Archive pour le 22 janvier, 2007

BENOIT XVI BETE DE SOMME

22 janvier, 2007

BENOIT XVI BETE DE SOMME

du site:

http://www.france-catholique.fr/archi/articles/article2005ben7.html

par le Père Jean-François THOMAS, s.j. Comme le cardinal Josef Ratzinger le raconte, en conclusion de son ouvrage “Ma Vie, Souvenirs ( 1927-1977) » (1), parmi les symboles de ses armoiries épiscopales, figure l’ours que l’évêque saint Corbinien força à porter la charge de son cheval, que la bête avait tué, jusqu’à Rome. Le cardinal théologien explique alors, dans son attachement à saint Augustin, comment ce dernier se considérait comme un « iumentum », une bête de somme, ployant sous la charge épiscopale. Comme le célèbre Père de l’Eglise, et comme l’ours de saint Corbinien, le cardinal allemand se considère comme le mulet chargé du joug de Dieu, près de son Maître, et ceci pour toujours. Il terminait en ignorant non seulement quand il obtiendrait son congé de
la Ville éternelle, mais que, jusqu’à la fin de sa mission, il resterait la bête de somme du Seigneur.
Le Saint-Esprit et le collège des cardinaux, en le conduisant sur la chaire de saint Pierre, le confirme dans cette tâche de portefaix. L’humble génie du cardinal Ratzinger, sa persévérance à porter des poids que ses plus acharnés critiques auraient bien du mal à soulever même à plusieurs, continueront à habiter le pape Benoît XVI. Les attaques mesquines et injurieuses dont il est sans cesse l’objet, au sein même d’une partie du clergé, des « intellectuels » et de la presse catholique, n’ébranleront point ce roc institué par le Christ. Comme cela fut aussi le cas durant le pontificat du pape Jean-Paul II, les essais, manipulateurs ou naïfs, de classer le Souverain Pontife, l’ancien et le nouveau, dans le parti des conservateurs rigides (l’adjectif suivant nécessairement le substantif), risquent bien d’être aussi vides que des bulles de savon éclatant au soleil de la vérité. Vouloir expliquer le parcours de la « Bête de somme », du progressisme de l’époque conciliaire à une attitude réactionnaire de plus en plus marquée à partir des années soixante-dix, serait vain. Le même reproche avait atteint d’autres théologiens éminents, comme les cardinaux Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar. Les revirements ne sont pas le pain quotidien d’esprits aussi éminents. Il serait plus fructueux de déceler en quoi la continuité, éclairée en permanence par de nouveaux acquis et par une connaissance de plus en plus approfondie de l’héritage du passé, est en fait la lame de fond.Ceci transparaît constamment dans les divers écrits du cardinal Ratzinger, d’abord comme théologien professeur, puis comme archevêque, et puis enfin comme préfet de
la Congrégation de
la Doctrine de
la Foi. Une preuve, parmi beaucoup d’autres, en est le chapitre sur le bilan de l’époque post Vatican II dans l’ouvrage « Les Principes de
la Théologie Catholique. Esquisses et Matériaux ». (2) Seule une vue macroscopique de l’Histoire peut conduire à une analyse objective des résultats d’un concile. En attendant, la vision microscopique, lorsque l’événement est encore trop proche de nous, est seule possible. Et le Cardinal de citer, par exemple, la réaction de saint Grégoire de Nazianze appelé par l’empereur à participer à une seconde session du Concile de Constantinople en 382 :  » Pour dire la vérité, je considère qu’on devrait fuir toute assemblée d’évêques, car je n’ai jamais vu aucun Concile avoir une issue heureuse ni mettre fin aux maux », ou encore saint Basile de Césarée, ami du précédent, parlant de façon encore plus sévère du  » vacarme indistinct et confus », et de la « clameur ininterrompue qui remplissait toute l’église » lors du même Concile. Et à y regarder de près, le constat est valable pour tous les conciles sans exception. Ce qui importe est le bilan dans une vision large et distante, bilan qui subsiste malgré les manifestations inévitables de crise, mais bilan qui n’est rendu possible que par l’analyse critique et sans complaisance des « facteurs négatifs incontestables très graves et dans une grande mesure inquiétants ». Celui qui essaie de mettre à plat de telles conclusions « est vite taxé de pessimisme et exclu par là du dialogue. Mais il s’agit ici tout simplement de faits empiriques, et se trouver dans la nécessité de le nier dénote déjà non plus un simple pessimisme mais un désepoir secret. »
A chaque fois qu’il aborde un problème théologique dans la crise contemporaine, le cardinal Ratzinger l’éclaire par l’histoire passée, analyse les causes de l’évolution et propose toujours une vraie réponse à apporter dans la lumière de
la Tradition. Lorsque par exemple il souligne que sur le Concile Vatican II « a soufflé quelque chose de l’ère-Kennedy, quelque chose de l’optimisme naïf du concept de la grande société », ce n’est point pour le rejeter mais pour en purifier l’application. Ce qui est lumière ne peut être approché et appréhendé que par la vision macroscopique : « Il est nécessaire, écrit-il, de redécouvrir la voie de lumière qu’est l’histoire des saints, l’histoire de cette réalité magnifique où s’est exprimée victorieusement au long des siècles la joie de l’Evangile ». Il n’est donc pas étonnant qu’il ait tellement souligné la présence des saints dans l’homélie de
la Messe de son intronisation, invitant ainsi à une foi non pas triomphaliste mais rayonnante et courageuse, bien loin des peureux et lâches repliements que certains attribuent à tort au Concile Vatican II. Aussi refuse-t-il les enthousiasmes simplificateurs qui trahissent la réalité en refusant de la regarder en face et qui font fi de l’histoire et de
la Tradition. Rien n’est donné a priori comme lumière sans effort de notre part. Tout dépend « des hommes qui transforment la parole en vie ». Nous ne sommes plus ici au sein d’une lutte de chapelles entre dits progressistes et conservateurs. Ce qui importe est qu’il y ait des bêtes de somme fidèles, non récalcitrantes, qui se donnent totalement dans l’humble tâche, sans peur des coups et des mauvais traitements.
Benoît XVI a crié, dés le début de son pontificat sur la place Saint Pierre, que « l’Eglise est vivante ». Il vaut la peine d’être à sa suite, un mulet, un ours, une bête de somme, pour maintenir cette vie, l’enrichir et la transmettre au monde en état de déréliction. 

