Archive pour le 5 mars, 2007

je désire mettre encore quelque chose sur les catacombes…

5 mars, 2007

il s’agit ici de la correspondance entre Rome et Carthage entre le 250 et le 258 pour lire les témoignages des chrétiens de ces temps:

CORRESPONDANCE ENTRE LES EGLISES DE ROME ET DE CARTHAGE

Dans l’histoire des catacombes de Saint-Callixte, on rencontre des protagonistes et des personnalités de premier plan: les papes martyrs Fabien, Corneille, Sixte II, comme aussi l’évêque de Carthage Saint Cyprien. Les Eglises de Rome et de Carthage communiquaient fréquemment entre elles. Il est intéressant de connaître le contenu de certaines lettres et de savoir ce que se disaient ces grands pasteurs et comment ils jugeaient leur époque si peu tranquille.

1. L’Eglise de Rome à l’Eglise de Carthage

L’Eglise de Rome, à l’époque de la persécution de l’empereur Dèce, envoyait à l’Eglise de Carthage ce témoignage de sa fidélité au Christ: Rome, début 250 » … L’Eglise résiste fermement dans la foi. Quelques-uns, il est vrai, soit parce qu’ils étaient impressionnés par le retentissement qu’ils auraient pu causer de par leur position sociale, soit par fragilité humaine, ont cédé. Toutefois, bien qu’ils soient désormais séparés de nous, nous ne les avons pas abandonnés dans leur défection, mais nous les avons aidént et nous leur sommes encore proches pour qu’ils se réhabilitent par la pénitence et qu’ils reçoivent le pardon de Celui qui peut le concéder. Si en effet nous les laissions livrés à eux-mêmes, leur chute deviendrait irréparable. Cherchez vous aussi à faire de même, frères très chers, en tendant la main à ceux qui sont tombés, afin qu’ils se relèvent. Ainsi, s’ils devaient encore être arrêtés, ils se sentiront forts pour confesser cette fois-ci leur foi et remédier ainsi à leur erreur antérieure. Permettez-nous de vous rappeler aussi la ligne à suivre quant à un autre problème. Ceux qui ont cédé dans l’épreuve, s’ils sont infirmes et à condition qu’ils se repentent et sont désireux d’être en communion avec l’Eglise, doivent être secourus. Les veuves et les autres personnes qui sont empêchées de se présenter spontanément, come aussi ceux qui se trouvent en prison ou éloignés de leurs maisons, doivent trouver des personnes qui pourvoient à leurs besoins.. Et même les catéchumènes qui sont malades ne peuvent rester déçus dans leur attente d’une aide. Les frères qui sont en prison vous saluent, ainsi que les prêtres et toute l’Eglise, qui veille avec une grande sollicitude à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. Mais nous aussi nous vous demandons en échange votre souvenir.  » (Lettre 8, 2-3)

2. L’évêque de Carthage à l’Eglise de Rome

Lorsque Cyprien fut informé de la mort du pape Fabien, il écrivit aux prêtres et aux diacres de Rome cette lettre: Carthage, début 250  »

Très chers frères,

La nouvelle de la mort de mon Saint confrère dans l’épiscopat était encore incertaine chez nous, et nos informations étaient encore douteuses, lorsque je reçus votre lettre, qui m’a été envoyée par le sous-diacre Crémence et qui m’informait de façon complète quant à sa mort glorieuse. Alors je rendis grâce, car à l’intégrité de son gouvernement avait fait suite une noble fin. A cet égard, je me réjouis beaucoup avec vous, parce que vous honorez sa mémoire par un témoignage solennel et splendide, en nous faisant connaître, à nous aussi, le souvenir remarquable que vous gardez de votre évêque et en nous offrant un exemple de foi et de courage. En effet, autant est néfaste pour ses sujets la chute d’un chef, autant est au contraire utile et salutaire un évêque qui se donne à ses frères en exemple de fermeté dans la foi… Je vous souhaite, frères très chers, d’être toujours dans le bien.  » (Lettre 9, 1).

3. Cyprien, évêque de Carthage, au pape Corneille

Cyprien rend hommage au témoignage de courage et de fidélité rendu par le pape Corneille et par l’Eglise de Rome:  » un exemple lumineux d’unité et de constance pour tous les chrétiens « . Prévoyant l’imminence de l’épreuve qui toucherait aussi l’Eglise de Carthage, Cyprien demande l’aide fraternelle de la prière et de la charité.

