Archive pour le 23 mars, 2007

L’Europe a besoin de penseurs capables de traduire les convictions de la foi dans le langage du monde

23 mars, 2007

du site Zenith:

22.3.07

L’Europe a besoin de penseurs capables de traduire les convictions de la foi dans le langage du monde Déclaration du président de l’Association pour la Fondation européenne

ROME, Jeudi 22 mars 2007 (ZENIT.org)

– A l’occasion du Congrès organisé par la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) pour le cinquantième anniversaire des Traités de Rome, qui se déroulera dans la capitale italienne, du 23 au 25 mars, l’Association pour la Fondation européenne (AFE), a présenté un document dans lequel elle propose un avenir chrétien pour le Continent européen.

L’AFE, dont le logo représente les six saints patrons de l’Europe – sainte Catherine de Sienne, sainte Brigitte de Suède, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, saint Benoît, saint Cyrille et saint Méthode –, soutient « la nécessité de penseurs capables de traduire les convictions spécifiques de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre efficaces dans un monde nouveau ».

Le président de l’AFE, Giorgio Salina, a expliqué à Zenit que ce document intitulé « Citoyens, fidèles laïcs et l’avenir de l’Europe » part de la conviction, comme l’a affirmé le pape Benoît XVI dans son message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, qu’en « construisant la paix on pose les conditions d’un authentique humanisme intégral… préparant ainsi un avenir serein pour les générations à venir ».

« Rappelant et partageant les espoirs et les idéaux des Pères fondateurs – poursuit Giorgio Salina – nous espérons que le processus d’ « européisation » se poursuive avec courage et énergie, fournissant une réponse effective aux attentes de millions d’hommes et de femmes qui se savent liés par une histoire commune et qui espèrent en un destin d’unité et de solidarité ».

Selon le président de l’AFE « l’idéal européen » de réunification doit être atteint « non seulement comme réunification géographique et culturelle, mais aussi au niveau de l’efficience interne et de l’efficacité sur le plan international afin d’accomplir notre mission historique ».

Le document souligne que « dans une adhésion libre et cordiale au magistère du pape et de nos évêques » nous sommes conscients que « l’homme porteur de ‘sens religieux’ apporte une proposition spécifique à l’amélioration de la société ».

Giorgio Salina précise qu’en « nous situant dans la ligne de pensée des Pères fondateurs de l’Europe qui s’en sont inspirés, il nous faut avant tout mentionner de façon particulière le principe de subsidiarité, qui prend sa source dans le droit naturel ».

Concernant la présence de l’Europe sur l’échiquier international, l’AFE se demande « s’il ne faudrait pas procéder à un examen de conscience : l’Europe est-elle réellement présente là où le monde l’attend ? ».

Dans nos efforts à « rendre notre vie commune conforme aux droits fondamentaux de l’homme », le document de l’AFE réaffirme que « les valeurs chrétiennes, représentent le ‘facteur d’unité’ le plus important et le plus évident ».

A ce propos Georgio Salina estime que « marginaliser une culture et une tradition, comme la culture chrétienne, un patrimoine qui a largement contribué à modeler l’Europe des nations et l’Europe des peuples, en la présentant aujourd’hui comme un fait de l’histoire, est une blessure portée à la liberté et mine le destin d’unité et de solidarité ».

Le document de l’AFE souligne que les chrétiens peuvent « apporter une contribution significative à l’édification d’une société civile et politique européenne plus démocratique et accueillante pour tous » parce que, comme l’a relevé le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, « ce sont les citoyens moraux souvent inspirés par la religion qui favorisent la démocratie ».

En conclusion, le document de l’AFE réaffirme les recommandations du philosophe Jürgen Habermas, qui montre « la nécessité de penseurs capables de traduire les convictions spécifiques de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre efficaces dans un monde nouveau » et renouvelle ses espoirs en un nouvel élan afin que « la grande tradition chrétienne du continent » puisse se réaliser.

du 22.2.2006 du Cardinal Paul Poupard

23 mars, 2007

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_3092.htm

Huit portes de sagesse et de sainteté
Feb 22, 2006
En huit paragraphe, comme huit portes bibliques de sagesse et de sainteté, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture ouvre un chemin pour les pèlerins de la famille spirituelle de la communauté Saint-Jean, à Rome pour un triduum jusqu’à demain.
ROME, Mardi 14 février 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du cardinal Poupard, à l’adresse du fondateur, des frères et sœurs, des oblats, des laïcs amis et des familles de la communauté Saint-Jean, lors de la messe de ce matin, à Saint-Jean du Latran.

