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Le dimanche de Laetare
Il semble que, dès l’antiquité chrétienne, ce quatrième dimanche a revêtu le caractère particulier d’une pause au milieu du Carême[1], ainsi les liturges mozarabes[2] qui ne badinaient pas avec la symbolique, allèrent jusqu’à excepter ce dimanche du Carême que, par ailleurs, ils n’avaient commencé que le lundi suivant le premier dimanche, ce qui leur donnait, de part et d’autres de Lætare six jours et deux semaines (vingt jours).
La liturgie romaine qui suspend les exercices pénitentiels le dimanche, ce pourquoi le Carême y compte quarante-six jours, les marque tout de même d’une certaine austérité (suppression du Gloria et de l’Alleluia, ornements violets, disparition des fleurs et des instruments de musique) qu’elle tempère au dimanche de Lætare où elle prend les ornements roses ; jadis le pape, contrairement aux autres dimanches du Carême, venait à cheval à la station qui, ce jour-là, se faisait à Sainte-Croix-de-Jérusalem où l’on vénérait la Croix glorieuse. « Reposons-nous et disposons-nous à parcourir avec courage la deuxième partie du Carême, plus dure que la première. »
Souvent, le dimanche de Lætare, on faisait le scrutin des catéchumènes qui devaient recevoir le Baptême à Pâques.
Au dimanche de Lætare, il arrivait que le pape offrît une rose d’or. L’idée en serait due au saint pape Léon IX qui, en 1049[3], solennisa un usage peut-être ancien que le bienheureux Urbain II concrétisa en 1096, à la clôture du concile de Tours, lorsqu’il offrit une rose d’or au comte Foulques d’Anjou.
Il s’agit d’un bouquet roses en or ou en vermeil, ornées de pierres précieuses ; la fleur centrale, plus grande que les autres, porte, en son milieu, une petite cavité que le pape remplit de baume et saupoudre de musc ; autrefois la rose d’or était bénie et encensée à Sainte-Croix-de-Jérusalem[4]. La formule de bénédiction fait l’éloge de la rose qui, « par sa couleur, le symbole de la joie de l’Eglise, dont l’odeur figure les bonnes œuvres de la personne à honorer, alors que la rose elle-même, produite de la racine de Jessé, est mystiquement la fleur des champs et le lys de vallées dont parle l’Ecriture, c’est-à-dire Jésus né de Marie. » Après Durant de Mende[5] qui recopiait Innocent III, les liturgistes nous apprennent que la rose d’or est le symbole de ce printemps éternel qui succéda à l’hiver et aux tristesses de la terre, comme en ce dimanche les fleurs printanières parent le sol après les frimats.
La rose d’or fut d’abord réservée exclusivement au préfet de Rome. « Après l’office, le Pape, tenant à la main la rose bénite, la montrait au peuple, comme l’emblème de leurs communes espérances pour l’avenir et de leurs dispositions actuelles. Portant toujours la rose à la main, le pontife était reconduit jusqu’au parvis de la Basilique, par le préfet de Rome, en habit de pourpre et en chaussure de couleur d’or, qui soutenait l’étrier pour aider le Saint-Père à descendre de cheval. Afin de reconnaître ce témoignage de respect, le pape donnait la rose à ce dignitaire, qui la recevait à genoux et lui baisait le pied. » Plus tard la rose d’or fut offerte à un fidèle catholique qui avait rendu un signalé service à l’Eglise. Lors de son séjour à Paris, Alexandre III donna la rose d’Or à Louis VII (1163). Léon X envoya une rose d’or à l’archiduc Charles, futur Charles-Quint. Don Juan d’Autriche la reçut en 1576, après avoir remporté la victoire de Lépante sur les Turcs[6]. A Saint-Jean d’Aix-en-Provence, avant que les révolutionnaires français ne le détruisissent, on voyait, sur le tombeau, le dernier comte de Provence[7] de la maison de Barcelonne, Raymond Béranger IV, le défunt représenté avec la rose d’or que le pape Innocent IV lui avait envoyée en 1244 ; on conserve, au musée de Cluny, à Paris, la rose d’or que le pape Clément V donna à Humbert de Neufchâtel, prince-évêque de Bâle[8].
