Archive pour le 24 février, 2007

Lettre de Saint Augustin a Proba – 1er partie: 1-9

24 février, 2007

j’ai pensé qu’il était beau d’écrire et lire quelque chose sur la prière, j’ai choisi la lettre de Sant’Augustin à Probe, il demande 10 pages environ A4, je vous la propose en trois ou quatre jours, j’espère que sois appréciée, entre les oeuvres sur la prière la lettre de Sant’Augustin est une du plus riches spirituellement et « Belle », je l’ai lue il y a pour la première fois différents ans, puis je l’ai relue récemment, maintenant je la relis avec vous pour participer avec vous de la prière et en français perce que ainsi il m’aide à récupérer la langue, du site: 

 http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/lettres/s003/l130.htm

LETTRE CXXX. (Au commencement de l’année 412.) 

Cette belle lettre forme comme un livre sur la prière; elle est adressée à une veuve romaine, d’un sang illustre, qui avait été femme de Probus, préfet du prétoire et consul; elle était aïeule de Démétrias à qui saint Jérôme écrivit une lettre célèbre sur la virginité, et belle-mère de Juliana qui eut Démétrias pour fille. Proba,surnommée Faltonie, s’était retirée en Afrique après le sac de Rome. Saint Jérôme s’exprime ainsi sur l’aïeule de la jeune vierge romaine : « Proba, ce nom plus illustre que toute dignité et que toute noblesse dans l’univers romain; à Proba qui, par sa sainteté et sa bonté envers tous, s’est rendue vénérable aux Barbares mêmes, et qui s’est peu inquiétée des consulats ordinaires de ses trois fils, Probinus, Olybrius et Probus; cette femme, pendant que tout est esclave à Rome au milieu de l’incendie et de la dévastation, vend, dit-on, en ce moment, les biens qu’elle tient de ses pères, et se fait, avec l’unique Mammone, des amis qui puissent la recevoir dans les tabernacles éternels. » Voilà ce qu’était la veuve à laquelle saint Augustin parle de la prière avec tant d’âme, de charme et d’élévation. Les gens du monde et surtout les riches de la terre qui ont le goût de la vie chrétienne ne peuvent rien lire de meilleur et de plus nourrissant que cet écrit de l’évêque d’Hippone.  

AUGUSTIN,   ÉVÊQUE , SERVITEUR DU  CHRIST ET DES SERVITEURS DU CHRIST, A PROBA, PIEUSE SERVANTE DE DIEU, SALUT DANS LE SEIGNEUR DES SEIGNEURS. 

1. Je me rappelle que vous m’avez demandé et que je vous ai promis de vous écrire quelque chose sur la prière: grâce à celui que nous prions, j’en ai le temps et le pouvoir; il faut donc que je vous paye ma dette et que je serve votre zèle pieux dans la charité du Christ. Je ne puis vous dire combien je me suis réjoui de votre demande même; elle m’a fait connaître quel soin vous prenez d’une si grande chose. Quelle plus grande affaire dans votre veuvage, que de persévérer dans la prière, la nuit et le jour, selon le conseil de l’Apôtre : « Celle qui est véritablement veuve et abandonnée, dit saint Paul, a mis son espérance dans le Seigneur et persévère dans la prière, la nuit et le jour. (1) » Ce qui peut paraître admirable, c’est que noble selon le siècle , riche, mère d’une si grande famille , veuve, mais sans être abandonnée, votre coeur ait fait de l’oraison son occupation principale et le plus important de ses soins; mais vous avez sagement compris que, dans ce monde et dans cette vie, il ne peut y avoir de repos pour aucune âme. 

