Le pape annote le discours de Ratisbonne
Le Vatican a publié lundi 9 octobre une mise à jour de la conférence controversée donnée par Benoît XVI à l’Université de Regensburg en Bavière.
Il ne savait pas encore que son discours devant l’université de Ratisbonne allait provoquer une polémique mondiale avec l’islam. Mais dès le 12 septembre au matin, dans la version distribuée à la presse, Benoît XVI annonçait déjà une future « version définitive » de son texte, assortie de notes.
Cette version a été publiée lundi 9 octobre sur le site de la Salle de presse du Saint-Siège (pour la lire en anglais, cliquez ici). Elle remplace donc, sans la contredire pour l’essentiel, celle qui avait mis le feu aux poudres et qui a aujourd’hui disparu des écrans. C’est la cinquième mise au point officielle du Saint-Siège depuis cette crise, il reste à voir maintenant si elle contribuera à calmer les esprits.
Benoît XVI en s’adressant à des universitaires allemands dans le but de démontrer l’intérêt de recréer des relations étroites entre la raison et la foi, avait cité, au début de son propos, un dialogue entre l’empereur byzantin Manuel II Paléologue et un sage persan musulman à la fin du XIVe siècle. Ce sont les phrases, reprises par le pape, des jugements de cet empereur sur l’islam qui ont lancé la polémique.
Trois nuances et treize notes de bas de page
Qu’y a-t-il donc de nouveau ? Trois nuances apportées dans le texte même de la conférence, et treize notes de bas de pages, dont deux reviennent directement sur cette crise.
Les trois nuances sont les suivantes. Dans la version initiale, le pape disait : « Mais l’empereur (…) s’adresse à son interlocuteur d’une manière étonnamment abrupte au sujet de la question centrale du rapport entre religion et contrainte. » La version finale publiée lundi dit ceci : « D’une manière étonnamment abrupte, abrupte au point d’être pour nous inacceptable. »
Moins importantes, mais significatives, deux autres nuances sont apportées dans une même phrase figurant un peu plus haut dans le texte. Version initiale : « Dans la sourate 2, 256, il est écrit : “Pas de contrainte en matière de foi.” C’est l’une des sourates primitives datant de l’époque où Mohammed lui-même était privé de pouvoir et se trouvait menacé. »
Nouvelle version, définitive donc : « Dans la sourate 2, 256, il est écrit : “Pas de contrainte en matière de foi.” C’est probablement l’une des sourates primitives, disent une partie des experts, datant de l’époque où Mohammed lui-même était privé de pouvoir et se trouvait menacé. »
Quant aux treize notes de bas de pages, la plupart apportent les références bibliographiques du discours papal. Mais deux d’entre elles reviennent sur la controverse qui l’avait suivi. « Cette phrase n’exprime pas mon attitude personnelle »
Au sujet de la phrase de Manuel II Palélologue : « Montre-moi donc ce que Mohammed a apporté de neuf… », Benoît XVI précise, dans la note 3 : « Cette citation a malheureusement été comprise dans le monde musulman comme expression de ma propre position, et a provoqué ainsi une indignation compréhensible. J’espère que le lecteur de mon texte peut reconnaître immédiatement que cette phrase n’exprime pas mon attitude personnelle à l’égard du Coran, pour lequel j’éprouve le respect qui convient pour le livre saint d’une grande religion. En citant le texte de l’empereur Manuel II, il ne s’agissait pour moi que d’en arriver à la relation essentielle entre foi et raison. Sur ce point je rejoins Manuel, sans pour autant faire mienne sa polémique. »
D’autre part, quant à la citation du Coran « Pas de contrainte en matière de foi », le pape précise, en note 5 : « C’est uniquement pour cette pensée que j’ai cité le dialogue mené entre Manuel et son interlocuteur persan. Elle fournit le thème des réflexions suivantes. »
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