Carthage, automne 253

 » Cyprien à Corneille, frère dans l’épiscopat. Nous avons eu connaissance, frère très cher, de ta foi, de ta force et de ton franc témoignage. Tout cela est un grand honneur pour toi et m’apporte une telle joie que je me considère participant et associé à tes mérites et à tes exploits. En effet, tout comme l’Eglise est une, un et inséparable l’amour, une et indissociable l’harmonie des cœurs, ainsi quel prêtre célébrant les louanges d’un autre prêtre ne s’en réjouirait pas comme de sa propre gloire ? Et quel frère ne se sentirait heureux de la joie de son propre frère ? Vraiment il est impossible d’imaginer l’exultation et la grande joie qu’il y a eu parmi nous lorsque nous avons appris ces belles choses et les preuves de courage que vous nous avez données. Tu as été un guide pour tes frères dans la confession de la foi, et la confession qu’a donné le guide a été fortifiée encore par celle des frères. Ainsi, en précédant les autres sur le chemin de la gloire et en te montrant prompt à confesser la foi en premier lieu et au nom de tous, tu as persuadé aussi ton peuple de confesser sa foi. C’est pourquoi il nous est impossible de définir ce que nous devons le plus louer en vous, si c’est ta foi prompte et inébranlable ou la charité inséparable des frères. A été manifesté dans toute sa splendeur le courage de l’évêque, guide de son peuple, et est apparue de façon lumineuse et grandiose la fidélité du peuple entièrement solidaire de son évêque. Par vous tous, l’Eglise de Rome a donné un magnifique témoignage, toute unie en un seul esprit et en une seule voix.

Ainsi a brillé, frère très cher, la foi que l’Apôtre avait constaté dans votre communauté et pour laquelle il vous avait loué. Alors déjà il prévoyait et célébrait quasi prophétiquement votre courage et votre force indomptable. Alors déjà il reconnaissait les mérites dont vous obtiendriez la gloire. Il exaltait les exploits des pères, en prévision de ceux de leurs fils. Par votre pleine entente et votre endurance, vous avez donné à tous les habitants de la ville un brillant exemple d’union et de constance.

Frère très cher, le Seigneur dans sa Providence nous avertit que l’heure de l’épreuve est imminente. Dieu, dans sa bonté et son souci empressé pour notre salut nous donne ses conseils suggestifs en vue de notre proche combat. Aussi au nom de la charité qui nous unit, aidons-nous, en persévérant avec tout le peuple dans le jeûne, la veille et la prière. Nous avons là les armes célestes qui nous aider à rester solides et persévérants. Nous avons là les armes spirituelles et les flèches divines qui nous protègent. Souvenons-nous les uns des autres dans la concorde et la fraternité spirituelle. Prions sans cesse et en tout lieu les uns pour les autres et cherchons à alléger nos souffrances par une charité mutuelle.  » (Lettre 60, 1-2)

4. Cyprien annonce la mort du pape Sixte II

L’Eglise de Carthage avait envoyé à Rome quelques ecclésiastiques pour obtenir des nouvelles à propos du décret de persécution de l’empereur Valérien. Ceux-ci revinrent en apportant la douloureuse nouvelle de la mort du pape Sixte II. L’évêque Saint Cyprien se préoccupa immédiatement de mettre l’Eglise d’Afrique au courant de ces événements en envoyant à l’évêque Successo la lettre suivante.

Carthage, août 258

 » Mon cher frère,

Je n’ai pas pu t’envoyer tout de suite un écrit, car aucun des clercs de cette Eglise ne pouvait se déplacer: tous se trouvent pris dans la tempête de la persécution, qui cependant, grâce à Dieu, les a trouvés intérieurement tout disposés à passer en un instant au ciel. Je te communique à présent les nouvelles qui sont en ma possession. Sont revenus les délégués que j’avais envoyés à Rome pour vérifier et rapporter la décision prise par les autorités à mon égard, quel que soit le genre de décision que cela pouvait être, et pour mettre fin ainsi à toutes les inférences et hypothèses incontrôlées qui circulaient. Et voici la vérité dûment vérifiée.