2. Celui qui vous a donné cette pensée, c’est assurément ce divin Maître qui répondit à ses disciples que ce qui est impossible aux hommes est facile à Dieu (2) ; le Seigneur leur fit cette admirable et miséricordieuse réponse , après qu’il leur eut dit qu’il était plus aisé à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux ; car ces paroles les avaient attristés , non pour eux, mais pour le genre humain; ils n’espéraient pas que personne pût être sauvé. Celui donc à qui il est facile même de faire entrer un riche dans le royaume des cieux, vous a inspiré le pieux désir de me demander comment il faut prier. Durant sa vie mortelle, il a ouvert le royaume des cieux au riche Zachée (3) ; et, après sa résurrection et son ascension, il a fait de plusieurs riches, éclairés de l’Esprit Saint, des contempteurs de ce siècle, et les a 

1. I Tim. V, 5. — 2. Matth. XIX, 24-26. — 3. Luc, XIX, 9. 

d’autant plus enrichis, qu’ils ont plus entièrement éteint dans leurs coeurs la soif des biens humains. Comment vous appliqueriez -vous ainsi à prier Dieu, si vous n’espériez pas en lui ! et comment espéreriez-vous en lui si vous mettiez votre confiance dans des richesses incertaines, si vous méprisiez ce salutaire précepte de l’Apôtre : « Ordonne aux riches de ce monde de n’être point orgueilleux, de ne pas mettre leur confiance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant qui nous donne tout en abondance pour en jouir; afin qu’ils deviennent riches en bonnes oeuvres, qu’ils donnent et répandent aisément, et qu’en se préparant ainsi un trésor qui soit un bon fondement pour l’avenir, ils arrivent à la possession de la véritable vie (1) ? »  3. Quel que soit donc votre bonheur dans ce siècle, vous devez vous y croire comme abandonnée, si vous songez avec amour à la vie future ; de même, en effet, qu’elle est la véritable vie en comparaison de laquelle la vie présente, qu’on aime tant, ne mérite pas qu’on l’appelle une vie, quelque joie qu’on puisse y trouver; ainsi, la consolation véritable est celle que le Seigneur promet lorsqu’il dit par son prophète: «Je lui donnerai la vraie consolation, une paix au-dessus de toute paix (2) ; » et sans laquelle il y a dans tous les adoucissements humains plus de peine que de douceur. Les richesses et les hautes dignités, les grandeurs de ce genre par lesquelles se croient heureux les mortels qui n’ont jamais connu la vraie félicité, que peuvent-elles donner de bon, puisque mieux vaut ne pas en avoir besoin que d’y briller, et qu’on est bien plus tourmenté de la crainte de les perdre qu’on ne l’était du désir d’y parvenir? Ce n’est point par de tels biens que les hommes deviennent bons, mais ceux qui le sont devenus d’ailleurs changent en biens ces richesses périssables par le bon usage qu’ils en font. Là ne sont donc pas les vraies consolations, elles sont plutôt là où est la vraie vie ; car il est nécessaire que l’homme devienne heureux par ce qui le rend bon. 4. Mais, même dans cette vie, les hommes bons donnent de grandes consolations. Est-on pressé par la pauvreté ou sous le coup d’un deuil, en proie à la maladie ou condamné aux tristesses de l’exil, ou livré à tout autre malheur? Que les hommes bons soient là; ils ne 1. I Tim., VI, 17-19.  2. Isaïe, LVII, 18, 19, version des Septante.  266 partagent pas seulement la joie de ceux qui se réjouissent, mais ils pleurent avec ceux qui pleurent (1), et, par leur manière de dire et de converser, adoucissent ce qui est dur, diminuent le poids de ce qui accable, et aident à surmonter l’adversité. Celui qui fait cela, en eux et par eux, est celui-là même qui les a rendus bons par son Esprit. Supposez, au contraire, qu’on nage dans l’opulence, qu’on n’ait rien perdu de ce qu’on aime, qu’on jouisse de la santé et qu’on demeure sain et sauf dans son pays, mais qu’on ne soit entouré que d’hommes méchants dont on doive toujours craindre et endurer la mauvaise foi, la tromperie, la fraude, la colère, la dérision, les piéges : toutes ces choses ne perdent-elles pas de leur prix et leur reste-t-il quelque charme, quelque douceur? C’est ainsi que, dans toutes les choses