Homélie de S. Em. Le card. Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical de la Culture

Pèlerinage des frères et sœur de la communauté Saint-Jean

St Jean de Latran, le 14 février 2006, Saint Cyrille et Méthode ( 2 Co 4, 1-7 – Ps 95 – Lc 10,1-9)

Mes Révérends et bien chers Pères,
Chers Frères et Sœurs, Oblats et Amis de Saint-Jean,
Chers amis pèlerins,

1. C’est pour moi une grande joie de vous accueillir en cette majestueuse Basilique d’abord consacrée au saint Sauveur, et plus tardivement aux saints Jean-Baptiste et Jean l’Evangéliste, l’Apôtre que Jésus aimait et que vous considérez comme votre Père. Nous sommes ici, vous avez pu le lire fièrement inscrit sur la façade majestueuse et solennelle du Florentin Alessandro Galilei, dans la « Sacrosancta Lateranensis ecclesia Omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput » : mère et tête de toutes les églises de Rome et du monde. Réunis en cette liturgie solennelle, nous fêtons dans la joie les saints Cyrille et Méthode, apôtres des peuples slaves et Patrons de l\’Europe avec saint Benoît Abbé. Nous prions donc le maître de la moisson en cette Eucharistie, comme Jésus nous l’a demandé dans l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre, « d\’envoyer des ouvriers dans sa moisson », et nous renouvelons notre désir de répondre généreusement à son envoi : « Partez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », pauvres sans « bourse, ni sac, ni souliers », mais riches de la paix que le Seigneur met dans nos âmes parce que, c’est notre foi : « Le royaume de Dieu s\’est approché de nous ».

Cher Père Marie-Dominique Philippe,

2. En accueillant les frères, les sœurs et les amis de la Communauté Saint-Jean réunis en pèlerinage d’action de grâces pour les 30 ans de sa fondation, je me dois de m’adresser en premier lieu à vous, et de vous redire ma reconnaissance pour le don de votre vie au service de l’Eglise selon la grâce de saint Dominique à qui vous avez toujours voulu rester fidèle, tout en étant appelé par Dieu à accompagner ces jeunes désireux d’offrir leur vie au service de l’Eglise et du Christ, selon la grâce de l’Apôtre saint Jean.

Il m’en souvient, c’était voici déjà trente ans : j’étais aumônier de « Saint-Do », via Cassia, où vous séjourniez à l’occasion de vos séjours romains. Vous me parliez de vos étudiants passionnés par la réflexion sur l’être et la métaphysique, l’interrogation du beau et la philosophie de l’art, la recherche du vrai et la critique… Ils faisaient votre joie et vous encourageaient dans un environnement intellectuel sinon hostile, du moins peu enclin à suivre un tel enseignement. Ces étudiants, vous les accompagniez aussi spirituellement : vous les voyiez se joindre pour vivre ensemble, comme les premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres, mettant leurs biens en commun, priant intensément et longuement, fervents dans la célébration de l’eucharistie comme vous leur en montriez l’exemple, et profondément unis dans un amour tout fraternel et communicatif. C’est ainsi qu’une multitude s’est jointe à eux au fil des ans, jusqu’à devenir une grande et belle famille dont vous êtes l’heureux Père fondateur, béni de Dieu à travers une multitude de fils et de filles répartis aux quatre coins de la terre : ils constituent une grande famille, une vivante mosaïque de cultures fécondées par l’agapè de la foi, témoins en notre monde de l’universelle fraternité des hommes en Jésus-Christ. Je mesure avec vous le chemin parcouru depuis trente ans, les joies mais aussi les épreuves qui ne manquent pas, tant il est vrai – l’Eglise de Rome en est le signe éloquent – que nul n’édifie l’Eglise sans verser le sang de son cœur, parfois jusqu’à l’épuisement, à la suite de Jésus sur la Croix. Continuez, cher Père, à accompagner de votre sagesse et de votre fervente charité, ces filles et ces fils de l’Eglise pour qu’ils continuent à être généreusement aujourd’hui et demain, à l’exemple de Jean-Baptiste et de Jean l’Evangéliste, des martyrs romains et de Benoît de Nursie, de Cyrille et Méthode, de Catherine de Sienne, Brigitte de Suède et Thérèse-Bénédicte de la Croix, les apôtres de la nouvelle évangélisation. Paul VI nous y invitait dans sa belle Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, la charte apostolique qui constitue pour la Famille Saint-Jean comme pour toute l’Eglise, une grande lumière pour sa mission. Le serviteur de Dieu Jean-Paul II me le disait dans un confiant entretien sur l’évangélisation des cultures et l’inculturation de l’Evangile qui marchent du même pas : « Il faut toujours revenir à Evangelii nuntiandi ! »

Cher Père Jean-Pierre-Marie, Chère Sœur Alix et chère Sœur Irène-Marie,
Chers Frères, Sœurs, Oblats et amis de la Communauté Saint-Jean,

3. Vous rendez grâces à Dieu pour avoir été choisis dans l’Eglise à la suite de saint Jean, que vous considérez comme votre père et votre modèle : il est l’Apôtre bien-aimé, fervent et fougueux dans sa suite du Christ, fidèle jusqu’aux heures les plus terribles de la Croix, proche de Marie jusqu’à la prendre chez lui, compagnon de Pierre devant qui il s’efface mais qu’il soutient de son amour. Il est le contemplatif du Prologue de l’Evangile et de l’Apocalypse, chantre du Dieu d’amour en ses Epitres, témoin privilégié de la radicale nouveauté de l’Evangile, lui qui fut disciple du Baptiste avant de l’entendre désigner l’Agneau de Dieu et de se mettre à sa suite avec ardeur.