Jean-François Thomas S.J, Manille 
(1) Fayard, 1998 p.142-144
(2) Téqui, 1982, p.410 et suivant 
www.monde-catholique.com/forum   www.tousenligne.com  http://leclerc.gerard.free.fr 

La mort de l’abbé Pierre, l’insurgé de Dieu

22 janvier, 2007

Il me semble juste et bon commémorer la personne de l’Abbé Pierre, je report l’article qui me plaît de plus et qu’il le reporte avec plus tendresse, sur le journal on line vous pouvez découvrir de autre, ancre se je pense que vous avez déjà écouté en télévision ou dans les journaux quotidiennes la notice et le commentaire (e la memoire), du site:    http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2292700&rubId=788 La mort de l’abbé Pierre, l’insurgé de Dieu

L’abbé Pierre est décédé, lundi 22 janvier, à l’âge de 94 ans, à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce où il était hospitalisé depuis le 14 janvier. Fondateur de la première communauté Emmaüs, l’auteur de l’appel de l’hiver 1954 a consacré sa vie au combat contre les souffrances et les exclusions


 

L’abbé Pierre en août 2005, alors qu’il fêtait ses 93 ans (photo Laban-Mattei/AFP).

Pour entrer dans la minuscule cellule de l’abbé Pierre, mieux valait se faire mince. Depuis qu’il était venu se retirer à l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille le fondateur des chiffonniers d’Emmaüs avait tant entassé de livres, de dossiers et d’objets de récupération que sa porte ne pouvait plus que s’entrebâiller. «Je suis l’inventeur du style Louis-caisse !» avait-il coutume de lancer, malicieux, à ses visiteurs éberlués par ce capharnaüm. Puis il se recueillait quelques minutes avant de parler de sa voix sonore, celle-là même qui, au cours de l’hiver 1954, avait lancé «l’insurrection de la bonté» contre le scandale des sans-logis.À cette époque-là, celui qui de son vrai nom s’appelle Henri Grouès n’est déjà plus tout à fait un inconnu. La guerre, et surtout
la Résistance, lui ont forgé une renommée. Nous sommes dans l’Isère, en 1942. Les juifs sont pourchassés et l’abbé Grouès leur ouvre la porte de son presbytère.
Un jour, il rencontre le frère du général de Gaulle, paralysé, qu’il aide à gagner
la Suisse en le portant sur son dos.
La Gestapo le pourchasse. Il «monte» alors à Paris où il participe au Conseil national de
la Résistance. Début d’un destin exceptionnel que rien ne laissait présager.
 

