Archive pour mars, 2007

Troisième prédication de Carême du Père Cantalamessa : « Heureux les affamés »

24 mars, 2007

du site Zenith:

2007-03-23

Troisième prédication de Carême du p. Cantalamessa : « Heureux les affamés »  

Texte intégral 

ROME, Vendredi 23 mars 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la troisième prédication de Carême que le père Raniero Cantalamessa O.F.M Cap. a prononcée ce matin au Vatican en présence du pape et de ses collaborateurs de la Curie romaine. Le thème de cette deuxième prédication était : « Heureux les affamés car ils seront rassasiés ». (Pour la première prédication, cf. Zenit, 9 mars, et pour la deuxième, cf. Zenit, 16 mars).

 P. Raniero Cantalamessa
« HEUREUX LES AFFAMES, CAR ILS SERONT RASSASIES »


Troisième prédication de Carême à
la Maison pontificale . Histoire et EspritLa recherche sur le Jésus historique, très à la mode aujourd’hui – qu’elle soit faite par un expert, croyant ou radicalement incroyant – cache un grave danger : celui de faire croire que tout ce qui, par cette nouvelle voie, sera dit sur le Jésus terrestre est « authentique », et que tout le reste, parce que non historique, sera jugé non « authentique ». Ceci signifierait limiter à l’histoire seulement les moyens dont Dieu dispose pour se révéler. Ce serait abandonner tacitement la vérité de foi d’inspiration biblique et donc le caractère révélé

des Ecritures.Il semble que cette exigence de ne pas limiter la recherche sur le Nouveau Testament à l’histoire, commence à faire son chemin parmi les experts de la bible. En 2005, a eu lieu à Rome, à l’Institut biblique, une consultation « Critique canonique et interprétation théologique » (« Canon Criticism and Theological Interpretation »), à laquelle ont participé d’éminents experts du Nouveau Testament. Cette rencontre avait pour but de promouvoir le développement d’une recherche biblique qui tienne compte de la dimension canonique des Ecritures, en intégrant la recherche historique et la dimension théologique.Nous en déduisons que la « parole de Dieu », et donc la norme pour le croyant, n’est pas cet hypothétique « noyau originel » que les historiens ont voulu, de mille façons, reconstruire, mais ce qui est écrit dans les évangiles. Il est important que nous tenions compte du résultat des recherches historiques, car il permet de comprendre l’évolution postérieure de la tradition, mais nous continuerons à prononcer l’exclamation « Parole de Dieu ! » à la fin de la lecture du texte évangélique, et non à la fin de la lecture du dernier livre sur le Jésus historique.Ces observations nous sont particulièrement utiles quand il s’agit de faire usage des béatitudes évangéliques. On sait que les béatitudes nous sont parvenues en deux versions. Mathieu a huit béatitudes, Luc n’en a que quatre, suivies de quatre « avertissements » contraires ; chez Matthieu le discours est indirect : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre », « Heureux les affamés » ; chez Luc le discours est direct : « Heureux vous les pauvres », « Heureux vous qui avez faim » ; Luc parle de « pauvres » et d’ « affamés », Matthieu de ceux qui ont une « âme » de pauvres et des affamés « de la justice ».Après tout le travail critique qui a été fait pour distinguer ce qui, dans les béatitudes, remonte au Jésus historique et ce qui relève de Matthieu et de Luc (1), le devoir du croyant, aujourd’hui, n’est pas de décider que l’une des versions est authentique et de laisser tomber l’autre. Il s’agit plutôt de puiser le message qui est contenu dans chacune des versions évangéliques et – selon le cas et les nécessités actuelles – de mettre, tour à tour, en exergue les perspectives qui se dégagent de l’une ou de l’autre, comme le firent les deux évangé

listes en leur temps.2. Qui sont les affamés et qui sont les rassasiésTout en suivant ce principe, réfléchissons aujourd’hui sur la béatitude des affamés, en partant de la version de Luc : « Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés ». Nous verrons, dans un deuxième temps, que la version de Matthieu sur la « faim de justice » ne s’oppose pas àcelle de Luc. Elle la confirme et la renforce.Les affamés de la béatitude de Luc n’appartiennent pas à une catégorie différente de celle des pauvres mentionnés dans la première béatitude. Il s’agit des mêmes pauvres considérés dans l’aspect le plus dramatique de leur condition, le manque de nourriture.Parallèlement, les « rassasiés » sont les riches qui, dans leur prospérité, peuvent non seulement satisfaire leurs besoins, mais également leur voluptueuse envie de manger. Jésus lui-même a eu le souci d’expliquer qui sont les rassasiés et qui sont les affamés. Il l’a fait avec la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (Lc 16, 19-31), où sont considérés pauvreté et richesse sous l’angle du manque ou de la surabondance de nourriture : le riche « faisait chaque jour brillante chère » ; le pauvre aurait bien voulu, mais en vain, « se rassasier de ce qui tombait de la table du riche »

.Mais cette parabole ne dit pas seulement qui sont les affamés et qui sont les rassasiés, elle explique surtout pourquoi les premiers sont proclamés bienheureux et les seconds malheureux. « Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut, et on l’ensevelit… dans l’Hadès, en proie à des tortures ». La fin révèle où conduisent les deux voies : la voie étroite de la pauvreté et la voie large et spacieuse de l’insouciance.La richesse et le rassasiement tendent à limiter l’homme aux seuls horizons terrestres car « où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Lc 12, 34) ; ils alourdissent son cœur dans la débauche et l’ivrognerie, étouffant en lui le germe de la parole (cf. Lc 21,34) ; lui font oublier que la nuit suivante il pourrait avoir des comptes à rendre sur sa vie (Lc 16,19-31). Ils font, qu’entrer dans le royaume est « plus difficile qu’à un chameau de passer par un trou d’aiguille »(Lc 18,25).Le mauvais riche et tous les autres riches de l’Evangile ne sont pas condamnés pour le simple fait d’être riches mais pour l’utilisation qu’ils font ou ne font pas de la richesse. Dans la parabole du mauvais riche Jésus fait comprendre qu’il existait, pour le riche, une issue, celle de rappeler Lazare à sa porte et de partager avec lui son copieux repas.En d’autres termes, le remède consiste à se faire « des amis avec le malhonnête argent » (Lc 16, 9) ; on loue l’intendant infidèle pour avoir agi de façon avisée, même s’il le fait dans un cadre malhonnête (Lc 16, 1-8). Or la satiété engourdit l’esprit et rend extrêmement difficile l’accès à cette voie ; l’histoire de Zachée montre comment cela est possible, mais ô combien rare, ceci expliquant alors l’avertissement « malheur à vous » qui est adressé aux riches et aux rassasiés ; un « malheur à vous » qui est bien plus un « attention à vous », qu’un « soyez maudits ! »

.3. Il a comblé de biens les affamésDe ce point de vue, le meilleur commentaire à la béatitude des pauvres et des affamés se trouve dans le Magnificat, quand Marie dit :

« Il a déployé la force de son bras,
Il a dispersé les hommes au cœ
ur superbe;
Il a renversé les potentats de leurs trô
nes,
et élevé
les humbles ;
Il a comblé de biens les affamé
s,
et renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 51-53)Avec une série de puissants verbes à l’aoriste, Marie décrit un renversement, un changement radical de situation entre les hommes : « Il a renversé – il a élevé ; il a comblé – il a renvoyé les mains vides ». Quelque chose qui a déjà eu lieu, ou qui a lieu habituellement sous l’action de Dieu. Si l’on considère l’histoire, rien ne dit qu’une révolution sociale a eu lieu, et que les riches se sont soudain appauvris et que les affamés ont pu manger à leur faim. Si l’on s’attendait donc à un bouleversement social et visible, l’histoire le dé

ment totalement.
Il y a eu un renversement, mais dans la foi ! Le royaume de Dieu s’est manifesté et cette chose a provoqué une révolution silencieuse mais radicale. Le riche apparaît sous les traits d’un homme qui a mis de côté une importante somme d’argent, mais dans la nuit, à la suite d’un coup d’Etat, cet argent a subi une dévaluation de 100% et le riche, à son réveil, s’aperçoit qu’il est devenu pauvre et miséreux. Les pauvres et les affamés, eux, partent au contraire avantagés, car ils sont mieux préparés à accueillir la nouvelle réalité ; ils ne craignent pas le changement ; leur cœur est prê
t.
Saint Jacques, s’adressant aux riches, a affirmé : « Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie » (Jc 5, 1-2). Ici aussi, rien n’indique qu’au temps de Jacques les biens des riches pourrissaient au fond des greniers. L’apôtre veut dire par là qu’il s’est passé quelque chose qui a fait perdre toute valeur réelle à ces richesses ; qu’une nouvelle richesse s’est révélée. « Dieu – écrit encore saint Jacques – a choisi les pauvres selon le monde comme riches dans la foi et héritiers du Royaume » (Jc 2, 5).Plus qu’ « une incitation à renverser les puissants de leurs trônes pour élever les humbles », comme on trouve parfois écrit, le Magnificat est un avertissement salutaire adressé aux riches et aux puissants face au terrible danger qu’ils courent, exactement comme le « malheur à toi » de Jésus et la parabole du mauvais riche.4. Une parabole actuelle

Une réflexion sur la béatitude des affamés et des rassasiés ne peut se limiter à en expliquer la signification exégétique ; elle doit nous aider à lire ce qui se passe autour de nous avec le regard de l’Evangile et à agir dans le sens indiqué par la béatitude.La parabole du riche et du pauvre Lazare se répète aujourd’hui, au milieu de nous, à l’échelle mondiale. Les deux personnages représentent même les deux hémisphères : le riche représente l’hémisphère nord (Europe occidentale, Amérique, Japon) ; le pauvre Lazare est, à quelques exceptions près, l’hémisphère sud. Deux personnages, deux mondes : le premier monde et le « tiers monde ». Deux mondes de grandeur inégale : celui que nous appelons « tiers monde » représente en réalité les « deux tiers du monde ». (On temps de plus en plus à parler précisément du deux-tiers monde et non plus du tiers-monde

