Archive pour le 15 mars, 2007

TRAITÉ DE TERTULLIEN SUR LA PRIÈRE – L’offrande spirituelle

15 mars, 2007

la deuxième lecture de ce matin était de Tertulliano, sur la prière, elle m’a émue beaucoup parce qu’il semble toujours de savoir prier – c’est-à-dire quelque  tourne non – toutefois lorsque te rencontres avec ceux qui ils connaissent la prière pour la « avoir fréquenté souvent » avec un Maître et Père de l’Église, est toujours d’aide à la conversion et reposant:

TRAITÉ DE TERTULLIEN SUR LA PRIÈRE

 (Editeur : Langage des hommes/Parole de Dieu)
L’offrande spirituelle.

La prière est le sacrifice spirituel qui a supprimé les anciens sacrifices. A quoi bon, dit le Seigneur, m’offrir tant de sacrifices? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Qui donc vous a demandé de m’apporter tout cela?
Ce que Dieu réclame, l’Evangile nous l’enseigne. L’heure vient, dit Jésus, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. En effet, Dieu est Esprit, et c’est pourquoi il cherche de tels adorateurs.

Nous sommes les vrais adorateurs et les vrais sacrificateurs. En priant dans l’Esprit, c’est par l’Esprit que nous offrons en sacrifice la prière, victime qui revient à Dieu, qui lui plaît, qu’il a recherchée, qu’ il s’est destinée.

C’est elle, offerte de tout coeur, nourrie de la foi, guérie par la vérité, gardée parfaite par l’innocence, purifiée par la chasteté, couronnée par l’amour, c’est elle, la prière, que nous devons conduire jusqu’à l’autel de Dieu, avec la procession des bonnes oeuvres, parmi les psaumes et les hymnes; c’est elle qui obtiendra tout de Dieu en notre faveur.

En effet, qu’est-ce que Dieu peut refuser à la prière qui procède de l’esprit et de la vérité, lui qui l’exige? Les grandes preuves de son efficacité, nous les lisons, nous les entendons, nous les croyons!

La prière de jadis délivrait du feu, des bêtes, de la famine, et pourtant elle n’avait pas reçu du Christ sa perfection.

D’ailleurs combien la prière chrétienne est plus amplement efficace! Elle ne place pas au milieu de la fournaise un ange porteur de rosée ; elle ne ferme pas les gueules des lions; elle n’apporte pas aux affamés le repas des moissonneurs. Elle n’écarte aucune souffrance par un bienfait particulier: elle forme par la patience ceux qui pâtissent, qui souffrent et qui s’affligent, elle développe la grâce par son efficacité pour que la foi sache ce qu’elle peut obtenir du Seigneur, en comprenant qu’elle souffre pour le nom de Dieu.

Autrefois la prière infligeait des calamités, mettait en déroute les armées ennemies, arrêtait les bienfaits de la pluie, mais maintenant la prière de justice détourne toute colère divine, monte la garde en faveur des ennemis, supplie pour les persécuteurs. Est-il étonnant qu’elle ait su obtenir de force les eaux du ciel, puisqu’elle a pu en faire tomber le feu? C’est la prière seule qui triomphe de Dieu; mais le Christ n’a pas voulu qu’elle produise aucun mal, toute la vertu qu’il lui a conférée est pour le bien.

Aussi tout ce qu’elle sait faire, c’est rappeler les âmes des défunts du chemin qui conduit droit à la mort, fortifier les faibles, guérir les malades, délivrer les possédés, ouvrir les prisons, défaire les chaînes des innocents. C’est elle encore qui lave les fautes, repousse les tentations, arrête les persécutions, réconforte les timides, adoucit les magnanimes, guide les voyageurs, apaise les flots, paralyse les bandits, nourrit les pauvres, modère les riches, relève ceux qui sont tombés, retient ceux qui trébuchent, raffermit ceux qui restent debout.