humaines, quelles qu’elles soient, il n’y a rien de doux pour l’homme sans un ami. Mais combien en trouve-t-on dont on soit sûr en cette vie pour le coeur et les moeurs ? car personne n’est connu d’un autre comme il l’est de lui-même; et encore personne ne se connaît assez pour être sûr de ce qu’il sera le lendemain. Aussi, quoique plusieurs se fassent connaître par leurs fruits, et que la bonne vie des uns soit une joie et la mauvaise vie des autres soit une affliction pour le prochain, cependant, à cause des secrets et des incertitudes des coeurs humains, l’Apôtre nous avertit avec raison de ne pas juger avant le temps et d’attendre que le Seigneur soit venu, qu’il mette en vive lumière ce qui est caché dans les ténèbres et qu’il découvre les pensées du coeur; alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui est due (2).  5. Dans les ténèbres de cette vie où nous cheminons comme des étrangers loin du Seigneur, appuyés sur la foi et non point illuminés par la claire vision (3), l’âme chrétienne doit donc se regarder comme abandonnée, de peur qu’elle ne cesse de prier; il faut qu’elle apprenne à attacher l’œil de la foi sur les saintes et divines Ecritures, comme sur une lampe posée en un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour brille et que l’étoile du matin se lève dans nos coeurs (4). Car cette lampe emprunte ses clartés à
la Lumière qui luit dans les ténèbres, que les ténèbres n’ont pas comprise et qu’on ne peut parvenir à voir qu’en purifiant son coeur par la foi : « Heureux ceux qui ont 
1. Rom, XII, 15. — 2. I Cor. IV, 5. — 3. II Cor. V, 8. — 4. II Pierre, I,19.  le coeur pur, » dit l’Evangile, « car ils verront Dieu (1). » — « Nous savons que quand il apparaîtra, nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est (2). » Alors commencera la vraie vie après la mort, la vraie consolation après la désolation : cette vie délivrera notre âme de la mort, cette consolation sèchera pour jamais nos larmes (3) ; et comme il n’y aura plus de tentation, le Psalmiste ajoute que ses pieds seront préservés de toute chute (4). Or, s’il n’y a plus de tentation, il n’y aura plus besoin de prière; nous n’aurons plus à attendre un bien promis, mais à contempler le bien accordé. Voilà pourquoi il est dit : « Je plairai au Seigneur dans la région des vivants (5), » où nous serons alors, et non pas dans le désert des morts où maintenant nous sommes. « Car vous êtes des morts, dit l’Apôtre, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu; mais lorsque le Christ, votre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez avec lui dans la gloire (6). » Telle est la vraie vie qu’il est ordonné aux riches d’acquérir par les bonnes oeuvres; là est la vraie consolation, sans laquelle la veuve reste maintenant désolée, même celle qui a des fils et des neveux, qui gouverne pieusement sa maison et qui, amenant tous les siens à mettre en Dieu leur confiance, dit dans son oraison : « Mon âme a soif de vous, et combien ma chair aussi soupire vers vous dans cette terre déserte, sans chemin et sans eau (7) ! » Cette vie mourante n’est rien de plus, quelles que soient les consolations mortelles qui s’y mêlent; quel que soit le nombre de ceux avec qui l’on marche, quelle que soit l’abondance des biens qu’on y trouve. Car vous savez combien toutes ces choses sont incertaines; et ne le fussent-elles pas, on devrait encore les compter pour rien à côté de la félicité qui nous est promise.  6. Je vous parle ainsi parce que, veuve, riche et noble, mère d’une si grande famille, vous avez désiré une instruction de moi sur la prière; je voudrais que, même au milieu des soins et des services de ceux qui vous environnent, vous vous regardassiez comme abandonnée en cette vie, tant que vous ne serez pas arrivée à l’immortalité future où est la vraie et certaine consolation, où s’accomplit cette prophétique parole : « Nous avons été dès le matin rassasiés par votre miséricorde; et nous 1. Matth. V, 8. — 2. I Jean, III, 2. — 3. Ps. CXIV, 8. — 4. Ibid. V. 9. — 5. Ibid, 8, 9. — 6. Coloss. III, 3, 4. — 7. Ps. LXII, 2, 3. 