L’empereur Valérien a envoyé au Sénat un rescrit par lequel il décide que les évêques, les prêtres et les diacres seront immédiatement mis à mort. Les sénateurs, les notables et ceux qui portent le titre de cavaliers romains, seront privés de toute marque de dignité et même de leurs biens. Si ensuite, aussi par suite de la confiscation de leurs biens, ils devaient s’entêter dans leur profession de foi chrétienne, ils devront être condamnés à la peine capitale. Les matrones chrétiennes subiront la saisie de tous leurs biens et seront ensuite envoyées en exil. A tous les fonctionnaires impériaux qui ont déjà confessé la foi chrétienne ou qui devraient la confesser à présent, on confisquera également tous leurs biens. Ils seront ensuite arrêtés et enrôlés parmi les préposés aux propriétés impériales (travaux forcés).

A ce rescrit Valérien a également ajouté copie de la lettre qu’il a envoyée aux gouverneurs de province et qui concerne ma personne. J’attends cette lettre de jour en jour et j’espère la recevoir rapidement en me gardant ferme et fort dans la foi. Ma décision par rapport au martyre est claire. Je l’attends, plein de confiance à l’idée de recevoir la couronne de vie éternelle de la bonté et de la générosité de Dieu.

Je vous communique que Sixte a subi le martyre avec quatre diacres le 6 août, alors qu’il se trouvait dans la zone du Cimetière (les catacombes de Saint-Callixte). Les autorités de Rome ont reçu comme norme que tous ceux qui sont dénoncés comme chrétiens devront être exécutés et devront subir la confiscation de leurs biens au bénéfice du trésor impérial. Je te demande de porter également à la connaissance de nos autres collègues dans l’épiscopat tout ce que je t’ai rapporté, afin que leurs exhortations puissent encourager notre communauté et la préparer toujours mieux au combat spirituel. Il sera plus stimulant de considérer davantage le bien de l’immortalité plutôt que la mort elle-même, de se consacrer au Seigneur avec une foi ardente et une vigueur héroïque, et de se réjouir plutôt que de craindre à la pensée d’avoir à confesser sa propre foi. Les soldats de Dieu et du Christ savent très bien que leur immolation n’est pas tant une mort qu’une couronne de gloire. A toi, frère très cher, mes salutations dans le Seigneur.  » (Lettre 80)

5. Le martyre de Saint Cyprien

Il aurait été très utile et édifiant de connaître les procès-verbaux du procès des martyrs Pontien, Fabien, Corneille, Sixte II, Eusèbe, Cécile… Malheureusement, durant la terrible persécution de Dioclétien, les archives de l’Eglise de Rome furent détruites. Nous ont cependant été transmis les procès-verbaux du procès de Saint Cyprien. Ces  » Actes  » ont été lus dans les communautés chrétiennes pour glorifier le martyr et pour qu’on y puise force au moment de l’épreuve. On peut retenir que les procès-verbaux du procès des martyrs cités ci-dessus ont été écrits plus ou moins de la même manière.

Carthage, 14 septembre 258

Le matin du 14 septembre, une grande foule s’était rassemblée a Sesti, selon ce qu’avait ordonné le proconsul Galero Massimo. Ce même proconsul ordonna également qu’on lui amène Cyprien pour l’audience qu’il tenait ce même jour dans l’atrium Sauciolo. Quand Cyprien fut devant lui, le proconsul Galerio Massimo dit à l’évêque:
- Es-tu Tascius Cyprien?
L’
évêque lui répondit:
- Oui, je le suis.
Le proconsul Vario Massimo lui dit:
- Est-ce toi qui t’es pr
ésenté comme le chef d’une secte sacrilè
ge?
L’
évêque Cyprien ré
pondit:
- C’est bien moi.
Galerio Massimo dit:
- Les Saints empereurs t’ordonnent de sacrifier.
L’
évêque ré
pondit:
- Je ne le ferai pas.
Le proconsul Galerio Massimo dit:
- R
éflé
chis bien.
L’
évê
que Cyprien dit:
- Fais ce qui t’a
été ordonné. Dans une matière aussi juste, il n’y a pas à réflé
chir. Galerio Massimo, apr
ès s’être entretenu avec le collège des magistrats, prononça avec peine et à contrecœur cette sentence: ‘Tu as vécu longuement de manière sacrilège et tu as attiré beaucoup de personnes dans ta secte criminelle, tu t’es constitué en ennemi des dieux romains et de leurs rites sacrés. Les Saints empereurs Valérien et Gallien n’ont pas réussi à te ramener à l’observance de leurs cérémonies religieuses. C’est pourquoi, parce qu’il résulte que tu es l’auteur et l’instigateur des pires délits, tu seras toi-même un exemple pour ceux que tu as associé à tes actes criminels. Par ton sang sera sanctionné le respect des lois.’ Après ces mots, il lut à haute voix le décret mis sur tablette: ‘J’ordonne que Tascius Cyprien soit puni par la décapitation.’

