Archive pour le 23 janvier, 2007

Les religions asiatiques imprègnent profondément la vie et la culture des peuples.

23 janvier, 2007

un approfondissement  su la relation entre la religion et la culture en en Chine, du site:http://asie.mepasie.net/introduction.fr-fr.30.10.content.htm 

Introduction

Il est communément admis que la religion est une composante particulièrement importante de la culture d’un peuple. Ceci est vrai en Occident où la religion chrétienne a incontestablement marqué la culture occidentale. Dans les pays occidentaux cependant, il arrive que l’élément culturel soit dissocié de l’élément religieux. Il existe des oeuvres d’art, des chefs-d’oeuvre littéraires, des spectacles, des fêtes qui n’ont rien de spécifiquement chrétien.

Date : 18/12/2006

Cette séparation de l’élément religieux et de l’élément culturel est beaucoup plus rare en Asie. Les religions asiatiques imprègnent profondément la vie et la culture des peuples. En Asie, une fête, par exemple, est généralement une fête religieuse.
Normalement, les hindous, les bouddhistes expriment leur joie autour d’une divinité ou d’un symbole religieux. Est-ce une manifestation de foi ? Peut-être, mais pas
nécessairement. Ils expriment spontanément leur joie dans un contexte culturel religieux : visite au temple ou à la pagode, pèlerinages, processions, etc.La même chose peut être dite de l’art, de la littérature, de la morale, des coutumes et même de la philosophie. Toutes ces expressions culturelles sont intimement liées avec une – ou même plusieurs – religion(s) asiatique(s). Mais il va de soi que, s’il y a influence de la religion sur la culture, il y a aussi influence de la culture sur la religion. Si la culture d’un groupe humain est fortement liée à sa religion, celle-ci sera, dans une certaine mesure, tributaire des mœurs et de l’héritage culturel de ce groupe humain.Il s’ensuit que l’étude des religions asiatiques ne peut être dissociée de l’étude des cultures de ces pays.
Les cultures asiatiques ne sont pas homogènes. La culture chinoise est bien différente de la culture indienne. On pourrait même parler, non sans raison, des cultures chinoises et des cultures indiennes. Néanmoins, on retrouve certaines caractéristiques communes à l’ensemble des cultures asiatiques et qui les différencient de la culture occidentale. Qui dit « différence » ne dit ni « infériorité » ni « supériorité ».
Il n’est pas question de savoir quelle est la meilleure culture ! Chacune présente des
richesses et chacune a ses limites. Ce qui importe c’est de se rendre compte que la façon habituelle de penser, de juger et d’évaluer d’un Occidental n’est pas la seule ! Il y a d’autres façons de voir, de sentir et d’apprécier qui sont également valables, bien que différentes de celles des Occidentaux. Il est important de prendre conscience de ces différences pour éviter les faux problèmes et les malentendus.Au risque de tomber dans des simplifications excessives, on peut formuler comme suit deux différences fondamentales :

