Archive pour le 5 janvier, 2007

TRADITIONS DE L’ÉPIPHANIE EN DIFFÉRENTS PAYS D’EUROPE

5 janvier, 2007

 du site:

http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/fetes_epiphannie_europesuite.htm#Italie 

TRADITIONS DE L’ÉPIPHANIE EN DIFFÉRENTS PAYS D’EUROPE 

1. L’Épiphanie (6 janvier) jour férié

Jour férié en Italie, Espagne, Grèce, Allemagne (certaines régions), Autriche, Suisse (certaines régions), Suède, Finlande

Pas férié en France, Belgique, Portugal, Angleterre, Pays bas, Norvège, Danemark, Pologne

Jours fériés   http://www.jours-feries.com/  

Jours fériés en Europe   http://www.rte-france.com/htm/fr/vie/vie_jours_feries.jsp 

Sommaire épiphanie   Sommaire des fêtes  Sommaire général

2. L’Épiphanie en Italie : Epifania  

En Italie, au sud principalement et à Rome, c’est la Befana, la fée bienfaitrice vêtue de noir et chaussant un balai, qui distribue les cadeaux. Elle passe par les cheminées. Elle dépose pendant la nuit du 5 au 6 janvier des jouets et friandises dans les souliers au pied de la cheminée. Mais les enfants désobéissants reçoivent un bout de charbon tiré de son grand sac.

(comme s’imagine a Rome:

befana.gif

Gabriella)

La Béfana qui aurait rencontrée les mages a été bouleversée par le récit du massacre des innocents et c’est pour cela qu’elle distribue des cadeaux aux enfants. On voit souvent l’image de la Befana, par exemple aux fenêtres des maisons pendant le temps de Noël.

La Béfana tire probablement son nom de l’Épiphanie. 

3. L’Épiphanie en Espagne  le jour des Rois: Dia de Reyes

Le Jour des Rois est un jour férié. Ce sont les rois mages qui déposent des jouets dans les souliers des enfants, le 6 janvier. On échange les cadeaux à cette date et pas à noël en souvenir des cadeaux que les rois mages apportèrent à Jésus.

La veille de l’Épiphanie, il y a des défilés, des carrosses paradent dans les rues. Il y a dans certaines villes des Cabalgatas (chevauchées), où défilent Gaspar, Balthazar et Melchior sur des chars, suivis de cavaliers à cheval ou à chameau, qui distribuent des bonbons et des fruits confits aux enfants.

On ne mange pas une galette comme dans le nord de la France, mais un pain en forme de couronne parfumé de zestes de citron et d’orange, brandy et eau de fleur d’oranger, décoré de fruits confits et d’amandes effilées. On y glisse une pièce d’argent, une figurine de porcelaine ou un haricot sec. 

4. L’Épiphanie  au Portugal : Epifania 

 La table  reste mise depuis Noël jusqu’au Dimanche des Rois. La pièce maîtresse est le « Bolo Rei », la Couronne des Rois, qui se consomme du 15 décembre au 15 janvier, une pâte briochée très riche, truffée et garnie de grandes lamelles de fruits confits et de sucre qui marque la fête du solstice d’hiver.

Dans la région proche de Coimbra, le jour de Noël chaque famille apporte une grenade (fruit d’Orient ?..) et elle vient la chercher le Jour des Rois..

Anciennement, on échangeait les cadeaux le dimanche des Rois. La coutume survit encore dans certaines familles ou certaines régions.

5. L’Épiphanie en Allemagne La fête des rois: Dreikönigsfest

L’Épiphanie est un jour férié en Bavière, en Bade-Wurtemberg et en Saxe-Anhalt.

Les reliques des rois mages sont depuis le XIIème siècle  dans la cathédrale de Cologne.

Dans les régions catholiques,  trois jeunes gens ou des enfants, déguisés en rois mages, font du porte à porte pour bénir les maisons. Ils collectent des dons pour  les pays en voie de développement. Ils sont accompagnés par trois garçons qui portent «l’étoile» de Bethléem. 

Devant les portes, les trois rois et les garçons chantent des cantiques. Ils bénissent les maisons et écrivent les lettres suivantes sur le mur à côté de la porte: C + M + B. Cela veut dire « Christus Mansionem Benedicat »  (Le Christ bénit ta maison.).  Ou bien, ils écrivent les initiales des trois Rois sur les portes.

De même en Franche-Comté, les enfants se déguisaient en Roi mage et portaient une ceinture dorée sur une chemise constellée d’étoiles. Ils allaient de porte en porte en chantant et en agitant des sonnettes réclamer leur part.