Après cette sentence, la foule des frères (les chrétiens) disait: ‘Nous aussi nous voulons être décapités avec lui.’ Une grande agitation surgit donc parmi les frères et une grande foule le suivit. Cyprien fut ainsi conduit dans la campagne de Sesti, et là il se dépouilla de son manteau, s’agenouilla par terre et se prosterna pour prier le Seigneur. Il enleva ensuite sa dalmatique et la remit aux diacres, conservant son seul vêtement de lin, dans l’attente du bourreau. Lorsque celui-ci arriva, l’évêque donna ordre aux siens de lui remettre vingt-cinq pièces de monnaies d’or. Entretemps les frères étendaient devant lui des pièces d’étoffe et des mouchoirs (pour recueillir le sang en relique). Alors, de ses propres mains, Cyprien, majestueux, se banda les yeux, mais, comme il ne réussissait pas à nouer les coins du mouchoir, le prêtre Julien et le sous-diacre Julien vinrent l’aider. C’est ainsi que l’évêque Cyprien subit le martyre. Son corps, à cause de la curiosité des païens, fut déposé dans un lieu proche où il pouvait être enlevé au regard indiscret des païens. De là, plus tard, durant la nuit, il fut emporté et accompagné, avec des flambeaux et des torches allumées, jusqu’au cimetière du procurateur Macrobio Candidiano, sur le chemin des Cabanes près de la piscine. Quelques jours plus tard mourut le proconsul Galerio Massimo. Le Saint évêque Cyprien subit le martyre le 14 septembre sous les empereurs Valérien et Gallien, mais sous le règne de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Amen!  » (extrait des Actes Proconsulaires, 3-6)

en interessant article de Sandro Magister sur le Chemin Néocatéchuménal

5 mars, 2007

en interessant article de Sandro Magister sur le Chemin Néocatéchuménal,  La chiesa.it: 

Le carême du Chemin: double pénitence à Rome et à Jérusalem
Le pape d’abord, les évêques de Terre Sainte ensuite, adressent au Chemin Néocatéchuménal 

en sévère rappel à l’ordre. Voici comment et pourquoi 

par Sandro Magister 

ROME, le 5 mars 2007 – En l’espace de trois jours, au début du Carême, le Chemin Néocatéchuménal a reçu deux rappels à l’ordre de poids: le premier de la part du pape, le second de la part des évêques de Terre Sainte.

Le Chemin Néocatéchuménal, fondé en Espagne dans les années 60 et dirigé par les laïcs Kiko Argüello (dans la photo) et Carmen Hernández et par le prêtre Mario Pezzi, est l’un des mouvements catholiques les plus vigoureux. Il compte 20.000 communautés dans 6.000 paroisses de 900 diocèses sur les cinq continents, avec 3.000 prêtres et 5.000 religieuses. Il possède un réseau international de 63 séminaires « Redemptoris Mater ». Son expansion est l’œuvre de nombreuses familles qui partent en mission vers des terres lointaines.

Avec de tels résultats, il est naturel que le Chemin gagne le soutien de nombreux évêques et cardinaux. Mais il a aussi fait et fait encore l’objet de nombreuses critiques de même poids, rapportées par www.chiesa dans des précédents articles.

En décembre 2005, la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a donné l’ordre au Chemin Néocatéchuménal de modifier la façon dont ses communautés célèbrent la messe. Le 12 janvier 2006, Benoît XVI a exigé du Chemin qu’il « respecte attentivement » les règles établies. Ces deux rappels à l’ordre ont rencontré une obéissance toute relative, tant sur le moment que par la suite.

La catéchèse prêchée par le Chemin dans ses communautés donne aussi lieu à controverse. Encore aujourd’hui, une bonne partie des textes est encore secrète et certains d’entre eux ont rencontré des objections de la part de diverses congrégations au Vatican, y compris celle pour la doctrine de la foi.