Il entre chez les capucins  Qui aurait dit que cet enfant chétif, né en 1912 à Lyon, deviendrait ce batailleur têtu, toujours prêt à sonner aux portes des puissants pour faire reculer un peu plus la misère ? À 19 ans, il découvre saint François et prend une décision radicale : sa part du patrimoine familial offerte à diverses œuvres de charité, ce fils de bourgeois entre chez les capucins. « Aujourd’hui, Dieu doit rire dans sa barbe du tour qu’il m’a joué : je voulais la tranquillité et le silence des moines et il m’a propulsé dans le monde pour y vivre avec passion les choses les plus extravagantes. »L’abbé Pierre, en effet, aura été servi ! Des ors du Parlement où il sera, de 1945 à 1951, député MRP de Meurthe-et-Moselle, aux manifestations en tout genre où il usera ses brodequins, il mènera avec ferveur son combat, celui de la dignité de l’homme. En 1949, il fonde la première communauté Emmaüs. Deux ans plus tard, il construit des maisons d’urgence sur des terrains qu’il achète en Île-de-France. Sous sa pression, le gouvernement autorise les Caisses d’allocations familiales à consentir aux familles modestes des prêts pour financer leur logement.  

« Mes amis, au secours ! » Les compagnons, eux, fouillent les poubelles, ratissent les « décharges », à la recherche d’objets monnayables. L’abbé multiplie démarches et réunions pour alerter l’opinion publique. La lutte quotidienne pour le pain et le toit s’organise. Le déclic : ces funérailles de « honte nationale », en 1954, d’un enfant de 3 mois, mort de froid dans une carcasse de voiture, la nuit même où fut éludée la discussion au Sénat autour du projet présenté par l’abbé député. Un milliard, demandait-il, pour des logements d’urgence.L’hiver est rude : – 15°C à Paris. Le 1er février, une femme meurt boulevard de Sébastopol, au cœur de Paris. Dans sa main, elle tenait serrée une lettre d’expulsion de son logement. Alors, l’abbé Pierre lance sur les ondes de RTL son célèbre appel : «Mes amis, au secours ! Chaque nuit, ils sont plus de 200 recroquevillés sous le gel dans la rue, sans toit, sans pain ; beaucoup sont presque nus. Devant cette horreur, les « cités d’urgence », ce n’est plus assez urgent… »

L’Histoire retiendra cet appel du 1er février 1954 qui aussitôt déclenche une mobilisation générale, culminant en un gigantesque mouvement national de solidarité. Quelques jours plus tard, le Parlement vote pour le logement populaire des crédits dix fois supérieurs à ceux qu’il refusait un mois plus tôt. Avec ces 10 milliards, 12 000 logements seront bâtis dont la moitié existe toujours.  

Impossible de dresser la liste des luttes qu’il aura menées Le nom de l’abbé Pierre, jusque-là quasiment inconnu, franchit les frontières. Sollicité de partout, il s’épuise vite et doit être opéré à plusieurs reprises. Après un temps de convalescence, il entreprend une tournée de conférences au cours de laquelle il entre en contact avec les plus grands. Impossible de dresser la liste des luttes qu’il aura menées. Le petit homme à la cape et au béret ne doutait pas de son charisme. Et si les médias ne venaient à lui, c’est lui qui venait à eux…En 1984, il participe, au côté du Secours catholique et de l’Armée du salut, à la création de
la Banque alimentaire. «Nous réclamons plus que les surplus alimentaires, crie-t-il lors de la soirée de lancement, à Paris. Nous réclamons des paniers-repas de tous les restaurants de luxe qui sont pleins à craquer. Nous réclamons tous ces aliments qui doivent être légalement jetés aux ordures… »
Son combat pour la justice l’amène à défendre les immigrés sans papiers. Perclus de rhumatismes, il n’hésite pas à coucher sur l’esplanade du château de Vincennes, en 1993, au milieu de familles africaines réclamant d’être relogées dans Paris. En 1996, il est aux côtés des Africains grévistes de la faim dans les églises parisiennes de Saint-Ambroise et de Saint-Bernard.  