C’est votre belle vocation : être Jean au cœur de l’Eglise, et comme lui témoins émerveillés du Verbe incarné au cœur des cultures du vaste monde. Aussi cette célébration revêt-elle une signification particulière, devant la Chaire de Pierre où l’évêque de Rome siège pour témoigner du Christ. Le pape Benoît XVI le professait, le 7 mai dernier, en prenant ici possession de la Cathedra romana : « La Chaire – la cathedra – est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d\’enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l\’Eglise, l\’Ecriture Sainte, dont la compréhension s\’accroît sous l\’inspiration de l\’Esprit Saint, et le ministère de l\’interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l\’une à l\’autre de façon indissoluble. Là où l\’Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l\’Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux ; le travail des savants est d\’une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l\’Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité ; elle n\’est pas en mesure de nous donner, dans l\’interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C\’est pourquoi, il y a besoin d\’un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C\’est pourquoi il y a besoin de la voix de l\’Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu\’à la fin des temps. » Ainsi nous parle aujourd’hui Pierre vivant en son successeur Benoît.

4. Chers frères et sœurs, enracinez toujours en Eglise votre grande et exigeante vocation d’enseignants de la Sagesse chrétienne qui ne cesse de s’alimenter aux sources de la Révélation. Elle puise dans les trésors de la Sagesse humaine le moyen d’orienter notre raison pour une intelligence approfondie de la foi, et elle donne ainsi à la Sagesse théologique de s’épanouir dans une contemplation toute aimante du mystère de Dieu. Vous le savez : la fécondité de votre enseignement dépend de votre enracinement dans la Tradition de l’Eglise authentifiée par le Magistère vivant du Successeur de Pierre, et dans la communion à l’Eglise universelle. C’est ce mystère de communion qui vous a conduits à la rencontre de l’Eglise de Rome, cette Eglise « qui, selon l’expression d’Ignace d’Antioche, préside la charité ». Maxime le Confesseur en témoigne : « En effet, dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Eglises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Eglise qui est ici pour unique base et fondement parce que, selon la promesse même du Sauveur, les portes de l’Enfer n’ont jamais prévalu sur elles ». Cette Eglise de Rome est fondée sur les Limina Apostolorum, les Mémoires des Apôtres, ces lieux sacrés de Rome où sont pieusement conservés et vénérés les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, les Pères saints grâce auxquels la Ville est devenue disciple de la Vérité et centre de l’unité catholique. Ces mémoires ne cessent de nous inviter avec le peuple chrétien au renouveau fervent de la foi et au témoignage de la communion fraternelle, dont notre monde éclaté a tant besoin à l’aube du IIIème millénaire.

Chers amis pèlerins,

5. Vous avez pu avant cette célébration, vous rendre à l’antique Baptistère qui jouxte cette Basilique et y renouveler les promesses de votre baptême. Vous y avez lu sur l’entablement des colonnes de porphyre l’émouvante inscription que fit graver, vers 435, le pape Sixte III :
Ici naît pour le ciel un peuple de race divine
Engendré par l’esprit fécondateur de ces eaux.
Ici est la source de vie qui lave tout l’univers,
Jaillissant de la plaie du Christ.
Cette eau que reçoit le vieil homme
Fait surgir l’homme nouveau.
Entre ceux qui renaissent, aucune différence.
Un seul baptême, un seul esprit, une seule foi.
Ils sont Un.

Les sacrements sont les canaux qui permettent l’écoulement, à travers les âges et sur toute la surface de la terre, du sang et de l’eau qui, mystérieusement, jaillissent du côté transpercé du Christ crucifié. En recevant l’eau du baptême, nous sommes nés à une vie nouvelle et nous avons été lavés, non pour les soins du corps mais pour ceux de l’âme, non par l’eau qui lave, mais par la grâce qui purifie, et, pour reprendre les termes de l’encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI, non pour l’eros mais pour l’agape divin qui jaillit en sources d’eau vive du Cœur transpercé de Jésus crucifié. Par le baptême, nous avons été consacrés, offerts à Dieu pour lui appartenir à jamais. Nous sommes devenus ses fils bien-aimés en qui Il met ses complaisances. Mon saint patron l’Apôtre Paul nous l’enseigne dans sa seconde épître aux Corinthiens : « Il a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ ». Tout jubilé d’action de grâces nous demande de retourner sans cesse à la source d’eau vive dans laquelle nous avons été engendrés pour devenir des hommes nouveaux. La contemplation du cœur ouvert de l’Agneau est notre réponse reconnaissante à Lui qui nous a aimés le premier, et s’est fait l’un de nous pour nous faire « un » en Lui.

Chers frères et sœurs, chers amis de la Famille Saint-Jean,

6. Demain le Pape vous accueillera, non pas seuls, mais avec une multitude d’hommes et de femmes qui, comme vous, chacun à sa mesure, prend sa part à l’édification de l’Eglise et s’insère dans l’unité du Corps mystique du Christ. Le Saint-Père illumine nos méditations par ses enseignements, et particulièrement sa première Lettre encyclique : Deus caritas est. Elle est pour vous, en ces jours romains, comme l’invitation à renouveler votre engagement de religieux et de religieuses, de couples et de familles, d’oblats et de baptisés, en revenant à l’essentiel de notre vocation chrétienne : l’amour agapè « dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres » (DCE, n. 1). Le pape Benoît XVI le dit lui-même : il a voulu « insister sur certains éléments fondamentaux, de manière à susciter dans le monde – et donc dans la communauté Saint-Jean et ses amis – un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin. » Et pour cela, il nous invite à le suivre pour rejoindre la source de sa méditation toute johannique : « Celui qui a le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37), comprend ce qui a été le point de départ de cette Encyclique : «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). C’est là que cette vérité peut être contemplée. » Ainsi, entrés dans le mystère de l’agapè divin, il nous faut garder le regard fixé sur le côté ouvert du Christ en Croix, près de Jean et de la Mère que le Christ lui donne, et à travers lui à chacune et chacun d’entre nous.

