Un nouveau chef pour les évêques d’Italie: Angelo Bagnasco
encore un article du Sandro Magister sur Angelo Bagnasco, du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=125361&fr=y
Un nouveau chef pour les évêques d’Italie: Angelo Bagnasco
Il n’y a que quelques mois qu’il est évêque de Gênes, mais Benoit XVI a voulu qu’il soit également président de la conférence épiscopale. Il succède au cardinal Ruini dont il est l’un des grands fidèles. Sa nomination confirme le projet d’une Eglise gagnante par Sandro Magister
ROME, 8 mars 2007 – Depuis hier, la conférence épiscopale italienne a un nouveau président. C’est Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, plus jeune de douze ans que son prédécesseur Camillo Ruini, qui a quitté ce poste à 76 ans révolus.
Le règne du cardinal Ruini à la CEI a duré vingt et un ans, cinq en tant que secrétaire et seize en tant que président. Et cela tourne maintenant à la dynastie. Mgr Bagnasco, son héritier, a lui aussi le visage effilé et le verbe tranchant, il est lui aussi passionné de philosophie, matière qu’il a enseignée pendant de nombreuses années. Mais il a surtout la même vision de la « mission » de l’Eglise en Italie et dans le monde. Cette « mission », c’est celle que Benoît XVI a dictée aux états généraux de l’Eglise italienne réunis à Vérone en octobre dernier: « rendre pleinement droit de cité à la foi chrétienne », « rendre visible le grand ‘oui’ de Dieu à l’homme et à
la vie ».
C’est Benoît XVI en personne qui a intronisé le nouveau président de la CEI. Cette nomination qui dépend dans tous les autres pays du vote des évêques, est en Italie du ressort du pape. En 1991 Jean-Paul II avait même été plus loin: il avait place à la tête de la CEI son propre vicaire, celui à qui il avait déjà confié le gouvernement de son diocèse de Rome. La symbiose entre Karol Wojtyla et Camillo Ruini était très grande. La révolution lancée par le pape polonais en 1985, à Lorette, devant un parterre hostile d’évêques, de prêtres et de laïcs – c’est-à-dire la reconquête de l’espace public pour l’Eglise – a trouvé, année après anné
e, dans le cardinal Ruini son artisan victorieux.
Victorieux au point de ne pas sortir de la scène, alors même qu’il n’est plus le président. Sa dernière année à la tête de la CEI a été un crescendo continu, jusqu’à sa dernière sortie officielle, les deux jours du Forum « du projet culturel », son projet le plus cher, qui s’est tenu à Rome les 2 et 3 mars. Dans son discours d’introduction, en présence d’un parterre d’intellectuels, de théologiens, de savants, de physiciens, de mathématiciens, Ruini n’a pas consacré un seul mot aux propos polémiques des catholiques critiques, à ceux qui comme Giuseppe Alberigo et Alberto Melloni ont écrit et signé un manifeste contre le « malheur » d’une Église dirigée par lui. Son discours a volé très haut. Il a discuté les position du philosophe allemand Jürgen Habermas, le dernier grand représentant de l’école de Francfort, athée déclaré et pourtant promoteur d’une alliance entre la raison laïque et la religion, contre le « défaitisme » que le scientisme moderne abrite en lui-mê
me.
Habermas avait apprécié mais aussi critiqué la leçon de Benoît XVI à Ratisbonne. Et Ruini est entré comme troisième acteur dans cette confrontation de géants, critiquant à son tour Habermas. La vocation première de Ruini a toujours été la philosophie appliquée à la théologie, toutes deux confrontées à la culture d’aujourd’hui. Maintenant qu’il est « redescendu de la chaire au parterre » – ce sont ses mots – c’est cet enseignement qu’il continuera à assurer, sans concessions. Avec les effets politiques explosifs qui donnent tant de fil à retordre à ses opposants, en dehors et dans l’Eglise. Mgr Bagnasco étant président, mais pas vicaire du pape, la CEI sort de la période d’exception incarnée par le cardinal Ruini et rentre dans la normalité. Bientôt, peut-être en juin, il sera nommé cardinal, mais il restera en tous les cas à Gênes comme archevêque. Son rapport avec le pape sera moins étroit et la politique italienne ne se focalisera plus seulement sur ce que dit et fait la CEI, mais aussi sur la secrétairerie d’état du Vatican. Curieusement, cette dernière est dirigée aujourd’hui par le cardinal Tarcisio Bertone, prédécesseur de Mgr Bagnasco à Gê
nes.
Mgr Bertone aurait préféré pour la CEI un président de moindre envergure. Il a cherché à convaincre Benoît XVI de choisir le titulaire d’un diocèse d’importance moyenne et son candidat était Mgr Benigno Papa, de Tarente. Mais il n’y est pas arrivé. L’hypothèse, longtemps considérée comme certaine, d’une nomination à la présidence de la CEI du cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, a aussi été invalidée. La « manœuvre » de Bertone avait été interprétée comme hostile au cardinal Ruini. Mais sa conclusion le dément: Mgr Bagnasco est un ruiniste pur et dur, plus encore que le cardinal Scola, et sa nomination a été conseillée au pape aussi par le cardinal Bertone. Cet épilogue aurait été difficile à imaginer il y encore quelques mois. Le nom de Mgr Bagnasco n’apparaissait même pas dans un sondage lancé auprès des évêques italiens par celui qui était alors secrétaire d’é
tat, le cardinal Angelo Sodano, et par le nonce en Italie Mgr Paolo Romeo pour savoir qui ils souhaitaient comme successeur du cardinal Ruini.