).Quelqu’un a un jour comparé la terre à un engin spatial en vol dans l’espace, dans lequel l’un des trois cosmonautes à bord consomme 85% des ressources présentes et cherche à s’accaparer également des 15% restants. Le gaspillage est commun dans les pays riches. Il y a quelques années le ministère de l’agriculture américain a calculé que sur 161 milliards de kilogrammes de produits alimentaires fabriqués, 43 milliards, soit près d’un quart, sont jetés à la poubelle. On pourrait facilement, si l’on voulait, récupérer environ deux milliards de kilogrammes de cette nourriture jetée, une quantité suffisante pour nourrir quatre millions de personnes pendant une année.Le plus grand péché contre les pauvres et les affamés est peut-être l’indifférence, faire semblant de ne pas voir, « passer outre » (cf. Lc 10, 31), passer outre, changer de trottoir. Ignorer les immenses multitudes d’affamés, de mendiants, de sans-abri, sans assistance médicale et surtout sans espérance d’un avenir meilleur – écrivait Jean-Paul II dans l’encyclique Sollicitudo rei socialis « reviendrait à s’identifier au ‘riche bon vivant’ qui feignait de ne pas connaître Lazare le mendiant qui gisait près de son portail »

(2).Nous avons tendance à mettre un double vitrage entre les pauvres et nous. L’effet du double vitrage, aujourd’hui si largement utilisé, est d’empêcher le passage du froid et des bruits, de tout affaiblir, amortir, feutrer. Et effectivement, nous voyons les pauvres bouger, s’agiter, hurler derrière les écrans de télévision, sur les pages des journaux ou des revues missionnaires, mais leur cri nous parvient comme de très loin. Il ne touche pas notre cœur, ou ne le touche qu’un bref instant.La première chose à faire, vis-à-vis des pauvres, est donc de rompre le « double vitrage », de surmonter l’indifférence, l’insensibilité, de laisser tomber ses propres défenses et de se laisser envahir par une saine inquiétude devant la misère épouvantable qui existe dans le monde. Nous sommes appelés à partager le soupir du Christ : « J’ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger » : misereor super turba (cf. Mc 8, 2). Lorsqu’on a l’occasion de voir de ses propres yeux ce que sont la misère et la faim, en visitant des villages ou les banlieues de grandes villes dans certains pays d’Afrique (je l’ai fait il y a quelques mois au Rwanda), la compassion monte à

la gorge et laisse sans voix.La tâche non résolue, la plus urgente et la plus lourde avec laquelle l’humanité est entrée dans le nouveau millénaire est celle d’éliminer ou de réduire l’abîme injuste et scandaleux qui existe entre les rassasiés et les affamés dans le monde. Une tâche dans laquelle les religions surtout devraient se distinguer et œuvrer, unies, au-delà de toute rivalité. Une entreprise aussi gigantesque ne peut être promue par aucun chef ou pouvoir politique, conditionnés comme ils le sont par les intérêts de leur nation et souvent par des pouvoirs économiques puissants. Le Saint-Père Benoît XVI en a donné un exemple à travers le vigoureux rappel adressé en janvier dernier au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, comme il l’avait d’ailleurs fait également l’année précédente à la même occasion :« Parmi les questions essentielles, comment ne pas penser aux millions de personnes, spécialement aux femmes et aux enfants, qui manquent d’eau, de nourriture, de toit ? Le scandale de la faim, qui tend à s’aggraver, est inacceptable dans un monde qui dispose des biens, des connaissances et des moyens d’y mettre un terme »

. (3)5. « Heureux les affamés… de la justice »Je disais au début que les deux versions des béatitudes des affamés, celle de Luc et celle de Matthieu, ne se présentent pas comme deux alternatives mais s’intègrent l’une dans l’autre. Matthieu ne parle pas de faim matérielle mais de faim et soif « de justice ». Il existe deux interpré

tations fondamentales de ces paroles.L’une d’entre elles, dans la ligne de la théologie luthérienne, interprète la béatitude de Matthieu à la lumière de ce que dira plus tard saint Paul sur la justification par la foi. Avoir faim et soif de justice signifie prendre conscience de son propre besoin de justice et de son incapacité à l’obtenir seul par les œuvres, et donc de l’attendre humblement de Dieu. L’autre interprétation voit dans la justice non celle que Dieu lui-même réalise ou celle qu’il accorde, mais celle qu’il attend de l’homme (4), en d’autres termes, les œuvres de justice.A la lumière de cette interprétation, de loin la plus commune et la plus fondée sur le plan exégétique, la faim matérielle de Luc et la faim spirituelle de Matthieu ne sont plus sans rapport l’une avec l’autre. Se mettre du côté des affamés et des pauvres fait partie des œuvres de justice et sera même, selon Matthieu, le critère en fonction duquel se fera, à la fin, la sé

paration entre les justes et les exclus (cf. Mt 25).Toute la justice que Dieu attend de l’homme se résume dans le double précepte de l’amour de Dieu et du prochain (cf. Mt 22, 40). C’est par conséquent l’amour du prochain qui doit pousser les affamés de justice à se préoccuper des affamés de pain. Il s’agit du grand principe à travers lequel l’Evangile agit sur le plan social. La théologie libérale avait vu juste sur ce point.« En aucun point de l’Evangile, écrit l’un de ses plus illustres représentants, Adolph von Harnack, nous constatons que cela nous enseigne à rester indifférents à nos frères. L’indifférence évangélique (le fait de ne pas se préoccuper de la nourriture, du vêtement, du lendemain) exprime plutôt ce que toute âme doit ressentir face au monde, à ses propres biens et à ses illusions. Lorsqu’il s’agit en revanche du prochain, l’Evangile ne veut même pas entendre parler d’indifférence, mais il impose l’amour et la pitié. L’Evangile considère par ailleurs les besoins spirituels et temporels de nos frères comme absolument inséparables »

(5).L’Evangile n’encourage pas les affamés à se faire justice seuls, à se soulever, également parce qu’à l’époque de Jésus – contrairement à aujourd’hui – ceux-ci n’avaient aucun instrument, pas plus théorique que pratique, pour le faire ; il ne leur demande pas le sacrifice inutile d’aller se faire tuer derrière quelque agitateur zélote, ou quelque Spartacus du coin. Jésus agit sur la partie forte et non sur la partie faible ; il affronte, lui, la colère et le sarcasme des riches avec ses « malheur à » (cf. Lc 16, 14), il ne laisse pas les victimes le faire.Chercher à tout prix, dans l’Evangile, des modèles ou des invitations explicites aux pauvres et aux affamés à se prendre en main pour changer, seuls, leur situation, est vain et anachronique, et fait perdre de vue la vraie contribution que cela peut apporter à leur cause. Rudolph Bultmann a raison à ce propos, lorsqu’il écrit que « le christianisme ignore tout programme de transformation du monde et n’a pas de proposition à présenter pour la réforme des conditions politiques et sociales », (6) mê

me si son affirmation aurait besoin de quelques nuances.Les béatitudes ne constituent pas le seul moyen d’affronter le problème de la richesse et de la pauvreté, de la faim et de la satiété ; il en existe d’autres, rendus possibles par le progrès de la conscience sociale, que les chrétiens soutiennent, à juste titre, et auxquels l’Eglise apporte son discernement avec sa doctrine sociale.Le grand message des béatitudes est que, indépendamment de ce que feront ou ne feront pas pour eux, les riches et les rassasiés, la situation des pauvres et des affamés pour la justice, telle qu’elle est actuellement, est encore préférable à

celle des premiers.Il y a des niveaux et des aspects de la réalité que l’on ne perçoit pas à l’œil nu, mais seulement à l’aide d’une lumière spéciale, aux rayons infrarouges ou ultraviolets. Celle-ci est largement utilisée dans la photographie depuis les satellites. L’image obtenue avec cette lumière est très différente et surprenante pour une personne habituée à voir ce même panorama à la lumière naturelle. Les béatitudes sont une sorte de rayons infrarouges : elles nous donnent une image différente de la réalité, la seule vraie image car elle montre ce qui restera à la fin, lorsque « le modèle de ce monde » sera passé.6. Eucharistie et partage

Jésus nous a laissé une antithèse parfaite du banquet de l’homme riche, l’Eucharistie. Il s’agit de la célébration quotidienne du grand banquet auquel le patron invite « les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » (Lc 14, 21), c’est-à-dire tous les pauvres Lazares autour de nous. Dans l’Eucharistie se réalise le « partage » parfait : la même nourriture et la même boisson, et en même quantité pour tous, aussi bien pour celui qui préside que pour le dernier arrivé dans la communauté, pour le très riche que pour le très pauvre.Le lien entre le pain matériel et le pain spirituel était bien visible dans l’Eglise primitive, lorsque la cène du Seigneur, dite agape avait lieu dans le cadre d’

un repas fraternel au cours duquel on partageait aussi bien le pain commun que le pain eucharistique.Saint Paul écrivait aux Corinthiens qui s’étaient éloignés sur ce point : « Lors donc que vous vous réunissez en commun, ce n’est plus le Repas du Seigneur que vous prenez. Dès qu’on est à table en effet, chacun prend d’abord son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre » (1 Co 11, 20-22). Une accusation très grave, qui revenait à dire : votre Eucharistie n’est plus une Eucharistie !Aujourd’hui on ne célèbre plus l’Eucharistie dans le cadre d’un repas pris ensemble, mais le contraste entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont pas le minimum indispensable a pris des proportions planétaires. Si nous projetons la situation décrite par Paul de l’Eglise locale de Corinthe à l’échelle de l’Eglise universelle, nous constatons avec effroi que c’est ce qui ce produit encore aujourd’hui, pas toujours de manière coupable, mais objective. Parmi les millions de chrétiens qui, sur les différents continents, participent à la messe le dimanche, l’on en trouve qui rentrés chez eux ont tous les biens du monde à disposition tandis que d’autres n’ont rien à donner à manger àleurs enfants.La récente exhortation post-synodale sur l’Eucharistie rappelle avec force : « La nourriture de la vérité nous pousse à dénoncer les situations indignes de l’homme, dans lesquelles on meurt par manque de nourriture en raison de l’injustice et de l’exploitation, et elle nous donne des forces et un courage renouvelés pour travailler sans répit à l’édification de la civilisation de l’amour » (7).La part du « huit pour mille » [en italien « otto per mille », mécanisme par lequel l’Etat italien, à la demande explicite des contribuables qui le souhaitent, reverse huit pour mille des recettes fiscales, à l’Eglise catholique ou d’autres confessions religieuses, ndlr] la mieux utilisée est celle qui est destinée par l’Eglise à cet objectif à travers le soutien des différentes « caritas » nationales et diocésaines, les repas offerts aux pauvres, des initiatives d’aide à l’alimentation dans les pays en voie de développement. Les cantines pour les pauvres, qui existent dans presque toutes les villes, dans lesquelles sont distribués des milliers de repas chaque jour, dans un climat de respect et d’accueil, sont le signe de la vitalité de nos communautés religieuses traditionnelles. Il s’agit d’un goutte d’eau dans la mer, mais l’océan lui-même, disait Mère Teresa de Calcutta, est fait d’une multitudes de petites gouttes.Je voudrais terminer par la prière que nous récitons chaque jour, avant le repas, dans ma communauté : « Bénis Seigneur, cette nourriture que par ta bonté nous allons prendre, aide-nous à en procurer aussi à ceux qui n’en ont pas et fais-nous participer un jour à ton banquet céleste. Par le Christ notre Seigneur »._______________________