7. L’amour est à l’origine de notre vocation chrétienne : dans l’appel du Christ, nous avons reconnu l’amour et nous nous sommes donnés à lui. Car l’amour chrétien, l’agapè, est un amour oblatif, la réponse à l’appel de Dieu « qui nous a aimés le premier ». Comment ne pas méditer intensément, en cette ville où la terre a été baignée par le sang de tant de martyrs de la foi, sur le sens de l’oblation comme témoignage de l’amour suprême, celui que nous donne le Christ en Croix, celui de Marie sa Mère, la Vierge des douleurs, celui d’Agnès et de Laurent, de Priscille et de Lucie, celui de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Marthe Robin qui vous est chère, celui aussi du Père Kolbe et de Mère Teresa dont le souvenir demeure un appel à plus de force et de courage dans l’amour des plus pauvres, celui enfin de Jean-Paul II en sa douloureuse maladie, tout offert à la Volonté du Père pour l’amour de l’Eglise.
L’amour est la raison d’être de toute notre vie. Mais qu’est-ce que l’amour ? Le Pape Benoît XVI nous l’enseigne : l’amour humain, l’eros grec, est appelé à une plus grande perfection dans la charité, l’agape biblique, et, pour cela, emprunte un chemin de purification. La grâce d’un pèlerinage est grâce de purification, à travers aussi les lenteurs, les lourdeurs, les imprécisions et les imprévus qui ne manquent jamais, autant d’occasions de grandir dans un amour plus parfait dont saint Paul énumère les fruits en son Epître aux Galates : « joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté ». Le sacrement du pardon et nos Eucharisties sont autant d’occasions de renouvellement de nos âmes à travers ce que le pape appelle la « mystique des sacrements » qui « se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous », et « est d’une tout autre portée et entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire ». Cette purification, vous le savez bien, n’est pas seulement pour le temps du pèlerinage : les épreuves de la vie, les médisances qui nous blessent d’autant plus qu’elles proviennent de ceux que nous avons aimés, comme Jésus à qui n’ont point été épargnées les trahisons et les infidélités. Reconnaissons aussi dans la simplicité du cœur, et confessons notre propre péché, nos égoïsmes et notre orgueil, autant de blessures de l’amour qu’il nous faut panser et transformer en occasions d’un amour renouvelé. Appelés « à suivre l’agneau partout où il va » à la suite des disciples de Jean le Baptiste, acceptons avec amour et générosité ces croix comme don de Dieu pour croître en son amour et dans celui de nos frères.

Chers frères et sœurs, chers Oblats et amis de la Famille Saint-Jean,

8. Confions-nous à l’intercession de Jean le précurseur et de son jeune disciple, l’apôtre de l’Amour, dont le Seigneur a dit à Pierre : « Si je veux qu\’il demeure jusqu\’à ce que je vienne, que t\’importe ? Toi, suis-moi ». Demeurons avec lui éveillés, le cœur toujours ouvert à l’accueil de sa venue, telle l’épouse fidèle et sage, témoins de l’espérance qui jamais ne nous abandonne, forts de la foi nourrie dans la contemplation du côté ouvert du Christ en Croix, pleins d’amour pour Dieu notre Père, nos frères dans l’Eglise, et ce peuple innombrable que Dieu nous donne à évangéliser à la suite des saints Cyrille et Méthode. Ils demeurent pour nous des modèles vivants, eux qui ont su porter la vérité révélée à de nouveaux peuples, en respectant l’originalité de leurs cultures, et plus encore, en leur donnant de se « renouveler par la force créatrice de l’Esprit-Saint, source infiniment jaillissante de beauté, d’amour et de vérité ».

Que Marie, notre Mère et notre Reine, donne à chacune et chacun d’entre nous de témoigner au milieu du monde de l’amour de Jésus, source vive qui fait de nous un peuple saint, et nous donne de participer activement à édifier la civilisation de l\’amour, de l’agape divin : à la fin des temps, il vivifiera tout et tous dans la Jérusalem céleste. Et nous pourrons laisser libre cours à notre action de grâces, en le redisant avec notre Seigneur dans l’Evangile de cette Eucharistie : oui, en vérité, le royaume de Dieu s\’est approché de nous et nous y avons répondu par le don sans partage de nos vies et de notre amour. Amen.