267  avons tressailli et nous avons été satisfaits dans tous nos jours. Nous avons eu des jours de joie à proportion de nos jours l’humiliation et des années où nous avons vu les maux (1). »  7. Avant donc que cette consolation arrive , n’oubliez pas, malgré l’abondance de vos félicités temporelles, n’oubliez pas que vous êtes abandonnée, pour que vous persévériez jour et nuit dans la prière. Ce n’est pas à toute veuve, quelle qu’elle soit, que l’Apôtre attribue ce don, « c’est à la veuve qui l’est véritablement, qui a mis son espérance dans le Seigneur et qui prie jour et nuit. » Prenez bien garde à ce qui suit : « Quant à celle qui vit dans les délices, elle est morte quoique vivante encore (2) ; » car l’homme vit dans ce qu’il aime, dans ce qu’il désire , dans ce qu’il croit être son bonheur. Aussi ce que l’Ecriture a dit des richesses, je vous le dis des délices : « Si elles abondent autour de vous, n’y placez pas votre coeur (3). » Ne tirez point vanité de ce que les délices ne manquent pas à votre vie, de ce qu’elles se présentent à vous de toutes parts, de ce qu’elles coulent pour vous comme d’une source abondante de terrestre félicité. Dédaignez et méprisez en voles ces choses, et n’y cherchez que ce qu’il faut pour entretenir la santé du corps ; car nous devons en prendre soin à cause des nécessités de la vie, en attendant que ce qu’il y a de mortel en nous soit revêtu d’immortalité (4), c’est-à-dire d’une santé vraie, parfaite et perpétuelle, ne pouvant plus défaillir par l’infirmité terrestre et n’ayant plus besoin d’être réparée par le plaisir corruptible, mais subsistant par une force céleste et tirant sa vigueur d’une éternelle incorruptibilité. « Ne cherchez pas à contenter la chair dans ses désirs, » dit l’Apôtre (5); nous ne devons avoir soin de notre corps, que pour le besoin de la santé. « Car personne, dit encore l’Apôtre, n’a jamais haï sa propre chair (6). » Voilà pourquoi il avertit Timothée , qui apparemment châtiait trop durement son corps, d’user d’un peu de vin à cause de son estomac et de ses fréquentes souffrances (7). 8. Beaucoup de saints et de saintes, se défiant, en toute manière, de ces délices dans lesquelles une veuve ne peut mettre son coeur, sans qu’elle soit morte quoique vivant encore,  1. Ps. LXXXIX, 14, 15. — 2. I Tim. V, 5, 6. — 3. Ps. LXI , 11. — 4. I Cor. XV, 54. — 5.
Rom. XIII, 14. — 6. Ephés. V, 29. — 7. I Tim. V, 23. 
rejetèrent les richesses comme étant les mères de ces délices, en les distribuant aux pauvres , et c’est ainsi qu’ils les cachèrent plus sûrement dans les trésors célestes. Si , liée par quelque devoir d’affection, vous ne pouvez en faire autant, vous savez le compte que vous avez à rendre à Dieu à cet égard ; car nul ne sait ce qui se passe dans l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui-même (1). Nous ne devons, quant à nous, rien juger avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne; il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres , découvrira les pensées du coeur, et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui est due (2). Toutefois il appartient à vos devoirs de veuve , si les délices abondent autour de vous, de ne pas vous y attacher, de peur qu’une corruption mortelle n’atteigne ce coeur qui ne peut vivre qu’en se tenant élevé vers le ciel. Comptez-vous au nombre de ceux dont il est dit: « Leurs coeurs vivront éternellement (3).»  9. Vous avez entendu comment vous devez être pour prier; voici maintenant ce que vous devez demander en priant; c’est principalement sur cela que vous avez cru devoir me consulter, parce que vous êtes en peine de ces paroles de l’Apôtre : « Car nous ne savons pas comment prier pour prier comme il faut (4), » et que vous avez craint qu’il ne vous soit plus nuisible de ne pas prier comme il faut que de ne pas prier du tout. Ceci peut se dire brièvement : demandez la vie heureuse. Tous les hommes veulent l’avoir; ceux qui vivent le plus mal, le plus vicieusement, ne vivraient pas de la sorte s’ils ne pensaient pas y trouver le bonheur. Que faut-il donc que vous demandiez, si ce n’est ce que désirent les méchants et les bons, mais ce que les bons seuls obtiennent?