NOTES

1. Cf. J. Dupont, Le beatitudini, 2 voll. Edizioni Paoline 1992 (ed. originale, Les Béatitudes, Gabalda et C.ie, Parigi 19732).
2. Jean-Paul II, Enc. Sollicitudo rei socialis
, n. 42.
3. Discours du pape Benoît XVI pour les vœux au corps diplomatique accrédité près le saint- siè
ge, Lundi 8 janvier 2007.
4. Cf. Dupont, II, pp. 554 ss.
5. A. von Harnack, Il cristianesimo e la società
, Mendrisio 1911, pp. 12 ss.
6. R. Bultmann, Il cristianesimo primitivo, Milano 1964, p. 203 (Titre orig. Das Urchristentum im Rahmen der antiken Religionen
).
7.
Sacramentum caritatis
, n.90.

commentaire à l’évangile du jour – 24.3.07

24 mars, 2007

du site EAQ:

Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l’Église
La Montée du Carmel, II, ch. 22 (trad. OC, Cerf 1990, p. 736)

« Jamais un homme n’a parlé comme cet homme »

Dieu pourrait nous dire : « Puisque j’ai dit toutes choses dans ma Parole, mon Fils, il ne me reste plus rien à te répondre ni à te révéler… ‘ Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le ‘ (Mt 17,5)… Ecoutez-le, car je n’ai plus rien à révéler, plus rien à manifester…
« Si donc tu désires entendre de ma bouche une parole de consolation, regarde mon Fils qui m’est soumis et qui, par amour, s’est livré à l’humiliation et à l’affliction, et tu verras tout ce qu’il te répondra. Si tu souhaites que je te découvre des choses cachées ou quelque événement, jette seulement les yeux sur lui et tu trouveras renfermés en lui de très profonds mystères, une sagesse et des merveilles de Dieu, suivant cette parole de mon apôtre : ‘ En lui, qui est le Fils de Dieu, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu ‘ (Col 2,3). Ces trésors de sagesse seront pour toi plus sublimes, plus savoureux et plus utiles que tout ce que tu pourrais apprendre par ailleurs. Aussi le même apôtre se glorifiait-il ‘ de ne pas savoir autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié ‘ (1Co 2,2). Si tu veux des visions ou des révélations, soit divines, soit corporelles, regarde-le, ce Dieu fait homme, et tu trouveras là ce qui surpassera toutes tes pensées, car l’apôtre Paul dit encore : ‘ Dans le Christ habite corporellement toute la plénitude de la divinité ‘ (Col 2,9). »

Il n’y a donc plus lieu d’interroger Dieu comme autrefois, et il n’est plus nécessaire qu’il parle, puisque toute la foi au Christ a été promulguée. Il n’y a plus de foi à révéler et il n’y en aura jamais.

L’Europe a besoin de penseurs capables de traduire les convictions de la foi dans le langage du monde

23 mars, 2007

du site Zenith:

22.3.07

L’Europe a besoin de penseurs capables de traduire les convictions de la foi dans le langage du monde Déclaration du président de l’Association pour la Fondation européenne

ROME, Jeudi 22 mars 2007 (ZENIT.org)

– A l’occasion du Congrès organisé par la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) pour le cinquantième anniversaire des Traités de Rome, qui se déroulera dans la capitale italienne, du 23 au 25 mars, l’Association pour la Fondation européenne (AFE), a présenté un document dans lequel elle propose un avenir chrétien pour le Continent européen.

L’AFE, dont le logo représente les six saints patrons de l’Europe – sainte Catherine de Sienne, sainte Brigitte de Suède, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, saint Benoît, saint Cyrille et saint Méthode –, soutient « la nécessité de penseurs capables de traduire les convictions spécifiques de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre efficaces dans un monde nouveau ».

Le président de l’AFE, Giorgio Salina, a expliqué à Zenit que ce document intitulé « Citoyens, fidèles laïcs et l’avenir de l’Europe » part de la conviction, comme l’a affirmé le pape Benoît XVI dans son message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, qu’en « construisant la paix on pose les conditions d’un authentique humanisme intégral… préparant ainsi un avenir serein pour les générations à venir ».

« Rappelant et partageant les espoirs et les idéaux des Pères fondateurs – poursuit Giorgio Salina – nous espérons que le processus d’ « européisation » se poursuive avec courage et énergie, fournissant une réponse effective aux attentes de millions d’hommes et de femmes qui se savent liés par une histoire commune et qui espèrent en un destin d’unité et de solidarité ».

Selon le président de l’AFE « l’idéal européen » de réunification doit être atteint « non seulement comme réunification géographique et culturelle, mais aussi au niveau de l’efficience interne et de l’efficacité sur le plan international afin d’accomplir notre mission historique ».

Le document souligne que « dans une adhésion libre et cordiale au magistère du pape et de nos évêques » nous sommes conscients que « l’homme porteur de ‘sens religieux’ apporte une proposition spécifique à l’amélioration de la société ».

Giorgio Salina précise qu’en « nous situant dans la ligne de pensée des Pères fondateurs de l’Europe qui s’en sont inspirés, il nous faut avant tout mentionner de façon particulière le principe de subsidiarité, qui prend sa source dans le droit naturel ».

Concernant la présence de l’Europe sur l’échiquier international, l’AFE se demande « s’il ne faudrait pas procéder à un examen de conscience : l’Europe est-elle réellement présente là où le monde l’attend ? ».

Dans nos efforts à « rendre notre vie commune conforme aux droits fondamentaux de l’homme », le document de l’AFE réaffirme que « les valeurs chrétiennes, représentent le ‘facteur d’unité’ le plus important et le plus évident ».

A ce propos Georgio Salina estime que « marginaliser une culture et une tradition, comme la culture chrétienne, un patrimoine qui a largement contribué à modeler l’Europe des nations et l’Europe des peuples, en la présentant aujourd’hui comme un fait de l’histoire, est une blessure portée à la liberté et mine le destin d’unité et de solidarité ».

Le document de l’AFE souligne que les chrétiens peuvent « apporter une contribution significative à l’édification d’une société civile et politique européenne plus démocratique et accueillante pour tous » parce que, comme l’a relevé le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, « ce sont les citoyens moraux souvent inspirés par la religion qui favorisent la démocratie ».

En conclusion, le document de l’AFE réaffirme les recommandations du philosophe Jürgen Habermas, qui montre « la nécessité de penseurs capables de traduire les convictions spécifiques de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre efficaces dans un monde nouveau » et renouvelle ses espoirs en un nouvel élan afin que « la grande tradition chrétienne du continent » puisse se réaliser.

du 22.2.2006 du Cardinal Paul Poupard

23 mars, 2007

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_3092.htm

Huit portes de sagesse et de sainteté
Feb 22, 2006
En huit paragraphe, comme huit portes bibliques de sagesse et de sainteté, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture ouvre un chemin pour les pèlerins de la famille spirituelle de la communauté Saint-Jean, à Rome pour un triduum jusqu’à demain.
ROME, Mardi 14 février 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du cardinal Poupard, à l’adresse du fondateur, des frères et sœurs, des oblats, des laïcs amis et des familles de la communauté Saint-Jean, lors de la messe de ce matin, à Saint-Jean du Latran.

Homélie de S. Em. Le card. Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical de la Culture

Pèlerinage des frères et sœur de la communauté Saint-Jean

St Jean de Latran, le 14 février 2006, Saint Cyrille et Méthode ( 2 Co 4, 1-7 – Ps 95 – Lc 10,1-9)

Mes Révérends et bien chers Pères,
Chers Frères et Sœurs, Oblats et Amis de Saint-Jean,
Chers amis pèlerins,

1. C’est pour moi une grande joie de vous accueillir en cette majestueuse Basilique d’abord consacrée au saint Sauveur, et plus tardivement aux saints Jean-Baptiste et Jean l’Evangéliste, l’Apôtre que Jésus aimait et que vous considérez comme votre Père. Nous sommes ici, vous avez pu le lire fièrement inscrit sur la façade majestueuse et solennelle du Florentin Alessandro Galilei, dans la « Sacrosancta Lateranensis ecclesia Omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput » : mère et tête de toutes les églises de Rome et du monde. Réunis en cette liturgie solennelle, nous fêtons dans la joie les saints Cyrille et Méthode, apôtres des peuples slaves et Patrons de l\’Europe avec saint Benoît Abbé. Nous prions donc le maître de la moisson en cette Eucharistie, comme Jésus nous l’a demandé dans l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre, « d\’envoyer des ouvriers dans sa moisson », et nous renouvelons notre désir de répondre généreusement à son envoi : « Partez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », pauvres sans « bourse, ni sac, ni souliers », mais riches de la paix que le Seigneur met dans nos âmes parce que, c’est notre foi : « Le royaume de Dieu s\’est approché de nous ».

Cher Père Marie-Dominique Philippe,

2. En accueillant les frères, les sœurs et les amis de la Communauté Saint-Jean réunis en pèlerinage d’action de grâces pour les 30 ans de sa fondation, je me dois de m’adresser en premier lieu à vous, et de vous redire ma reconnaissance pour le don de votre vie au service de l’Eglise selon la grâce de saint Dominique à qui vous avez toujours voulu rester fidèle, tout en étant appelé par Dieu à accompagner ces jeunes désireux d’offrir leur vie au service de l’Eglise et du Christ, selon la grâce de l’Apôtre saint Jean.