**********
Cf. Paul Poupard, Rome Pèlerinage, ch. IX, Le message de Rome, Bayard-L’Emmanuel, 1997, p. 209-231.
Cf. Conseil Pontifical de la Culture, Pour une pastorale de la culture, Téqui, 1999, n. 39.

suite e fin de la Didaché

23 mars, 2007

suit e e fin de la Didaché:

IV
1. – Mon enfant, souviens-toi nuit et jour de celui qui t’annonce la parole de Dieu; tu l’honoreras comme le Seigneur, car là d’où est annoncée la parole du Seigneur, là est le Seigneur. Tu rechercheras chaque jour la compagnie des saints, afin de te trouver un appui dans leurs paroles.
2. – Tu ne désireras pas la division, mais tu apaiseras ceux qui se disputent; tu jugeras avec droiture, tu ne feras pas acception de personne quand il s’agira de convaincre quelqu’un de transgression; tu n’auras pas le coeur partagé entre les suites de tes décisions.
3. – N’aie pas les mains tendues pour recevoir et fermées pour donner. Si tu as des moyens, tu donneras de tes mains le rachat de tes péchés.
4. – Tu n’hésiteras pas à donner et tu ne murmureras pas en donnant, car tu connaîtras quel est le bon rémunérateur qui te récompensera.
5. – Tu ne te détourneras pas de celui qui est dans le besoin, mais tu auras tout en commun avec ton frère et tu ne diras pas que cela t’appartient en propre; en effet, si vous participez en commun à ce qui est immortel, combien plus aux choses périssables !
6. – Ne retire pas ta main de dessus ton fils ou de dessus ta fille, mais dès la jeunesse enseigne-leur la crainte de Dieu.
7. – Ne donne pas tes ordres avec aigreur à ton esclave ou à ta servante qui espèrent dans le même Dieu, de peur qu’ils ne cessent de craindre le Dieu qui règne sur toi comme sur eux, car Il ne vient pas appeler les hommes selon l’apparence, mais ceux que l’Esprit a rendus prêts.
8. – Quant à vous, serviteurs, vous serez soumis à vos maîtres avec respect et crainte comme à l’image de Dieu.
9. Tu haïras toute hypocrisie et tout ce qui n’est pas agréable au Seigneur. Tu n’abandonneras pas les commandements du Seigneur, mais tu garderas ce que tu as reçu sans y rien ajouter ni en rien retrancher.
10. – Dans (devant) l’assemblée, tu confesseras tes transgressions et tu ne viendras pas à la prière avec une mauvaise conscience. Tel est le chemin de la vie.

V
1. – Mais voici le chemin de la mort. Avant tout il est mauvais et plein de malédictions : meurtres, adultères, convoitises, impudicités, vols, idolâtries, pratiques magiques, bénéfices, rapines, faux témoignages, hypocrisies, mauvaise foi, ruse, orgueil, méchanceté, arrogance, cupidité, langage obscène, jalousie, présomption, dédain, forfanterie.
2. – Persécuteurs des bons, gens haïssant la vérité, aimant le mensonge, ne connaissant pas la récompense de la justice, qui ne s’attachent pas au bien ni au jugement juste, qui veillent non pour le bien mais pour le mal.
3. – Qui sont loin de la bonté et de la patience, qui aiment les vanités, qui courent après la rétribution, qui n’ont pas pitié du pauvre, qui n’ont pas compassion de l’être accablé, ceux qui ne connaissent pas Celui qui les a créés, les meurtriers d’enfants, les corrupteurs de l’oeuvre de Dieu, ceux qui se détournent de celui qui est dans le besoin, qui accablent celui qui est dans les tribulations, les avocats des riches, les juges iniques des pauvres, coupables de tous les péchés. Enfants, fuyez tous ces gens-là.VI
1. – Veille à ce que personne ne te détourne du chemin de cet enseignement, car il t’enseignerait ce qui est en dehors de Dieu. Si donc tu peux porter le joug du Seigneur tout entier, tu seras parfait; mais, si tu ne le peux pas, fais ce que tu peux.
2. – Quant aux aliments, porte ce que tu pourras, mais abstiens-toi strictement de ce qui a été sacrifié aux idoles, car c’est un culte rendu à des dieux morts.VII
1. Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau vive (courante).
2. – Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
3. – Avant le baptême, que celui qui administre le baptême et celui qui le reçoit se préparent par le jeûne et, si d’autres personnes le peuvent (qu’elles fassent de même); en tous cas tu commanderas à celui qui va être baptisé de jeûner un ou deux jours auparavant.VIII
1. – Que vos jeûnes ne soient pas en même temps que ceux des hypocrites : car ils jeûnent le deuxième et le cinquième jour de la semaine; mais vous, jeûnez le quatrième et le jour de la préparation (au sabbat).
2. – Ne priez pas non plus comme les hypocrites, mais comme le Seigneur l’a ordonné dans Son Evangile. Priez ainsi :
3. – Notre Père qui es au Ciel,
que Ton Nom soit sanctifié,
que Ton règne arrive,
que Ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel;
donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien
et remets-nous notre dette comme nous remettons (la leur) à nos débiteurs
et ne nous induis pas dans la tentation,
mais délivre-nous du mal, car à Toi appartiennent la puissance et la gloire pour les siècles.
4. – Priez ainsi trois fois par jour.IX
1. – Quant à l’eucharistie, faites ainsi vos actions de grâce. D’abord pour la coupe :
2. –  » Nous Te rendons grâce, notre Père,
pour la sainte vigne de David Ton serviteur
que Tu nous a fait connaître par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.  »
3. – Pour la fraction du pain :
 » Nous Te rendons grâces, notre Père,
pour la vie et la connaissance que Tu nous a révélés par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.
4. – De même que ce pain rompu était dispersé sur les collines
et que, rassemblé, il est devenu un (seul tout),
qu’ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans Ton Royaume.
Car à Toi sont la gloire et la puissance
par Jésus-Christ pour les siècles.  »
5. – Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie sinon ceux qui ont été baptisés au nom du Seigneur; car c’est à ce sujet que le Seigneur a dit : Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens.X
1. – Après vous être rassasiés (1), rendez grâces ainsi :
 » Nous te rendons grâces, Père saint,
pour ton saint Nom
que tu as fait habiter dans nos coeurs
et pour la connaissance et la foi et l’immortalité
que tu nous as révélées par Jésus Ton Enfant.
A Toi la gloire pour les siècles.
2. – C’est Toi, Maître tout puissant, qui a créé toutes choses à cause de Ton Nom,
qui as donné la nourriture et le breuvage aux hommes pour qu’ils en jouissent,
afin qu’ils te rendent grâces.
Mais à nous tu as daigné accorder
une nourriture et un breuvage spirituels
et la vie éternelle par Ton Enfant.
Avant toutes choses nous Te rendons grâces
parce que Tu es puissant;
à Toi la gloire pour les siècles.
3. – Souviens-Toi, Seigneur, de Ton Eglise,
pour la délivrer de tout mal et la rendre parfaite dans Ton amour
et rassemble-la des quatre vents,
elle que tu as sanctifiée,
dans Ton royaume que Tu lui as préparé,
car à Toi sont la puissance et la gloire pour les siècles.
4. – Que la grâce arrive et que ce monde passe !
Hosanna au Fils de David !
Si quelqu’un est saint, qu’il vienne;
s’il ne l’est pas, quil se repente.
Maran atha. (2)
Amen.  »