Il « incarnait le message et les valeurs de Jésus-Christ » Parce qu’un ami, Roger Garaudy, ancien député comme lui, est accusé d’antisémitisme et de révisionnisme à la suite de la publication, en 1995, de son ouvrage «Les Mythes fondateurs de la politique israélienne », l’abbé Pierre, sans avoir lu le livre incriminé, lui écrit son soutien. Les médias titrent aussitôt sur « la faute » de l’abbé Pierre. En juillet 1996, depuis l’abbaye bénédictine italienne où il se repose, l’abbé Pierre retire tout ce qu’il a dit et demande pardon à ceux qu’il a pu blesser. Dans une lettre «aux inconnus qui lui ont écrit pendant le cyclone», il évoque les haines qui se sont abattues sur lui : «Après avoir fait de moi presque une idole, soudain on me lynchait comme un suppôt de Satan.» Malgré cela, la majorité des Français lui maintenaient leur confiance : selon un sondage, en décembre 1996, pour 80 % des Français « l’abbé Pierre incarnait bien le message et les valeurs de Jésus-Christ ». Autre consécration à laquelle il avait longtemps résisté : le 19 avril 2001, il acceptait finalement les insignes de grand officier de
la Légion d’honneur, remis par le président Chirac à l’Élysée.
Mais s’il a reçu tous les honneurs, les vrais échanges, c’est avec ses compagnons d’Emmaüs qu’Henri Grouès les partage. « Si je deviens invalide, j’irai à la communauté qui se trouve à Esteville où vivent nos compagnons âgés ou infirmes. Et après ma mort, je rejoindrai Georges, le premier d’entre eux, et Mlle Coutaz, une sainte, qui a passé trente-neuf ans avec moi. Je serai enterré à leurs côtés, sous ce grand Christ, très beau, allongé sur les tombes, où l’on m’a gardé une place. »  Confidences inédites Ces dernières années, au fil de nombreux ouvrages, présentés à chaque fois comme « le » testament de l’Abbé , le vieil homme n’hésite pas à se livrer intimement, estimant sans doute qu’à 90 ans passés, il peut parler de tout. Ainsi en 2002, dans ‘‘Je voulais être marin, missionnaire ou brigand’’, il livre des confidences inédites, extraites de ses carnets d’adolescent et de novice. Notamment le tourment de son cœur, fasciné par un jeune garçon de son âge et qui « préfère souffrir consciemment d’un amour idéal qui lui est refusé », plutôt que « chercher une solution dans une amitié charnelle ». C’est surtout en 2005, dans ‘‘Mon Dieu… pourquoi ?’’ (Plon) que l’homme le plus aimé des Français provoque la surprise en confiant qu’il a « connu l’expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction, mais cette satisfaction fut une vraie source d’insatisfaction car je sentais que je n’étais pas vrai ». Il aborde divers sujets polémiques, qu’il s’agisse de la sexualité des prêtres, de l’ordination des femmes, du mariage entre personnes du même sexe, de la papauté.Ces sujets croustillants volent alors la vedette à ce que l’abbé Pierre dit d’essentiel sur l’Eucharistie (« Je crois, sans chercher à me l’expliquer, que le Christ est mystérieusement présent dans l’hostie consacrée »), l’œcuménisme (« Que l’Église redevienne pleinement évangélique pour la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité ») ou sur Dieu : « Père, je vous aime plus que tout. Je ne supporte de vivre si longtemps que par cette certitude en moi : mourir est, qu’on le croit ou non, Rencontre. Trop de mes frères humains restent au bord de vous aimer. Pitié pour eux et pitié pour l’Univers. Père, j’attends depuis si longtemps de vivre dans votre totale présence qui est, malgré tout, Amour. » Claire LESEGRETAIN et Bertrand REVILLION

Retrouvez l’intégralité de l’article dans l’édition de
La Croix du mardi 23 janvier

A lire aussi sur la-croix.com : L’Abbé Pierre en dates (1912-2007) 

La mort de l'abbé Pierre, l'insurgé de Dieu dans Approfondissement abbepierre1

L’abbé Pierre en août 2005, alors qu’il fêtait ses 93 ans (photo Laban-Mattei/AFP). photo da le site