Enfin, l’approbation définitive des statuts du Chemin est incertaine. Ils avaient été approuvés « ad experimentum » par le Saint-Siège le 29 juin 2002 pour un quinquennat qui va prendre fin dans quelques mois.

C’est Benoît XVI lui-même qui a parlé de l’incertitude concernant l’approbation définitive des statuts:

« On se demande si, après cinq années d’expérience, il faut confirmer de manière définitive les statuts du Chemin Néocatéchuménal, ou s’il faut prolonger la période d’essai ou encore s’il est peut-être nécessaire de réviser certains éléments de cette structure ».

C’était le 22 février, premier jeudi de carême, le pape s’adressait au clergé de Rome. La perche lui a été tendue par un prêtre appartenant à la communauté de Schönstatt, Gerardo Raul Carcar, qui a interrogé le pape sur le rapport entre l’Eglise et les mouvements.

C’est justement sur le rapport non pacifique entre les communautés néocatéchuménales et les paroisses et diocèses où elles agissent que le patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, et les autres évêques catholiques de Terre Sainte sont intervenus le 25 du même mois.

Leur intervention a pris la forme d’une lettre collective adressée aux membres du Chemin, courtoise dans la forme mais sévère dans le fond.

Les évêques de Terre Sainte reprochent aux néocatéchumènes de faire bande à part, de célébrer la messe en dehors des paroisses, de ne pas observer les rites liturgiques, de rester éloignés de la langue et de la culture des habitants locaux.

Les critiques des évêques ont été nourries par leur propre expérience. En Terre Sainte, les néocatéchumènes sont présents en masse. Un vaste édifice situé sur les flancs du Mont des Béatitudes, à l’ouest du lac de Tibériade, leur tient lieu de citadelle. Baptisée « Domus Galilaeae », elle a été inaugurée le 24 mars 2000 par Jean-Paul II en personne, en présence de 50 000 néocatéchumènes venus du monde entier.

L’architecture et la décoration de la « Domus », qui mélangent bizarrement allégories chrétiennes et hébraïques, sont l’œuvre du fondateur du Chemin, Kiko Argüello.

Un flux incessant de pèlerins néocatéchuménaux, soigneusement séparés des autres visiteurs, s’ajoute aux nombreuses communautés établies en Terre Sainte. Les messes aussi sont célébrées séparément et le déroulement de leurs rites est le même dans le monde entier, tout comme les chants composés par leur fondateur et chef suprême, Kiko.

Par ailleurs, en matière politique, les communautés néocatéchuménales ne cachent pas leur nette préférence pour Israël ; à l’opposé des chrétiens qui habitent sur ces terres et qui sont presque tous arabes et pro-palestiniens.

Voici les propos du pape concernant les néocatéchumènes et la lettre que leur ont adressée les évêques de Terre Sainte, les premiers datant du 22 février et la deuxième du 25 février:

1. Ce qu’a dit Benoît XVI

Extrait de l’entretien du pape avec le clergé de Rome du 22 février 2007

[...] Je reçois ces mois-ci les évêques italiens en visite « ad limina ». [...] Certains sont critiques et affirment que les mouvements ne s’intègrent pas. [...] Je pense que nous avons deux règles fondamentales. La première nous a été donnée par saint Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens: n’éteignez pas les charismes. Si le Seigneur nous offre de nouveaux dons, nous devons en être reconnaissants, même s’ils sont parfois gênants. Et la naissance de nouvelles formes de vie dans l’Eglise est une belle chose, comme elle l’a d’ailleurs été depuis des siècles.

Elles ont toutes été gênantes au départ : même Saint François était très gênant et il était très difficile pour le pape de donner une forme canonique à une réalité qui dépassait largement les règles juridiques. Pour Saint François, accepter de se laisser coincer dans ce carcan juridique représentait un énorme sacrifice, mais à la fin, une réalité est née, qui vit encore aujourd’hui et qui vivra demain. Cette réalité donne de la force et de nouveaux éléments à la vie de l’Eglise.

Des mouvements sont nés au cours de tous les siècles. [...] Ils s‘insèrent dans la vie de l’Eglise non sans souffrance et sans difficultés. Saint Benoît lui-même a dû revoir l’orientation initiale du monachisme. A notre époque aussi, le Seigneur, l’Esprit Saint, nous a donné de nouvelles initiatives avec de nouveaux aspects de la vie chrétienne. Comme elles sont vécues par des êtres humains qui ont leurs limites, elles apportent aussi leur lot de difficultés.