(1) : Il s’agit donc d’un véritable repas.
(2) : Ces deux mots signifient : Seigneur, viens ! (Marana Tha), ou Le Seigneur vient (Maran Atha).

XI
1. – Si donc quelqu’un vient et vous enseigne tout ce qui vient d’être dit, recevez-le. Seulement, si ce docteur se dévoie et vous donne un autre enseignement de manière à renverser (celui que vous avez reçu), ne l’écoutez pas; d’autre part, s’il enseigne de manière à confirmer la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.
2. – Quant aux apôtres (1) et aux prophètes, agissez ainsi, selon le précepte de l’Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu’un jour, deux s’il est besoin; s’il reste trois jours, c’est un faux prophète. En partant, que l’apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l’endroit où il passera la nuit; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.
3. – Tout prophète qui parle en esprit, ne le mettez pas à l’épreuve et ne le jugez pas, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera pas remis.
4. – Cependant tout homme qui parle en esprit n’est pas prophète, à moins qu’il n’ait les manières d’être du Seigneur. C’est donc à leur conduite qu’on reconnaîtra le faux prophète et le vrai.
5. – Et aucun prophète qui dit en esprit de dresser la table n’en doit manger; s’il en mange, c’est un faux prophète. Tout prophète qui enseigne la vérité, s’il ne fait pas ce qu’il enseigne, est un faux prophète.
6. – Tout prophète éprouvé, véridique, agissant en vue du mystère terrestre de l’Eglise, mais n’enseignant pas aux autres à faire tout ce qu’il fait lui-même ne sera pas jugé parmi vous, car c’est à Dieu qu’il appartient de le juger; les anciens prophètes ont également fait des choses semblables.
7. Mais si quelqu’un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l’argent ou autre chose, ne l’écoutez pas. Cependant, si c’est pour d’autres personnes qui sont dans l’indigence qu’il a dit de donner, que personne ne le juge.

(1) : Le mot apôtres désigne ici les prophètes itinérants, et non pas les douze apôtres mentionnés dans le titre de la Didachè.

XII
1. – Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Puis, après l’avoir mis à l’épreuve, vous le connaîtrez, car vous aurez l’intelligence de la droite et de la gauche (1).
2. – Si l’arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours, s’il y a nécessité.
3. – S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange; s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire.
4. – Mais, s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ; tenez-vous en garde contre de tels gens.

(1) : Du bien et du mal.