du Frédéric Manns: « JÉRUSALEM, MÈRE DE DIEU »

24 février, 2007

du site: http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/dialogue/mere_de_dieu.html

du Frédéric Manns:

« JÉRUSALEM, MÈRE DE DIEU »

Dans le dialogue inter religieux Marie tient peu de place, il faut l’avouer. Si les musulmans respectent la mère d’Issa, il n’en est pas toujours ainsi de la part des Juifs. Curieusement, la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem, par souci de respect des frères aînés, répète qu’il est impossible de traduire en hébreu l’expression Marie, mère de Dieu, sans provoquer leur indignation. Pour ne choquer personne elle propose de traduire ’em immanouel ou ’em Yeshouah Eloheynou. Le concile d’Ephèse, qui a donné à Marie le titre de Theotokos, a connu les mêmes difficultés et les mêmes réticences. Les objections ne manquaient pas de la part de Nestorius. Malgré tout, l’Eglise a affirmé que Marie est la Theotokos ou la Dei Genitrix.

C’est un fait que l’inculturation du message chrétien s’est faite dans le monde hellénistique. Mais, puisqu’il est impossible de réécrire l’histoire à rebours, une réflexion préliminaire doit rappeler la signification de l’expression : Marie, mère de Dieu. Le catéchisme de l’Eglise universelle au paragraphe 466 s’exprime ainsi : « Le Verbe en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle est devenu homme. L’humanité de Jésus n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le concile d’Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein : Mère de Dieu non pas parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, mais parce que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair ». Plus loin, au paragraphe 495, le catéchisme continue: « Marie appelée dans les Evangiles mère de Jésus est appelée aussi sous l’inspiration de l’Esprit la Mère de mon Seigneur (Lc1,43). De fait, celui que Marie a conçu comme homme par l’action de l’Esprit et qui est devenu son Fils selon la chair est le Fils éternel du Père, la seconde personne de la Trinité. L’Eglise confesse que Marie est la Theotokos ».

La traduction hébraïque de Lc 1,43 : ’em ’adony pourrait servir de modèle à une version moderne de l’expression Marie, mère de Dieu. La version syriaque de l’Evangile de Luc avait traduit : ’emeh de mary, Mar étant le titre réservé à Dieu.

L’expression Marie « mère de Dieu » ne devrait pas choquer les frères aînés, parce que ce titre est attribué à Jérusalem. Du fait que la ville contient la présence symbolique de Dieu, elle est appelée Mère de Dieu. C’est ce qui ressort du targum du cantique des cantiques III,11 « Sortez, filles de Sion, voyez le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l’a couronné, le jour de ses noces, le jour de la joie de son coeur ».

« Quand le roi Salomon vint pour célébrer la dédicace du sanctuaire, un héraut cria à haute voix et dit ainsi : Sortez, habitants des districts de la terre d’Israël et peuple de Sion. Et regardez le roi Salomon avec le diadème et la couronne dont le peuple de la maison d’Israël le couronna au jour de la dédicace du Temple . Et réjouissez-vous pour la fête des Tentes pendant quatorze jours . ».

Dans ce commentare les filles de Sion sont les habitants de la terre d’Israël et le peuple de Jérusalem. Le Roi Salomon est Dieu. Le nom Salomon indique directement Dieu dans tout le targum. La mère du Roi est le peuple de la maison d’Israël. La couronne que le peuple a posée sur Dieu est le Temple.

