour est le Royaume. C’est de lui que le Seigneur a mystérieusement ordonné à ses apôtres de se nourrir ; manger et boire à la table de mon Royaume (Lc 22,30), qu’est-ce d’autre que l’amour ? Car l’amour est capable de nourrir l’homme au lieu de tout aliment et de toute boisson. . Tel est « le vin qui réjouit le coeur de l’homme » (Ps 104,16) ; bienheureux celui qui boit de ce vin.