XIII
1. – Tout prophète véridique qui veut se fixer parmi vous est digne de sa nourriture. De même un docteur véridique est digne, lui aussi, comme l’ouvrier, de sa nourriture.
2. – Tu prendras donc toutes les prémices de ton pressoir et de ton aire, de tes boeufs et de tes brebis pour les donner aux prophètes, car ce sont eux qui sont vos grands prêtres. Mais, si vous n’avez pas de prophète, donnez-les aux pauvres. Si tu fais un pain, prends-en les prémices et donne-les selon le commandement.
3. – De même, si tu ouvres une amphore de vin ou d’huile, prends-en les prémices et donne-les aux prophètes; de l’argent aussi et du vêtement et de tous les biens (que tu possèdes) prends les prémices comme bon te semblera et donne-les selon le commandement.XIV
1. – Chaque dimanche, vous étant assemblés, rompez le pain et rendez grâces, après vous être mutuellement confessé vos transgressions, afin que votre sacrifice soit pur.
2. – Mais que quiconque a un dissentiment avec son prochain ne se joigne pas à vous jusqu’à ce qu’ils se soient réconciliés, afin que votre sacrifice ne soit pas profané. Car voici l’(offrande) dont a parlé le Seigneur :
3. –  » En tout temps et en tout lieu on me présentera une offrande pure, car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon Nom est admirable parmi les nations.  » (Malachie)XV
1. – Elisez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux et désintéressés, véridiques et éprouvés, car pour vous ils remplissent, eux aussi, l’office de prophètes et de docteurs.
2. – Ne les méprisez donc pas, car ils doivent être honorés parmi vous en communauté avec (au même titre que) les prophètes et les docteurs.
3. – Reprenez-vous les uns les autres, non pas en colère mais en paix, comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile et celui qui manque à son prochain, que nul d’entre vous ne lui parle ni ne l’écoute jusqu’à ce qu’il se soit repenti.
4. – Mais vos prières et vos aumônes et toutes vos actions, faites-les comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile de notre Seigneur. XVI
1. – Veillez sur votre vie. Que vos lampes ne s’éteignent pas et que vos reins ne se déceignent pas, mais soyez prêts, car vous ne savez pas l’heure où notre Seigneur viendra.
2. – Réunissez-vous fréquemment, cherchant ce qui convient à vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si au dernier moment vous n’êtes pas devenus parfaits.
3. – Car dans les derniers jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups et l’amour se changera en haine; car, l’iniquité ayant augmenté (les hommes) se haïront les uns les autres et se persécuteront et se trahiront.
4. – Alors paraîtra le Séducteur du monde (se donnant) comme fils de Dieu et il fera des signes et des prodiges et la terre sera livrée entre ses mains et il commettra des forfaits tels qu’il n’y en a point eu depuis l’origine des temps.
5. – Alors toute la création humaine entrera dans le feu de l’épreuve et beaucoup succomberont et périront; mais ceux qui auront persévéré dans leur foi seront sauvés de cet anathème.
6. – Et alors paraîtront les signes de la vérité; d’abord le signe de l’ouverture du ciel, puis le signe du son de la trompette et troisièmement la résurrection des morts, non de tous, il est vrai, mais comme il est dit :  » Le Seigneur viendra et tous les saints avec Lui !  »
7. – Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du Ciel.

XI

1. – Si donc quelqu’un vient et vous enseigne tout ce qui vient d’être dit, recevez-le. Seulement, si ce docteur se dévoie et vous donne un autre enseignement de manière à renverser (celui que vous avez reçu), ne l’écoutez pas; d’autre part, s’il enseigne de manière à confirmer la justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le Seigneur.
2. – Quant aux apôtres (1) et aux prophètes, agissez ainsi, selon le précepte de l’Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu’un jour, deux s’il est besoin; s’il reste trois jours, c’est un faux prophète. En partant, que l’apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l’endroit où il passera la nuit; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète.
3. – Tout prophète qui parle en esprit, ne le mettez pas à l’épreuve et ne le jugez pas, car tout péché sera remis, mais ce péché-là ne sera pas remis.
4. – Cependant tout homme qui parle en esprit n’est pas prophète, à moins qu’il n’ait les manières d’être du Seigneur. C’est donc à leur conduite qu’on reconnaîtra le faux prophète et le vrai.
5. – Et aucun prophète qui dit en esprit de dresser la table n’en doit manger; s’il en mange, c’est un faux prophète. Tout prophète qui enseigne la vérité, s’il ne fait pas ce qu’il enseigne, est un faux prophète.
6. – Tout prophète éprouvé, véridique, agissant en vue du mystère terrestre de l’Eglise, mais n’enseignant pas aux autres à faire tout ce qu’il fait lui-même ne sera pas jugé parmi vous, car c’est à Dieu qu’il appartient de le juger; les anciens prophètes ont également fait des choses semblables.
7. Mais si quelqu’un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l’argent ou autre chose, ne l’écoutez pas. Cependant, si c’est pour d’autres personnes qui sont dans l’indigence qu’il a dit de donner, que personne ne le juge.

(1) : Le mot apôtres désigne ici les prophètes itinérants, et non pas les douze apôtres mentionnés dans le titre de la Didachè.
XII

1. – Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Puis, après l’avoir mis à l’épreuve, vous le connaîtrez, car vous aurez l’intelligence de la droite et de la gauche (1).
2. – Si l’arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours, s’il y a nécessité.
3. – S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange; s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire.
4. – Mais, s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ; tenez-vous en garde contre de tels gens.

(1) : Du bien et du mal.