En Autriche, le  jour de l’Épiphanie il y a  des défilés pour conjurer les mauvais esprits, tels les défilés des Glöckler et des Perchten- Au rythme martelé de leur pas, les clochettes tintinnabulent et réveillent les semences sous la terre couverte de neige. Et enfin les Rois Mages… qui annoncent en fanfare que l’on revient à la « vie normale ». 

6. L’Épiphanie en Angleterre :Twelfth night. L’Épiphanie dans les pays scandinaves : Trettondag Jul

En Angleterre, en Irlande et dans les pays scandinaves, on allumait tous les soirs de Noël à l’Épiphanie la grande bougie de Noël. Notons qu’anglais, on nomme  l’Épiphanie  « Twelfth night »  (la douzième nuit) et qu’en Suédois cette fête est appelée  « Trettondag Jul » ou Trettonhelgen   (13 ème  jour après Noël). 

De plus, dans la tradition scandinave, pendant ces douze jours les hommes devaient abandonner tout mouvement « rotatif »(?) car le temps s’arrête, c’est un temps de pose pour tout ce qui roule.  Notons que dans les langues scandinaves, la fête de Noël s’appelle Yul ou Jul ce qui signifie la roue c’est la roue de l’année qui après la pose va tourner une fois de plus vers le printemps. Jul est le nom de la fête pré chrétienne du solstice d’hivers.

7. L’Épiphanie en Grèce Théophanie : Θεοφάνια 

La Grèce ayant adoptée (depuis le 1 mars 1923)  le calendrier Grégorien, les fêtes de fin d’année sont célébrées à la même date que dans les autres pays occidentaux. La période des fêtes de fin d’année en Grèce débute la veille de Noël et va jusqu’à l’Épiphanie.  Elle s’étend donc sur une période de 12 jours appelée Douzaine. 

L’Épiphanie, en grec Θεοφάνια (théophanie) se fête  le 6 Janvier,  c’est le baptême de Jésus dans le Jourdain par St Jean baptiste que l’on célèbre et non pas la visite de Jésus par les rois mages. La Théophanie est la fête du baptême du Christ. L’Épiphanie  est un événement qui revêt une très grande importance en Grèce. C’est un jour férié.  

Le 5 janvier, veille de l’Épiphanie, les enfants chantent des kalanta, dans le but d’aider à chasser les « Kalikantzari », esprits démoniaques, et les renvoyer sous terre. Le rite caractéristique de la fête de la théophanie consiste dans la bénédiction des eaux baptismales au soir du 5 janvier.

Le 6 janvier, les prêtres après la messe, vont à travers les villages bénir les maisons. En ville, les femmes ramènent de l’eau bénite et elles bénissent la maison, tous les membres de la famille boivent un peu de cette eau pure.  

Les prêtres bénissent également les eaux en immergeant un crucifix dans la mer, les rivières, les sources et les lacs. Des plongeurs rivalisent afin de récupérer le crucifix. Celui qui le trouve sera chanceux toute l’année. Les « Kalikantzari », effrayés par la bénédiction  s’enfuient et regagnent les entrailles de la terre pour éviter l’eau bénite. 

Noël en Grèce

8. L’Épiphanie  en Russie (Fête du baptême d’eau) 

La Russie, qui suit le calendrier Julien, célèbre l’ Épiphanie (le baptême du Christ) le 19 janvier, 13 jours après la Grèce. On appelle cette fête la « fête du baptême d’eau ». Elle célèbre Noël (la naissance de Jésus et la venue des mages) le 7 janvier, 13 jours après la Grèce.

La veille au soir (18 janvier)  le rite caractéristique de la fête consiste, comme en Grèce, dans la bénédiction des eaux baptismales. Par « l’épiclèse » (invocation), l’Esprit s’infuse dans l’eau baptismale qui acquiert une puissance de sanctification.

Le jour de l’Épiphanie (19 janvier), les prêtres font un trou en forme de croix sur la glace d’une rivière et font sur place l’office de la bénédiction des eaux.

Sommaire épiphanie   Sommaire des fêtes  Sommaire général  

 Documents sur l’Épiphanie en différents pays d’Europe

L’Épiphanie  en Italie       http://myrdhin.com/fetes/janvier/befana/ 

L’Épiphanie en  Espagne    http://www.croire.com/article/index.jsp?docId=21269&rubId=214   

Pain de l’Épiphanie en Espagne   http://www.saveursdumonde.net/ency_11/pain/epiphanie.htm  

Religion populaire au Portugal   http://www.aquitaine-portugal.com/portugal/traditions.htm   

Les fêtes de fin d’année en Grèce  http://www.amb-grece.fr/grece/noel_en_grece.htm   

L’ Épiphanie  en Grèce   http://www.amb-grece.fr/grece/epiphanie.htm  

Épiphanie  en Grèce    http://babel.lexilogos.com/forum/viewtopic.php?t=241   

L’Épiphanie célébrée dans le monde grec    http://www.info-grece.com/modules.php?name=News&file=article&sid=2909 

