La crèche: une tradition nourrie par l`imagination populaire
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La crèche: une tradition nourrie par l`imagination populaire
L`histoire de la crèche et de ses acteurs mêle textes bibliques et pratiques populaires. L`occasion d`un regard sur l`évolution de la tradition chrétienne.Lorsqu`il s`agit de décrire la naissance de Jésus les textes du Nouveau Testament ne sont pas très bavards. L`auteur de l`Evangile de Marc tout comme celui de Jean ne dit rien de cette période. Ces textes commencent alors que leur «héros» est déjà adulte. Matthieu et Luc racontent l`enfance de Jésus mais ne donnent que quelques touches de ces différents événements. Pour ce qui est de la naissance Matthieu parle de l`étoile et des mages d`Hérode et de la fuite en Egypte. Luc cite les bergers et la «crèche»: «Marie accoucha de son fils premier-né l`emmaillota et le déposa dans une crèche parce qu`il n`y avait pas pour eux de place dans la salle d`hôtes.» (Lc 2 7)
On imagine généralement que Marie dépose son enfant dans une mangeoire pour animaux creusée dans les parois d`une grotte aménagée en étable comme cela se faisait couramment en Palestine. Mais il n`y a pas trace jusque-là de l`âne et du boeuuf… Ils apparaîtront au VIe siècle dans un évangile apocryphe un texte non-reconnu par l`Eglise l`Evangile du pseudo-Matthieu.
DEVANT LA GROTTE
A la famille réfugiée dans la grotte viennent s`ajouter les bergers et les mages. Le nom de «mages» est donné aux prêtres perses il désigne un savant un astrologue ou un devin. C`est quelqu`un d`étranger au monde juif. L`imagination populaire par une relecture des textes de l`Ancien Testament en a fait des rois. L`or l`encens et la myrrhe les cadeaux mentionnés par Matthieu ont modelé la tradition: les rois mages sont trois. Dès le IXe siècle la tradition leur donne des noms: Melchior Balthasar et Gaspard. Plus tard on dira que l`un d`eux était noir. IMAGINATION POPULAIRE
Ce motif – les devins intervenant à la naissance d`un enfant célèbre – est connu des traditions grecque et juive. Si l`historicité des mages peut donc être mise en doute leur symbolique est simple et bien réelle: ils représentent pour les chrétiens l`ensemble de l`humanité venant adorer Jésus Christ.
Les «personnages principaux» ont ainsi trouvé leur place sur la scène. Mais l`imagination populaire ne s`arrête pas là. Les crèches provençales ont intégré le boulanger le meunier l`Arlésienne et tant d`autres. Comment ces figurines d`argile habillées aux couleurs du XIXe siècle sont-elles devenues des incontournables de Noël?
La pratique des crèches remonte aux débuts de l`histoire chrétienne. Pèlerinage à Bethléem peinture et image de l`enfant Jésus et de Marie se répandent dès le IIIe siècle. Au Moyen Age s`organisent des représentations théâtrales. La tradition attribue à saint François d`Assise la première mise en scène en 1223 de la nativité avec les habitants de Greccio en Ombrie. Des jeux liturgiques ont lieu à l`intérieur des églises puis sur le parvis. Ces représentations puisent largement dans les coutumes et les rites paÏens. Animées et équivoques elles furent transformées par l`Eglise en crèche parlante et retrouvèrent leur thème principal: la naissance de Jésus-Christ.
UNE CRÈCHE à LA MAISON
Au XVe siècle apparaissent en Italie les premières crèches sculptées. Confectionnées en bois en verre en argile en cire ou en mie de pain elles se répandent dans toute l`Europe. Les jésuites favorisent cette pratique encourageant au moment de la Contre-Réforme les expressions de la dévotion catholique.
A la Révolution française l`interdiction de représenter en public des scènes religieuses favorisera l`entrée de ces crèches dans les maisons. La confection et le commerce des petits personnages prennent dès lors leur essor. Et chaque région du monde y mêle ses spécificités et ses traditions: des santons provençaux aux figurines colorées d`Amérique latine.
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