1 – En Occident en général, et en France en particulier, on aime bien classer les mots et les idées. On a l’habitude de « définir » et, ce faisant, de classer les concepts de façon assez rigoureuse.
Dans le domaine religieux, un certain nombre de concepts sont considérés comme des points de repère particulièrement importants. Souvent ces concepts s’opposent et s’excluent mutuellement : théisme/athéisme ; monothéisme/polythéisme ; monisme/dualisme ; transcendance/immanence etc. Il n’est pas sûr que ces oppositions binaires expriment toujours de façon adéquate ces réalités fort complexes. En tout cas, sans sous-estimer les avantages de cette méthode de travail, il faut en sortir
si on veut comprendre la façon de penser, de vivre et de s’exprimer des Asiatiques.
D’une façon habituelle, les Asiatiques ne ressentent pas, comme nous, ce besoin de classifier lorsqu’ils abordent le problème religieux. Quelques exemples : pour un Occidental, il semble important de savoir si le confucianisme est, oui ou non, une religion. C’est une question tout à fait légitime ; mais il est bon de se rendre compte que cette interrogation ne constitue nullement une préoccupation pour tous ceux
qui, consciemment ou inconsciemment, sont très influencés par le confucianisme.
Pour un Occidental, il est important de savoir si le bouddhisme est athée ou non. Mais là encore ce besoin de clarifier les choses ne trouve pas nécessairement un écho chez
les bouddhistes.
L’hindouisme est-il monothéiste ou polythéiste ? Quand on pose la question à un hindou, il répond habituellement qu’il n’y a qu’un Dieu. Mais on peut se demander parfois si ce n’est pas la question que lui pose l’Occidental qui amène l’hindou à réfléchir sur ce problème. Il peut fort bien, quant à lui, faire une démarche authentiquement religieuse auprès de plusieurs « divinités » sans se poser cette question-là. Il ne s’ensuit pas que sa démarche religieuse soit moins profonde ou moins réfléchie que
celle de l’Occidental ; mais son approche est différente. 2 – Lorsqu’un Occidental étudie un système de pensée, il a tendance à l’évaluer principalement en fonction de sa cohérence. S’il décèle un manque de cohérence, il le juge sévèrement et éventuellement le rejette. Sans être totalement indifférent à la
cohérence, un Oriental ne la recherche pas en priorité. Dans un premier temps, il retient volontiers tout ce qui lui apporte quelque chose, tout ce qui l’enrichit. Ceci
peut aboutir à une attitude déconcertante pour un Occidental.
C’est ainsi qu’un Asiatique peut se comporter comme s’il avait plusieurs religions. Au Japon, en particulier, bien des personnes ont recours tantôt au bouddhisme, tantôt au shintoïsme, et tout cela sur un arrière-fond de confucianisme. Elles ne voient aucune anomalie dans ces démarches successives puisque chacune de ces religions leur apporte quelque chose. Il va de soi qu’elles peuvent également s’éprendre de la Bible et, à l’occasion, se déclarer chrétiennes, sans pour autant demander le baptême. Les
religions asiatiques ont survécu à toutes sortes de mutations socio-politico-culturelles.
Aujourd’hui encore, elles sont bien vivantes.
Dans la plupart des pays asiatiques, l’industrialisation, l’urbanisation et la modernisation ont profondément affecté les modes de vie de la population. Inévitablement, ces mutations ont eu des retombées sur les religions de ces pays. Il ne semble pas cependant qu’elles aient été sérieusement affaiblies… En revanche, dans les pays soumis à un régime totalitaire marxiste, les manifestations religieuses sont très contrôlées, voire complètement bannies. Reste à savoir jusqu’à quel point ces mesures répressives ont profondément affecté l’attitude religieuse intérieure des populations. On se rend compte justement que là où une certaine ouverture s’est manifestée, ces dernières années, comme en Chine ou au Vietnam, le phénomène religieux manifeste un nouveau dynamisme et que les Églises chrétiennes
revivent.
Quant à l’influence des « nouvelles religions » ou des multiples sectes qui grouillent et qui pullulent un peu partout, on peut dire que leur apparition et leur multiplication dans des pays comme le Japon par exemple constitue un des défis les plus sérieux de
ce début du XXIe siècle.

Les sources du renouveau de la théologie trinitaire au XXe siècle

23 janvier, 2007

un article sur la théologie trinitaire  du site:

http://www.catho-theo.net/article.php3?id_article=135 

Les sources du renouveau de la théologie trinitaire au XXe siècle

Paris, 7 – 9 mars 2007

Le Cycle des Études doctorales de la Faculté de Théologie de l’Institut Catholique de Paris développe un projet de recherche sur « Le renouveau de la théologie trinitaire au XXe siècle. » Le travail s’étendra sur trois années, centrées successivement sur les sources du renouveau (2007), les réalisations majeures (2008), et les effets produits sur certains champs connexes de la théologie (2009). L’enjeu est d’accomplir un acte de réception du renouvellement en question, puis de dégager les perspectives ouvertes à nos futures recherches.