Les papes donnèrent souvent la rose d’or à quelque reine qui se distinguait par ses vertus, ce qui fut le cas, pour la France, de Marie-Thérèse d’Autriche, femme de Louis XIV (1668)[9] et de Marie Leszcynska, femme de Louis XV (1732). Depuis le début du XIX° siècle, la rose d’or fut plusieurs fois décerné à des souveraines : la reine Charlotte de Bavière la reçut de Pie VII.
(1819) ; la reine Marie-Thérèse de Sardaigne la reçut de Léon XII (1825) ; l’impératrice Marie-Anne d’Autriche la reçut de Grégoire XVI (1832), comme la reine Marie-Pia de Savoie (1842) ; Pie IX l’offrit à la reine Marie-Thérèse des Deux-Siciles (1849), à l’impératrice Eugénie (1856)[10], à l’impératrice Elisabeth d’Autriche (1868) et à la reine Marie-Isabelle d’Espagne (1868) ; Léon XIII l’offrit à la reine Marie-Christine d’Espagne (1886), à l’impératrice Isabelle du Brésil (1888), à la reine Marie-Amélie du Portugal (1892) et à la reine Marie-Henriette des Belges (1893) ; Pie XI l’offrit à la reine Victoire d’Espagne (1923)[11], à la reine Elisabeth des Belges (1925)[12] et à la reine Hélène d’Italie (1937)[13].
« Depuis longtemps, la cérémonie se fait dans la salle des parements. Après les prières marquées dans le rituel, le Saint-Père oint la rose avec du baume, et place au centre, où se trouve un tout petit godet, fermé avec une grille d’or, un peu de ce baume avec du musc ; il l’asperge d’eau bénite, I’encense, et la remet au dernier clerc de la chambre. Nous le vîmes arriver, précèdant le pape et portant à la main la précieuse fleur, qui fut placée au milieu de l’autel sur un riche voile de soie brodé d’or. Après la messe, elle fut emportée avec la même cérémonie, et déposée au Vatican jusqu’au jour où le Père commun daigne en gratifier quelqu’une de ses nobles et pieuses filles. »
Comme Pie X et Benoît XV, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I° et Jean-Paul II n’ont honoré aucune reine de la rose d’or.
Il est arrivé que la rose d’or fût offerte à une église ou à un sanctuaire : Innocent IV l’offrit au chapitre Saint-Just de Lyon[14], Pie VII l’offrit au pèlerinage italien de Galloro (1820)[15], Pie IX l’offrit à Notre-Dame de Lourdes (1877), Pie XII l’offrit à la cathédrale de Goa où se trouve le tombeau de saint François-Xavier.
(1953)[16], Paul VI l’offrit à Notre-Dame de Fatima (1965). Pie VIII offrit la rose d’or à l’église de Cingoli (près d’Ancône), son pays natal, comme l’avait fait Pie II pour Sienne près d’où il était né[17] ; Grégoire XVI, natif de Vénitie[18], l’offrit à la basilique Saint-Marc de Venise (1833). Sixte IV n’avait pas offert une rose d’or mais, pour rappeler ses armes, un rameau de chène en or à la cathédrale Savonne[19] (1471). La sacristie du pape conserve une rose d’or avec la liste des bénéficiaires.
Le pape, au dimanche de Lætare, bénissait aussi une clef d’or où était fondue un peu de limaille des chaînes de saint Pierre, qu’il envoyait comme relique du Prince des Apôtres.
Les fiancés qui se devaient marier après Pâques, étaient bénis au dimanche de Lætare, ainsi que les oriflammes et les bannières. Enfin, quand l’occasion se présentait, on sacrait ou couronnait les princes chrétiens ; si aucun des rois de France n’eut ce privilège, en bénéficièrent les reines Eléonore d’Autriche[20] et Elisabeth d’Autriche[21].
Le dimanche de Lætare, depuis la terrible épidémie de peste de 1522, les confréries romaines[22] en procession pénitentielle, depuis la basilique des Saints XII Apôtres auprès du crucifix miraculeux de l’église San Marcello al Corso[23]. Précédées de leurs insignes, s’avancent, dans leur costume propre, les archiconfréries de Sainte-Anne-des-Palefreniers du Vatican, de Sainte-Marie Odigitria des Siciliens, de Sainte-Marie dell’Orto du Transtévère, du Saint-Crucifix de Saint-Marcel, de la Trinité des Pèlerins, du Saint-Sacrement de Saint-Pierre-au-Vatican, de Saint-Joseph-des-charpentiers, de Saint-Eloi des Ferrarais, de Saint-Jean-Baptiste des Génois, du Sacré-Cœur-de-Ponte-Mammolo, et bien d’autres encore.