Tous les anges prient, toutes les créatures prient; les bêtes domestiques et les bêtes sauvages fléchissent les genoux, et, lorsqu’elles sortent de leurs étables ou de leurs repaires, elles regardent vers le ciel, non sans motif, en faisant frémir leur souffle, chacune à sa manière. Quant aux oiseaux, lorsqu’ils se lèvent, ils se dirigent vers le ciel et ils étendent leurs ailes, comme nous étendons les mains, en forme de croix, et ils font entendre ce qui apparaît comme une prière.

Que dire encore sur la fonction de la prière? Le Seigneur lui-même a prié, à qui soient honneur et puissance pour les siècles des siècles.

b

SALUT DU SAINT-PÈRE »Alte Kapelle » de Ratisbonne – SALUT DU SAINT-PÈRE »Alte Kapelle » de Ratisbonne

15 mars, 2007

pour relire la pensée du Pape sur la musique:

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOÎT XVI
À MUNICH, ALTÖTTING ET RATISBONNE
(9-14 SEPTEMBRE 2006)
BÉNÉDICTION DU NOUVEL ORGUE DE LA « ALTE KAPELLE »

SALUT DU SAINT-PÈRE« Alte Kapelle » de Ratisbonne
Mercredi 13 septembre 2006

Chers amis,

Cette vénérable maison de Dieu, la Basilique « Notre-Dame de l’Ancienne Chapelle », a été restaurée de façon splendide – nous le voyons – et elle est dotée aujourd’hui d’un nouvel orgue qui, à présent, sera béni et destiné solennellement à son but: la glorification de Dieu et l’édification de la foi.

Ce fut un chanoine de cette collégiale, Carl Joseph Proske, qui suscita au XIX siècle des élans essentiels pour le renouveau de la musique sacrée. Le chant grégorien et l’antique polyphonie vocale classique furent intégrés dans le déroulement de la liturgie. L’attention à la musique sacrée liturgique dans l’ »Ancienne Chapelle » avait une importance qui s’étendait bien au-delà des limites de la région et qui faisait de Ratisbonne un centre du mouvement de la réforme de la musique sacrée, dont l’influence se fait sentir jusqu’à aujourd’hui. Dans la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II (

Sacrosanctum Concilium), il est souligné que « le chant sacré, uni aux paroles, fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle » (n. 112). Cela signifie que la musique et le chant sont plus qu’un embellissement (peut-être même superflu) du culte; en effet, ils font partie du déroulement de la Liturgie, et ils sont eux-mêmes Liturgie. Une musique sacrée solennelle, avec choeur, orgue, orchestre et chant du peuple, n’est donc pas un surplus qui accompagne et agrémente la liturgie, mais une façon importante de participer de façon active à l’événement cultuel. L’orgue est considéré depuis toujours et à juste titre comme le roi des instruments musicaux, car il reprend tous les sons de la création et – comme on l’a dit il y a peu – il fait résonner la plénitude des sentiments humains, de la joie à la tristesse, de la louange aux pleurs. En outre, en transcendant comme toute musique de qualité la sphère simplement humaine, il renvoie au divin. La grande variété des timbres de l’orgue, du piano jusqu’à l’impétueux fortissimo, en fait un instrument supérieur à tous les autres. Il est en mesure de faire résonner tous les domaines de l’existence humaine. Les multiples possibilités de l’orgue nous rappellent d’une certaine façon l’immensité et la magnificence de Dieu.