Israël est mère de Dieu en tant qu’elle contient la présence de Dieu au temple. Le midrash Sifra Lev 9,221 applique la même interprétation à la tente du témoignage du désert après la théophanie du Sinaï. La présence de Dieu au milieu de son peuple fait de ce dernier la mère de Dieu.

L’expression « Marie mère de Dieu » en fait ne choque pas plus les frères aînés juifs que l’affirmation de l’Incarnation de Dieu. Ce mystère est refusé également au nom de la transcendance de Dieu. Est-ce à dire que les chrétiens ont renoncé au monothéisme strict pour retourner à la mythologie grecque ? L’accusation est fréquente même dans les milieux ouverts au dialogue inter religieux.

La foi au Christ dans la théologie chrétienne se remplit en Marie, mère de Dieu selon l’humanité, d’une lumière nouvelle : paradoxalement Marie ne cesse de dévoiler le visage humain de Dieu. Serge Boulgakov affirme que le secret que Marie dévoile est celui de la maternité de Dieu. L’amour de Dieu a un visage féminin, de nombreux théologiens l’ont rappelé récemment.

Marie révèle encore un autre secret : celui de l’Eglise : « Il n’y a qu’une seule Vierge Mère et il me plaît de l’appeler l’Eglise », écrivait Clément d’Alexandrie. « La Mère de Dieu c’est l’Eglise qui prie », affirme de son côté Serge Boulgakov. Il existe donc un lien étroit et profond entre la présence de Marie et l’action de l’Eglise, entre la purification de l’âme en Marie et celle en Eglise. L’auteur de cette purification est l’Esprit de Dieu. Marie et l’Eglise sont les deux manifestations visibles de Celui qui reste invisible. L’Esprit est la Vierge et la Vierge est l’Eglise, selon l’affirmation de Saint Ambroise. Les icônes de Marie aux titres si variés ne font rien d’autre que de souligner les aspects différents de l’Eglise, vierge et mère. Marie est également à l’origine de la mémoire de l’Eglise. Elle méditait tous les souvenirs de l’Eglise des origines dans son cœur. Elle est l’archétype et la personnification de l’Eglise, corps du Christ et Temple de l’Esprit.

Enfin, Marie, accueillant Dieu en elle lors de l’annonciation, montre que la nature humaine peut être complètement transfigurée par Dieu. Elle est l’image de l’âme fécondée par l’Esprit qui engendre le Seigneur. La Pentecôte, où Marie est présente comme mère de l’Eglise, n’est autre que la mission de l’Eglise visant à humaniser l’humanité tentée par l’animalité.

Curieusement Marie de Nazareth, chantée par le monde entier et peinte par d’innombrables artistes, n’a pas de place dans l’encyclopédie Judaica. Une omission curieuse pour le moins pour la femme juive la plus célèbre dans le monde entier.

« Les grands mystiques et les grands athées se rencontrent », disait Dostoïevski. C’est qu’il nous parlent d’un Dieu plus grand que notre cœur, que nos représentations mentales et que nos recherches spirituelles. Ce Dieu se révèle Autre et, pour qu’il vive, nos représentations confortables de Dieu et de Marie, doivent disparaître.

P. Cantalamessa : « Au milieu de nous il y a quelqu’un qui est ‘plus fort’ que le mal »

24 février, 2007

du Zenith: 

2007-02-23

P. Cantalamessa : « Au milieu de nous il y a quelqu’un qui est ‘plus fort’ que le mal »

Commentaire de l’Evangile du dimanche 25 février

ROME, Vendredi 23 février 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 4, 1-13

Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.

Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. »

Le démon l’emmena alors plus haut, et lui fit voir d’un seul regard tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras. »

Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

© AELF

Il fut mis à l’épreuve par le démon

L’évangile de Luc que nous lisons cette année fut écrit, comme Luc le dit lui-même dans l’introduction, afin que le lecteur croyant puisse se rendre « bien compte de la sûreté des enseignements » qu’il avait reçus. Cette tentative est d’une actualité extraordinaire. Face aux attaques de toutes parts à l’historicité des évangiles et aux manipulations sans limite de la figure du Christ, il est plus que jamais important que le chrétien et tout lecteur honnête de l’évangile se rende aujourd’hui compte de la solidité des enseignements et des nouvelles qui y sont rapportées.