La grande bénédiction des eaux dans l’Église russe   http://orthodoxeurope.org/page/12/3.aspx    

Le baptême orthodoxe du Christ  en Russie  http://www.art-russe.com/russie/article.php3?id_article=1536     http://www.russomania.com/article.php3?id_article=1536 

je vous propose déjà la liturgie de l’Epiphanie du Seigneur… …

5 janvier, 2007

parce que nous, en Italie, célébrons l’Ephiphanie demain 6 janvier et dimanche 7 le Baptême du Seigneur, du site français EAQ : 

http://www.levangileauquotidien.org/

dimanche 07 janvier 2007

Epiphanie du Seigneur (solennité)
,   Saint Raymond de Peñafort (+ 1275) ,   Lucien d’Antioche (+ 312)

Livre d’Isaïe 60,1-6.

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Psaume 72(71),1-2.7-8.10-13.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux !
En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !
Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront.
Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

Lettre de saint Paul Apôtre aux Ephésiens 3,2-3.5-6.

Vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ, dont je vous ai déjà parlé dans ma lettre.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,1-12.

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :
« A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent.Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

l’Homélie du Pape Benoît pour l’Epiphanie du Seigneur du 2006

5 janvier, 2007

 l’Homélie du Pape Benoît pour l’Epiphanie du Seigneur du 2006 (l’an dernier)

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI Basilique Vaticane
Vendredi 6 janvier 2006

Chers frères et soeurs, La lumière qui, à Noël, a brillé dans la nuit, illuminant la grotte de Bethléem, où Marie, Joseph et les bergers demeuraient, en adoration silencieuse, resplendit aujourd’hui et se manifeste à tous. L’Epiphanie est un mystère de lumière, représentée de manière symbolique par l’étoile qui a guidé le voyage des Rois mages. Toutefois, la vraie source de lumière, l’ »Astre d’en haut qui vient nous visiter » (cf. Lc 1, 78), c’est le Christ. Dans le mystère de Noël, la lumière du Christ rayonne sur la terre, en se diffusant comme par cercles concentriques. Tout d’abord sur la sainte Famille de Nazareth: la Vierge Marie et Joseph sont illuminés par la présence divine de l’Enfant Jésus. La lumière du Rédempteur se manifeste ensuite aux bergers de Bethléem qui, avertis par l’ange, accourent immédiatement à la grotte et y trouvent le « signe » qui leur avait été annoncé: un enfant enveloppé de langes et couché dans une mangeoire (cf. Lc 2, 12). Les bergers, avec Marie et Joseph, représentent ce « reste d’Israël », les pauvres, les anawim, auxquels est annoncée la Bonne Nouvelle. L’éclat du Christ parvient enfin jusqu’aux Rois mages, qui constituent les prémices des peuples païens. Les palais du pouvoir de Jérusalem restent dans l’ombre et la nouvelle de la naissance du Messie y est annoncée paradoxalement par les Rois mages et suscite non pas la joie, mais la crainte et des réactions hostiles. Mystérieux dessein de Dieu: « Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19). Mais qu’est-ce que cette lumière? Est-ce seulement une métaphore suggestive ou cette image correspond-elle à une réalité? L’Apôtre Jean écrit dans sa Première Epître: « Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres » (1 Jn 1, 5); puis il ajoute: « Dieu est amour ». Ces deux affirmations, mises ensemble, nous aident à mieux comprendre: la lumière, apparue à Noël, et qui se manifeste aujourd’hui aux nations, est l’amour de Dieu, révélé dans la Personne du Verbe incarné. Les Rois mages arrivent d’Orient, attirés par cette lumière. Dans le mystère de l’Epiphanie, par conséquent, en plus d’un mouvement de rayonnement vers l’extérieur, se manifeste un mouvement d’attraction vers le centre qui achève le mouvement déjà inscrit dans l’Ancienne Alliance. La source d’un tel dynamisme est Dieu, Un dans la substance et Trine dans les Personnes, qui attire tout et tous à lui. La Personne incarnée dans le Verbe se présente ainsi comme le principe de réconciliation et de récapitulation universelle (cf. Ep 1, 9-10). Il est le but ultime de l’histoire, le terme d’un « exode », d’un chemin providentiel de rédemption, qui culmine dans sa mort et sa résurrection. Pour cette raison, lors de la solennité de l’Epiphanie, la liturgie anticipe celle que l’on appelle l’ »Annonce de Pâques »: l’année liturgique, en effet, reprend toute la parabole de l’histoire du salut, au centre de laquelle se trouve le « Triduum du Seigneur crucifié, enseveli et ressuscité ».