Le Psaume 150, que nous venons d’écouter et de suivre intérieurement, parle de cor et de flûtes, de harpes et de cithares, de cymbales et de tambours: tous les instruments musicaux sont appelés à apporter leur contribution à la louange du Dieu trinitaire. Dans un orgue, les nombreux tuyaux et les registres doivent former une unité. Si, ici ou là, quelque chose se bloque, si un tuyau est désaccordé, dans un premier temps, cela n’est sans doute perceptible que par une oreille exercée. Mais si plusieurs tuyaux ne sont pas correctement accordés, cela donne alors lieu à des fausses notes, et le tout commence à devenir insupportable. Les tuyaux de cet orgue sont eux aussi exposés à des changements de température, et à des facteurs d’usure. Cela est une image de notre communauté dans l’Eglise. De même que, dans l’orgue, une main experte doit toujours reconduire les discordances à une juste consonance, ainsi, nous devons également dans l’Eglise, dans la variété des dons et des charismes, trouver toujours à nouveau, à travers la communion dans la foi, l’accord dans la louange de Dieu et dans l’amour fraternel. Plus nous nous laissons transformer dans le Christ à travers la Liturgie, plus nous serons capables de transformer également le monde, en faisant rayonner la bonté, la miséricorde et l’amour pour les hommes du Christ. A travers leur musique, les grands compositeurs voulaient, chacun à sa façon, glorifier Dieu. Jean-Sébastien Bach, sur le titre d’un grand nombre de ses partitions, a écrit les lettres S.D.G.: Soli Deo Gloria – uniquement à la gloire de Dieu. Anton Bruckner plaçait également au début les paroles: « Dédié au Bon Dieu ». Que tous les visiteurs de cette magnifique Basilique, à travers la grandeur de l’édifice et à travers la liturgie enrichie par l’harmonie du nouvel orgue et par le chant solennel, soient guidés vers la joie de la foi! Tel est mon voeu en ce jour de l’inauguration de ce nouvel orgue.

« Sacramentum caritatis »: tous à la messe le dimanche

15 mars, 2007

 du site « La Chiesa.it, l’Espresso »

« Sacramentum caritatis »: tous à la messe le dimanche


Un chr
étien ne peut vivre sans lEucharistie, écrit Benoît XVI. En elle, « le Seigneur se fait nourriture pour lhomme assoiffé de vérité et de liberté« . Doù le devoir qui en découle aussi dans le champ politique: « donner un témoignage public de sa propre foi »

par Sandro Magister

ROME, le 15 mars 2007
Benoît XVI a rendu publique lexhortation apostolique « Sacramentum caritatis » il y a deux jours, en conclusion du synode des évêques qui s’était déroulé à Rome en octobre 2005 sur le thème de lEucharistie.

Le document a limportance dune encyclique. Il a dailleurs beaucoup en commun avec lencyclique « Deus caritas est », à commencer par le mot-clé du titre. Benoît XVI lui-même l’écrit en introduction: « J’entends mettre la présente exhortation en relation avec ma première encyclique Deus caritas est ».

Lexhortation apostolique « Sacramentum caritatis » doit être lue dans son intégralité. Dune part parce quelle reprend les sujets abordés au cours du synode, dautre part parce quelle porte lempreinte fédératrice de la vision de Benoît XVI. Une vision où « la célébration eucharistique apparaît ici, dans toute sa force, en tant que source et sommet de l’existence chrétienne ».

Au lecteur de savourer cette vision fédératrice, appréciable uniquement par une lecture ininterrompue et complète:

> « Sacrement de l’amour, la sainte Eucharistie… »

Voici en revanche un abrégé plus modeste regroupant les nombreuses questions, approfondies ou à peine évoquées page après page par Benoît XVI dans son exhortation apostolique:

* * *

MISSEL DE SAINT PIE V

Benoît XVI le cite au paragraphe 3, rappelant avec admiration et gratitude « le développement, ordonné dans le temps, des formes rituelles » selon lesquelles la messe a été et est célébrée, jusqu’à la réforme liturgique du Concile de Vatican II et ses « richesses qui n’ont pas été pleinement explorées ». Il ajoute: « Concrètement, il s’agit de lire les changements voulus par le Concile à l’intérieur de l’unité qui caractérise le développement historique du rite lui-même, sans introduire de ruptures artificielles ».

Le refus des « ruptures artificielles » avait été évoqué par le pape dans son discours cité en note à la curie du 22 décembre 2005 au sujet de la juste interprétation du Concile. Cest lune des raisons qui justifient selon Joseph Ratzinger la pratique du rite tridentin encore à lheure actuelle.

LA DERNIÈRE CÈNE

Au paragraphe 11, après avoir retracé le dernier repas partagé par Jésus avec les apôtres selon le rite juif de l’époque, Benoît XVI prévient: « Pour nous chrétiens, il n’est plus nécessaire de répéter ce repas », car lEucharistie marque un changement radical par rapport à ce repas, et cest à ce changement que Jésus fait référence lorsquil dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ».