« Depuis les travaux entrepris par Théodore de Régnon dans ses fameuses Études de théologie positive sur la Sainte Trinité, publiées en quatre tomes volumineux de 1892 à 1898, la théologie des premières décennies du XXe siècle s’est engagée sur la voie d’un renouveau trinitaire. Théodore de Régnon livrait à la connaissance des théologiens une masse documentaire impressionnante, constituée notamment de longs textes traduits, issus de la période patristique et de la théologie médiévale. On a certes beaucoup parlé d’un renouveau patristique et d’un renouveau biblique au XXe siècle, mais on a peu mesuré l’ampleur du renouveau trinitaire, déployé sur une période qui coïncide avec le siècle passé et qui atteint son apogée avec les grandes œuvres de K. Barth, de M. Schmaus, ou de Hans Urs von Balthasar. Quant aux travaux de Théodore de Régnon, ils ont abouti à des thèses herméneutiques qui finiront par s’imposer pour caractériser, voire opposer une théologie trinitaire d’inspiration grecque et une théologie trinitaire d’inspiration latine d’origine augustinienne.

Cette classification aussi simple que sommaire aura paradoxalement un effet bénéfique sur les travaux des théologiens, redécouvrant la richesse et la diversité des corpus, et du même coup faisant éclater les classifications en cours. Certes, qui pourrait nier qu’il existe bien une théologie grecque d’inspiration antiochienne et cappadocienne qui, face au péril que représente le modalisme unitaire, et plus proche de la lettre de l’Écriture, affirme d’abord la réalité ou « l’hypostase » de chacune des Personnes distinctes entre elles, tandis que de son côté la théologie latine tend à affirmer en premier lieu l’unité de la « substance » à l’intérieur de laquelle se développent les processions des Personnes distinctes dans le but de garantir la divinité du Fils et de l’Esprit ? Un théologien aussi averti que Karl Rahner reconduira l’opposition popularisée par Régnon, manifestant ainsi sa préférence pour le modèle grec, censé être plus fidèle à la lettre de l’Écriture [1]

Cette fidélité invoquée n’est que le symptôme d’une théologie qui cherche à fonder dans l’événement Jésus-Christ et le don de l’Esprit, tels qu’accessibles dans le donné néotestamentaire, l’ensemble de la doctrine trinitaire. Le renouveau trinitaire est donc étroitement solidaire du renouveau christologique. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le travail entrepris par les théologiens est un travail de reconstruction onéreux et exigeant. Il s’est élaboré en deçà et parfois à l’encontre des analogies traditionnelles qui servirent à justifier théologiquement la divinité du Fils et sa génération éternelle, notamment la théologie de la procession du Verbe comme acte spirituel immanent à la vie divine. La prise en compte de l’historicité radicale de la Révélation a scellé au plus près le destin de la christologie et de la doctrine trinitaire, au point d’en faire naître une conceptualité nouvelle, aux allures alternatives. Cette histoire est encore à écrire et à évaluer . » [2]

L’année 2007 examinera les sources du renouveau trinitaire. Nous voulons ainsi évaluer l’apport de la théologie positive dans le champ patristique, l’impact de la philosophie allemande sur la spéculation trinitaire, et enfin le rapport complexe instauré au XXe siècle entre l’exégèse historico-critique et les dogmatiques trinitaires.

En 2008, parmi les réalisations majeures, nous envisageons de traiter quatre lignes de développement : les théologies trinitaires de la Révélation, les théologies trinitaires de la Croix, les théologies trinitaires « communionnelles » et les essais d’ontologie trinitaire.

Enfin, en 2009, nous nous attacherons à évaluer les implications du renouveau trinitaire en ecclésiologie, en liturgie, en catéchèse, en spiritualité et en morale. Notre souci sera alors de tirer les conséquences du bilan et de prospecter de nouveaux terrains de recherche.

Comité scientifique :: Emmanuel DURAND, Henri-Jérôme GAGEY, Vincent HOLZER, Jean-Louis SOULETIE.

Renseignements et inscriptions

On peut télécharger la plaquette de présentation du colloque sur le site de l’Institut Catholique de Paris]

Inscription auprès de Mme Leticia Santiago tél : 01 44 39 52 57



[1] Cf. K. RAHNER, « Le Dieu Trinité fondement transcendant de l’Histoire du Salut », Mysterium Salutis, VI, Paris, Cerf, 1971, pp. 22-28.

[2] V. HOLZER, préface à E. DURAND, La périchorèse des personnes divines. Immanence mutuelle, réciprocité et communion, Paris, Cerf, « Cogitatio fidei » 243, 2005, p. 9-10. Pour une critique récente des schèmes de Th. de Régnon, voir l’étude magistrale de L. AYRES, Nicaea and its Legacy. An Approach to Fourth-Century Trinitarian Theology, Oxford, Oxford University Press, 2004.