Il m’en souvient, c’était voici déjà trente ans : j’étais aumônier de « Saint-Do », via Cassia, où vous séjourniez à l’occasion de vos séjours romains. Vous me parliez de vos étudiants passionnés par la réflexion sur l’être et la métaphysique, l’interrogation du beau et la philosophie de l’art, la recherche du vrai et la critique… Ils faisaient votre joie et vous encourageaient dans un environnement intellectuel sinon hostile, du moins peu enclin à suivre un tel enseignement. Ces étudiants, vous les accompagniez aussi spirituellement : vous les voyiez se joindre pour vivre ensemble, comme les premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres, mettant leurs biens en commun, priant intensément et longuement, fervents dans la célébration de l’eucharistie comme vous leur en montriez l’exemple, et profondément unis dans un amour tout fraternel et communicatif. C’est ainsi qu’une multitude s’est jointe à eux au fil des ans, jusqu’à devenir une grande et belle famille dont vous êtes l’heureux Père fondateur, béni de Dieu à travers une multitude de fils et de filles répartis aux quatre coins de la terre : ils constituent une grande famille, une vivante mosaïque de cultures fécondées par l’agapè de la foi, témoins en notre monde de l’universelle fraternité des hommes en Jésus-Christ. Je mesure avec vous le chemin parcouru depuis trente ans, les joies mais aussi les épreuves qui ne manquent pas, tant il est vrai – l’Eglise de Rome en est le signe éloquent – que nul n’édifie l’Eglise sans verser le sang de son cœur, parfois jusqu’à l’épuisement, à la suite de Jésus sur la Croix. Continuez, cher Père, à accompagner de votre sagesse et de votre fervente charité, ces filles et ces fils de l’Eglise pour qu’ils continuent à être généreusement aujourd’hui et demain, à l’exemple de Jean-Baptiste et de Jean l’Evangéliste, des martyrs romains et de Benoît de Nursie, de Cyrille et Méthode, de Catherine de Sienne, Brigitte de Suède et Thérèse-Bénédicte de la Croix, les apôtres de la nouvelle évangélisation. Paul VI nous y invitait dans sa belle Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, la charte apostolique qui constitue pour la Famille Saint-Jean comme pour toute l’Eglise, une grande lumière pour sa mission. Le serviteur de Dieu Jean-Paul II me le disait dans un confiant entretien sur l’évangélisation des cultures et l’inculturation de l’Evangile qui marchent du même pas : « Il faut toujours revenir à Evangelii nuntiandi ! »

Cher Père Jean-Pierre-Marie, Chère Sœur Alix et chère Sœur Irène-Marie,
Chers Frères, Sœurs, Oblats et amis de la Communauté Saint-Jean,

3. Vous rendez grâces à Dieu pour avoir été choisis dans l’Eglise à la suite de saint Jean, que vous considérez comme votre père et votre modèle : il est l’Apôtre bien-aimé, fervent et fougueux dans sa suite du Christ, fidèle jusqu’aux heures les plus terribles de la Croix, proche de Marie jusqu’à la prendre chez lui, compagnon de Pierre devant qui il s’efface mais qu’il soutient de son amour. Il est le contemplatif du Prologue de l’Evangile et de l’Apocalypse, chantre du Dieu d’amour en ses Epitres, témoin privilégié de la radicale nouveauté de l’Evangile, lui qui fut disciple du Baptiste avant de l’entendre désigner l’Agneau de Dieu et de se mettre à sa suite avec ardeur.

C’est votre belle vocation : être Jean au cœur de l’Eglise, et comme lui témoins émerveillés du Verbe incarné au cœur des cultures du vaste monde. Aussi cette célébration revêt-elle une signification particulière, devant la Chaire de Pierre où l’évêque de Rome siège pour témoigner du Christ. Le pape Benoît XVI le professait, le 7 mai dernier, en prenant ici possession de la Cathedra romana : « La Chaire – la cathedra – est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d\’enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l\’Eglise, l\’Ecriture Sainte, dont la compréhension s\’accroît sous l\’inspiration de l\’Esprit Saint, et le ministère de l\’interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l\’une à l\’autre de façon indissoluble. Là où l\’Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l\’Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux ; le travail des savants est d\’une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l\’Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité ; elle n\’est pas en mesure de nous donner, dans l\’interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C\’est pourquoi, il y a besoin d\’un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C\’est pourquoi il y a besoin de la voix de l\’Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu\’à la fin des temps. » Ainsi nous parle aujourd’hui Pierre vivant en son successeur Benoît.

4. Chers frères et sœurs, enracinez toujours en Eglise votre grande et exigeante vocation d’enseignants de la Sagesse chrétienne qui ne cesse de s’alimenter aux sources de la Révélation. Elle puise dans les trésors de la Sagesse humaine le moyen d’orienter notre raison pour une intelligence approfondie de la foi, et elle donne ainsi à la Sagesse théologique de s’épanouir dans une contemplation toute aimante du mystère de Dieu. Vous le savez : la fécondité de votre enseignement dépend de votre enracinement dans la Tradition de l’Eglise authentifiée par le Magistère vivant du Successeur de Pierre, et dans la communion à l’Eglise universelle. C’est ce mystère de communion qui vous a conduits à la rencontre de l’Eglise de Rome, cette Eglise « qui, selon l’expression d’Ignace d’Antioche, préside la charité ». Maxime le Confesseur en témoigne : « En effet, dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Eglises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Eglise qui est ici pour unique base et fondement parce que, selon la promesse même du Sauveur, les portes de l’Enfer n’ont jamais prévalu sur elles ». Cette Eglise de Rome est fondée sur les Limina Apostolorum, les Mémoires des Apôtres, ces lieux sacrés de Rome où sont pieusement conservés et vénérés les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, les Pères saints grâce auxquels la Ville est devenue disciple de la Vérité et centre de l’unité catholique. Ces mémoires ne cessent de nous inviter avec le peuple chrétien au renouveau fervent de la foi et au témoignage de la communion fraternelle, dont notre monde éclaté a tant besoin à l’aube du IIIème millénaire.

Chers amis pèlerins,

5. Vous avez pu avant cette célébration, vous rendre à l’antique Baptistère qui jouxte cette Basilique et y renouveler les promesses de votre baptême. Vous y avez lu sur l’entablement des colonnes de porphyre l’émouvante inscription que fit graver, vers 435, le pape Sixte III :
Ici naît pour le ciel un peuple de race divine
Engendré par l’esprit fécondateur de ces eaux.
Ici est la source de vie qui lave tout l’univers,
Jaillissant de la plaie du Christ.
Cette eau que reçoit le vieil homme
Fait surgir l’homme nouveau.
Entre ceux qui renaissent, aucune différence.
Un seul baptême, un seul esprit, une seule foi.
Ils sont Un.

Les sacrements sont les canaux qui permettent l’écoulement, à travers les âges et sur toute la surface de la terre, du sang et de l’eau qui, mystérieusement, jaillissent du côté transpercé du Christ crucifié. En recevant l’eau du baptême, nous sommes nés à une vie nouvelle et nous avons été lavés, non pour les soins du corps mais pour ceux de l’âme, non par l’eau qui lave, mais par la grâce qui purifie, et, pour reprendre les termes de l’encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI, non pour l’eros mais pour l’agape divin qui jaillit en sources d’eau vive du Cœur transpercé de Jésus crucifié. Par le baptême, nous avons été consacrés, offerts à Dieu pour lui appartenir à jamais. Nous sommes devenus ses fils bien-aimés en qui Il met ses complaisances. Mon saint patron l’Apôtre Paul nous l’enseigne dans sa seconde épître aux Corinthiens : « Il a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ ». Tout jubilé d’action de grâces nous demande de retourner sans cesse à la source d’eau vive dans laquelle nous avons été engendrés pour devenir des hommes nouveaux. La contemplation du cœur ouvert de l’Agneau est notre réponse reconnaissante à Lui qui nous a aimés le premier, et s’est fait l’un de nous pour nous faire « un » en Lui.

Chers frères et sœurs, chers amis de la Famille Saint-Jean,

6. Demain le Pape vous accueillera, non pas seuls, mais avec une multitude d’hommes et de femmes qui, comme vous, chacun à sa mesure, prend sa part à l’édification de l’Eglise et s’insère dans l’unité du Corps mystique du Christ. Le Saint-Père illumine nos méditations par ses enseignements, et particulièrement sa première Lettre encyclique : Deus caritas est. Elle est pour vous, en ces jours romains, comme l’invitation à renouveler votre engagement de religieux et de religieuses, de couples et de familles, d’oblats et de baptisés, en revenant à l’essentiel de notre vocation chrétienne : l’amour agapè « dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres » (DCE, n. 1). Le pape Benoît XVI le dit lui-même : il a voulu « insister sur certains éléments fondamentaux, de manière à susciter dans le monde – et donc dans la communauté Saint-Jean et ses amis – un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin. » Et pour cela, il nous invite à le suivre pour rejoindre la source de sa méditation toute johannique : « Celui qui a le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37), comprend ce qui a été le point de départ de cette Encyclique : «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). C’est là que cette vérité peut être contemplée. » Ainsi, entrés dans le mystère de l’agapè divin, il nous faut garder le regard fixé sur le côté ouvert du Christ en Croix, près de Jean et de la Mère que le Christ lui donne, et à travers lui à chacune et chacun d’entre nous.

7. L’amour est à l’origine de notre vocation chrétienne : dans l’appel du Christ, nous avons reconnu l’amour et nous nous sommes donnés à lui. Car l’amour chrétien, l’agapè, est un amour oblatif, la réponse à l’appel de Dieu « qui nous a aimés le premier ». Comment ne pas méditer intensément, en cette ville où la terre a été baignée par le sang de tant de martyrs de la foi, sur le sens de l’oblation comme témoignage de l’amour suprême, celui que nous donne le Christ en Croix, celui de Marie sa Mère, la Vierge des douleurs, celui d’Agnès et de Laurent, de Priscille et de Lucie, celui de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Marthe Robin qui vous est chère, celui aussi du Père Kolbe et de Mère Teresa dont le souvenir demeure un appel à plus de force et de courage dans l’amour des plus pauvres, celui enfin de Jean-Paul II en sa douloureuse maladie, tout offert à la Volonté du Père pour l’amour de l’Eglise.
L’amour est la raison d’être de toute notre vie. Mais qu’est-ce que l’amour ? Le Pape Benoît XVI nous l’enseigne : l’amour humain, l’eros grec, est appelé à une plus grande perfection dans la charité, l’agape biblique, et, pour cela, emprunte un chemin de purification. La grâce d’un pèlerinage est grâce de purification, à travers aussi les lenteurs, les lourdeurs, les imprécisions et les imprévus qui ne manquent jamais, autant d’occasions de grandir dans un amour plus parfait dont saint Paul énumère les fruits en son Epître aux Galates : « joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté ». Le sacrement du pardon et nos Eucharisties sont autant d’occasions de renouvellement de nos âmes à travers ce que le pape appelle la « mystique des sacrements » qui « se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous », et « est d’une tout autre portée et entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire ». Cette purification, vous le savez bien, n’est pas seulement pour le temps du pèlerinage : les épreuves de la vie, les médisances qui nous blessent d’autant plus qu’elles proviennent de ceux que nous avons aimés, comme Jésus à qui n’ont point été épargnées les trahisons et les infidélités. Reconnaissons aussi dans la simplicité du cœur, et confessons notre propre péché, nos égoïsmes et notre orgueil, autant de blessures de l’amour qu’il nous faut panser et transformer en occasions d’un amour renouvelé. Appelés « à suivre l’agneau partout où il va » à la suite des disciples de Jean le Baptiste, acceptons avec amour et générosité ces croix comme don de Dieu pour croître en son amour et dans celui de nos frères.