Lavertissement du pape sadresse à ces communautés par exemple les néocatéchumènes qui persistent à célébrer la messe comme un banquet, imitant le dernier repas.

TRANSSUBSTANCIATION

Le terme apparaît au paragraphe 13, accompagné dun appel aux fidèles à avoir « une conscience plus claire » de la richesse des mots prononcés lors de la consécration et de « l’épiclèse », à savoir linvocation « au Père pour qu’il fasse descendre le don de l’Esprit afin que le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus-Christ ».

ORTHODOXES ET PROTESTANTS

Au paragraphe 14, Benoît XVI souligne que cest lEucharistie qui bâtit lEglise. Et dailleurs, au paragraphe suivant, il appelle « Eglises » lEglise catholique et les Eglises orthodoxes du fait quelles « ont conservé la nature authentique et entière du mystère de l’Eucharistie », à la différence des simples « Communautés » nées de la Réforme protestante, avec lesquelles le « caractère ecclésial de l’Eucharistie  » est davantage matière à un dialogue œcuménique.

CONFIRMATION ET PREMIÈRE COMMUNION

Au paragraphe 18, le pape explique quil faut faire attention à lordre dans lequel il convient dadministrer les sacrements de linitiation: baptême, confirmation, Eucharistie. En effet, dans de nombreuses paroisses et de nombreux diocèses du monde entier, la confirmation est donnée en dernier. Pour Benoît XVI, cette pratique est à « vérifier », car elle risque de faire perdre à lEucharistie la place qui lui revient, « comme réalité vers laquelle tend toute l’initiation ».

COMMUNION ET CONFESSION

Au paragraphe 20, ainsi quau paragraphe 55, Benoît XVI met en garde contre une communion systématique, par automatisme, « comme si par le seul fait de se trouver dans une église durant la liturgie on avait le droit ou peut-être même le devoir de s’approcher de la table eucharistique ». Ce « comportement superficiel », écrit-il, sexplique notamment par un sens du péché de plus en plus en perte de vitesse. Pour communier, il faut être « dans la grâce de Dieu ». Dans le paragraphe suivant, le pape encourage les fidèles à se confesser régulièrement et rappelle que la confession individuelle doit prévaloir en temps normal, « en réservant la pratique de l’absolution générale exclusivement aux cas prévus ».

VIATIQUE

Au paragraphe 22, le pape recommande dapporter lEucharistie aux infirmes: une pratique qui risque de tomber en désuétude dans de nombreux endroits.

ORDINATION SACERDOTALE

Au paragraphe 23, Benoît XVI condamne sévèrement ceux qui considèrent quil suffit d’être baptisé pour pouvoir célébrer la messe et agissent en conséquence en se passant de prêtre: La doctrine de l’Eglise fait de l’ordination sacerdotale la condition indispensable pour la célébration valide de l’Eucharistie ».

Tout de suite après, le pape met cependant en garde les prêtres à ne pas se substituer à Jésus. Il les exhorte à célébrer avec humilité, « en évitant tout ce qui pourrait donner l’impression d’une initiative personnelle inopportune ».

CÉLIBAT DES PRÊTRES

« Il n’est pas suffisant de comprendre le célibat sacerdotal en termes purement fonctionnels », écrit Benoît XVI au paragraphe 24. « Le fait que le Christ lui-même, prêtre pour l’éternité, ait vécu sa mission jusqu’au sacrifice de la croix dans l’état de virginité constitue le point de référence sûr pour recueillir le sens de la tradition de l’Eglise latine sur cette question ».

« Tout en respectant les pratiques différentes et la tradition orientale », le pape confirme donc « le caractère obligatoire pour la tradition latine » du célibat des prêtres, « comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l’Eglise et au Règne de Dieu ».

Pour attirer de vraies vocations, déclare le pape dans le paragraphe suivant, « il faut surtout avoir le courage de proposer aux jeunes la radicalité de la vie à la suite du Christ, en en montrant l’attrait ».

POLYGAMIE

Au paragraphe 28, Benoît XVI évoque brièvement le problème posé par les hommes qui, « provenant de cultures où se pratique la polygamie », deviennent chrétiens Pour eux, la communion eucharistique sera autorisée uniquement quand ils seront arrivés « à la pleine vérité de l’amour » avec une seule femme, « passant à travers les renoncements nécessaires ».