En Chine, l’obéissance n’est plus une vertu – article du Sandro Magister

23 janvier, 2007
du site: La Chiesa.it, voir le lien; il y a, aujourd’hui, un autre article de Sandro Magister, le title est: « En exclusivité depuis la Pologne: qui espionnait Karol Wojtyla »,pour ne mettre pas deux choses  je vous donne le lien pour aller directement a la pages:http://www.chiesa.espressonline.it/dettaglio.jsp?id=113441&fr=y 

En Chine, l’obéissance n’est plus une vertu


Un nombre croissant d’évêques, de prêtres et de fidèles de l’Eglise officielle chinoise refusent de se soumettre aux autorités communistes. Le pape et le cardinal Zen les y encouragent: « Pas plus de compromis ». En outre, un livre met fin au silence concernant les martyrs catholiques des années Mao
par Sandro MagisterEn Chine, l’obéissance n’est plus une vertu - article du Sandro Magister  dans article

ROME, 19 janvier 2007 – Une rencontre « sub secreto » ayant pour objet l’Eglise en Chine se tient à partir d’aujourd’hui au Vatican. Y participent des dirigeants de la secrétairerie d’Etat et de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, mais aussi des personnalités extérieures à la Curie: le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong Kong, le cardinal Paul Shan Kuo-shi, de Taiwan, l’évêque de Macao, José Lai Hung-seng, le professeur Anthony Lam, du Holy Spirit Center de Hong Kong. Une question évoquée par Benoît XVI lors de l’angélus du 26 décembre 2006 est au cœur des discussions. Faisant référence à saint Etienne, premier martyr, et tous ceux qui, aujourd’hui, « sont persécutés et souffrent, de différentes manières, pour témoigner et servir l’Evangile », Benoît XVI avait poursuivi :« Je pense à ces catholiques qui restent fidèles au Siège de Pierre sans céder à des compromis, parfois même aux prix de graves souffrances. Toute l’Eglise en admire l’exemple et prie pour qu’ils aient la force de persévérer, en sachant que leurs épreuves sont source de victoire, même si sur le moment elles peuvent sembler un échec ».

Les informations concernant la Chine durant ces derniers mois confirment tout à fait ce clivage: entre les chrétiens qui se plient aux ordres des autorités communistes et ceux qui y résistent; entre l’Eglise officielle créée par le régime en opposition à Rome et celle unie au pape et que l’Etat ne reconnaît pas officiellement.

Mais ces mêmes informations montrent qu’il existe aussi des divisions et des évolutions au sein même de l’Eglise officielle. Huit des dix évêques officiels ont désormais demandé et obtenu l’approbation de Rome. Ils se trouvent maintenant dans une position inconfortable de double obéissance: à l’Eglise universelle et à la politique anti-romaine des autorités communistes.

Selon le cardinal Zen, homme fort de la nouvelle politique vaticane concernant la Chine:

« Ce compromis ne peut durer indéfiniment. Etre en communion avec le Saint-Père et rester en même temps dans une Eglise qui se définit comme indépendante, c’est une contradiction. De façon magnanime, le Saint-Siège le tolère. Mais le moment est venu de mettre fin à cette contradiction ».

Un choix déjà fait par certains évêques de l’Eglise officielle, qui cherchent de plus en plus à se soustraire à la soumission au régime.