Utilisée au troisième dimanche de l’Avent (Gaudete) et au quatrième dimanche du Carême (Lætare), la couleur rose, couleur de l’aurore, marque, au milieu de ces temps de pénitence, une pause où l’Eglise vise à mieux faire entrevoir la joie qu’elle prépare (Noël ou Pâques), à donner courage pour les dernières étapes à parcourir et à rendre grâce pour les œuvres déjà accomplies. Jadis, où l’on était plus attentif qu’aujourd’hui à conformer l’environnement du culte à l’esprit de la liturgie célébrée, on pouvait, ces dimanches-là, contrairement aux autres dimanches de l’Avent et du Carême, parer l’autel de fleurs, sonner toutes les cloches et toucher les orgues alors que les diacres et les sous-diacres prenaient la tunique et dalmatique qu’ils avaient abandonnées au début de l’Avent ou du Carême.
La couleur rose emprunte sa signification au rouge, symbole de l’amour divin, et au blanc, symbole de la sagesse divine, dont la combinaison signifie l’amour de l’homme régénéré par la pénitence pour la sagesse divine reçue dans la Révélation. « Couleur agréable, odeur réconfortante, aspect qui donne la joie.[24] » Cest moins la fleur qui inspire le symboliste que la rosée, l’eau tombée du ciel, regardée par les Juifs comme un signe de bénédiction. Les vents de la mer, soufflant de l’Ouest, apportent vers la Palestine un air humide qui, dans les nuits d’août à octobre où il ne pleut pas, permet la croissance des végétaux ; la rosée est donc un symbole de prospérité et un signe de bénédiction ainsi qu’en témoigne souvent l’Ancien Testament : « Que Dieu te donne avec la rosée du ciel et de gras terroirs, abondance de froment et de vin nouveau » (Genèse XXVII 28) ; « Béni de Yahvé, son Pays ! A lui le don exquis du ciel en haut (rosée) et de l’abîme qui s’étale en bas (sources) » (Deutéronome XXXIII 13) ; « C’est comme le rosée de l’Hermon qui descend sur les montagnes de Sion, car c’est là que Yahvé a établi la bénédiction, la vie à jamais » (Psaume CXXXIII 3) ; « Je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lys, il enfoncera ses racines comme le peuplier » (Osée XIV 6). En revanche, l’absence de rosée est un signe de châtiment comme on peut le voir, par exemple, chez le prophète Agée (I 8-10) : « Réfléchissez sur votre sort : vous attendiez beaucoup et il n’y a eu que peu. Et ce que vous avez ramené à la maison, j’ai soufflé dessus ! A cause de quoi ? – oracle de Yahvé des armées – à cause de ma maison qui, elle, est en ruine, alors que vous courez chacun pour sa maison. Voilà pourquoi le ciel a retenu la rosée, et la terre a retenu sa récolte. »
La rosée est aussi le symbole de la Parole divine reçue par les fidèles qui, s’ils s’y conforment, leur communique la sagesse et leur ouvre le salut par les voies de la justice : « Que ma parole s’épande comme la rosée » (Deutéronome XXII 2) ; ainsi, pendant tout le temps de l’Avent, nous avons chanté : « Rorate cæli de super et nubes pluant justum ! » (Cieux, versez votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le juste !)
Le chevalier Morini qui, sous Grégoire XVI (1831-1846), fut un des officiers de la cour pontificale, écrivait, dans le « Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica » que la couleur rose est considérée comme tenant le milieu entre le pourpre et le violet ; figurant la joie que l’Eglise ressent aux approches de Noël et de Pâques, parce que la rose a trois propriétés : l’odeur, la couleur et le goût, que l’on peut considérer comme représentant la charité, la joie et la satiété spirituelle qui sont la figure du Christ, ainsi, saint Bède le Vénérable dit qu’au VII° siècle, le tombeau du Christ était peint d’une couleur mélangée de blanc et de rouge[25].
Textes liturgiques © AELF, Paris
[1] On l’appelait encore : in vicesima, du vingtième jour, ou mediana, mi-carême, parce qu’il est au milieu du Carême.