DIVORCÉS REMARIÉS

Benoît XVI écrit au paragraphe 29: « Il s’agit d’un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes. Par amour de la vérité, les pasteurs sont obligés de bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés. Le synode des évêques a confirmé la pratique de l’Eglise, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Eglise, qui est signifiée et mise en œuvre dans l’Eucharistie. Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d’appartenir à l’Eglise, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu’ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la messe, mais sans recevoir la communion, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l’engagement dans l’éducation de leurs enfants.

« Là où surgissent des doutes légitimes sur la validité du Mariage sacramentel qui a été contracté, il convient d’entreprendre ce qui est nécessaire pour en vérifier le bien-fondé. Il faut aussi s’assurer, dans le plein respect du droit canonique, de la présence sur le territoire de tribunaux ecclésiastiques, de leur caractère pastoral, de leur fonctionnement correct et rapide. Il importe qu’il y ait, dans chaque diocèse, un nombre suffisant de personnes préparées pour le bon fonctionnement des tribunaux ecclésiastiques. Je rappelle que c’est une obligation grave que le travail institutionnel de l’Eglise réalisé dans les tribunaux soit rendu toujours plus proche des fidèles. Il est cependant nécessaire d’éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l’amour de la vérité: cette dernière en effet n’est jamais abstraite, mais elle s’intègre dans l’itinéraire humain et chrétien de tout fidèle. Enfin, là où la nullité du lien matrimonial n’est pas reconnue et où des conditions objectives rendent de fait la vie commune irréversible, l’Eglise encourage ces fidèles à s’engager à vivre leur relation selon les exigences de la loi de Dieu, comme amis, comme frère et sœur; ils pourront ainsi s’approcher de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique éprouvée de l’Eglise. Un tel chemin, pour qu’il soit possible et qu’il porte du fruit, doit être soutenu par l’aide des pasteurs et par des initiatives ecclésiales appropriées, en évitant, dans tous les cas, de bénir ces relations, pour que ne surgissent pas chez les fidèles des confusions autour de la valeur du mariage.

« Vu la complexité du contexte culturel dans lequel vit l’Eglise dans beaucoup de pays, le synode a aussi recommandé d’avoir le plus grand soin pastoral pour la formation des fiancés et pour la vérification attentive de leurs convictions concernant les engagements prescrits pour la validité du sacrement de mariage. Un sérieux discernement à ce sujet pourra éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent les deux jeunes à assumer des responsabilités qu’ils ne sauront ensuite honorer. Le bien que l’Eglise et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu’on ne s’engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle ».

BEAUTÉ

Le paragraphe 35 est consacré à la beauté de la célébration et de lart liturgique: « Ce nest pas de lesthétisme pur, mais un moyen à travers lequel la vérité de lamour de Dieu dans le Christ nous parvient, nous fascine et nous transporte ». Et encore: « Ce nest pas un élément décoratif de laction liturgique; il sagit plutôt dun élément constitutif, parce quil est lattribut de Dieu lui-même et de sa révélation. Tout cela doit nous rendre conscients de lattention quil faut porter pour que laction liturgique resplendisse selon sa nature propre ».

ART SACRÉ

Au paragraphe 35, après avoir invité au respect des livres liturgiques en vigueur, le pape souligne contre les abus fréquents que « la simplicité des gestes et la sobriété des signes, effectués dans l’ordre et dans les moments prévus, communiquent et impliquent plus que le caractère artificiel d’ajouts inopportuns ».

Il ajoute au paragraphe suivant: « Une connaissance approfondie des formes que l’art sacré a produit tout au long des siècles peut être d’une grande aide pour les personnes qui, face aux architectes et aux artistes, ont la responsabilité de la commande d’œuvres artistiques liées à l’action liturgique. Il est donc indispensable que dans la formation des séminaristes et des prêtres soit incluse, comme discipline importante, l’histoire de l’art, avec une référence spéciale aux édifices du culte à la lumière des normes liturgiques. En définitive, il est nécessaire qu’en tout ce qui concerne l’Eucharistie, on ait le goût de la beauté« .