* * *
L’ordination épiscopale illicite qui a eu lieu le 30 novembre dans la ville de Xuzhou, dans le Jiangsu (centre-est) est le dernier épisode révélateur de cette évolution.
Une ordination épiscopale est illicite quand elle n’est pas approuvée par le pape. Elle est sanctionnée par l’excommunication automatique de celui qui l’effectue de son propre gré, sans contrainte. Au cours des dernières décennies, le régime communiste chinois a fait ordonner plusieurs dizaines d’évêques illégitimes. Avant le 30 novembre dernier, les deux dernières ordinations de ce type ont eu lieu le 28 avril et le 3 mai 2006, et ont donné lieu à une très ferme protestation du Saint-Siège. Une délégation du Vatican s’est rendue par la suite à Pékin en juin pour demander l’arrêt de ces ordinations. Elle a reçu des assurances, démenties ensuite par les faits.Pourtant, les autorités communistes ont eu plus de mal que d’habitude à organiser la cérémonie du 30 novembre. Ces dernières voulaient adjoindre à l’évêque de Xuzhou, Qian Yurong, âgé de 94 ans et progouvernemental, d’autres évêques de l’Eglise officielle, mais réconciliés avec Rome, comme concélébrants de l’ordination. Elles ont dû cependant les forcer à être présents. Deux évêques les ont isolés et « traités » pendant plusieurs jours précédant la cérémonie. Deux autres ont été littéralement séquestrés, sans pouvoir rien en retirer comme ils le voulaient. L’un des deux, l’évêque de Hengshui, Peter Feng Xinmao, a assisté au rite sans y participer. Le second, Li Liangui, évêque de Cangzhou, a réussi à s’échapper sans se faire reprendre jusqu’à la fin de la cérémonie, désertée par une grande partie des fidèles.

Le 2 décembre, le Saint-Siège a émis une note de protestation au sujet de cette ordination illégale, soulignant que les évêques consacrants aussi bien que l’évêque ordonné, Mgr Wang Reniei, âgé de 34 ans, avaient dû agir sous la contrainte.

Un jour après Noël, Benoît XVI avait donné en exemple les chrétiens qui acceptent « les tourments » pourvu qu’ils ne « cèdent pas à des compromis ».

Mais, après quelques heures seulement, les autorités communistes récidivaient. Le 27 décembre, neuf prêtres de la province du Hebei, appartenant à l’Eglise non officielle, sont arrêtés. Le Hebei est la région de Chine comptant la plus forte population de catholiques, environ un million et demi. Elle est également la plus persécutée, en raison justement du refus de la plupart des évêques, des prêtres et des fidèles à s’inscrire auprès de l’Association patriotique des catholiques chinois, l’organisme par lequel le parti communiste exerce son contrôle sur l’Eglise officielle.

Le Hebei a vu disparaître six évêques au cours des dix dernières années. Parmi eux, l’évêque du diocèse de Baoding, Jacques Su Zhimin, arrêté en 1996.

Presque tous les évêques chinois ayant aujourd’hui plus de cinquante ans, et même ceux faisant partie de l’Eglise officielle, ont été en prison ou dans un camp pendant un certain temps. Le plus vieux d’entre eux, Joseph Meng Ziwen, évêque non officiel de Nanning (Guangxi), est mort le 7 janvier dernier. Il avait 103 ans et, il y a peu de temps encore, il célébrait la messe tous les dimanches dans trois paroisses différentes. Il fut condamné aux travaux forcés pendant plus de vingt ans. Le régime ne l’a jamais reconnu comme évêque.

Aujourd’hui, les persécutions contre les chrétiens se poursuivent en Chine, bien qu’elles ne soient pas comparables avec celles des années Mao et de la Révolution Culturelle. Peu à peu disparaissent cependant les témoins du grand martyre.

Restent leurs témoignages. Très peu de matière a été publiées, même en dehors de la Chine, dans les pays libres et même dans le reste de la Chine catholique, tout du moins jusqu’à il y a peu.

Ce silence était dû en grande partie à des raisons politiques et des choix ecclésiastiques. « Mais continuer sur la voie du silence serait aujourd’hui une erreur incompréhensible et impardonnable », écrit le cardinal Zen.

Il l’écrit dans la préface d’un livre sorti cet hiver en Italie – sous la direction de l’Institut pontifical pour les missions étrangères de Milan – qui, pour la première fois, recueille et propose au grand public les récits de catholiques chinois persécutés ou tués entre 1940 et 1983.

Les deux premiers textes qui composent ce volume sont les journaux intimes relatant l’emprisonnement et les travaux forcés, d’une durée respective de trente et vingt-cinq ans, de deux prêtres, François Tan Tiande, toujours vivant, et Jean Huang.

Le troisième document raconte la vie d’un autre prêtre, le père Li Chang, mort en 1981. Il est écrit par son cousin Li Daoming, prêtre lui aussi.

Puis vient l’autobiographie d’une jeune catholique, Gertrude Li, écrite à la main sur des petits papiers parvenus en Occident dissimulés dans les chaussures d’un missionnaire, le père Giovanni Carbone, de l’Institut pontifical pour les missions étrangères, expulsé de Chine en 1952.