Chers frères et sœurs, chers Oblats et amis de la Famille Saint-Jean,

8. Confions-nous à l’intercession de Jean le précurseur et de son jeune disciple, l’apôtre de l’Amour, dont le Seigneur a dit à Pierre : « Si je veux qu\’il demeure jusqu\’à ce que je vienne, que t\’importe ? Toi, suis-moi ». Demeurons avec lui éveillés, le cœur toujours ouvert à l’accueil de sa venue, telle l’épouse fidèle et sage, témoins de l’espérance qui jamais ne nous abandonne, forts de la foi nourrie dans la contemplation du côté ouvert du Christ en Croix, pleins d’amour pour Dieu notre Père, nos frères dans l’Eglise, et ce peuple innombrable que Dieu nous donne à évangéliser à la suite des saints Cyrille et Méthode. Ils demeurent pour nous des modèles vivants, eux qui ont su porter la vérité révélée à de nouveaux peuples, en respectant l’originalité de leurs cultures, et plus encore, en leur donnant de se « renouveler par la force créatrice de l’Esprit-Saint, source infiniment jaillissante de beauté, d’amour et de vérité ».

Que Marie, notre Mère et notre Reine, donne à chacune et chacun d’entre nous de témoigner au milieu du monde de l’amour de Jésus, source vive qui fait de nous un peuple saint, et nous donne de participer activement à édifier la civilisation de l\’amour, de l’agape divin : à la fin des temps, il vivifiera tout et tous dans la Jérusalem céleste. Et nous pourrons laisser libre cours à notre action de grâces, en le redisant avec notre Seigneur dans l’Evangile de cette Eucharistie : oui, en vérité, le royaume de Dieu s\’est approché de nous et nous y avons répondu par le don sans partage de nos vies et de notre amour. Amen.

**********
Cf. Paul Poupard, Rome Pèlerinage, ch. IX, Le message de Rome, Bayard-L’Emmanuel, 1997, p. 209-231.
Cf. Conseil Pontifical de la Culture, Pour une pastorale de la culture, Téqui, 1999, n. 39.

suite e fin de la Didaché

23 mars, 2007

suit e e fin de la Didaché:

IV
1. – Mon enfant, souviens-toi nuit et jour de celui qui t’annonce la parole de Dieu; tu l’honoreras comme le Seigneur, car là d’où est annoncée la parole du Seigneur, là est le Seigneur. Tu rechercheras chaque jour la compagnie des saints, afin de te trouver un appui dans leurs paroles.
2. – Tu ne désireras pas la division, mais tu apaiseras ceux qui se disputent; tu jugeras avec droiture, tu ne feras pas acception de personne quand il s’agira de convaincre quelqu’un de transgression; tu n’auras pas le coeur partagé entre les suites de tes décisions.
3. – N’aie pas les mains tendues pour recevoir et fermées pour donner. Si tu as des moyens, tu donneras de tes mains le rachat de tes péchés.
4. – Tu n’hésiteras pas à donner et tu ne murmureras pas en donnant, car tu connaîtras quel est le bon rémunérateur qui te récompensera.
5. – Tu ne te détourneras pas de celui qui est dans le besoin, mais tu auras tout en commun avec ton frère et tu ne diras pas que cela t’appartient en propre; en effet, si vous participez en commun à ce qui est immortel, combien plus aux choses périssables !
6. – Ne retire pas ta main de dessus ton fils ou de dessus ta fille, mais dès la jeunesse enseigne-leur la crainte de Dieu.
7. – Ne donne pas tes ordres avec aigreur à ton esclave ou à ta servante qui espèrent dans le même Dieu, de peur qu’ils ne cessent de craindre le Dieu qui règne sur toi comme sur eux, car Il ne vient pas appeler les hommes selon l’apparence, mais ceux que l’Esprit a rendus prêts.
8. – Quant à vous, serviteurs, vous serez soumis à vos maîtres avec respect et crainte comme à l’image de Dieu.
9. Tu haïras toute hypocrisie et tout ce qui n’est pas agréable au Seigneur. Tu n’abandonneras pas les commandements du Seigneur, mais tu garderas ce que tu as reçu sans y rien ajouter ni en rien retrancher.
10. – Dans (devant) l’assemblée, tu confesseras tes transgressions et tu ne viendras pas à la prière avec une mauvaise conscience. Tel est le chemin de la vie.

V
1. – Mais voici le chemin de la mort. Avant tout il est mauvais et plein de malédictions : meurtres, adultères, convoitises, impudicités, vols, idolâtries, pratiques magiques, bénéfices, rapines, faux témoignages, hypocrisies, mauvaise foi, ruse, orgueil, méchanceté, arrogance, cupidité, langage obscène, jalousie, présomption, dédain, forfanterie.
2. – Persécuteurs des bons, gens haïssant la vérité, aimant le mensonge, ne connaissant pas la récompense de la justice, qui ne s’attachent pas au bien ni au jugement juste, qui veillent non pour le bien mais pour le mal.
3. – Qui sont loin de la bonté et de la patience, qui aiment les vanités, qui courent après la rétribution, qui n’ont pas pitié du pauvre, qui n’ont pas compassion de l’être accablé, ceux qui ne connaissent pas Celui qui les a créés, les meurtriers d’enfants, les corrupteurs de l’oeuvre de Dieu, ceux qui se détournent de celui qui est dans le besoin, qui accablent celui qui est dans les tribulations, les avocats des riches, les juges iniques des pauvres, coupables de tous les péchés. Enfants, fuyez tous ces gens-là.VI
1. – Veille à ce que personne ne te détourne du chemin de cet enseignement, car il t’enseignerait ce qui est en dehors de Dieu. Si donc tu peux porter le joug du Seigneur tout entier, tu seras parfait; mais, si tu ne le peux pas, fais ce que tu peux.
2. – Quant aux aliments, porte ce que tu pourras, mais abstiens-toi strictement de ce qui a été sacrifié aux idoles, car c’est un culte rendu à des dieux morts.VII
1. Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau vive (courante).
2. – Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
3. – Avant le baptême, que celui qui administre le baptême et celui qui le reçoit se préparent par le jeûne et, si d’autres personnes le peuvent (qu’elles fassent de même); en tous cas tu commanderas à celui qui va être baptisé de jeûner un ou deux jours auparavant.VIII
1. – Que vos jeûnes ne soient pas en même temps que ceux des hypocrites : car ils jeûnent le deuxième et le cinquième jour de la semaine; mais vous, jeûnez le quatrième et le jour de la préparation (au sabbat).
2. – Ne priez pas non plus comme les hypocrites, mais comme le Seigneur l’a ordonné dans Son Evangile. Priez ainsi :
3. – Notre Père qui es au Ciel,
que Ton Nom soit sanctifié,
que Ton règne arrive,
que Ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel;
donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien
et remets-nous notre dette comme nous remettons (la leur) à nos débiteurs
et ne nous induis pas dans la tentation,
mais délivre-nous du mal, car à Toi appartiennent la puissance et la gloire pour les siècles.
4. – Priez ainsi trois fois par jour.IX
1. – Quant à l’eucharistie, faites ainsi vos actions de grâce. D’abord pour la coupe :
2. –  » Nous Te rendons grâce, notre Père,
pour la sainte vigne de David Ton serviteur
que Tu nous a fait connaître par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.  »
3. – Pour la fraction du pain :
 » Nous Te rendons grâces, notre Père,
pour la vie et la connaissance que Tu nous a révélés par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.
4. – De même que ce pain rompu était dispersé sur les collines
et que, rassemblé, il est devenu un (seul tout),
qu’ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans Ton Royaume.
Car à Toi sont la gloire et la puissance
par Jésus-Christ pour les siècles.  »
5. – Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie sinon ceux qui ont été baptisés au nom du Seigneur; car c’est à ce sujet que le Seigneur a dit : Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens.X
1. – Après vous être rassasiés (1), rendez grâces ainsi :
 » Nous te rendons grâces, Père saint,
pour ton saint Nom
que tu as fait habiter dans nos coeurs
et pour la connaissance et la foi et l’immortalité
que tu nous as révélées par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.
2. – C’est Toi, Maître tout puissant, qui a créé toutes choses à cause de Ton Nom,
qui as donné la nourriture et le breuvage aux hommes pour qu’ils en jouissent,
afin qu’ils te rendent grâces.
Mais à nous tu as daigné accorder
une nourriture et un breuvage spirituels
et la vie éternelle par Ton Enfant.
Avant toutes choses nous Te rendons grâces
parce que Tu es puissant;
à Toi la gloire pour les siècles.
3. – Souviens-Toi, Seigneur, de Ton Eglise,
pour la délivrer de tout mal et la rendre parfaite dans Ton amour
et rassemble-la des quatre vents,
elle que tu as sanctifiée,
dans Ton royaume que Tu lui as préparé,
car à Toi sont la puissance et la gloire pour les siècles.
4. – Que la grâce arrive et que ce monde passe !
Hosanna au Fils de David !
Si quelqu’un est saint, qu’il vienne;
s’il ne l’est pas, quil se repente.
Maran atha. (2)
Amen.  »

(1) : Il s’agit donc d’un véritable repas.
(2) : Ces deux mots signifient : Seigneur, viens ! (Marana Tha), ou Le Seigneur vient (Maran Atha).