Première règle, donc: ne pas éteindre les charismes, leur être reconnaissant même s’ils sont gênants. La seconde règle est la suivante : l’Eglise est une; si les mouvements sont réellement des dons de l’Esprit Saint, ils s’intègrent et servent l’Eglise. Naît alors du dialogue patient entre pasteurs et mouvements une forme [...] sur laquelle peut s’appuyer l’Eglise d’aujourd’hui et de demain.

Ce dialogue se fait à tous les niveaux. Le curé, l’évêque et le successeur de Pierre sont à la recherche des structures favorables. Dans de nombreux cas, elle a déjà porté ses fruits. D’autres cas sont encore à l’étude. Par exemple, la question est de savoir si, après cinq années d’expérience, il faut confirmer de manière définitive les statuts du Chemin Néocatéchuménal, s’il faut prolonger la période d’essai ou s’il est peut-être nécessaire de réviser certains éléments de cette structure.

Quoi qu’il arrive, je connais les Néocatéchumènes depuis le début. La route a été longue, avec beaucoup de complications qui existent encore aujourd’hui, mais nous avons trouvé une forme ecclésiale qui a déjà beaucoup amélioré le rapport entre les pasteurs et le Chemin. Continuons ainsi! Cela vaut aussi pour les autres mouvements.

Pour faire la synthèse des deux règles fondamentales, je dirais : gratitude, patience et acceptation des souffrances, qui sont inévitables. Dans un mariage aussi, il y a toujours des souffrances et des tensions et pourtant les époux continuent à avancer et s’est ainsi que mûrit le véritable amour. Il en va de même dans la communauté de l’Eglise: soyons patients ensemble. Les différents niveaux de la hiérarchie – le curé, l’évêque, le pape, doivent échanger continuellement leurs idées, promouvoir le dialogue pour trouver ensemble le meilleur chemin. Les expériences des curés sont fondamentales, mais celles des évêques et la vision universelle du pape ont également une place théologique et pastorale dans l’Eglise […].

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2. La lettre des évêques de Terre Sainte

Jérusalem, le 25 février 2007

Frères et Sœurs du Chemin Néocatéchuménal,

1. La paix et l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous. Nous, Ordinaires catholiques de Terre Sainte, vous adressons cette lettre au début du Carême, dans le cadre du plan pastoral commun pour cette année, qui a comme thème la catéchèse et l’éducation religieuse dans les paroisses.

Frères et Sœurs du Chemin, vous êtes les bienvenus dans nos diocèses. Nous remercions Dieu de la grâce que le Seigneur vous a donnée et du charisme que le Saint-Esprit a répandu dans l’Eglise à travers votre ministère de la formation post-baptismale. Nous vous sommes reconnaissants de votre présence dans certaines de nos paroisses, de votre prédication de la parole de Dieu, de l’aide que vous offrez à nos fidèles dans l’approfondissement de leur foi et dans leur enracinement dans leurs églises locales, en « une synthèse de prédication kérygmatique, de changement de vie et de liturgie » (Statuts, Art.8).

A la suite de la lettre que le pape Benoît XVI vous a adressée le 12 janvier 2006 et de celle de la congrégation pour le culte divin du 1er décembre 2005, nous vous demandons de prendre place au cœur de la paroisse dans laquelle vous annoncez la parole de Dieu, en évitant de constituer un groupe à part. Nous voudrions que vous puissiez dire avec Saint Paul: « Je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre » (1 Corinthiens, 9, 19).

Le principe auquel nous devons rester fidèles tous ensemble et conformer notre action pastorale devrait être « une paroisse et une eucharistie ». Votre premier devoir est donc, si vous voulez aider les fidèles à grandir dans la foi, de les enraciner au coeur des paroisses et des traditions liturgiques dans lesquelles ils ont été élevés depuis des générations.

En Orient, nous tenons beaucoup à notre liturgie et à nos traditions. La liturgie a grandement contribué à conserver la foi chrétienne dans nos pays tout au long de l’histoire. Le rite est une sorte de carte d’identité et pas seulement une manière de prier parmi d’autres. Nous vous prions d’avoir la charité de comprendre et de respecter l’attachement de nos fidèles à leurs liturgies propres.