Le livre s’achève par le témoignage du martyre de trente-trois moines cisterciens de la stricte observance du monastère de Yangjiaping, tués en 1947 au terme d’un « chemin de croix » de souffrances.

Voici la préface du livre, écrit par l’actuel évêque et cardinal de Hong Kong:

« Que d’innocents menés comme des brebis à l’abattoir… »

par Joseph Zen Ze-kiun

En février 2006, alors que j’étais à Rome pour être créé cardinal, j’ai célébré une messe pour les catholiques de ma nation, la Chine, pendant laquelle j’ai affirmé: « Le rouge que je porte exprime la disponibilité d’un cardinal à verser son propre sang. Mais ce n’est pas mon sang qui est versé: ce sont le sang et les larmes des nombreux héros anonymes des Eglises officielle et souterraine qui ont souffert pour être fidèles à l’Eglise ».

Parmi les nombreux catholiques qui ont été emprisonnés pendant trente ans et plus en Chine, nombreux sont ceux qui y ont rédigé leurs mémoires. Beaucoup d’entre elles ont été longtemps renfermées dans des boîtes. Et cela pour plusieurs raisons: les prisonniers ne voulaient pas heurter les autorités politiques et mettre encore plus en danger nos frères de foi. Mais il faut admettre qu’il y avait aussi une sorte de réticence, et même chez certains membres de l’Eglise, à dénoncer ouvertement les persécutions subies sous le régime de Mao. Pendant de nombreuses années, le maoïsme a été exalté au-delà du raisonnable. Même ceux qui n’étaient pas d’accord n’ont pas eu le courage, ou la liberté intérieure, de se détacher du chœur idéologique, probablement pour ne pas être comptés parmi les réactionnaires.

Mais continuer aujourd’hui sur la voie du silence serait une erreur incompréhensible et impardonnable. Comme l’a souvent rappelé Jean-Paul II, nous avons le devoir de mémoire, particulièrement celle des martyrs du XXe siècle, de tous les martyrs, de quelque régime que ce soit, sans plus aucune réticence.

Les confesseurs et les martyrs de l’Eglise de Chine appartiennent à la chrétienté tout entière et il est de notre devoir, en plus que de notre droit, de présenter leurs témoignages pour qu’ils alimentent la foi des chrétiens du monde entier.

De plus, les victimes – ou, mieux, les protagonistes – de cette période de persécutions sont désormais en train de disparaître. Il n’y a vraiment plus aucune raison de continuer à se taire. Au contraire, j’espère que les jeunes prêtres et les fidèles chinois recueillent de la bouche des anciens les récits des souffrances et du martyre qui n’ont pas encore été enregistrés et dont on risque de perdre le souvenir pour toujours. Je pense que ce « recueil de la mémoire » est un service que les jeunes catholiques chinois peuvent rendre à notre Eglise, à notre Nation et à l’Eglise universelle.

Je me rends compte que ce livre, parmi les premiers dans son genre, recueille seulement une fraction des témoignages disponibles. Quoi qu’il arrive, la matière ici recueillie est d’une grande valeur humaine et spirituelle.

En tant qu’évêque de Hong Kong, je me dois particulièrement de faire remarquer la relation entre certains protagonistes de ce livre et l’Eglise de Hong Kong.

Le père François Tan Tiande a connu trente années très dures de travaux forcés, marqués par le froid (jusqu’à – 40°), la faim et la dépression. Il est très connu et porté en estime par les catholiques de Hong Kong. Nombre d’entre eux vont le voir non loin de là, à Canton. Nos fidèles sont toujours édifiés par sa force et par la sérénité qui ressort de manière si claire dans son journal intime publié dans ce livre.

Le père Jean Huang a été prêtre dans le diocèse de Hong Kong. […] Il a vécu vingt-cinq terribles années dans un camp de travail au nord de la Chine, à des températures glaciales. Outre le fait d’être prêtre, son grand tort a été d’être le fils d’un petit propriétaire terrien. Pendant la Révolution Culturelle, l’usine où il fut envoyé pour des travaux forcés était devenu un enfer: désespérés, plus de mille détenus se sont suicidés […]

Les protagonistes de la « marche de la mort », un chemin de croix très douloureux, étaient des moines de la trappe de Notre-Dame de la Consolation, située à Yangjiaping, dans la province de Hebei, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Pékin. A Hong Kong, sur l’île de Lantau, nous recevons le don de la présence d’autres moines venant de la trappe de Notre-Dame de Liesse, toujours dans la province de Hebei, à son tour frappée par la folie de la persécution. Le témoignage des trappistes de Yangjiaping alimente le souvenir d’un des actes de cruautés les plus atroces accomplis par les communistes contre la communauté catholique.