A côté de Mgr Bagnasco, Mgr Betori conserve le poste névralgique de secrétaire général de la CEI. Il a été confirmé dans cette charge par le pape il y a un an pour un autre quinquennat. Mgr Betori est également un homme de confiance du cardinal Ruini, il a une solide formation de bibliste. Dernièrement il s’est beaucoup employé à combattre les courants d’exégèse qui séparent le « Jésus de la foi » du « Jésus de l’histoire », faisant simplement de ce dernier un homme, un juif de son temps auquel seuls les disciples auraient ensuite attribué la marque de la divinité
.
Avec Mgr Bagnasco et Mgr Betori aux deux postes-clé, la CEI n’abandonnera aucune des initiatives lancées durant l’ère Ruini. La session de printemps du conseil permanent – l’élite des trente cardinaux et évêques les plus importants – est au programme le 26 mars prochain. C’est à cette date exactement que la note de la CEI pour la défense de la famille et contre la légalisation des unions de fait, hétérosexuelles ou homosexuelles, sera rendue publique. Le cardinal Ruini l’avait annoncée le 12 février comme « contraignante pour ceux qui suivent le magistère de l’Eglise et éclairante pour tous », provoquant un déchaînement de polémiques. Au Vatican, la congrégation pour la doctrine de la foi a déjà fourni à la CEI un aide-mémoire rappelant les lignes directrices en la matiè
re.
En suivant le sillon creusé par Ruini, Mgr Bagnasco semble nouveau uniquement parce qu’il est inconnu du plus grand nombre. Il est en cela un exemple parfait du formidable potentiel d’ascension hiérarchique qu’un organisme comme l’Eglise assure même à ses fils les plus humbles. Angelo Bagnasco est né en 1943 à Pontevico, dans la région de Brescia, de parents génois réfugiés à cause de la guerre. Son père travaillait dans une usine de patisserie. De retour à Gênes, le jeune homme entre au séminaire. Ordonné prêtre par le cardinal Giuseppe Siri, il obtient ensuite sa maîtrise de philosophie à l’université de Gê
nes.
Pendant près de vingt ans, jusqu’en 1988, il donné des cours sur la métaphysique et l’athéisme contemporain à la faculté de théologie de l’Italie du Nord. En même temps, il travaille en paroisse, à la curie diocésaine et au séminaire, est assistant des etudiants universitaires catholiques et s’occupe de la catéchèse et de la liturgie. Le tournant arrive il y a neuf ans, lorsqu’il est nommé évêque de Pesaro. Le cardinal Ruini le remarque, l’apprécie et, en 2001, le nomme également président du conseil d’administration du quotidien de la CEI, « Avvenire ». En 2002, il devient secrétaire de la commission de la CEI pour l’école et l’université. En 2003, il est nommé archevêque aux armées pour l’Italie et il n’y a pas un point du globe où
il ne se soit rendu pour rencontrer les soldats italiens en « mission de paix ».
Dans une lettre adressée aux aumôniers militaires, il écrit: « Nous sommes très souvent surpris en rencontrant des trésors de bonté, de propreté morale, d’héroïsme simple, dans des situations qui sembleraient impossibles ». Après le massacre des soldats italiens à Nassyrie, en Irak, en novembre 2003, il adhère avec élan au mémorable « nous ne fuirons pas », que le cardinal Ruini avait prononcé lors de l’homélie funèbre. Il donne à cette expression le même sens que le cardinal: « Aimer aussi nos ennemis: c’est cela le grand trésor que nous ne devons pas laisser arracher de nos consciences et de nos cœurs, même par des terroristes assassins. Nous ne fuirons pas devant eux, au contraire, nous leur ferons face avec tout le courage, l’énergie et la détermination dont nous sommes capables. Mais nous ne les haïrons pas, au contraire nous nous efforcerons à leur faire comprendre que tout l’engagement de l’Italie, y compris militaire, est tourné vers la sauvegarde et la promotion d’une vie commune où il y ait de la place et de la dignité
pour chaque peuple, chaque culture et chaque religion ».
Aux soldats italiens du monde entier, il offre l’Evangile et le Catéchisme, il donne la confirmation et la communion. Les pacifistes ne l’apprécient guère. Dans la lettre aux aumôniers militaires mentionnée ci-dessus, Mgr.Bagnasco sonne aussi l’alarme sur les menaces contre « la dignité de la vie humaine depuis la conception jusqu’à sa fin naturelle, sur la sainteté du mariage, sur l’unité et la fécondité de la famille ». Mais sans victimisation, car « notre expérience de pasteurs qui ont accès à l’intimité des âmes preuve que le bien, en profondeur, est immensé
ment plus grand que le mal ».
C’était en 2004 et l’Eglise italienne était encore peu active sur ces sujets. Pourtant le pape, le cardinal Ruini et quelques rares autres voix étaient à la pointe du combat et Mgr Bagnasco en faisait partie. Mgr Bagnasco s’est retrouvé encore plus en accord avec le nouveau pape Benoît XVI. Il a été parmi les plus acharnés à le défendre après la leçon contesté
e de Ratisbonne.
Promu archevêque de Gênes il y a six mois, il a consacré sa première lettre pastorale à la prière. Elle a été distribuée au début de ce Carême, au même moment où Benoît XVI prêchait, lors de l’Angélus du dimanche 4 mars, que « la prière n’est pas un accessoire, mais une question de vie ou de mort ». Car « seul celui qui prie, c’est-à-dire celui qui se confie à Dieu avec un amour filial, peut entrer dans le vie éternelle, qui est Dieu lui-même ».
Buena designación! Esperamos que siga con el buen espíritu y la ortodoxia que necesita una buena parte de la Iglesia.
je les crois, ciao
Gabriella