Pour cela, j’ai pensé utiliser les commentaires aux évangiles allant du premier dimanche de Carême au dimanche in Albis. En partant chaque fois de l’évangile du dimanche, nous étendrons le regard à tout un secteur ou un aspect de la personne et de l’enseignement du Christ qui y est lié, pour découvrir qui était vraiment Jésus, s’il était un simple prophète et un grand homme ou quelque chose d’autre et de plus. Nous voudrions, en d’autres termes, faire également un peu de culture religieuse. Des phénomènes comme celui du Da Vinci Code de Dan Brown, avec les imitations et les discussions qu’il a suscitées, ont montré l’alarmante ignorance religieuse qui règne parmi les personnes et qui devient le terrain idéal pour n’importe quelle opération commerciale sans scrupule.

L’évangile de ce premier dimanche de Carême est celui des tentations de Jésus dans le désert. Selon le plan annoncé, je voudrais partir de cet évangile pour élargir le discours à la question plus générale de l’attitude de Jésus envers les puissances diaboliques et les personnes possédées par le démon.

C’est un fait indéniable et parmi les plus sûrs sur le plan historique, que Jésus a libéré de nombreuses personnes du pouvoir destructeur de Satan. Nous n’avons pas le temps de rappeler tous les épisodes. Nous nous limiterons à souligner deux choses : tout d’abord l’explication que Jésus donnait de son pouvoir sur le démon ; deuxièmement, ce que ce pouvoir nous dit de lui et de sa personne.

Devant la libération éblouissante d’une personne possédée, opérée par Jésus, ne pouvant nier le fait, ses ennemis déclarent : « C’est par Béelzéboul, le prince des démons, qu’il expulse les démons » (Lc 11, 15). Jésus montre combien cette explication est absurde (si Satan était divisé en lui-même, son règne serait fini depuis longtemps, en revanche il prospère). L’explication est autre : il expulse les démons avec la main de Dieu, c’est-à-dire l’Esprit Saint, et ceci montre que le royaume de Dieu est arrivé sur la terre.

Satan était « l’homme fort » qui tenait l’humanité en son pouvoir, mais quelqu’un de « plus fort que lui » est arrivé et est en train de le dépouiller de son pouvoir. Ceci nous enseigne une chose formidable sur la personne du Christ. Avec sa venue, une nouvelle ère a commencé pour l’humanité, un changement de régime. Une telle chose ne peut être l’œuvre d’un simple homme, ni même d’un grand prophète.

Il est important de remarquer le nom et le pouvoir avec lequel Jésus chasse les démons. La formule habituelle avec laquelle l’exorciste s’adresse au démon est : « Je te conjure par… » ou « au nom de… je t’ordonne de sortir de cette personne ». C’est-à-dire que l’on fait appel à une autorité supérieure qui est en général celle de Dieu, et pour les chrétiens celle de Jésus. Jésus ne fait pas ainsi : il dit sèchement au démon « je t’ordonne ». Je t’ordonne ! Jésus n’a pas besoin de faire appel à une autorité supérieure ; c’est lui l’autorité supérieure.

La défaite du pouvoir du mal et du démon faisait partie intégrale du salut définitif (eschatologique) annoncé par les prophètes. Jésus invite ses adversaires à tirer les conséquences de ce qu’ils voient de leurs yeux : il n’y a donc plus à attendre, à regarder devant soi ; le royaume et le salut sont au milieu d’eux.

L’affirmation tant discutée sur le blasphème contre l’Esprit Saint s’explique à partir de là. Attribuer à l’esprit du mal, à Béelzéboul, ou à la magie ce qui était si manifestement une œuvre de l’Esprit de Dieu signifiait fermer obstinément les yeux devant la vérité, se mettre contre Dieu lui-même, et donc se priver soi-même de la possibilité de pardon.