Les autres témoignages de ce recueil sont tout aussi importants: celle du père Li Chang, qui a également étudié au séminaire de Hong Kong, originaire de la proche province de Guangdong, et de Gertrude Li, dont l’autobiographie nous est parvenue dissimulée dans les chaussures d’un missionnaire.

L’éditeur m’a également demandé d’ajouter à cette introduction un témoignage personnel, direct. Je suis né à Shanghai, mais j’ai quitté ma ville natale en 1948, avant la montée au pouvoir du parti communiste, dans la mesure où le noviciat des salésiens, auxquels j’appartiens, se trouvait à Hong Kong. Personnellement, grâce à Dieu, je n’ai donc pas été une victime directe du régime. Mais je connais bien les souffrances infligées à l’Eglise de ma ville natale.

L’épisode le plus révélateur a eu lieu en ce tragique 8 septembre 1955, quand, au cours d’une gigantesque rafle, la police arrêta des centaines de catholiques, des évêques aux prêtres, des catéchistes aux fidèles membres d’associations, en particulier la Légion de Marie. Ils furent conduits au stade des courses de chiens. Là, l’évêque, l’héroïque Ignace Gong Pinmei – créé cardinal in pectore en 1979 alors qu’il était encore en prison –, au lieu de renier la foi, cria, entouré par l’émotion des catholiques rassemblés et le dédain des geôliers : « Vive le Christ roi, vive le pape ».

L’Eglise de Shanghai compte des dizaines et des dizaines de confesseurs de la foi: prêtres, religieux et laïcs morts en prison suite à des mauvais traitements et à cause de la faim. Beaucoup de prêtres de Shanghai étaient des Jésuites, du fait de la présence très ancienne de la Compagnie de Jésus dans ma ville. Les deux évêques actuels du diocèse, Louis Jin et Joseph Fan, sont aussi des Jésuites.

Une famille, du nom de Zhu, était particulièrement connue des catholiques de Shangai. Son histoire a ému le monde entier. La mère, Martine, était veuve et avait huit enfants, dont quatre étaient devenus prêtres jésuites. A l’exception de Michel, qui se trouvait à Rome auprès de la curie générale, tous furent emprisonnés le 8 septembre: le plus âgé, François Xavier, était même déjà aux condamné travaux forcés depuis deux ans. Martine, appelée « la douloureuse » par les catholiques de Shanghai, se rendit pendant près de trois ans dans les prisons où étaient séquestrés ses enfants pour les voir. Elle parcourait des kilomètres à pied pour économiser les quelques centimes qui lui permettaient de leur apporter un petit quelque chose. Bien qu’insultée par les gardiens, elle encourageait chacun de ses fils à persévérer, à accepter volontiers les souffrances, à garder la foi en Dieu. Finalement, les fils furent transférés dans des camps de travail, dans des provinces lointaines. Pendant plus de vingt ans, Martine ne les revit plus. Ils ne furent seulement libérés qu’au début des années quatre-vingt. Sauf François-Xavier, mort en prison en 1983.

Une autre figure remarquable a été le père jésuite Beda Zhang, une personnalité très connue à Shanghai, un des premiers à avoir été arrêté. Le gouvernement espérait le convaincre à encourager les catholiques à se séparer de l’Eglise et du pape. Il a subi toutes sortes de pressions. Quand il était clair qu’il ne se serait jamais laissé convaincre, ils firent appel à la violence et à la torture. Les détenus situés à proximité de sa cellule l’entendaient souvent invoquer les noms de Jésus, Marie et Joseph, puis n’entendaient plus que des gémissements. Au terme de 94 jours de détention, le père Beda mourut: il fut le premier martyr de notre Eglise de Shanghai.