MUSIQUE SACRÉE

Au paragraphe 42, Benoît XVI met en garde contre la mauvaise musique qui a envahi trop de célébrations et défend le chant grégorien:

« L’Eglise, dans son histoire bimillénaire, a créé et continue de créer des musiques et des chants qui constituent un patrimoine de foi et d’amour qui ne doit pas être perdu. En réalité, dans la liturgie nous ne pouvons pas dire qu’un cantique équivaut à un autre. À ce sujet, il convient d’éviter l’improvisation générale ou l’introduction de genres musicaux qui ne sont pas respectueux du sens de la liturgie. En tant qu’élément liturgique, le chant doit s’intégrer dans la forme propre de la célébration. Par conséquent, tout dans le texte, dans la mélodie, dans l’exécution doit correspondre au sens du mystère célébré, aux différents moments du rite et aux temps liturgiques. Enfin, tout en tenant compte des diverses orientations et des diverses traditions très louables, je désire que, comme les pères synodaux l’ont demandé, le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, soit valorisé de manière appropriée ».

LITURGIE DE LA PAROLE ET HOMÉLIE

Au paragraphe 45, le pape exhorte à ce « que dans les liturgies, on porte une grande attention à la proclamation de la Parole de Dieu par des lecteurs bien préparés » et que les fidèles soient formés pour « apprécier les trésors de la Sainte Écriture » en la lisant et en priant avec elle.

Dans le paragraphe suivant, il demande aux prêtres de préparer soigneusement les homélies, en évitant quelles soient « générales et abstraites ». Et pour sexprimer sur les fondements de la doctrine catholique il leur suggère le Catéchisme de lEglise Catholique comme référence.

OFFERTOIRE

Le geste de loffre des dons sur lautel, écrit le pape au paragraphe 47, « pour être vécu dans sa signification authentique, n’a pas besoin d’être amplifié par des complications inopportunes ». On pense à certaines formes théâtrales et folks du rite, en vogue au cours des voyages de Jean-Paul II.

ÉCHANGE DE LA PAIX

Au paragraphe 49, Benoît XVI rappelle que « durant le synode des évêques, il a paru toutefois opportun de modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion ». Dans une note en pied de page, le pape ajoute avoir « demandé aux dicastères compétents d’étudier la possibilité de placer le geste de paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à l’autel »: ce qui est déjà le cas, par exemple, dans la messe célébrée selon le rite ambroisien, dans larchidiocèse de Milan.

PAS DE COMMUNION POUR TOUS

Au paragraphe 50, Benoît XVI retient lattention sur la présence répétée à la messe de non-pratiquants, de visiteurs étrangers, de non-catholiques, de personnes appartenant à dautres religions, mais aussi de personnes « qui peut-être se trouvent dans une situation de vie qui ne permet pas l’accès aux sacrements ». Dans ces cas, il encourage à trouver « des moyens brefs et incisifs pour rappeler à tous le sens de la communion sacramentelle et les conditions de sa réception ». Au cas où il ne serait pas possible de garantir « une clarté nécessaire sur la signification de lEucharistie », le pape suggère de substituer à la messe « une célébration de la Parole de Dieu ».

ITE, MISSA EST

Au paragraphe 51, en sappuyant sur la formule finale de la messe en latin, Benoît XVI encourage à en extraire un appel aux chrétiens à être des missionnaires du monde, avec de nouveaux textes « dûment approuvés » pour loraison et la bénédiction finale, qui en expliciteraient le sens.

INTERCOMMUNION

Avec les chrétiens appartenant à des Eglises et des communautés non-catholiques, Benoît XVI réitère au paragraphe 56 linterdiction de célébrer ensemble lEucharistie. « Il reste vrai toutefois qu’en vue du salut éternel, il est possible d’admettre des chrétiens non catholiques individuellement à l’Eucharistie, au sacrement de la pénitence et à l’onction des malades. Cela suppose cependant de vérifier qu’il s’agit de situations déterminées et exceptionnelles selon des conditions précises. Elles sont clairement indiquées dans le Catéchisme de l’Eglise catholique ».