Le fait de vouloir donner une dimension historique et éducative à ces commentaires de Carême ne doit pas nous empêcher de tirer également chaque fois une réflexion pratique de l’évangile du jour. Il y a beaucoup de mal autour de nous aujourd’hui également. Nous assistons à des formes de méchanceté qui dépassent souvent notre entendement ; nous sommes effarés et restons sans voix devant certains faits divers. Le message réconfortant qui découle des réflexions que nous venons de faire est qu’au milieu de nous il y a quelqu’un qui est « plus fort » que le mal. La foi ne nous met pas à l’abri du mal et de la souffrance mais nous assure qu’avec le Christ nous pouvons transformer même le mal en bien, le rendre utile pour notre rédemption et celle du monde.

Dans leur propre vie ou chez elles, certaines personnes font l’expérience d’une présence du mal qui leur semble être d’origine purement diabolique. Parfois, ceci est certainement le cas (nous savons que les sectes et les rites sataniques sont répandus dans notre société, surtout parmi les jeunes), mais il est difficile de comprendre dans les cas individuels, s’il s’agit véritablement de Satan ou de troubles d’origine pathologique. Il n’est heureusement pas nécessaire d’arriver à une certitude sur les causes. Il faut s’attacher au Christ par la foi, l’invocation de son nom, la pratique des sacrements.

L’évangile de ce dimanche nous suggère un moyen pour mener ce combat, important à cultiver surtout en temps de Carême. Jésus n’est pas allé dans le désert pour être tenté ; son intention était de se retirer dans le désert pour prier et écouter la voix de son Père.

Tout au long de l’histoire, une foule d’hommes et de femmes ont choisi d’imiter ce Jésus qui se retire dans le désert. Mais l’invitation à suivre Jésus dans le désert ne s’adresse pas seulement aux moines et aux ermites. De manière différente, elle s’adresse à tous. Les moines et les ermites ont choisi un espace de désert, nous devons au moins choisir un temps de désert. Passer un temps de désert signifie faire un peu de vide et de silence autour de nous, retrouver le chemin de notre cœur, se soustraire au vacarme et aux sollicitations qui nous entourent, pour entrer en contact avec les sources les plus profondes de notre être et de notre foi.

sans qu’attends-toi…(Gabriella)

24 février, 2007

sans qu’attends-toi

tu m’as rappelé que m’aimes

tu as éloigné les peurs

dissoutes mes ombres,

Dieu maintenant je sais

que je ne te connais pas

que je n’imagine pas ton amour

parce que tu n’as rien détruit

ce que c’est ma vie

en bon en mauvais

tout tu recueilles et porte à toi

comme actes d’amour

Gabriella

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24.2.07

commentaire de EAQ à l’évangile du Jour – 24.2.07

24 février, 2007

Liturgie latine

Hymne « Audi benigne Conditor » (trad. Liturgie chorale du peuple de Dieu)

« Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent »

O Créateur, tu connais le coeur de l’homme,

Entends nos larmes et le cri de notre prière.

En ce saint jeûne du carême,

Conduis-nous au désert, purifie-nous.

Dans ta tendresse, Seigneur, tu scrutes nos coeurs,

Tu connais l’infirmité de toutes nos forces,

Donne a celui qui revient vers toi

Le pardon et la grâce de ton amour.

Oui, nous avons péché contre toi :

Pardonne à ceux qui pleurent et confessent ton Nom.

Pour la louange de ta gloire,

Penche-toi sur nos plaies, Seigneur, guéris-nous (cf Lc 10,34).

Que l’abstinence libère notre corps,

Que ta grâce l’illumine en ton Corps de Lumière.

Que notre esprit redevienne sobre,

Qu’il évite tout mal et tout péché.

Nous te prions, bienheureuse Trinité,

Conduis-nous jusqu’aux joies des fêtes pascales.

Et nous verrons se lever le Christ,

Glorieux et vivant parmi les morts. Amen.