XI
1. – Si donc quelqu’un vient et vous enseigne tout ce qui vient d’être dit, recevez-le. Seulement, si ce docteur se dévoie et vous donne un autre enseignement de manière à renverser (celui que vous avez reçu), ne l’écoutez pas; d’autre part, s’il enseigne de manière à confirmer la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.
2. – Quant aux apôtres (1) et aux prophètes, agissez ainsi, selon le précepte de l’Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu’un jour, deux s’il est besoin; s’il reste trois jours, c’est un faux prophète. En partant, que l’apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l’endroit où il passera la nuit; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.
3. – Tout prophète qui parle en esprit, ne le mettez pas à l’épreuve et ne le jugez pas, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera pas remis.
4. – Cependant tout homme qui parle en esprit n’est pas prophète, à moins qu’il n’ait les manières d’être du Seigneur. C’est donc à leur conduite qu’on reconnaîtra le faux prophète et le vrai.
5. – Et aucun prophète qui dit en esprit de dresser la table n’en doit manger; s’il en mange, c’est un faux prophète. Tout prophète qui enseigne la vérité, s’il ne fait pas ce qu’il enseigne, est un faux prophète.
6. – Tout prophète éprouvé, véridique, agissant en vue du mystère terrestre de l’Eglise, mais n’enseignant pas aux autres à faire tout ce qu’il fait lui-même ne sera pas jugé parmi vous, car c’est à Dieu qu’il appartient de le juger; les anciens prophètes ont également fait des choses semblables.
7. Mais si quelqu’un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l’argent ou autre chose, ne l’écoutez pas. Cependant, si c’est pour d’autres personnes qui sont dans l’indigence qu’il a dit de donner, que personne ne le juge.

(1) : Le mot apôtres désigne ici les prophètes itinérants, et non pas les douze apôtres mentionnés dans le titre de la Didachè.

XII
1. – Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Puis, après l’avoir mis à l’épreuve, vous le connaîtrez, car vous aurez l’intelligence de la droite et de la gauche (1).
2. – Si l’arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours, s’il y a nécessité.
3. – S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange; s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire.
4. – Mais, s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ; tenez-vous en garde contre de tels gens.

(1) : Du bien et du mal.

XIII
1. – Tout prophète véridique qui veut se fixer parmi vous est digne de sa nourriture. De même un docteur véridique est digne, lui aussi, comme l’ouvrier, de sa nourriture.
2. – Tu prendras donc toutes les prémices de ton pressoir et de ton aire, de tes boeufs et de tes brebis pour les donner aux prophètes, car ce sont eux qui sont vos grands prêtres. Mais, si vous n’avez pas de prophète, donnez-les aux pauvres. Si tu fais un pain, prends-en les prémices et donne-les selon le commandement.
3. – De même, si tu ouvres une amphore de vin ou d’huile, prends-en les prémices et donne-les aux prophètes; de l’argent aussi et du vêtement et de tous les biens (que tu possèdes) prends les prémices comme bon te semblera et donne-les selon le commandement.XIV
1. – Chaque dimanche, vous étant assemblés, rompez le pain et rendez grâces, après vous être mutuellement confessé vos transgressions, afin que votre sacrifice soit pur.
2. – Mais que quiconque a un dissentiment avec son prochain ne se joigne pas à vous jusqu’à ce qu’ils se soient réconciliés, afin que votre sacrifice ne soit pas profané. Car voici l’(offrande) dont a parlé le Seigneur :
3. –  » En tout temps et en tout lieu on me présentera une offrande pure, car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon Nom est admirable parmi les nations.  » (Malachie)XV
1. – Elisez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux et désintéressés, véridiques et éprouvés, car pour vous ils remplissent, eux aussi, l’office de prophètes et de docteurs.
2. – Ne les méprisez donc pas, car ils doivent être honorés parmi vous en communauté avec (au même titre que) les prophètes et les docteurs.
3. – Reprenez-vous les uns les autres, non pas en colère mais en paix, comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile et celui qui manque à son prochain, que nul d’entre vous ne lui parle ni ne l’écoute jusqu’à ce qu’il se soit repenti.
4. – Mais vos prières et vos aumônes et toutes vos actions, faites-les comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile de notre Seigneur. XVI
1. – Veillez sur votre vie. Que vos lampes ne s’éteignent pas et que vos reins ne se déceignent pas, mais soyez prêts, car vous ne savez pas l’heure où notre Seigneur viendra.
2. – Réunissez-vous fréquemment, cherchant ce qui convient à vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si au dernier moment vous n’êtes pas devenus parfaits.
3. – Car dans les derniers jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups et l’amour se changera en haine; car, l’iniquité ayant augmenté (les hommes) se haïront les uns les autres et se persécuteront et se trahiront.
4. – Alors paraîtra le Séducteur du monde (se donnant) comme fils de Dieu et il fera des signes et des prodiges et la terre sera livrée entre ses mains et il commettra des forfaits tels qu’il n’y en a point eu depuis l’origine des temps.
5. – Alors toute la création humaine entrera dans le feu de l’épreuve et beaucoup succomberont et périront; mais ceux qui auront persévéré dans leur foi seront sauvés de cet anathème.
6. – Et alors paraîtront les signes de la vérité; d’abord le signe de l’ouverture du ciel, puis le signe du son de la trompette et troisièmement la résurrection des morts, non de tous, il est vrai, mais comme il est dit :  » Le Seigneur viendra et tous les saints avec Lui !  »
7. – Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du Ciel.

XI

1. – Si donc quelqu’un vient et vous enseigne tout ce qui vient d’être dit, recevez-le. Seulement, si ce docteur se dévoie et vous donne un autre enseignement de manière à renverser (celui que vous avez reçu), ne l’écoutez pas; d’autre part, s’il enseigne de manière à confirmer la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.
2. – Quant aux apôtres (1) et aux prophètes, agissez ainsi, selon le précepte de l’Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu’un jour, deux s’il est besoin; s’il reste trois jours, c’est un faux prophète. En partant, que l’apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l’endroit où il passera la nuit; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.
3. – Tout prophète qui parle en esprit, ne le mettez pas à l’épreuve et ne le jugez pas, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera pas remis.
4. – Cependant tout homme qui parle en esprit n’est pas prophète, à moins qu’il n’ait les manières d’être du Seigneur. C’est donc à leur conduite qu’on reconnaîtra le faux prophète et le vrai.
5. – Et aucun prophète qui dit en esprit de dresser la table n’en doit manger; s’il en mange, c’est un faux prophète. Tout prophète qui enseigne la vérité, s’il ne fait pas ce qu’il enseigne, est un faux prophète.
6. – Tout prophète éprouvé, véridique, agissant en vue du mystère terrestre de l’Eglise, mais n’enseignant pas aux autres à faire tout ce qu’il fait lui-même ne sera pas jugé parmi vous, car c’est à Dieu qu’il appartient de le juger; les anciens prophètes ont également fait des choses semblables.
7. Mais si quelqu’un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l’argent ou autre chose, ne l’écoutez pas. Cependant, si c’est pour d’autres personnes qui sont dans l’indigence qu’il a dit de donner, que personne ne le juge.

(1) : Le mot apôtres désigne ici les prophètes itinérants, et non pas les douze apôtres mentionnés dans le titre de la Didachè.
XII

1. – Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Puis, après l’avoir mis à l’épreuve, vous le connaîtrez, car vous aurez l’intelligence de la droite et de la gauche (1).
2. – Si l’arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours, s’il y a nécessité.
3. – S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange; s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire.
4. – Mais, s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ; tenez-vous en garde contre de tels gens.

(1) : Du bien et du mal.

XIII

1. – Tout prophète véridique qui veut se fixer parmi vous est digne de sa nourriture. De même un docteur véridique est digne, lui aussi, comme l’ouvrier, de sa nourriture.
2. – Tu prendras donc toutes les prémices de ton pressoir et de ton aire, de tes boeufs et de tes brebis pour les donner aux prophètes, car ce sont eux qui sont vos grands prêtres. Mais, si vous n’avez pas de prophète, donnez-les aux pauvres. Si tu fais un pain, prends-en les prémices et donne-les selon le commandement.
3. – De même, si tu ouvres une amphore de vin ou d’huile, prends-en les prémices et donne-les aux prophètes; de l’argent aussi et du vêtement et de tous les biens (que tu possèdes) prends les prémices comme bon te semblera et donne-les selon le commandement.
XIV

1. – Chaque dimanche, vous étant assemblés, rompez le pain et rendez grâces, après vous être mutuellement confessé vos transgressions, afin que votre sacrifice soit pur.
2. – Mais que quiconque a un dissentiment avec son prochain ne se joigne pas à vous jusqu’à ce qu’ils se soient réconciliés, afin que votre sacrifice ne soit pas profané. Car voici l’(offrande) dont a parlé le Seigneur :
3. –  » En tout temps et en tout lieu on me présentera une offrande pure, car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon Nom est admirable parmi les nations.  » (Malachie)
XV

1. – Elisez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux et désintéressés, véridiques et éprouvés, car pour vous ils remplissent, eux aussi, l’office de prophètes et de docteurs.
2. – Ne les méprisez donc pas, car ils doivent être honorés parmi vous en communauté avec (au même titre que) les prophètes et les docteurs.
3. – Reprenez-vous les uns les autres, non pas en colère mais en paix, comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile et celui qui manque à son prochain, que nul d’entre vous ne lui parle ni ne l’écoute jusqu’à ce qu’il se soit repenti.
4. – Mais vos prières et vos aumônes et toutes vos actions, faites-les comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile de notre Seigneur. XVI

1. – Veillez sur votre vie. Que vos lampes ne s’éteignent pas et que vos reins ne se déceignent pas, mais soyez prêts, car vous ne savez pas l’heure où notre Seigneur viendra.
2. – Réunissez-vous fréquemment, cherchant ce qui convient à vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si au dernier moment vous n’êtes pas devenus parfaits.
3. – Car dans les derniers jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups et l’amour se changera en haine; car, l’iniquité ayant augmenté (les hommes) se haïront les uns les autres et se persécuteront et se trahiront.
4. – Alors paraîtra le Séducteur du monde (se donnant) comme fils de Dieu et il fera des signes et des prodiges et la terre sera livrée entre ses mains et il commettra des forfaits tels qu’il n’y en a point eu depuis l’origine des temps.
5. – Alors toute la création humaine entrera dans le feu de l’épreuve et beaucoup succomberont et périront; mais ceux qui auront persévéré dans leur foi seront sauvés de cet anathème.
6. – Et alors paraîtront les signes de la vérité; d’abord le signe de l’ouverture du ciel, puis le signe du son de la trompette et troisièmement la résurrection des morts, non de tous, il est vrai, mais comme il est dit :  » Le Seigneur viendra et tous les saints avec Lui !  »
7. – Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du Ciel.

commentaire à l’évangile du jour – 23.3.07

23 mars, 2007

du site EAQ: 