[2] Le terme mozarabe désignait, en Espagne, le chrétien qui vivait sous la domination arabe ; il vient de mohaide qui signifie tributaire, les chrétiens devant payer un tribut pour pouvoir pratiquer leur religion. L’Espagne, restée longtemps en dehors de l’influence romaine, connaissait un rite particulier, déjà constitué avant l’invasion des Wisigoths ; après la libération de Tolède par Alphonse VI de Castille (1085), les mozarabes obtinrent le privilège de conserver l’ancien rite espagnol que Grégoire VII avait fait abolir pour le reste de l’Espagne par le concile de Burgos (1080).
[3] A lire la bulle que Léon IX adressa, en 1049, à l’abbesse de Sainte-Croix de Woffenheim (Alsace), on peut en déduire que la coutume était déjà établie : le pape exempte son abbaye de la juridiction de l’évêque à la condition que, chaque année, huit jours avant le dimanche de Lætare, elle fasse parvenir au Siège apostolique une rose en or pur (ou son équivalent) de deux onces.
[4] En 1177, Alexandre III célèbra cette cérémonie dans la basilique Saint-Marc de Venise.
[5] Guilaume Durant, né à Puimisson (Hérault) en 1231, juriste formé à Bologne, fut chanoine de Narbonne et de Beauvais, doyan de la cathédrale de Chartres (1279), chapelain pontifical, auditeur général des causes apostoliques puis recteur et capitaine général dans le patrimoine de Saint-Pierre. Elu évêque de Mende (1285), il mourut à Rome le 1° novembre 1296 et fut enterré dans l’église S. Maria della Minerva. Il écrivit des œuvres canoniques : le Speculum juris (1276), le Breviarum aureum (1279), un commentaire des constitution du concile de Lyon (1274) et des instructions et constitutions synodales auxquelles il travaillait encore lorsqu’il mourut et des œuvres liturgiques : un Rationale divinorum officiorum (1286) et un Pontifical (1295).
[6] A l’entrée du golfe de Corinthe, la flotte chrétienne fournie par le Saint-Siège, l’Espagne, Venise, la Savoie, Mantoue, Ferrare, Gênes et Lucques, sous le commandement de don Juan d’Autriche, a écrasé la flotte turque d’Ali Pacha (7 octobre 1571).
[7] En 1112, par le mariage de Douce de Provence avec Raymond-Bérenger, la Provence passa dans la maison des comtes de Barcelone qui durent céder la partie septentrionale (le marquisat de Provence) au comte de Toulouse (1125). La Provence passa à la maison d’Anjou par le mariage de Béatrix, fille de Raymond-Bérenger IV, avec Charles d’Anjou, frère de saint Louis (1245) ; Charles d’Anjou finit par récupérer toute la Provence, sauf le Comta Venaissin qui fut donné au pape ; en 1481, Charles du Maine, héritier du roi René, céda à Louis XI la Provence qui fut réunie au domaine sous Charles VIII (1487).
[8] Cette rose d’or pèse trois cent cinq grammes d’or fin et mesure soixante centimètres de hauteur ; à la base sont placées les armes des comtes de Nidau, de la famille des princes de Neufchâtel.
[9] Près de quatre kilogrammes d’or.
[10] L’impératrice Eugénie reçut la rose d’or à l’occasion de la naissance du Prince Impérial (23 mars 1856) dont Pie IX accepta d’être le parrain ; en 1918, l’Impératrice offrit sa rose d’or à l’abbaye bénédictine anglaise de Farnborough où elle est inhumée avec Napoléon III et le Prince Impérial.
[11] La rose d’or fut remise à la reine d’Espagne par le cardinal Tedeschini qui dit : « Recevez-la, ma Chère Fille, vous qui dans le siècle êtes noble, puissante et ornée de beaucoup de vertu, afin que vous vous ennoblissiez davantage de toutes les vertus de Notre Seigneur Jésus-Christ comme une rose qui fleurit au bord des eaux courantes. »
[12] A vrai dire, cette rose d’or, adressée au roi et à la reine des Belges pour la célébration du vingt-cinquième anniversaire de leur mariage, fut bénie par Pie XI le troisième dimanche de l’Avent (dimanche de Gaudete) ; dans un vase d’argent doré, pesant trois kilogrammes et demi, il s’agit d’un rosier d’or, de dix-neuf fleurs ou bouton et de deux cent quatre-vingt-dix feuilles, pesant un kilogramme.