LANGUE LATINE

Au paragraphe 62, Benoît XVI écrit que lorsque des fidèles appartiennent à des nations différentes, il ne faut pas hésiter à célébrer la messe en latin avec des chants grégoriens. Il ajoute: « De façon plus générale, je demande que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu’à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d’éduquer les fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi qu’au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie ».

MESSE EN GROUPE

Au paragraphe 63, le pape met en garde contre les risques des célébrations en groupes restreints, comme il en est en particulier pour le Chemin Néocatécuménal: « Tout en reconnaissant la valeur formatrice sous-jacente à ces choix, il est nécessaire de préciser qu’ils doivent être harmonisés avec l’ensemble de la proposition pastorale du diocèse. En effet, ces expériences perdraient leur caractère pédagogique si elles donnaient l’impression d’être en opposition ou en parallèle avec la vie de l’Eglise ».

ADORATION EUCHARISTIQUE

Benoît XVI consacre quatre paragraphes de 66 à 69 à ladoration de lhostie consacrée. Il rappelle que dans les premiers jours suivant le concile, certains objectaient à ladoration que « le pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé, mais pour être mangé« . Une critique infondée selon le pape. En effet, à plusieurs reprises, Benoît XVI a manifesté sa volonté de redonner un rôle central à ladoration eucharistique. Il demande aussi à ce que le tabernacle soit disposé dans un endroit de l’église bien visible et digne, « en évitant que le siège du célébrant ne soit placé devant ».

PRÉCEPTE DOMINICAL

Du paragraphe 72 au paragraphe 74, le pape réaffirme lobligation daller à la messe le dimanche. Déjà, au premier siècle, Ignace dAntioche définissait les chrétiens « iuxta dominicam viventes », ceux qui vivent selon le dimanche. Ne pas sanctifier ce jour « est le symptôme d’une perte du sens authentique de la liberté chrétienne, la liberté des fils de Dieu ».

ABSENCE DU PRÊTRE

Dans les contrées où la messe dominicale ne peut pas être célébrée faute dun nombre suffisant de prêtres, Benoît XVI exhorte malgré tout dans le paragraphe 75 les communautés chrétiennes à se réunir, pour lire les Ecritures et pour prier: « Cela devra cependant se réaliser dans le cadre d’une instruction appropriée sur la différence entre la messe et les assemblées dominicales en absence de prêtre ».

COHÉRENCE ENTRE EUCHARISTIE ET POLITIQUE

Au paragraphe 83, le pape écrit: « Il est important de relever ce que les pères synodaux ont appelé cohérence eucharistique, à laquelle notre existence est objectivement appelée. En effet, le culte agréable à Dieu n’est jamais un acte purement privé, sans conséquence sur nos relations sociales: il requiert un témoignage public de notre foi. Évidemment, cela vaut pour tous les baptisés, mais s’impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la position sociale ou politique qu’ils occupent, doivent prendre des décisions concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d’éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes. Ces valeurs ne sont pas négociables. Par conséquent, les hommes politiques et les législateurs catholiques, conscients de leur grave responsabilité sociale, doivent se sentir particulièrement interpellés par leur conscience, justement formée, pour présenter et soutenir des lois inspirées par les valeurs fondées sur la nature humaine. Cela a, entre autres, un lien objectif avec l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 27-29). Les évêques sont tenus de rappeler constamment ces valeurs; cela fait partie de leur responsabilité à l’égard du troupeau qui leur est confié« .

AU PRIX DE LA VIE

Au paragraphe 87, Benoît XVI écrit que dans certains pays, aller à la messe exige beaucoup de courage: « Les régions du monde dans lesquelles célébrer ou se rendre à l’Eglise constitue un témoignage héroïque, qui expose la vie de celui qui le fait à l’exclusion et à la violence, ne manquent pas. A ce propos, je veux aussi réaffirmer la solidarité de toute l’Eglise avec ceux qui souffrent de l’absence de liberté de culte. Là où manque la liberté religieuse, nous le savons, manque en définitive la liberté la plus significative, puisque dans la foi l’homme exprime son intime décision quant au sens ultime de son existence ».