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur Saint Jean, n° 28

« Son heure n’était pas encore venue »

« La fête juive des Tentes approchait. Les frères de Jésus lui dirent : Ne reste pas ici, va en Judée, pour que tes disciples là-bas voient les oeuvres que tu fais… Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, tandis que pour vous le temps est toujours bon » (Jn 7,2-6)… Jésus répond ainsi à ceux qui lui conseillaient de rechercher la gloire : « le temps de ma gloire n’est pas encore venu ». Voyez la profondeur de cette pensée : ils le poussent à rechercher la gloire, mais lui veut que l’humiliation précède l’élévation ; c’est par l’humilité qu’il veut se frayer un chemin à la gloire. Les disciples qui voulaient être assis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche (Mc 10,37) recherchaient la gloire humaine eux aussi : ils ne voyaient que le terme du chemin, sans considérer le chemin qui devait y conduire. Le Seigneur les a donc rappelés à la véritable route, pour qu’ils parviennent à la patrie comme on doit le faire. La patrie est élevée mais la route est humble. La patrie, c’est la vie du Christ ; la route, c’est sa mort. La patrie, c’est la demeure du Christ, la route, c’est sa Passion…
Ayons donc le coeur droit ; le temps de notre gloire n’est pas encore arrivé. Ecoutons dire à ceux qui aiment ce monde, comme les frères du Seigneur : « Votre temps est toujours bon, le nôtre n’est pas encore venu ». Osons le dire, nous aussi. Nous qui sommes le Corps de notre Seigneur Jésus Christ, nous qui sommes ses membres, nous qui le reconnaissons avec joie comme notre chef, redisons ces paroles, puisque c’est pour nous qu’il a daigné les dire le premier. Quand ceux qui aiment le monde insultent notre foi, disons-leur : « Votre temps est toujours bon, le nôtre n’est pas encore venu. » L’apôtre Paul, en effet, nous a dit : « Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ». Quand viendra notre temps ? « Quand le Christ, notre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez, vous aussi, avec lui dans la gloire » (Col 3,3).
« Notre vie est cachée en Dieu avec le Christ ». On pourrait bien dire pendant l’hiver : cet arbre est mort, par exemple un figuier, un poirier ou tout autre arbre fruitier ; pendant tout l’hiver, il semble privé de vie. Mais l’été sert de preuve et permet de juger s’il est vivant. Notre été à nous, c’est la révélation du Christ. Dieu viendra manifestement, notre Dieu ne se taira pas.

la Didaché

22 mars, 2007

le texte est tout de toute façon sur le site sous cité, il vaut le coup de lire ces témoignages chrétiens premier, le Saint-Père il est en train d’enseigner vraiment aujourd’hui nous:  regarder à l’histoire de l’Église, comme elle s’est formée et comme elle est mûrie, il a parlé de « Justin » qu’il fait partie des « Apologistes grecs », la « Didaché » fait partie des « Pères Apostoliques », sur les livres le document premier est celui-ci du Didaché, vraiment beau teste du site : 

http://www.spiritualite-chretienne.com/livres/bloy.html

La Didachè

ou l’enseignement des douze apôtres

La Didachè est un petit livre qui fut écrit en langue grecque, sans doute en Syrie, vers la fin du premier siècle ou au début du deuxième siècle de notre ère. Elle a été de bonne heure l’objet d’une grande vénération, à tel point que pendant un temps on la lisait, avec les Epîtres, aux cultes de la primitive Eglise. Les Pères de l’Eglise (Saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Athanase, Origène, etc…) l’ont très fréquemment citée, ainsi que Eusèbe, l’auteur de l’Histoire ecclésiastique. Enfin elle fut traduite en latin et en arabe.
Soudainement elle disparut et, pendant des si
ècles, on n’avait pas de raison d’espérer la retrouver, lorsque M. Philothée Bryennios, patriarche de Nicomédie, alors qu’il était évêque de Sérès (Macédoine) et doyen de l’Ecole du Phanar, à Constantinople, en découvrit le manuscrit, vers 1873, dans la Bibliothèque du Saint-Sépulcre – laquelle se trouve dans le palais du Phanar, bien qu’appartenant au patriarcat de Jé
rusalem.
Le manuscrit retrouv
é, d’une belle écriture cursive, a été copié à Jérusalem en 1056, par « Léon, scribe et pécheur ». M. Bryennios en a donné, en 1883, une édition très remarquable, avec introduction et commentaires. La découverte a eu un retentissement énorme. Par la suite, et jusqu’à ces derniers temps, il a paru sur la Didachè un nombre considérable d’études, dont beaucoup sont accompagné
es de traductions.
Ce qui fait le grand int
érêt de la Didachè, c’est qu’elle est le premier document extra-canonique du christianisme primitif, pratiquement contemporain des livres qui composent le Nouveau Testament. Selon les historiens qui ont cherché à fixer la date de sa rédaction, celle-ci se situerait entre les points extrê
mes de 70 et 150.
Le mot grec Didach
è, ou Didakhè, signifie Enseignement, ou Doctrine. Le manuscrit retrouvé est intitulé : Enseignement des douze Apôtres. En dehors de cette indication du titre, les douze apôtres ne sont jamais mentionnés dans le texte lui-même. Cela fait supposer que ce titre est dû à
un copiste.Emile Besson.


Une édition de ce petit livre peut être trouvée à l’Association :
Les Amitiés Spirituelles
B.P. 236 – 75624 PARIS Cedex 13ou à l’adresse suivante :
Alain Larret
20, rue Pradier
87100 Limoges (FRANCE)

1. – Il y a deux chemins : celui de la vie et celui de la mort; mais il y a une grande différence entre les deux chemins.
2. – Voici donc le chemin de la vie. En premier lieu tu aimeras le Dieu qui t’a cr
éé; en second lieu tu aimeras ton prochain comme toi-même. Et tout ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît, ne le fais pas non plus à
autrui.
3. – Voici donc l’enseignement renferm
é dans ces paroles : bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis, jeûnez pour ceux qui vous persé
cutent.
4. – Car quel gr
é vous saura-t-on si vous aimez seulement ceux qui vous aiment ? Les paï
ens ne le font-ils pas aussi ?
5. – Mais vous, aimez ceux qui vous ha
ï
ssent et vous n’aurez pas d’ennemi.
6. – Abstiens-toi des passions charnelles et mondaines.
7. – Si quelqu’un te donne un soufflet sur la joue droite, pr
é
sente-lui aussi l’autre et tu seras parfait.
8. – Si quelqu’un te requiert pour une corv
ée d’un mille, fais-en deux avec lui. Si quelqu’un t’enlève ton manteau, donne-lui aussi la tunique. Si quelqu’un te prend ce qui est à
toi, ne le redemande pas, car tu ne le peux.
9. – A quiconque te demande donne et ne redemande pas, car
à tous le Pè
re veut faire part de Ses propres bienfaits.
10. – Heureux celui qui donne selon le commandement, car il est sans reproche. Malheur
à celui qui reçoit : si quelqu’un reç
oit parce qu’il a besoin, il sera sans reproche.
11. – Mais, s’il n’a pas besoin, il rendra compte pourquoi il a re
çu et dans quel but. Jeté en prison, il sera examiné sur ce qu’il a fait et il ne sera pas relaché jusqu’à ce qu’il ait restitué
le dernier quadrant.
12. – Mais
à ce sujet aussi il a été dit : « Que ton aumône transpire dans tes mains jusqu’à ce que tu saches à
qui tu donnes. »

II

1. – Voici maintenant le second commandement de l’enseignement : Tu ne tueras point; tu ne commettras point d’adultère; tu ne souilleras point les enfants; tu ne seras point impudique; tu ne déroberas point; tu ne t’adonneras point à la magie; tu ne prépareras point de breuvages empoisonnés; tu ne tueras point l’enfant par avortement et tu ne le feras pas mourir après sa naissance.
2. – Tu ne convoiteras point ce qui appartient au prochain; tu ne seras point parjure; tu ne porteras point de faux t
émoignage; tu ne mé
diras point; tu ne seras point rancunier.
3. Tu n’auras pas de duplicit
é dans tes pensées ni dans tes paroles, car la duplicité est un piè
ge de mort.
4. – Ta parole ne sera pas mensong
è
re ni vide, mais pleine d’action.
5. – Tu ne seras pas cupide, ni rapace, ni hypocrite, ni d
épravé
, ni orgueilleux.
6. – Tu n’
é
couteras aucun mauvais conseil contre ton prochain.
7. – Tu ne ha
ïras aucun homme, mais tu reprendras les uns, tu prieras pour les autres, tu aimeras les autres plus que ton â
me (1).(1) : Le mot employé est Psyche : la vie, l’âme, le coeur, le centre sentimental.

III

1. – Mon enfant, fuis loin de tout mal et de tout ce qui lui ressemble.
2. – Ne sois pas col
ère, car la colère conduit au meurtre, ni jaloux, ni querelleur, ni emporté, car de tout cela naissent les meurtres.
3. – Mon enfant, ne sois pas convoiteux, car la convoitise conduit
à l’impudicité; ne tiens pas de propos obscènes et n’aie pas le regard hardi, car de tout cela naissent les adultè
res.
4. – Mon enfant, ne sois pas augure, parce que cela conduit
à l’idolâtrie, ni enchanteur, ni astrologue et ne purifie pas par l’externe; ne désire pas même regarder ces choses, car de tout cela naît l’idolâ
trie.
5. – Mon enfant, ne sois pas menteur, parce que le mensonge conduit au vol, ni avare, ni vaniteux, car de tout cela naissent les vols.
6. – Mon enfant, ne sois pas murmurateur, parce que cela conduit au blaph
ème, ne sois pas arrogant, ni malveillant, car de tout cela naissent les blasphèmes. Mais sois doux, puisque les doux recevront la terre en hé
ritage.
7. – Sois longanime, mis
éricordieux, sans méchanceté
, paisible, bon; garde toujours en tremblant les paroles que tu as entendues.
8. – Tu ne t’
élèveras pas toi-même et tu ne livreras pas ton coeur à la pré
somption.
9. – Ton
â
me ne s’attachera pas aux orgueilleux, mais se plaira avec les justes et les humbles.
10. – Accueille comme des bienfaits les choses extraordinaires qui t’arrivent, sachant que rien ne se produit en dehors de Dieu.
 

l’article suit…demain, j’èspère de me rappellé de ce (?)