[13] Pie XI offrit cette rose d’or à la reine Hélène d’Italie pour le quarantième anniversaire de son mariage. Fille du roi Nicolas I° du Monténégro (1841-1921), la princesse Hélène Petrovitch Niegoch, née à Cettigné le 8 janvier 1873, filleule du tsar Alexandre III, fit ses études à Saint-Petersbourg. Elle épousa Victor-Emmanuel de Savoie (24 octobre 1896), prince de Naples, qui devint le roi Victor-Emmanuel III d’Italie, après l’assassinat de son père, Humbert I°, par un anarchiste (29 juillet 1900) ; il porta les titres d’empereur d’Ethiopie (1936) et de roi d’Albanie (1939). La reine Hélène mourut à Montpellier le 28 novembre 1952. En raison de ses très grandes charités, Pie XI lui décerna la rose d’or (7 mars 1937) qu’il lui remit en la chapelle Pauline du Quirinal (5 avril 1937).
[14] Il existe, dans la Bibliothèque vaticane, une gravure du XVIII° siècle qui représente cette rose d’or offerte au chapitre Saint-Just de Lyon.
[15] Sainte-Marie de Galloro est un lieu de pèlerinage situé sur une colline du Latium, à un kilomètre d’Arricia. Le sanctuaire doit son origine à une image de la Vierge peinte sur un rocher qui, perdue dans les taillis, fut redécouverte par un enfant en 1621.
[16] Pie XII procéda à la bénédiction de cette rose d’or le 30 août 1953 : « Avec un vif plaisir, Nous voyons cette assistance de choix à l’austère cérémonie à laquelle Nous allons procéder et qui consacre la disrinction extraordinaire que le Saint-Siège apostolique veut donner à la cathédrale de la noble ville de Goa pour être conservée au sanctuaire du Bon Jésus et par elle à la nation si fidèle. Ce n’est pas la première fois qu’un si grand honneur revient au Potugal. Il suffirait de rappeler la rose d’or que Notre grand prédécesseur Léon XIII envoya en 1892 à la regrétée reine Amélie ; et avant celle-ci la rose d’or accordée à l’église Saint-Antoine-des-Portugais, une des deux églises qui, dans la ville de Rome, partagent cette gloire avec les grandes basiliques. Mais, à présent, Nous évoquons particulièrement la rose d’or que le grand pape Léon X envoya deux fois à Don Manuel I° pour ses insignes services rendus à la cause de la foi avec l’heureuse épopée de l’Orient laquelle a préparé le terrain et fourni les moyens qui rendirent possible le merveilleux apostolat de saint François-Xavier qui fut à son tour le meilleur représentant et le plus prodigieux réalisateur de la vocation missionnaire du Portugal. Aujourd’hui, comme pour couronner les grandes célébrations commémoratives du IV° centenaire de la mort du grand Apôtre et de son immortel apostolat, Nous sommes heureux, en accordant la rose d’or à l’église monumentale qui conserve ses dépouilles, de renouveler le geste de notre grand prédécesseur. Nous reconnaissons ainsi de multiples mérites pour la cause de la foi et Nous déclatons également avec un accent de certitude que l’action missionnaire continuera toujours plus ample et plus active comme nous l’assure la présence de tant de missionnaires des deux sexes. »
[17] Pie II était né à Corsignano où il construisit la ville de Pienza.
[18] Grégoire XVI était né à Bellune en Vénitie.
[19] Sixte IV était né à Celle, près de Savone.
[20] Eléonore d’Autriche (1498-1558), infante d’Espagne et reine douairière de Portugal, sœur de Charles-Quint et deuxième femme de François I°, fut sacrée et couronnée le 5 mars 1531.
[21] Elisabeth d’Autriche (1554-1592), archiduchesse d’Autriche, fille de l’empereur Maximilien II, femme de Charles IX, fut sacrée et couronnée le 25 mars 1571.
[22] La première Confrérie romaine, celle du Gonfalon, a été créée en 1264 et depuis, au cours des siècles, ces pieuses associations ont fondé plus de quarante hôpitaux.
[23] Le Saint-Crucifix de Saint-Marcel est un ouvrage du XV° siècle qui a été retrouvé intact après l’incendie et l’écroulement de l’ancienne église (1519) ; il est pour les Romains l’objet d’un culte particulier. L’église Saint-Marcel, fut élevée sur les écuries de l’ancienne poste impériale où le pape Marcel (IV° siècle) avait été condamné aux travaux forcés.
[24] Ordo Romanus XIV 81.
[25] Saint Bède le Vénérable : « Histoire de l’Angleterre », V 16