PAQUE JUIVE ET PAQUE CHRETIENNE
texte du 2005 mais vraiment interessant, du site:
http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/dialogue/paque.html
texte du 2005
PAQUE JUIVE ET PAQUE CHRETIENNE
Frédéric Manns
Le calendrier de 2005 a distancé la Pâque chrétienne de la Pâque juive, ce qui rendra difficile pour certains chrétiens de saisir les racines juives de la Pâque de Jésus. L’Eglise qui oriente sa réflexion sur l’eucharistie durant cette année a tout intérêt à relire le récit du dernier repas de Jésus dans le contexte biblique du repas d’alliance au Sinaï.
Des communautés chrétiennes de plus en plus nombreuses veulent célébrer la Pâque de Jésus en la resituant dans le texte liturgique de la haggadah juive. Or le récit actuel utilisé par les communautés juives pour célébrer la sortie d’Egypte est tardif et, en partie, polémique. Le véritable milieu du dernier repas de Jésus est probablement celui des repas d’adieu des Patriarches, ce qui lui donne une dimension universaliste bien plus garnde. Bien plus les paroles de Jésus prononcées sur la coupe de vin renvoient à l’événement fondateur du Sinaï : « Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle ».J
ésus renvoie au texte d’Exode 24,3-8 quand il célèbre le mémorial nouveau qu’il transmet aux siens. Sous forme de signe il se rattache au sacrifice et au repas qui après la sortie d’Egypte ont scellé l’alliance de Dieu avec son peuple. Au cours de ce sacrifice qui était un sacrifice de communion les associés du pacte partageaient rituellement le sang versé pour sceller les liens entre eux et Dieu. Moïse avait pris la moitié du sang pour en asperger l’autel. Avec l’autre moitié il avait aspergé le peuple.
Avec l’alliance un ordre nouveau est instauré : les représentants du peuple montent sur la montagne qui est l’habitation de Dieu sans perdre la vie. Depuis qu’il avait péché l’homme ne pouvait plus voir Dieu et rester en vie. Au Sinaï Moïse et les anciens entrent dans la familiarité divine. Il sont invités à la table de Dieu. Cette convivialité est la forme la plus achevée de l’intimité entre Dieu et l’homme (Is 25,6).C
’est à cette page biblique que Jésus se réfère pour instaurer par sa passion un ordre nouveau dont l’eucharistie est le signe.
Comme les Patriarches de la première alliance, Jésus avant de mourir a rassemblé ses disciples autour d’un repas d’adieu. Il va leur léguer l’eucharistie qui est l’alliance dans son sang et leur demande de la célébrer jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit instauré (Lc 22,18). Jésus introduit ses disciples dans la familiarité de Dieu et fait des douze le reste d’Israël et, à travers eux, la multitude des croyants, le nouveau peuple de l’alliance. Jésus les invite à le reconnaître dans le pain partagé. Il met ainsi en place la communauté des croyants qui en partageant ce pain constitue la famille des invités qu’il appelle son Eglise.Mieux que le repas du seder pascal, le repas d
’alliance inaugure un nouveau mode de présence aux disciples. Alors qu’il retourne vers le Père Jésus reste présent dans le pain partagé en son nom. La fraction du pain signifie la communion dans le partage et l’unité.
Nourris au corps du Ressuscité qui donne l’Esprit, les chrétiens vivent de l’attente de la venue de Jésus. La marche de l’Eglise est ainsi nourrie de la manne nouvelle qui soutient le peuple durant sa route jusqu’au retour du Maître. Alors Dieu convoquera les nations au festin messianique lors de la manifestation plénière du Règne.Un monde ancien s’achève avec la mort du Christ. Un monde nouveau qui naît dans la douleur commence avec sa Résurrection. Une nouvelle histoire commence. Elle est transfigurée par la présence réelle de Jésus. Les chrétiens de terre sainte, ce petit reste négligeable, en sont les témoins.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.