Que de souvenirs de mes frères salésiens! Ces étrangers ont été expulsés, même s’ils n’étaient en rien des « ennemis du peuple », au contraire, ils étaient humbles, dédiés généreusement à leur mission. Et combien de frères innocents ont été menés comme des brebis à l’abattoir, vers de longues et déchirantes détentions!

Parfois, on me demande si l’Eglise en Chine est encore persécutée de nos jours. Ce n’est pas facile de répondre à cette question par une courte phrase car, comme on sait, la situation est très complexe. Le régime communiste, responsable des souffrances décrites dans ce livre, est encore au pouvoir; bien qu’ayant rejeté la politique radicale du maoïsme, il n’a jamais demandé pardon pour les violences infligées aux croyants et aux très nombreux autres Chinois innocents. Du point de vue politique, la dernière cause de persécution des chrétiens est encore bien en place: le système du parti unique, qui gouverne le pays sans interruption depuis presque soixante ans, sans mandat et contrôle du peuple, sans démocratie.

Si les persécutions systématiques et à grande échelle de l’époque Mao n’existent certainement plus, la souffrance de l’Eglise est cependant loin de cesser. Les communautés et les évêques de l’Eglise officielle ou « ouverte », c’est-à-dire reconnue par le gouvernement, sont l’objet de contrôles, d’interférences, d’abus et de tourments permanents. Les communautés de l’Eglise officielle et ses leaders ne sont donc pas du tout libres, comme il semblerait à un observateur superficiel. Les communautés « clandestines » ou « souterraines », qui refusent de juste droit de se soumettre à la politique religieuse du gouvernement, font l’objet d’abus et de violences permanentes, si bien qu’il n’est alors pas exagéré de parler de persécution.

Je dois malheureusement encore dénoncer le fait que des dizaines d’évêques, prêtres et laïcs sont détenus à domicile ou confinés. On n’a même plus de nouvelles de six évêques depuis maintenant plusieurs années. Je voudrais mentionner en particulier l’évêque Jacques Su Zhimin, du diocèse de Baoding, dans le Hebei, disparu depuis environ dix ans, ainsi que de son auxiliaire, François An Shuxin, sans nouvelles depuis neuf ans. [...]

Moi aussi, comme les protagonistes de ce livre, je me suis interrogé plusieurs fois sur les raisons de toute cette souffrance et cette violence. Notre foi en Dieu, même si elle ne nous semble pas donner des réponses immédiates, reste l’unique moyen de garder l’espérance et la force. Au moment d’écrire ces pages, j’ai lu la très belle catéchèse que Benoît XVI a offerte aux fidèles le mercredi 23 août 2006.

Commentant l’Apocalypse, le Saint-Père affronte le drame de la persécution des disciples du Christ avec son incomparable profondeur. Je voudrais conclure ma présentation par les paroles mêmes du pape:

« L’histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l’histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C’est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l’Eglise aujourd’hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l’Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l’homme, lorsqu’il s’abandonne à l’influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. [...] L’Apocalypse de Jean, bien qu’imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs – la face obscure de l’histoire –, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l’histoire. [...] Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n’est jamais perçue comme le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur ».

Oui, c’est vraiment ainsi: les pages que vous allez lire ne sont pas avant toute chose des pages de souffrance et de douleur; elles sont aussi, et surtout, des pages de joie. Avec tant d’autres, je peux confirmer moi aussi les mots du Saint-Père. De nombreux évêques, prêtres et fidèles que j’ai rencontrés lors de mes longs séjours en Chine, étaient des personnes heureuses et sereines, malgré les très longues périodes de détention. Personne ne pourra nous priver de la joie et de la beauté d’être des disciples de Jésus.

Hong Kong, le 27 août 2006

__________

Le livre:

« Il libro rosso dei martiri cinesi. Testimonianze e resoconti autobiografici [Le livre rouge des martyrs chinois. Témoignages et textes autobiographiques]« , sous la direction de Gerolamo Fazzini, préface du cardinal Joseph Zen, Editions San Paolo, Cinisello Balsamo, 2006, 274 pages, 16 euros.

__________

La note de protestation du Saint-Siège pour l’ordination illégitime d’un évêque en Chine, datée du 30 novembre 2006:

> « La Santa Sede si sente in dovere… » __________Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France

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19.1.2007 

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