Chercher un sens à sa vie c’est « accorder sans cesse son cœur au cœur de

22 mars, 2007

du site Zenith:

2007-03-21

Chercher un sens à sa vie c’est « accorder sans cesse son cœur au cœur de Dieu

Entretien avec le P. N. Buttet, invité au festival « Chercheurs de sens » à Lausanne

ROME, Mercredi 21 mars 2007 (ZENIT.org) A loccasion du festival Chercheurs de sens » organisé pour les jeunes, les 17 et 18 mars à Lausanne, en Suisse par Fondacio et le Chemin Neuf, deux communautés catholiques à vocation œcuménique, Zenit a demandé à lun des intervenants, le père Nicolas Buttet de commenter le thème de cette rencontre.

La manière dont Dieu conduit une personne « à la découverte dun sens de sa vie, est dune ingéniosité complètement folle qui ne cesse de nous émerveiller », affirme le fondateur de la Fraternité « Eucharistein ».

Zenit : Tous les jeunes sont à la recherche de quelque chose. Mais quel est le déclic qui fait qu’il prend un jour conscience que ce qu’il recherche est finalement de donner un ‘vrai’ sens à sa vie. Vous-même étiez promis à une belle carrière d’avocat en Suisse, et c’est finalement à Dieu que vous avez choisi de consacrer votre vie. Comment ce déclic se manifeste-t-il ?

P. Buttet : Je pense quil peut se manifester de plusieurs manières. La manière dont Dieu veut rejoindre une âme et la reconduire à lui, ou la conduire à la découverte dun sens de sa vie, est dune ingéniosité complètement folle qui ne cesse de nous émerveiller.

Il y a de grands classiques. Ce sont dabord des insatisfactions, que ce soit dun point de vue négatif : on se dit par exemple ma vie est vide, ne me comble pas je cherche à la remplir et puis ça reste creux devant tant de faux plaisirs, de faux substituts quon essaie de me donner ; mais ça peut venir aussi de façon plus positive, plus lumineuse, par des témoins que Dieu place sur notre route et qui deviennent véritablement des signes, des balises sur le chemin de la quête de sens, au début, au milieu ou à la fin dun chemin. De manière plutôt interrogative dabord, de manière incitative ensuite, de manière définitive, dans une sorte de capitulation qui amène à accueillir le signe prophétique du témoignage. Et puis, troisièmement, il y a lEsprit Saint qui va guider les cœurs, et qui va donner la lumière et la force dans la liberté de la personne.

Je pense que ce sont ici les trois manières dont une personne peut, petit à petit, se rendre compte quil y a autre chose et quil faut réorienter sa vie par le primat de l « être » sur le « faire », sur lavoir, sur le savoir, et que l « être » seul est capable de combler un cœur.

Zenit : Ceux qui accompagnent les jeunes dans cette recherche de sens sont-ils ou doivent-ils eux-mêmes être en recherche continue ?

P. Buttet : Il est clair que ce nest jamais acquis. Cest une quête permanente, une nécessité permanente dajustement, comme on accorderait un instrument de musique : accorder sans cesse notre cœur au cœur de Dieu ! Il faut avoir aussi une crédibilité personnelle, communautaire. Jaime beaucoup cette phrase de Jean-Paul II qui disait : « Nous sommes tous appelés des évangélisateurs parce que nous-mêmes nous sommes évangélisés, joyeux d’être pour les autres limage irradiante de Jésus Christ ». Je pense que là on peut parler dune exigence permanente du cœur de lhomme, de vérité et de charité, aussi de pouvoir goûter toujours plus le Christ. Donc, le sens on la découvert, cest Jésus Christ, mais on nen a jamais fait le tour.

Ceci demande un travail de conversion, dillumination, et puis de bonheur. Cest laventure permanente. Je crois que cette soif daventure qui habite le cœur des jeunes, qui habite le monde daujourdhui, nest vraiment comblée que dans le Christ. Nous organisons chaque été des voyages avec les jeunes, en Chine, au Tibet, au Vietnam, en Inde, ou plus près de nous, sur les chemins de Saint Jacques et de Rome, à pied, et finalement nous voyons bien que Christ donne un autre sens au voyage sur cette terre.

Ce nest pas une doctrine, ce nest pas une théorie : cest une personne avec qui je chemine, et comme toute personne elle reste un mystère : plus je la connais, plus jai envie de laimer, et plus je laime plus jai envie de la connaître. Et plus jaborde ce mystère et plus il est insondable, plus en même temps il se révèle à moi. Cest le paradoxe de la rencontre.

Zenit : Quels types de repères apportez-vous aux jeunes pour les aider dans leur discernement ?

P. Buttet : Lun des repères déterminants est le réalisme profond car je crois que lon vit dans un monde virtuel, idéaliste, où les gens sont enfermés dans leur tête et dans leurs rêves, dans des projets souvent irréalisables ou utopiques, dans des souvenirs blessés du passé. Mais comment revenir à un réalisme non pas seulement à laujourdhui, qui est capital, car cest à partir du présent que je bâtis mon avenir et que jassume mon passé, mais à un réalisme anthropologique ? Cest-à-dire, quelle est la vision de la personne humaine, du monde ? Et là je crois quune clef de formation est absolument indispensable pour avoir une approche profondément réaliste dabord humaine, ensuite philosophique puis théologique.

Il y a des docteurs ou des professeurs pour aborder cela. Cest du réalisme basic expérimental, mais que lon a tellement oublié face à toutes les idéologies et toutes les caricatures de lhomme que lon peut nous donner aujourdhui. Lautre chose indispensable cest lhumilité, lhumilité de se laisser enseigner. Ce cœur d’écoute dont il est question dans lEcriture sainte. Je crois que cest une attitude essentielle.

Zenit : Un nombre croissant de personnes se tournent vers les psychologues pour tenter de faire face à des situations difficiles sur le plan familial, sur le plan du travail, etc.. Le coaching est également très à la mode. Il y a donc des spécialistes qui s’intéressent à ce ‘mal d’âme’ comme ils disent. Croyez-vous au bénéfice d’expériences cliniques ? Vous y intéressez-vous ?

P. Buttet : Tout ce qui est humain nous intéresse. Il faut bien comprendre lhomme dans ses différentes dimensions : physique, corporelle, psychologique, affective, émotionnelle et spirituelle. Il va falloir aborder les trois dimensions sans les séparer, en les distinguant, mais pour mieux les unir, avec lintelligence et la volonté situées au sommet de tout et qui doivent être les critères déterminants. Je pense que des demandes comme celles-ci peuvent aider, mais dans la mesure où il existe une anthropologie réaliste derrière, et ça cest peut-être la plus grande difficulté dans ces démarches qui sont certainement sincères et honnêtes, mais qui manquent assez régulièrement dune vision objective de la personne humaine. Une vision qui ne soit pas subjective ou idéologique, mais qui permette simplement de remettre lhomme debout, de reconstruire l’être humain dans son unité profonde et dans son intériorité. Il y a probablement des dérives réductionnistes de la personne humaine à une seule dimension.

Plusieurs dimensions de la personne humaine réapparaissent et je crois quaujourdhui on assiste à une redécouverte, y compris dans le milieux de la psychologie, à la nécessité dun au-delà de la psychologie. La psychanalyse a été beaucoup critiquée. Ce sont des réductions de l’être humain à la seule psychologie. Et le grand danger cest justement de réduire !

Lune des confusions qui me paraît importante aujourdhui est la confusion entre la santé et le salut. Les personnes en mal d’être, en mal de vivre un état qui résulte souvent dun mal penser cherchent désespérément la santé, mais en fait cest plus profond, cest celle du salut et cet ordre somato-psycho-spirituel de l’être humain qui doit être retrouvé avec ce qui ordonne tout, cest-à-dire la vie spirituelle. Je côtoie des coach qui me disent limportance quils ont dans la vie des personnes, mais je remarque quil y a comme une démission de la liberté chez certains, quils se remettent entièrement dans les mains dautres personnes. Ce nest pas le but officiel du coaching mais cest parfois lattitude psychologique que lon voit. Or, la grande question est finalement : Comment amener la personne à une grande maturité humaine authentique, à une liberté intérieure authentique ?

La Fraternité Eucharistein, dont le père Nicolas Buttet est le fondateur, a été reconnue officiellement dans l’Eglise catholique et érigée en Association publique de fidèles en juin 2003. Elle offre à des jeunes la possibilité de vivre une année sabbatique de réflexion, de service et de prière, après leur formation professionnelle ou leur maturité. Elle accueille aussi de nombreux jeunes ayant été confrontés à des problèmes de drogue, d’alcool ou de dépression, pour un temps de reconstruction personnelle.
Le père Buttet est également l’inspirateur du projet de l’Institut
Philanthropos
, institut européen d’études anthropologiques, à Bourguillon, en Suisse.

Record de ventes de l’exhortation de Benoît XVI « Sacrement de l’amour »

22 mars, 2007

du site Zenith: 

Record de ventes de l’exhortation de Benoît XVI « Sacrement de l’amour »

ROME, Mercredi 21 mars 2007 (ZENIT.org) Le deuxième grand document de Benoît XVI, son exhortaiton apostolique post-synodale « Sacrement de lamour », publiée mardi 13 mars est dores et déjà un succès de libairie, indique la Librairie éditrice vaticane (LEV, cf. www.vatican.va, et diffusione@lev.va ).

Plus de 220.000 exemplaires ont déjà été vendus en quelques jours, indique l’éditeur.

« Sacramentum caritatis » est le 19e volume de la collection « Magistère de Benoît XVI » et il est disponible au prix de 2 euro.

Le pape, explique l’éditeur, « a voulu redire une fois encore limportance de la célébration eucharistique en tant que source et sommet de la vie et de la misison de lEglise ».

C’était là en effet le thème du synode doctobre 2005, convoqué par Jean-Paul II pour clore lannée de lEucharistie, et confirmé et mené à bien par Benoît XVI.

« Benoît XVI, souligne le communiqué, exhorte tout le peuple des fidèles à approfondir la relation entre le Mystère eucharistique, laction liturgique et le nouveau culte spirituel découlant d elEucharistie, en tant que sacrement de la charité ».

merci, mes amis français

22 mars, 2007

chers amis Français suis en train de s’apercevoir que je suis en train d’apprendre la patience, avec beaucoup de fatigue parce que je ne nous l’ai pas naturellement et je suis impatient, je suis en train de l’apprendre de vous, de ce qui écrivez sur le Blog, aussi de ce qui n’écrivez pas, merci d’une romaine rapide et trop souvent intransigeant, merci 

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