XIII

1. – Tout prophète véridique qui veut se fixer parmi vous est digne de sa nourriture. De même un docteur véridique est digne, lui aussi, comme l’ouvrier, de sa nourriture.
2. – Tu prendras donc toutes les prémices de ton pressoir et de ton aire, de tes boeufs et de tes brebis pour les donner aux prophètes, car ce sont eux qui sont vos grands prêtres. Mais, si vous n’avez pas de prophète, donnez-les aux pauvres. Si tu fais un pain, prends-en les prémices et donne-les selon le commandement.
3. – De même, si tu ouvres une amphore de vin ou d’huile, prends-en les prémices et donne-les aux prophètes; de l’argent aussi et du vêtement et de tous les biens (que tu possèdes) prends les prémices comme bon te semblera et donne-les selon le commandement.
XIV

1. – Chaque dimanche, vous étant assemblés, rompez le pain et rendez grâces, après vous être mutuellement confessé vos transgressions, afin que votre sacrifice soit pur.
2. – Mais que quiconque a un dissentiment avec son prochain ne se joigne pas à vous jusqu’à ce qu’ils se soient réconciliés, afin que votre sacrifice ne soit pas profané. Car voici l’(offrande) dont a parlé le Seigneur :
3. –  » En tout temps et en tout lieu on me présentera une offrande pure, car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon Nom est admirable parmi les nations.  » (Malachie)
XV

1. – Elisez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux et désintéressés, véridiques et éprouvés, car pour vous ils remplissent, eux aussi, l’office de prophètes et de docteurs.
2. – Ne les méprisez donc pas, car ils doivent être honorés parmi vous en communauté avec (au même titre que) les prophètes et les docteurs.
3. – Reprenez-vous les uns les autres, non pas en colère mais en paix, comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile et celui qui manque à son prochain, que nul d’entre vous ne lui parle ni ne l’écoute jusqu’à ce qu’il se soit repenti.
4. – Mais vos prières et vos aumônes et toutes vos actions, faites-les comme vous en avez l’ordre dans l’Evangile de notre Seigneur. XVI

1. – Veillez sur votre vie. Que vos lampes ne s’éteignent pas et que vos reins ne se déceignent pas, mais soyez prêts, car vous ne savez pas l’heure où notre Seigneur viendra.
2. – Réunissez-vous fréquemment, cherchant ce qui convient à vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si au dernier moment vous n’êtes pas devenus parfaits.
3. – Car dans les derniers jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, les brebis se changeront en loups et l’amour se changera en haine; car, l’iniquité ayant augmenté (les hommes) se haïront les uns les autres et se persécuteront et se trahiront.
4. – Alors paraîtra le Séducteur du monde (se donnant) comme fils de Dieu et il fera des signes et des prodiges et la terre sera livrée entre ses mains et il commettra des forfaits tels qu’il n’y en a point eu depuis l’origine des temps.
5. – Alors toute la création humaine entrera dans le feu de l’épreuve et beaucoup succomberont et périront; mais ceux qui auront persévéré dans leur foi seront sauvés de cet anathème.
6. – Et alors paraîtront les signes de la vérité; d’abord le signe de l’ouverture du ciel, puis le signe du son de la trompette et troisièmement la résurrection des morts, non de tous, il est vrai, mais comme il est dit :  » Le Seigneur viendra et tous les saints avec Lui !  »
7. – Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du Ciel.

commentaire à l’évangile du jour – 23.3.07

23 mars, 2007

du site EAQ: 

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur Saint Jean, n° 28

« Son heure n’était pas encore venue »

« La fête juive des Tentes approchait. Les frères de Jésus lui dirent : Ne reste pas ici, va en Judée, pour que tes disciples là-bas voient les oeuvres que tu fais… Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, tandis que pour vous le temps est toujours bon » (Jn 7,2-6)… Jésus répond ainsi à ceux qui lui conseillaient de rechercher la gloire : « le temps de ma gloire n’est pas encore venu ». Voyez la profondeur de cette pensée : ils le poussent à rechercher la gloire, mais lui veut que l’humiliation précède l’élévation ; c’est par l’humilité qu’il veut se frayer un chemin à la gloire. Les disciples qui voulaient être assis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche (Mc 10,37) recherchaient la gloire humaine eux aussi : ils ne voyaient que le terme du chemin, sans considérer le chemin qui devait y conduire. Le Seigneur les a donc rappelés à la véritable route, pour qu’ils parviennent à la patrie comme on doit le faire. La patrie est élevée mais la route est humble. La patrie, c’est la vie du Christ ; la route, c’est sa mort. La patrie, c’est la demeure du Christ, la route, c’est sa Passion…
Ayons donc le coeur droit ; le temps de notre gloire n’est pas encore arrivé. Ecoutons dire à ceux qui aiment ce monde, comme les frères du Seigneur : « Votre temps est toujours bon, le nôtre n’est pas encore venu ». Osons le dire, nous aussi. Nous qui sommes le Corps de notre Seigneur Jésus Christ, nous qui sommes ses membres, nous qui le reconnaissons avec joie comme notre chef, redisons ces paroles, puisque c’est pour nous qu’il a daigné les dire le premier. Quand ceux qui aiment le monde insultent notre foi, disons-leur : « Votre temps est toujours bon, le nôtre n’est pas encore venu. » L’apôtre Paul, en effet, nous a dit : « Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ». Quand viendra notre temps ? « Quand le Christ, notre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez, vous aussi, avec lui dans la gloire » (Col 3,3).
« Notre vie est cachée en Dieu avec le Christ ». On pourrait bien dire pendant l’hiver : cet arbre est mort, par exemple un figuier, un poirier ou tout autre arbre fruitier ; pendant tout l’hiver, il semble privé de vie. Mais l’été sert de preuve et permet de juger s’il est vivant. Notre été à nous, c’est la révélation du Christ. Dieu viendra manifestement, notre Dieu ne se taira pas.