Dans la liturgie du Temps de Noël on retrouve souvent, comme refrain, ce verset du Psaume 97: « Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations » (v. 2). Ce sont des paroles que l’Eglise utilise pour souligner la dimension « épiphanique » de l’Incarnation: le Fils de Dieu qui se fait homme, son entrée dans l’histoire est le pinacle de l’auto-révélation de Dieu à Israël et à toutes les nations. A travers l’Enfant de Bethléem, Dieu s’est révélé dans l’humilité de la « forme humaine », dans la « condition d’esclave », ou plutôt de crucifié (cf. Ph 2, 6-8). C’est le paradoxe chrétien. C’est précisément le fait de se cacher qui constitue la plus éloquente « manifestation » de Dieu: l’humilité, la pauvreté, l’ignominie même de la Passion nous font découvrir comment Dieu est réellement. Le visage du Fils révèle fidèlement celui du Père. C’est pour cette raison que le mystère de Noël est, pour ainsi dire, toute une « épiphanie ». La manifestation aux Rois mages n’ajoute pas une chose étrangère au dessein de Dieu, mais en révèle une dimension éternelle et constitutive: « Les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Evangile » (Ep 3, 6).

La fidélité de Dieu à Israël et sa manifestation aux nations pourraient apparaître comme des aspects divergents entre eux à un regard superficiel; en réalité, ce sont les deux faces d’une même médaille. En effet, selon les Ecritures, c’est précisément en restant fidèle au pacte d’amour avec le peuple d’Israël que Dieu révèle également sa gloire aux autres peuples. « Grâce et fidélité » (cf. Ps 88, 2), « amour et vérité » (cf. Ps 84, 11) sont le contenu de la gloire de Dieu, son « nom », destiné à être connu et sanctifié par les hommes de toute langue et de toute nation. Mais ce « contenu » est inséparable de la « méthode » que Dieu a choisie pour se révéler, celle de la fidélité absolue à l’alliance, qui atteint son sommet en Jésus Christ. Le Seigneur Jésus est, dans le même temps et de manière inséparable, « lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël [son] peuple » (Lc 2, 32), comme s’exclamera le vieux Siméon, inspiré par Dieu, en prenant l’Enfant dans ses bras, lorsque ses parents le présenteront au temple. La lumière qui éclaire les nations – la lumière de l’Epiphanie – provient de la gloire d’Israël – la gloire du Messie né, selon les Ecritures, à Bethléem « ville de David » (Lc 2, 4). Les Rois mages ont adoré un simple Enfant dans les bras de sa Mère Marie car, en Lui, ils ont reconnu la source de la double lumière qui les avait guidés: la lumière de l’étoile et la lumière des Ecritures. Ils ont reconnu en Lui le Roi des Juifs, gloire d’Israël, mais aussi le Roi de toutes les nations.

Dans le contexte liturgique de l’Epiphanie se manifeste également le mystère de l’Eglise et sa dimension missionnaire. Celle-ci est appelée à faire resplendir dans le monde la lumière du Christ, en la reflétant en elle-même comme la lune reflète la lumière du soleil. Les anciennes prophéties concernant la ville sainte de Jérusalem, comme la magnifique prophétie d’Isaïe, que nous venons d’entendre, se sont réalisées dans l’Eglise: « Debout, Jérusalem! Resplendis: elle est venue, ta lumière, (…) Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-3). C’est ce que devront réaliser les disciples du Christ: formés par Lui pour vivre dans le style des Béatitudes, ils devront attirer tous les hommes à Dieu, à travers le témoignage de l’amour: « De même, que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16). En écoutant ces paroles de Jésus, nous, membres de l’Eglise, ne pouvons pas ne pas percevoir toute l’insuffisance de notre condition humaine, marquée par le péché. L’Eglise est sainte mais elle est composée d’hommes et de femmes avec leurs limites et leurs erreurs. Seul le Christ, en nous donnant l’Esprit Saint, peut transformer notre misère et nous renouveler continuellement. C’est Lui la lumière des nations, lumen gentium, qui a choisi d’éclairer le monde à travers son Eglise (cf. Concile Vatican II, Lumen gentium, n. 1). « Comment cela adviendra-t-il? », pouvons-nous nous demander en reprenant les paroles que la Vierge adressa à l’Archange Gabriel. C’est précisément la Mère du Christ et de l’Eglise qui nous fournit la réponse: par son exemple de disponibilité totale à la volonté de Dieu « fiat mihi secundum verbum tuum » (Lc 1, 38), elle nous enseigne à être « épiphanie » du Seigneur, dans l’ouverture du coeur à la force de la grâce et dans l’adhésion fidèle à la parole de son Fils, lumière du monde et but ultime de l’histoire. Ainsi soit-il!