2. L’Eucharistie est le sacrement de l’unité dans la paroisse, pas celui de la division. C’est pourquoi nous demandons que les célébrations eucharistiques dans tous les rites orientaux, ainsi que dans le rite latin, soient toujours présidées par le curé ou, dans le cas du rite latin, en plein accord avec lui. Célébrez l’Eucharistie avec la paroisse et selon le rite de l’Eglise locale. « Là où est l’évêque, là est l’Eglise », a écrit Saint Ignace d’Antioche. Enseignez aux fidèles l’amour de leurs traditions liturgiques et mettez votre charisme au service de l’unité.

3. Nous vous demandons aussi de vous mettre sérieusement à l’étude de la langue et de la culture de la population. Ce sera une marque de respect envers elle et un moyen de comprendre son esprit et son histoire, dans le contexte de
la Terre Sainte: pluralisme religieux, culturel et national. De plus, dans nos pays, Palestine, Israël, Jordanie, tout le monde est à la recherche de la paix et de la justice, une recherche qui fait partie intégrante de notre vie de chrétiens. Chaque prédication devrait guider nos fidèles quant aux attitudes concrètes qu’ils doivent prendre dans les différentes situations de la vie, notamment dans la situation de conflit qui perdure en Palestine: d’une part, une attitude de pardon et d’amour envers l’ennemi, et d’autre part une exigence de respect des droits de chacun, particulièrement la dignité, la liberté et la justice.

Nous vous demandons de prêcher un Evangile inscrit dans la vie, un Evangile qui éclaire tous les aspects de la vie et qui enracine les fidèles en Jésus-Christ Ressuscité et dans tout leur contexte humain, culturel et ecclésial.

Nous demandons à Dieu de remplir vos cœurs de sa force et de son amour et de vous donner sa grâce pour que vous puissiez remplir les cœurs des fidèles de son amour et de sa force.

+ Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem;
+ Elias Shakour, archevêque grec melkite catholique d’Acre, de Haïfa, de Nazareth et de toute
la Galilée;
+ Georges El Murr, archevêque grec melkite catholique de Philadelphie, de Petra et de Jordanie;
+ Paul Sayyah, archevêque maronite de Haïfa et de Terre Sainte, exarque patriarcal maronite de Jérusalem, des Territoires Palestiniens et de Jordanie;
+ Fouad Twal, évêque coadjuteur latin, Jérusalem;
+ Kamal Bathish, évêque auxiliaire latin, Jérusalem;
+ Selim Sayegh, vicaire patriarcal latin pour
la Jordanie;
+ Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal latin pour Israël;
+ Pierre Melki, exarque patriarcal syro-catholique de Jérusalem, de Terre Sainte et de Jordanie;
+ Georges Bakar, exarque patriarcal grec melkite catholique de Jérusalem;
+ Raphaël Minassian, exarque patriarcal arméno-catholique de Jérusalem, de Terre Sainte et de Jordanie.

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bonne nuit et bon retour au travaille demain

5 mars, 2007

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commentaire à l’évangile du jour – 5.3.07

5 mars, 2007

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love (trad. Il n’y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 65)

« Soyez miséricordieux comme votre Père »

Je suis habitée par le sentiment que sans cesse, partout, est revécue la Passion du Christ. Sommes-nous prêts à participer à cette Passion ? Sommes-nous prêts à partager les souffrances des autres, non seulement là où domine la pauvreté mais aussi partout sur la terre ? Il me semble que la grande misère et la souffrance sont plus difficiles à résoudre en Occident. En ramassant quelqu’un d’affamé dans la rue, en lui offrant un bol de riz ou une tranche de pain, je peux apaiser sa faim. Mais celui qui a été battu, qui ne se sent pas désiré, aimé, qui vit dans la crainte, qui se sait rejeté par la société, celui-là éprouve une forme de pauvreté bien plus profonde et douloureuse. Et il est bien plus difficile d’y trouver un remède.

Les gens ont faim de Dieu. Les gens sont avides d’amour. En avons-nous conscience ? Le savons-nous ? Le voyons-nous ? Avons-nous des yeux pour le voir ? Si souvent, notre regard se promène sans se poser. Comme si nous ne faisions que traverser ce monde. Nous devons ouvrir nos yeux, et voir.