« SINE DOMINICO NON POSSUMUS »

En conclusion, au paragraphe 95, Benoît XVI revient sur limportance vitale daller à la messe. Il rappelle: « Au commencement du quatrième siècle, le culte chrétien était encore interdit par les autorités impériales. Certains chrétiens d’Afrique du Nord, qui se sentaient poussés à célébrer le Jour du Seigneur, défièrent l’interdiction. Ils furent martyrisés alors qu’ils déclaraient qu’il ne leur était pas possible de vivre sans l’Eucharistie, nourriture du Seigneur: Sine dominico non possumus ».

Il poursuit: « Nous non plus, nous ne pouvons pas vivre sans participer au Sacrement de notre salut et nous désirons être iuxta dominicam viventes, c’est-à-dire traduire dans notre vie ce que nous célébrons dans le Jour du Seigneur. Ce jour, en effet, est le jour de notre libération définitive. Faut-il s’étonner si nous désirons que chaque jour soit vécu selon la nouveauté introduite par le Christ dans le mystère de l’Eucharistie? ».

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Benoît XVI aux francophones : Trouvez dans l’unité le dynamisme du témoignage

15 mars, 2007

du site Zenith:

Benoît XVI aux francophones : Trouvez dans l’unité le dynamisme du témoignage

ROME, Mercredi 14 mars 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI invite les francophones à « trouver dans l’unité » le dynamisme du témoignage chrétien.

En saluant les francophones, à l’issue de sa catéchèse en français, ce mercredi, place Saint-Pierre, le pape disait en effet : Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes, les Petites Sœurs de Jésus en session de renouveau et les membres de l’Association internationale des Charités contre les pauvretés » (cf. www.aic-international.org et Zenit du 6 mars 2007).

« Je vous invite à trouver dans l’unité entre vous le dynamisme et la force pour témoigner de l’amour du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique » disait Benoît XVI après avoir évoqué saint Ignace d’Antioche, « Docteur de l’unité ».

« Celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse »

15 mars, 2007

du site EAQ:

Origène (vers 185-253), prêtre et théologien
Homélies sur Josué, n° 15 (trad. SC 71, p. 345s rev.)
« Celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse »

Dans la guerre contre les Moabites et les Ammonites, Josué [qui porte le même nom que Jésus] « tua tous leurs rois par le glaive » (Jos 11,12). Nous étions tous « sous le règne du péché » (Rm 6,12) ; tous, nous étions sous le règne des passions mauvaises… En chacun pourtant, se tenait un roi particulier qui régnait en lui et dominait en lui. Par exemple, dans l’un c’était l’avarice qui occupait le royaume, dans un autre c’était l’orgueil, dans un autre encore le mensonge ; l’un était dominé par les désirs charnels, l’autre subissait le règne de la colère… Il y avait donc en chacun de nous un royaume de péché avant que nous ayons la foi.

Mais lorsque Jésus est venu, il a tué tous les rois qui détenaient en nous des royaumes de péché, il nous a appris à les tuer tous et à n’en laisser échapper aucun. Si l’on en conserve un seul en vie, on ne pourra pas appartenir à l’armée de Jésus… Car le Seigneur Jésus nous a purifiés de toutes les sortes de péchés ; il les a tous détruits. En effet, tous « nous étions insensés, rebelles, égarés, esclaves d’une foule de convoitises, vivant dans la malice et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres » (Tt 3,3), avec tous les genres de péchés qui se trouvent chez les hommes avant qu’ils croient. On a raison de dire que Jésus a tué tous ceux qui sortirent pour faire la guerre ; car il n’est pas de péché si grand que Jésus ne puisse avoir le dessus, lui qui est le Verbe et la « Sagesse de Dieu » (1Co 1,24). Il triomphe de tout, il est vainqueur de tout.

Ne croyons-nous pas que les péchés de toutes sortes nous sont ôtés quand nous venons au baptême ? C’est ce que dit l’apôtre Paul qui, après avoir énuméré tous les genres de péchés, ajoute finalement : « Voilà ce que vous étiez, mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés, au nom de notre Seigneur Jésus Christ » (1Co 6,11).